| LA RÉSIGNATION |
~NON CORRIGÉ - PARTIE 5~
Kayla ne savait pas combien de temps elle était restée là à pleurer dans sa chambre, mais quand elle se réveilla le lendemain matin, elle était dans son lit, abrillée et en pyjama. La lumière passait à travers les fenêtres et éclairait sa chambre. Il était 9h. Elle se leva dans son lit et vit un cabaret posé sur sa table de chevet. Il y avait un verre de jus d'orange, quelques fruits et une petite note gribouillée sur un papier.
On va manger des crêpes ce matin. Quand tu seras prête, descend et on va commencer à les faire cuire. On s'excuse, maman et papa xox.
Pendant un instant, Kayla oublia tout ce qui la tracassait. Les deux dernières journées s'étaient complètement effacées et elle pensait vraiment que ses parents voulaient se rattraper. Mais la vérité la rejoint bien vite quand elle aperçut le petit coffre sur son bureau. Lourdes s'était enfuie et l'avait abandonnée. Cette fois, elle ne pleura pas. Elle avait épuisé toutes les larmes de son corps les deux dernières journées qui s'étaient passées. Elle essaya de ne pas penser à ça et décida qu'elle devait se changer les idées. Elle s'était disputée avec ses parents la veille, mais elle commençait à le regretter. Après tout, elle leur avait dit des choses pas très gentilles qui dépassaient légèrement ses pensées, bien qu'il y avait un fond de vérité. Ils se disputaient tout le temps et disaient tout ce qu'ils pensaient quand ils le voulaient, mais elle ne pensait pas vraiment qu'elle serait mieux sans eux. C'était ses parents et elles les aimaient.
—Allez, Kayla... On y va, s'encouragea-t-elle.
Elle se leva de son lit et ne prit même pas la peine de mettre des vêtements. Elle portait son pyjama et elle n'avait pas l'intention de l'enlever, ni de sortir de la maison aujourd'hui. Quand elle descendit, ses parents la saluèrent avec un gros sourire au visage, qu'elle leur rendit du mieux qu'elle pouvait. Elle s'assit à la table et attendit que le déjeuner soit prêt. Pour une fois, ses parents passèrent plus de dix minutes sans se chicaner ou se fâcher l'un contre l'autre. C'était un déjeuner comme ceux qu'ils faisaient quand Kayla était jeune, du temps où ils pouvaient se parler ou faire quelque chose sans se chamailler. Elle but le jus d'orange et mangea les fruits qu'elle avait rapporté du cabaret de sa chambre et se régala avec les crêpes de son père. Mais ce petit moment de bonheur ne dura pas longtemps parce que le déjeuner ne peut pas durer une éternité. Elle retourna dans sa chambre en remerçiant ses parents.
Elle s'assit sur son lit. Elle était mêlée. Tout se passait si vite et elle ne savait pas elle-même comment elle se sentait. Une montagne russe serait le mot idéal. Kayla était triste et fâchée, mais Lourdes lui manquait malgré tout. Elle avait probablement été la meilleure chose dans sa vie, et la pire en même temps. Elle lui avait donné le sourire pendant un an, mais elle lui avait aussi fait sentir des tas d'émotions inverses et dures à définir en mots.
TOC TOC TOC
—Kayla, est-ce que je peux entrer? demanda sa mère à travers la porte.
—Oui, viens, accepta-t-elle.
Sa mère entra et vint s'assoir à côté d'elle sur le lit. Elle avait quelque chose dans les mains.
—Ma chérie, j'ai trouvé ça hier soir dans ta chambre et j'ai préféré te le remettre en mains propres au lieu que tu le trouves en te réveillant, dit-elle en lui tendant une photo. Tu sais, j'ai toujours été dure avec Lourdes, mais c'est simplement parce que j'avais peur qu'elle te fasse de la peine. Je m'inquiétais, c'est tout. Je n'avais aucune idée de ce qui se passait réellement dans sa vie et je n'aurais pas dû la juger avant de la connaître. Tiens.
Elle lui tendit une photo. Elle se rappelait l'avoir vu par terre dans sa chambre hier, mais elle ne l'avait pas regardé. Le mot que lui avait laissé Lourdes occupait la majeure partie de ses pensées.
—Je suis vraiment désolée, chérie, s'excusa sa mère une fois de plus.
