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ARC SECOND - LILINE

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14 années.

J'ai passé 14 années dans cette toile insalubre qu'on appelle Aranya.

Les plus claires forêts cachent parfois les plus sombres histoires.

"Lousse...

- Ne m'appelle pas comme ça...

- Liline, s'il te plait.

- Où est-ce qu'on est, maman?

- Habille-toi, je vais préparer ton cours et tu feras le petit déjeuner.

- ...D'accord."

Je n'ai pas retrouvé ma soeur. Personne ici n'a le moindre souvenir de Lili. C'est insupportable, mes parents m'appellent "Lili", ou "Liline". Le pire, c'est que je sais que mon "moi du passé" viendra d'ici sous peu, qu'elle me verra, qu'elle cherchera Lili. Qu'elle se dira que j'ignore tout du fait que j'ai "un double". Qu'elle aura peur de faire une bourde, et qu'elle se tiendra loin de moi. Lousse veut pourtant nous réunir toutes. Ca ne tenait pas debout, que j'lui ai dit. Parce que si on avait déjà été réunies toutes en même temps, eh bien, on le saurait, puisque nous ne faisons que boucler encore et encore. Le temps pour nous s'est arrêté.

Mais je n'ai que ça a faire.

C'est le but de ma vie.

Ca, et maintenir le secret à propos de l'existence de Lousse.

Ou, je suis complètement cinglée.

Et en fait, que ce soit le cas ou pas, je m'en fiche éperdument.

"Lauraline! Qu'est-ce que tu fabriques encore dans ton lit! Viens ici tout de suite! Ah non, avant, n'oublie pas d'aérer ta chambre!"

Ma mère. Cette femme acariâtre. 

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"Bonjour Lili! Bien dormi?"

Quelle hypocrite! On est où, là?! Elle fait comme si de rien n'était? Comme si elle ne venait pas de décider de ma journée à ma place, puis de me crier dessus? Et moi, donc, je suis censée lui faire un grand sourire, et lui retourner la question? Mais ça m'est égal, que tu aies bien dormi!

"Non, non, c'est moi!"

Hein? Qui a parlé?

Maman se retourna, posant une théière sur la table. Visiblement elle ne me croit pas capable de faire le petit déjeuner par moi-même puisqu'elle a fait le thé à ma place.

"Oui, je sais, répliqua-t-elle, d'un ton sec.

- Ah, j'ai dû mal entendre, j'ai cru que tu avais dit «Lili»."

Oh, non... Je connais cette voix. Ca ne devait pas se passer comme ça.

"Eh bien, c'est ce que j'ai dit, non?

- Mais, je... Hein?!

- Quoi?!

- Vous avez l'air en forme, dites donc, quelle conversation passionnante!"

Papa venait d'apparaître en haut des escaliers de la cave.

«Maman ne sait plus comment je m'appelle! Ha! Ha! Ha!

- C'est qu'elle a de l'humour ma fille, un vrai boute-en-train dès le matin, plaça Louise sur un ton vaporeux.

- Bon, je vais réveiller Lili, 'faut qu'elle m'aide pour faire toutes les cartes de Noël!».

Elle était là. Juste devant mes yeux. Ma Lauraline. Celle dont je rêve toutes les nuits. Pas le temps de vomir, je dois exécuter mon plan. Dans très exactement 2 secondes elle se retournera. Je ne serais plus qu'une vague sensation dans son dos. Je m'enfuirai de cet enfer.

Je passerai mon manteau.

Je prendrai mon portable.

Je sauterai par la fenêtre.

"Lili..? C'est l'heure de s'réveiller, c'est le p'tit déjeuner... Debout là-dedans!"

Désolée Lauraline.

...J'entends les pas de mon père. Merde. Vite.

"Ça va aller, Lili, tout va bien, je suis là...

- Mais qu'est-ce qui se passe ici?!"

Je l'entends crier. Ça me fend le cœur. Je sais très exactement ce qu'elle ressent. Un déchirement dans l'âme. Celui qui survient quand on perd sa petite sœur pour la première fois.

