| LA COLÈRE ET LA TRISTESSE |
~CORRIGÉ - PARTIE 4~
Kayla rentra chez elle, où ses parents l'attendaient impatiemment. Ils n'avaient pas l'air de se disputer, ni d'être fâchés. Plutôt inquiets et pour la première et dernière fois, en accord. Quoique pas pour longtemps...
—Assieds-toi, Kayla, nous devons parler, lui dit sa mère au moment où la porte se referma derrière sa fille.
—Attends qu'elle entre, Mylène, avant de l'énerver..., grogna son père.
—Reste en silence, je veux éduquer ma fille, répliqua-t-elle.
Ils se regardèrent comme s'ils avaient une confrontation visuelle silencieuse, puis le père de Kayla finit par soupirer et se retourna vers elle. Est-ce qu'il avait abandonné ou...? Kayla ne comprenait jamais rien à la relation de ses parents. Depuis maintenant 3 ans, c'était rendu assez compliqué.
—On ne va pas passer par quatre chemins, commença son père. Tu agis bizarrement ces temps-ci et nous nous inquiétons pour toi.
—On veut que tu saches qu'on est là si jamais tu as besoin de quelqu'un pour parler et ça va nous faire plaisir de t'écouter.
Elle ne répondit rien et continua de regarder dans le vide.
—Kayla, ma chérie, qu'est-ce qui se passe? demanda sa mère doucement.
—Rien, dit-elle simplement.
—Voyons, ne sois pas gênée avec nous, répliqua l'homme en essayant d'imiter le ton de voix de sa femme. Dis-nous ce qui ne va pas.
Quelque chose dans leur ton de voix ne rassurait pas Kayla comme ça aurait dû. Même quand ils essayaient, ils avaient encore l'air de Pierre et Mylène, les parents sérieux, autoritaires et têtus qu'ils étaient. Avant, elle leur aurait tout dit et ils l'auraient réconfortés avec un bon chocolat chaud, mais ils n'étaient plus comme avant.
—Allez, dis-le-nous, la pressa son père d'une voix un peu moins patiente.
Il avait tendance à devenir irrité quand on le faisait patienter. C'était une des nombreuses choses que la mère de Kayla reprochait à son mari et elle ne se gênait pas pour le lui dire.
—Pierre, hissa la voix de sa mère, sois patient.
—Ne me dis pas quoi faire, se contraria-t-il.
—Alors, fais ce qu'il faut et comporte-toi comme il le faut, répliqua sa mère.
—Une autre dispute, murmura Kayla.
Elle en avait assez. Ils se disputaient tout le temps, sans arrêt et elle n'avait pas de patience aujourd'hui. Depuis 3 ans que c'était comme ça, sans aucune raison, et elle avait toujours toléré ces disputes fréquentes entre ses parents jusqu'à maintenant.
—Non, ma chérie, répondit sa mère en l'entendant, on ne va pas se disputer, on devait se parler. Allez, dis-nous ce qui ne va pas. Est-ce que c'est à propos de l'école?
—Oui, est-ce que tu es intimidée? rajouta son père.
—Non, dit-elle.
—Alors, qu'est-ce qui se passe? Est-ce que c'est à propos de Lourdes? demanda sa mère avec dédain.
Pendant un moment, elle eut le goût de pleurer encore à l'entente de ce prénom. Depuis lundi, Lourdes n'avait pas montré signe de vie et il était maintenant vendredi. Mais quelque chose dans la façon déplaisante que sa mère avait dit le nom de sa meilleure amie réveilla une émotion en elle autre que la tristesse, chose qui n'était pas arrivée depuis mercredi soir, où elle avait appris la mauvaise nouvelle. Depuis le début, Kayla savait que ses parents n'approuvaient pas son amitié avec Lourdes, mais là, c'était la goutte qui faisait déborder le vase. De quel droit se permettait-elle de même prononcer le prénom de sa meilleure amie avec autant de dédain? Si elle ne l'aimait pas, au moins, qu'elle ne le montre pas!