Kayla prit la photo entre ses mains et son coeur se serra. C'était une conversation de groupe sur Facebook. Il y avait quatre personnes. Trois pseudonymes : redboy, blueboy et greenboy. Et il y avait Lourdes. C'était affreux à lire pour elle. Elle n'en croyait juste pas ses yeux à quel point les gens pouvaient être méchants parfois. Les trois colorboys insultaient Lourdes, la traitaient de tous les noms et lui lançaient des insultes diverses. D'après les dates inscrites sur la photo, ça datait d'il y a quelques mois. Comment avait-elle pu endurer ça et paraître si joyeuse en tout temps? Les insultes étaient vraiment intenses, pas comme des petites insultes qu'on lance que pour blaguer. Des grosses insultes encore et encore pendant 7 mois de temps. Elle ne l'avait jamais dit à Kayla, elle aurait dû. Elle aurait pu l'aider, mais elle ne se doutait de rien. Comme quoi les apparences étaient parfois trompeuses...
—Il faut que... que je montre ça aux Mbengue, murmura Kayla, sans arriver à y croire.
Elle sortit de sa chambre et courut jusqu'à la porte d'entrée des Mbengue en pyjama. Elle était essouflée, elle n'avait jamais eu de cardio. C'était Lourdes qui était bonne en sport. Elle cogna à la porte.
TOC TOC TOC
Elle entendit des pas et la porte s'ouvrit sur un policier. Il la regarda d'une drôle de façon, sûrement parce qu'elle était en pyjama. Elle ne fit pas attention à lui et le poussa pour entrer dans la maison de son amie disparue. Elle trouva les Mbengue assis sur leur divan. Ils furent d'abord surpris de voir une Kayla essouflée et en pyjama chez eux, mais ils furent attirés par les papiers qu'elle tenait dans les mains. Qu'est-ce qu'elle avait de si important à leur dire ou à leur montrer pour qu'elle se pointe à 9h le matin, sans même prendre le temps de se changer?
—Je suis désolé, je n'ai pas pu l'empêcher d'entrer, s'excusa le policier en arrivant dans le salon.
—C'est correct, c'était... um... c'est une amie à Lourdes, répondit rapidement monsieur Mbengue.
—Qu'est-ce qu'il y a, Kayla? lui demanda madame Mbengue.
—Je..., commença-t-elle.
C'était plus dur à dire qu'elle le pensait, mais ils devaient en être informés. Une main rassurante se posa sur son épaule. Elle tourna la tête et vit sa mère, debout à côté d'elle, qui l'avait suivie pour l'appuyer. Pour la première fois depuis quelques jours, elle sourit sincèrement.
—Il y avait une lettre et une photo dans ma chambre, se lança-t-elle. Lourdes les a laissés dans le petit coffre qu'elle m'avait donné pour ma fête. Je crois que... euh... vous devriez regarder par vous-même...
Elle n'était pas du tout à l'aise, mais elle tendit la photo de la conversation Facebook aux parents de Lourdes. Leurs yeux parcoururent rapidement toutes les insultes et le harcèlement présent sur ce tout petit bout de papier. Madame Mbengue recommença à pleurer, tandis que monsieur Mbengue restait figé les yeux sur la feuille, la bouche ouverte. Kayla n'osait pas bouger, de peur de les déranger dans l'assimilation du fait que leur fille unique était la victime de cyberintimidation. Elle ne savait pas comment elle était supposé agir, alors elle ne dit rien et elle attendit que quelqu'un d'autre le fasse en premier. Finalement, ce fut le policier qui réagit. Il avait lu par-dessus l'épaule des Mbengue.
—Si vous me donnez la feuille, je vais l'envoyer au poste et nous allons traquer ces personnes pour ne plus qu'ils refassent ce genre de harcèlement aux autres, annonça-t-il d'une voix réconfortante.
C'était tout ce que Kayla devait entendre pour être rassurée. Ces derniers jours avaient été très éprouvant pour elle et enfin, après ce qui lui paraissait comme une infini de misère, elle parvenait à voir un peu d'espoir dans sa route. Tout ça, ça allait s'arranger. Elle en était sûre. Tout ce qui lui restait à faire, c'était d'attendre que les policiers fassent leur travail, bien en sécurité chez elle. Tout était fini maintenant.
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