Chapitre 6 - Réunion de famille (2)


«Ceci est une cellule de crise.»

Maman avait réunis tout le monde dans le salon et préparé des tisanes au thym, ce qui signifiait que nous allions beaucoup parler. Je les voyais depuis le rideau du couloir.

«M'man, je crois que Lili devrait participer.

- Vu le peu que m'en a raconté ton père, j'ai bien peur que ce qui ressortira de cette discussion puisse quelque peu la perturber, tu vois? Elle est très intelligente, là n'est pas la question...

- M'man, je t'assure. Elle doit participer. Elle a aussi des choses à dire.»

Louise fit apparaître pour la première fois cette ride entre ses sourcils. Elle se tourna vers la fenêtre sans souffler mot.

«Louise..?»

Elle interrompit Lachlan d'un geste de la main. Elle commençait déjà à avoir le nez rouge mais les larmes ne coulaient pas encore. Un long moment passa, et il fut certain que personne ne se sentait plus à l'aise que les mouches qui tentaient péniblement de traverser la tension ambiante.

«Ma chérie tu t'en es souvenu...»

C'est Lili qui venait de prendre la parole, s'avançant vers la table, posant ses mains sur le dossier de la chaise où était assise sa soeur. Lauraline balaya tous les visages de son regard avant de sentir la panique monter en elle.

«Ah, Lili, c'est bien ton style, hein? C'est donc ce que tu fais à chaque fois, n'est-ce pas? Tu lâches des indices puis tu t'évapores dans un autre monde! C'est ça, non?! C'est bien ça?!»
Louise vociférait.

Lauraline prenait son visage dans ses mains, le sanglot n'avait pas pu rester dans sa gorge. Louise était comme pétrifiée. Les mouches les plus musclées arrivaient encore à bouger leurs ailes, mais il faut bien avouer qu'elle peinaient à avancer dans ce marasme. Une fois que Lachlan eut finit de les observer, il s'écria:

«ÇA SUFFIT!»

Les mouches tombèrent, surprises par la fluidité subitement retrouvée dans l'air. Ne vous inquiétez pas, elles ne mettront pas longtemps avant de reprendre leurs esprits.

« Lauraline a enfin accepté de nous revoir, on a retrouvé Lili, et on s'apprête à enfin savoir la vérité sur notre histoire. Louise. Je crois qu'il est temps... De déposer les armes...»

De grosses larmes pudique coulaient sur les joues de Lachlan au moment où il prononça ses mots. Lauraline pris son père dans ses bras. Il continua:

«D'accord, nous venons tous de découvrir que votre arbre généalogique a la forme d'un trèfle, ou d'une plante plus tordue encore, et puis quoi? On s'aime, non? Lili ça m'est égal, tu restes mon bébé adoré, même si t'es vieille, Lauraline j'hésite encore car elle critique mon autorité, et Louise je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi exceptionnel que toi. Allez, buvez vos tisanes, que l'on puisse entrer dans le vif du sujet.

- De, heu... Oui. Le vif du sujet. Maman?»

Lauraline avait hâte de démêler ce fatras, en réalité, et le plus tôt serait le mieux. Le souvenir des petites croûtes partout sur son corps après sa nuit d'aigle la grattait encore.

Louise revint enfin à elle, cligna des yeux puis annonça:

«Par quoi devrions-nous commencer, selon vous?

- Quelle question! Par le début! Sortez vos calepins on va prendre des notes, entonna Lauraline.

- Qu'est-ce que tu veux faire avec ça?»

Lachlan faisait passer son regard en-dessous de ses cils pour marquer ô combien cette idée le blasait.

- On pourrait faire une ligne du temps pour savoir à quel moment tout cela a commencé, non?

- C'est avec Lili que tout a commencé, c'est elle la plus vieille.

- Oooh...!»

Louise venait de laisser échapper un glapissement.

- D'accord, d'accord, j'ai compris, rendez-moi les calepins je vais les ranger...

- Non, je trouve que c'est une très bonne idée. Tu m'en donne un?»

Lili venait de s'asseoir à table et de se saisir d'un crayon.

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