| LE CHOC |
~CORRIGÉ - PARTIE 2~
—Quoi? s'étonna Kayla. Qu'est-ce que vous voulez dire?
Madame Mbengue repartit à pleurer de plus belle. Son mari s'approcha d'elle et la serra dans ses bras, sa main musclée lui tenant la tête doucement. La jeune fille ne voulait pas lui faire de la peine, bien au contraire. Elle se sentait idiote tout à coup, inutile.
—Je, je ... ne voulais pas vous faire de la peine..., s'excusa-t-elle.
—Ce n'est pas de ta faute, Kayla, répondit monsieur Mbengue à la place de sa femme. Tu cherches à comprendre, c'est normal. C'est juste que c'est encore un sujet sensible pour Hawa.
—Je ne voulais pas être indiscrète, je vais m'en aller et vous laisser entre famille, dit Kayla.
Elle se tourna et commença à sortir de l'allée pour rentrer chez elle. Ils avaient besoin d'un peu de temps seuls pour se remettre de ce qui se passait. C'était normal.
—Non, attends, la retint monsieur Mbengue.
Elle s'arrêta dans son élan et se retourna vers le père de son amie. Il avait l'air si triste. Madame Mbengue avait mentionné Lourdes qui avait disparu, mais... est-ce que c'était vraiment possible? Lourdes adorait ses parents. Elle ne l'avait jamais dit ouvertement à Kayla, et elle soupçonnait que c'était pour ne pas lui faire de la peine, mais elle pouvait le voir dans la façon dont elle parlait d'eux. Jamais Kayla n'avait connu quelqu'un d'aussi proche et complice avec ses parents. Il était assez difficile de croire qu'elle ait pu faire quelque chose comme ça, et pourtant...
Ils étaient là devant elle pour lui prouver que tout ça était réel. Elle pouvait voir la tristesse et le désespoir dans les yeux des deux adultes devant elle. Une larme coula innocemment sur la joue foncée de monsieur Mbengue. Ça l'attristait de dire ce qu'il s'apprêtait à dire à Kayla, mais il sentait le devoir de le faire.
—Lourdes a disparu, dit-il simplement. Kidnappée ou partie, on ne sait pas. On ne sait plus, en fait.
Ces trois mots simples parurent lui coûter tellement d'énergie, mais ils étaient tellement puissants en même temps.
—Lundi, elle... elle n'est jamais revenue à la maison après l'école, avoua-t-il avec peine. Au début, on pensait qu'elle était chez une amie ou qu'elle s'était arrêté à quelque part, mais... elle n'est jamais venue coucher à la maison et aucune personne que nous avions sur nos contacts ne savait où elle était.
Une deuxième, une troisième et même une quatrième larme vinrent se rajouter à la première, coulant le long du visage foncé de monsieur Mbengue et rendant son dialogue dur à comprendre. Les mots n'arrivaient plus à la bouche de Kayla. Elle ne réagissait pas, elle attendait la suite.
—Le lendemain midi, on a appelé la police, continua-t-il en bégayant de plus en plus que les larmes coulaient. Ils n'ont pas voulu nous aider tant que ça ne faisait pas 48 heures qu'elle avait disparue. On n'a pas eu le choix, on a attendu, mais on a continué de la chercher quand même.
Sa voix tremblait, rendant les mots encore plus difficiles à comprendre. Il pleurait à chaudes larmes à présent.
—Ça a fait 48 heures aujourd'hui, à 16h, expliqua-t-il difficilement. On ne sait pas ce qui lui est arrivé. Ils viennent d'arriver... Ils... ils...
Il essayait de dire quelque chose, mais il en était incapable. Avant qu'il ait réussi à l'avouer, un policier le coupa, empêchant Kayla de savoir ce que monsieur Mbengue s'apprêtait à lui dire.
—Nous avons besoin de vous au centre, leur dit le policier.
Le père de son amie hocha la tête faiblement et avant de partir vers la voiture de police, il jeta un dernier regard de désespoir à Kayla.
—Rentre chez toi, petite, lui dit le policier avant de partir à la suite des parents de Lourdes.
Elle resta figée pendant quelques minutes, incapable de réagir, incapable de comprendre la triste vérité. Son cerveau était figé, pareil comme son corps. Lourdes était partie... Ces trois mots paraissaient si faux, comme si ça ne fonctionnait pas, tout simplement. Sans même savoir où elle avait trouvé la force de le faire, Kayla marcha lentement en direction de sa maison, les jambes lourdes comme de la roche et les yeux embués de larmes. Si elle tomba sur l'asphalte de la rue qui séparait sa maison de celle des Mbengue, elle ne le sentit même pas. Elle aurait pu se faire frapper par une voiture et rien n'aurait plus d'importance à ses yeux que le sort de sa meilleure amie africaine. Son cerveau essayait tant bien que mal d'assimiler la triste nouvelle. Était-ce vraiment possible? Elle eut tout juste assez de force pour se rendre jusqu'à sa chambre. Elle ne se rappelait même plus si elle avait enlevé ses souliers avant de se laisser tomber dans son lit, mais ça ne la dérangeait pas le moins du monde.
Elle était épuisée et pourtant, elle était toujours incapable de s'endormir après 1 heure passée dans son lit. Son cerveau repassait encore et encore les événements sans vraiment réaliser que son amie était partie. Elle revoyait les visages tristes de monsieur et madame Mbengue et ceux presque indifférents des policiers aux expressions neutres. Au bout de quelques heures, elle finit par s'endormir, mais ça ne dura pas longtemps. Déjà, son réveil sonnait pour lui annoncer qu'il était temps de se préparer pour aller à l'école. Elle crut d'abord que les événements de la veille était un mauvais rêve, mais tout lui revint immédiatement. Une chose aussi terrible ne s'inventait pas, même pour Kayla, qui avait à l'habitude une imagination débordante.
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