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"Lousse! LOUSSE! Bordel de merde file-moi une clope"

Lousse levait ses sourcils bien trop haut quand elle me lança négligemment le paquet. Paquet que je rattrapai de justesse, lorsqu'elle cru bon de lancer le briquet dans la foulée, avec plus de détermination cette fois. Mon adresse infaillible me munissant de réflexes impressionnants, je penchai ma tête dans l'espoir de rattraper ledit briquet entre mes deux paupières.

"Aïe!

- Qu'est-ce qui t'arrive Lauraline?

- Un animal sauvage vient de m'attaquer avec un projectile, voilà c'qui m'arrive!

- Retire tes chaussures, c'est pas le marais aux boues, ici. Voilà merci.

- Lousse, ça y est, elle est là. OK respire.

- Lauraline bis?

- Oui!

- D'accord, donc il nous reste cinq bonnes heures avant qu'elle ne débarque ici. Tu as bien effacé tes traces?

- Oui.

- Parfait.

- Je vais chercher Andrée ou tu t'en charges?

- On avait dit que ça serait toi!

- D'accord, d'accord!"

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Donc en gros, je dois trouver le roi Lézard. Ce balourd n'est pas très discret, ça sera un jeu d'enfant.

"Andrée!

- Eh! Eh bien c'est toi qui me trouves.

- Tu n'es pas très discret.

- Je ne te permets pas!

- J'ai faim! Descends de ton perchoir, tu veux?

- Bonjour, l'ami.

- Bonjour! Ca fait plaisir!

- Plus tard les retrouvailles, le plan farfelu de Lousse semble sur le point de se concrétiser.

- Je dois retrouver Lauraline?

- C'est elle qui te retrouvera, si j'arrive à la mener jusqu'à toi.

- D'accord, bon eh bien... J'attends. Ce trône semble être à ma mesure.

- Très bien!"

Maintenant, la maison de Lauraline.

"Eh! La nourriture! T'as pas le droit de t'envoler comme ça!

- Plus tard!

- Pff!"

Pourquoi est-ce lui le gardien des brisures? Il ne pense qu'à manger!

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"Lili. Je sais que tu es très occupée, mais nous avons aujourd'hui le moyen de réunir ta famille.

- Je n'y crois plus, Lousse, tu le sais bien.

- Je t'en prie, viens au moins boire un thé à la maison... Et discuter avec une vieille amie, ça ne te dit rien?

- ...C'est bien parce que c'est toi."

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"Donc en gros, c'est toi qui l'accueilles en premier? Mais enfin, si Lauraline est belle et bien là, je veux la revoir!

- Il vaut mieux que ce soit moi d'abord. Elle n'a pas eu les années dont nous avons disposé pour intégrer ce qui se passe. Elle pourrait en perdre la raison si elle te voyait directement.

- Mais pourquoi toi?

- La magie, Lili... Il est essentiel qu'elle croit à la magie. Comment, sinon, accepter l'inacceptable?

- Tu es si douce... Tu nous sauveras."

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"Quand as-tu deviné?"

Je contemplais la nouvelle Lauraline comme on regarde un miracle vivant.

"Je n'en savais rien.

-Merci, merci du fond du coeur.

-Tu sais, je crois que je n'ai rien fait. Rien d'autre que réconforter une vieille amie. Tu t'es métamorphosée par toi-même.

-Ce sentiment, quand Lili et toi avez disparue du même coup, je me suis sentie tellement... Seule... Livrée à moi-même. Abandonnée. J'ai finit par vous en vouloir. J'étais sûre que de nous trois, j'étais celle qui supportait le plus mal la situation. Je savais que, peu importe ce que vous viviez, et où, peu importe si vous étiez dans l'au-delà, je savais... Que vous vous en sortiriez comme des chefs. Et moi, je restais là, sur la touche, incapable. J'étais tellement en colère que je ne voulais plus rien voir, ni personne. Quand je me suis réveillée, j'étais cette bête immense et malhabile, avec ces excroissances sur la tête, qui s'accrochaient partout. Je ne savais même pas ce que j'étais, quel choc ça a été de découvrir que j'étais toi. J'aurais dû plus m'intéresser à toi, et à la façon dont tu pouvais ressentir les choses. Je n'avais aucune idée de ce que tu vivais, de la façon dont tu trouvais ta nourriture..."

