Je suis Yachi qui m'entraîne par la main dans les longs couloirs de l'établissement déjà bondé par des classes en file indienne. Sa paume est chaude et contraste avec la mienne, glacée par le froid ambiant. Notre professeure principale - madame Laffont, je crois - nous conduit dans ce brouhaha incessant.

Comment ma nouvelle amie peut ne pas se perdre ici ! Mon ancien collège était grand, mais ne peut pas du tout rivaliser avec les bâtiments dans lesquels nous serpentons.

J'interpelle Yachi :

-Je ne t'ai toujours pas demandé ton prénom. Car Yachi, c'est bien mais un peu loufoque.

Elle sourit.

-Moi c'est Ambre. Eh oui, c'est moins original !

Son sourire coordonne parfaitement avec le personne que je me fait d'elle et plus je la regarde...

Plus cette impression est confirmée.

Je détourne le regard, embarassée.

Il ne faudrait pas que je commence à l'appeller comme ça ! OU c'est la honte totale !

-Lou, tu es avec nous ?

Je sursaute et hoche la tête sans chercher à comprendre de quoi il s'agit.

-C'est notre salle de classe ! Numéro 112.

Je grave ce chiffre dans ma tête, ce qui me demande un effort inhumain.

A croire que je me trompais complètement en disant ne pas stresser !

Elle lâche ma main maintenant que le rythme s'est calmé et nous franchissons la porte beige, foulant pour la première fois notre classe de nos pas. Yachi, enfin Ambre inspire un bon coup et dégage l'air de ses poumons. Je l'imite, ce qui me procure un étonnant bien être.

Les élèves commencent déjà à choisir leurs places pour le reste de l'année. Je me redonne contenance et rajustant une mèche châtaine derrière mon oreille et balaye la salle de mon regard.

un petit groupe se forme vers le fond et à en croire la tête de leur liseuse, une beauté maquillée aux vêtements cools, c'est le groupe populaire du lycée. Ou du moins de la classe.

La question principale demeure, après que j'aie détaché mon regard de la fameuse diva.

Derrière ? Ma vue est correcte. J'aurais du mal à me concentrer mais plus de loisir pour discuter.

Devant ? Meilleures conditions pour travailler mais les profs pourront me surveiller...

Finalement, c'est Ambre qui m'entraîne, coupant court à mes réflexions.

Nous nous installons sur les deux places de gauche d'un ilôt de quatres bureaux, troisième rangée.

-Le choix idéal pour papoter un minimum et se faire des amies, me souffle-t-elle.

Elle ponctue sa phrase d'un geste m'invitant à prendre la place du milieu, à côté d'une brune aux yeux pétillants.

Elle assure, cette Yachi !

Je dépose mon sac à l'emplacement qui m'appartient désormais et m'installe. Je sors ma trousse et quelques cahiers. Je m'apprête à aider Ambre, en plein débat avec la fermeture de son sac mais une voix m'interrompt. Notre prof principale se tient debout sur une estrade qui compense à peine sa petite taille. Elle rajuste sa paire de lunettes épaisses aux contours dorés pailletés et commence son discours :

-Chers élèves. Dans la cour, vous avez sûrement pour la plupart entendu le discours de la proviseure. Mais je devine qu'il y en a sûrement qui, prise par la joie de retrouver leur établissement, ou l'angoisse de le découvrir, ont sauté certains passages nécessaires à votre bonne scolarité. Je me trompe ?

Durant quelques secondes, le silence règne sur l'assemblé puis un garçon que j'avais vu rigoler avec la fille populaire ose briser le silence.

-Ouais. Franchement, personne n'a écouté madame épingle.

Madame épingle ? Pas mal comme surnom ! En tout cas plus original que madame aiguille.

Ambre semble penser la même chose que moi et me fais un clin d'oeil. J'entends miss yeux pétillants pouffer à mon côté avec son amie.

Encore mes surnoms pourris ! Je devrais demander conseil au fameux mec qui fais voler des coeurs à ma droite.

Notre professeure naine aboie :

-Un peu de respect jeune homme ! Si vous ne voulez pas être collé dès le premier jour !

Je crois entendre un "c'est ça..." venant de la dernière rangée. Tiens, celui-là, il me fais penser à Sugawara, dans l'équipe de karasuno ! Avec un air plus fier et arrogant, bien sûr, et le visage un peu plus fin.

Je redirige mon attention vers Mme Leffort, finalement qui Dieu soit loué nous explique le principe des cours en dehors de ce bâtiment (physique, musique...) ainsi que notre emploi du temps et les heures de perm.

La fille brune se tourne vers moi et m'affirme :

-Salut ! Moi c'est Rosa. Ça devrait bien se passer, ne t'inquiète pas. Enfin, avec celles qui ne craquent pas au premier regard sur premier regard sur Maël.

Et le tout avec un sourire suffisant. Ses iris gris perçants se désintéressent vite de moi et s'orientent sur l'horloge accrochée au-dessus du cadre de la porte.

-Ah oui ? merci de tes conseils, mais tu es sûre que c'était moi qui pouffait comme une petite naïve lorsqu'il répondait à la prof ?

Elle vira au rouge écarlate et se retourna avec un regard mauvais sur son visage en furie.

-Tu ne t'es pas vue j'imagine. Et puis merci de dire professeur. On est pas dans un lycée de racailles, ici.

-Oh, merci ! Maintenant je sais qu'il ne faut surtout pas que je sois une intello si je veux réussir ma vie.

Puis je me tourne vers Ambre.

-Non mais franchement, insupportable celle-là.

-Qui ?

-La brune, à côté de moi.

-Hein ?! Vous vous êtes disputées ?!

-Si on appelle ça comme ça. Elle m'a juste fait comprendre qu'elle ne m'aimais pas.

-Raaaah, misère, s'exclame-t-elle la tête dans les mains, Rosa est une des filles les plus populaires de la promo ! Elle n'a réussi a m'accpeter que l'année dernière, et encore !

Je lève les yeux au ciel.

Merde, Yachi - oui je l'appelle encore comme ça - m'a toujours aidée depuis l'arrivée et à la première parole je la met dans la merde...

- Désolée... Je vais me débrouiller pour lui faire oublier ça, d'accord ?

Et puis sinon, on deviendra toutes les deux amies avec toute la classe, j'affirme avec un sourire rassurant.

Elle me sourit.

- Moi aussi, j'en fais des caisses. Et puis je n'ai jamais vraiment apprécié Rosa ! Seulement si on est sur sa ligne de mire, on est vraiment, vraiment foutue.

Elle est vraiment si redoutable que ça ?

Je me résolue à lui parler. Pas pour moi, mais pour Ambre. Parce que franchement, faire le premier pas avec une grosse peste qui risque de me mépriser et me rabaisser durant toute l'année ce n'est pas mon genre. Mais bon faute de mieux...

Je n'opte pas pour le petit papier, car une preuve écrite pourrait se retourner contre moi. Je préfère m'adresser à elle directement.

J'ouvre la bouche, mais la sortie retentit.

Déjà !

Les élèves se lèvent déjà et se dirigent vers la sortie. Tout comme Rosa.

Bon... je ferais ça une prochaine fois.