Chapitre 12 - Bella Rosa (1)


"Tu as pris le briquet?

- ...Évidemment. Tu sais que je fume.

- Comment expliques-tu que moi non?

- Tu ne veux simplement pas le savoir.

- Ah!"

Elles marchaient calmement, mais dans leurs coeurs naissait une douce euphorie.

"Lousse!"

Une grosse boule de poils sortie des fougères:

"Oui! Je suis là. ...Lauraline. Ta jambe."

Lauraline remonta son pantalon pour découvrir son mollet, à l'endroit où Andrée s'était saisit d'elle.

"Tu peux régler ça?

- Non... Mais peut-être que toi tu peux. Tu te souviens de la fois où les aiguilles t'ont transpercé la peau après que tu aies dû l'incarner?

- Très bien, même.

- Comment avais-tu soigné ça?

- Je... Je n'suis plus sûre.

- Je vais regarder dans le carnet, lança Liline."

Après un court instant, elle reprit:

"Hm... Tu ne l'as pas écrit. Tu avais dit: "C'était comme si on m'avait enfoncé des centaines de crochets dans la peau, puis qu'on les avait retirés ensuite. Certaines saignaient encore un peu. Il allait me falloir nettoyer ça si je ne voulais pas risquer une infection.

«Chlac», je verrouillais la porte de la salle de bain.

Il était temps de panser mes plaies."

- Ce n'est pas à prendre au sens littéral, ajouta Lousse.

- Évidemment que non. Pourtant, c'est bel et bien ce que j'ai fait, il me semble. J'ai désinfecté toutes les plaies, et j'y ai appliqué du pansement liquide. Pour que ça se voit le moins possible.

- Et, en combien de temps ces plaies avaient cicatrisées?

- Je... Je ne sais pas..."

Liline fouillait dans les pages du carnet:

"C'est étrange... Il n'y a plus un seul mot sur ces plaies...

- C'est parce qu'elles se sont refermées dès l'instant où tu as cru crédible qu'elles soient cicatrisées. En fait, tu n'y as tout simplement plus pensé.

- Certes, j'ai été bien... Occupée, ensuite.

- Tu n'y es pas, ce que j'essaye de dire, c'est que...

- OH!"

Liline venait de laisser tomber le précieux journal pour se jeter aux pieds de Lauraline et examiner la blessure:

"Mais! Mais c'est Andrée qui t'as fait ça?! Non?!"

Lauraline la regarda sans pouvoir dire un mot, elle avait peur de la heurter si elle lui disait simplement: "Oui."

Alors, Liline continua:

"Mais comment?! Pourquoi???! Je ne comprends pas!"

Elle regardait Lousse, dans l'espoir d'obtenir plus d'explications, mais Lousse mordait ses lèvres, curieusement humaines... Tandis que l'ensemble de son corps rapetissait, et que la fourrure disparaissait.

Les poils devinrent des cheveux et les larmes coulaient doucement le long de son cou, lorsqu'elle pu enfin prononcer un mot:

"Liline, c'est juste... Andrée n'est pas... Ce que tu crois.

- Tu m'as dit que c'était ton plus vieil ami! Comment as-t-il pu s'en prendre à Lauraline??!

- Il est jaloux. Parce qu'il est jaloux, voilà pourquoi!

- ... Et parce qu'il n'a jamais été un ami, Lousse, dit Lauraline qui leva enfin les yeux du sol.

Il ne l'a jamais été, et quelque part, tu le savais.

- J'étais si... Seule... Aucun autre être ne me ressemble dans cette forêt... Seule, comme un monstre... Il... Il comprenait ce que c'était... Il n'avait pas peur de moi... De ce que je pouvais être..."

Lousse sanglottait tandis que Lauraline lui donnait sa salopette afin qu'elle puisse l'enfiler.

Liline prit la parole:

"Excusez-moi les gars, mais là il va falloir faire quelque chose au niveau de nos fringues. On peut pas continuer à s'habiller toutes les trois avec les fringues d'une seule!"

...Ce qui eu le mérite de faire rire les deux autres, et c'était sans doute la chose la plus importante en cet instant.

"Lousse, sérieux, tu peux tout créer ici, alors c'est quoi ces histoires, pourquoi tu ne fais pas des fringues pour tout le monde, pourquoi tu ne soignes pas Lauraline?

- Mais enfin, dit Lousse en reniflant, vous existez, maintenant! Nous sommes trois, ça veut dire que je peux faire trois fois moins de choses qu'avant!"

Lauraline, qui s'était assise et qui fixait sa plaie -pourtant profonde une seconde auparavant- vit le sang se colmater, la croûte se former, et enfin la peau se refaire, le tout en moins de quinze seconde.

"Ah oui d'accord. C'est donc comme ça que ça marche."

Liline, visiblement très excitée par ce qui venait de se passer, s'écria:

"Ben vas-y explique!

- C'est très simple. Il suffit de se prendre pour Lousse.

- Ah?

- Allez, teste, pour voir!"

Liline ferma les yeux.

"Mais non, ça ne sert à rien de fermer les yeux, en plus tu vas manquer ton propre spectacle. Allez, tente!"

Liline ouvrit les yeux et afficha un large sourire lorsqu'elle ouvrit ses bras. D'une voix chantante, elle dit: "Tadaaa!"

L'atmosphère se réchauffa, le jour se leva, les oiseaux commencèrent à chanter, et dans la forêt certaines feuilles au sol s'étaient mises à luire, entourée d'un halo bleuté, dessinant des chemins.

"Qu'est-ce que c'est?

- C'est le chemin jusqu'à la maison.

- Mais, il y en a plusieurs!

- Eh oui, parce que nous sommes nombreuses!"

Lauraline se tut alors, et Lousse fit la déduction à sa place:

"Une maison est une famille... Évidemment... Je, je n'y avais jamais pensé de cette façon.

- C'était à moi d'y penser, répondit simplement Liline."

"Je suis celle qui n'a jamais eu de famille. Je suis celle qui savait ce que ça signifiait vraiment, parce que c'est dans mon coeur que ce trou-là s'est creusé."

Lousse porta ses mains à ses lèvres d'un air pensif, scrutant Liline et Lauraline.

Puis, elles se retrouvèrent toutes les trois habillées comme seule leur âme pouvait les habiller. Lousse savait très bien faire ça: donner une forme aux sentiments.

"Nous n'avons plus besoin de rien maintenant. Partons!"

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