J'ai tellement de choses à lui dire... Je ne sais pas par où commencer.

"Je suppose que ça n'a pas dû trop te plaire, le goût de la chair non cuite"

Pff, je n'y arrive pas. Il fallait que je plaisante, encore, dans un moment pareil. Andrée dirait: "Mais l'humour, c'est ce que tu as de mieux, Lousse."

"Non cuite?! J'ai dû étriper ce pauvre lapin! Et le pire, c'est quand j'ai réalisé que je ne pouvais pas le manger parce que mes dents ne faisaient que l'écraser. Je me suis sentie tellement coupable! Un vrai monstre!

- Et donc? Tu as essayé de manger des feuilles?»

Je ne pouvais m'empêcher de trouver ça très drôle. Elle avait dû avoir de sacrés maux de ventre.

«Oooh, toi! lâcha-t-elle en fronçant les sourcils.»

«Il n'y avait aucune feuille, même plus de champignon, j'ai passé presque deux jours à rogner des pommes de pins infectes.

- Ha! Ha! Ha! Des po...! Des pommes de p...! Hin! Hin! Ha! Ha! Ha! Oh, pardon, mais!

- Vas-y, vas-y, bidonne-toi, aucun problème!

- ...Et donc, tu as finis par comprendre?»

Elle désigna alors nos deux assiettes.

«Les patates...

-Ah, quand même!

-Oui, je sais, j'aurais dû y penser tout de suite, en voyant les patates chez toi...»

Je m'étouffais dans mon fou rire.

«Je sais, c'était stupide! Bon! J'étais un peu désorientée, aussi! T'as vu ta tête? Jamais on n'imagine se réveiller avec cette tête-là...

-Je l'aime bien, ma tête, moi...

-Elle est très bien ta tête.

-Qu'est-ce qu'elle a ma tête?!

-Elle est très bien je te dis!

-Bon. Ma chère je dois retrouver tes parents à présent.

-Déjà?

-Ils s'inquiètent, tu sais.

-Tu vas y aller comme ça?

-Oh, Lauraline...»

Je pris alors l'apparence de Lili. Le visage de Lauraline devint tout pâle.

«J'y crois pas.»

Elle me pointait du doigt, son bras levé peinait à se maintenir en l'air, alors elle posa son coude sur la table, l'index toujours pointé sur moi. Elle ouvrait la bouche, puis la refermait, complètement incrédule. Avant de finalement laisser retomber sa main sur la table en soupirant:

«Je suis dépassée.

- Bien moins que tu ne le crois, va. Tu dois apprendre à te faire confiance.»

Je la laissai sur ces mots, j'avais à faire.

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En sortant de ma cabane, Lili m'attendait.

"Alors?

- Elle se remet. Je n'ai pas pu tout lui expliquer mais... Elle fera les liens, j'en suis sûre.

- Elle est intelligente.

- Oui. Mais pour l'heure, file à Prime Abord, ta famille t'attend.

- J'étais contente de la voir. Lousse... Merci."

Jamais étreinte ne fut plus chaleureuse.




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Salut tôâââ, ici Jôôô ♪

Avec cet acte second, je te souhaite la bienvenue dans le dark side of the Lousse. 
(brr) (uhuhu)
L'histoire, le scénario, je le voulais plus ou moins ainsi: mais je n'avais aucune idée de la façon dont il allait sortir (et aucune idée de la fin).

J'ai écrit ce truc-là (l'ensemble de l'acte Liline) dans une période des plus... pressurisantes, pour moi. Ce qui explique que je vais droit au but et que les chapitres sont courts (là par exemple tu viens de finir le chapitre 10, et il t'en reste encore 2).

JE NE TE DIRAI RIEN DE PLUS, NO SPO-ÏLEUH

Et si tu as réussi à lire jusqu'ici alors que j'ai l'impression que mon récit est tout sauf clair et compréhensible... BRAVO \o/

N'hésite pas à me faire tes retours (constructifs, tout ça), afin que je puisse les prendre en compte lors de la relecture/corrigeage du bordel.

Bisous!