—Si c'est elle qui te fait autant de problèmes, rajouta son père, ne t'en fais pas avec ça. Abandonne-la, ça ne serait pas une grosse perte.
Kayla se leva de sa chaise rapidement, faisant sursauter ses parents. Elle n'avait jamais pris part à ces chicanes qu'elle trouvait ridicules et insensées, mais ça allait changer aujourd'hui. Il voulait se disputer, alors ils allaient avoir ce qu'ils voulaient.
—Savez-vous ce qui ne serait pas une grande perte? cria-t-elle. Ça serait que vous partiez vivre à l'autre bout du monde! Tout le monde serait bien mieux sans vous deux!
Une larme de colère coula sur sa joue, mais elle l'essuya avant qu'elle ne tombe. Elle ne devait pas montrer quelque faiblesse que ce soit si elle voulait faire passer son message.
—Ne dis pas des choses comme ça, l'avertit sa mère d'un ton ferme, tu verrais que si on était pas là, tu serais bien triste.
Elle avait utilisé un ton ferme, mais Kayla savait au plus profond d'elle-même que sa mère avait été choquée et blessée par ce qu'elle avait dit. Elle ne réfléchit pas deux fois avant de dire tout ce qui lui passait par la tête et qu'elle brûlait de dire depuis des mois.
—Au moins, je n'aurais plus à endurer vos disputes sans cesse! hurla Kayla. Si vous n'êtes pas capable de vous sentir la face, divorcez et laissez-moi tranquille!
Elle partit en courant vers sa chambre et elle claqua la porte, faisant trembler les murs proches. Dans un élan de colère, elle frappa quelque chose qui était sur son étagère. Le petit coffre ne se brisa pas, mais il s'ouvrit sur le sol de bois franc. Kayla ne le regarda même pas et se laissa tomber sur son lit en pleurant. Elle en avait marre des disputes de ses parents. Elle en avait marre d'avoir autant de peine pour son amie. Pourquoi Lourdes ne s'était pas expliquée avant de partir? Ça lui aurait enlevé bien des problèmes... Elle regarda sa chambre, qui était un peu floue à travers toutes les larmes qu'elle avait laissé couler. Quelque chose retint son attention. Il y avait une enveloppe sur le sol, juste à côté de la petite boîte. Elle devait être tombé quand Kayla avait lancé la petite boîte par terre.
Kayla s'approcha et prit l'enveloppe entre ses doigts. Il était écrit... À ma meilleure amie xox dans une écriture qu'elle aurait pu reconnaître entre mille. Lourdes... Elle repartit à pleurer de plus belle. Ça lui prit quelques minutes avant de pouvoir ouvrir la lettre, mais elle parvint enfin à le faire. Il y avait une photo et quelques mots écrits sur un post-it un peu froissé.
Si tu lis cette lettre, c'est que je suis partie pour une vie meilleure
C'était pour le mieux, donc je ne veux vraiment pas que tu pleures
N'en doute pas, tu vas toujours rester ma meilleure amie malgré tout
Peu importe ce qui arrive, n'oublie surtout pas que je t'aime beaucoup
Lourdes xox
* PS : Je suis désolée d'avoir toujours été nulle en poèmes, mais j'ai fait un effort juste pour toi
Une larme coula le long de son oeil déjà bouffi par les derniers jours. Cette lettre ravivait une foule d'émotions en elle. Tristesse, joie et confusion se battaient pour prendre le dessus. D'un côté elle avait le goût de pleurer jusqu'à ce qu'elle se fasse à l'idée que sa meilleure amie était partie sans elle, d'un autre elle était soulagée et tellement contente de savoir que Lourdes allait bien et qu'elle pouvait rayer l'option du kidnapping de sa liste de préoccupations, mais... elle ne savait pas comment réagir. La lettre n'expliquait rien du tout. Absolument rien, ce qui la laissait dans une confusion totale. Pourquoi était-elle partie? Elle ne le saurait peut-être jamais. D'autres larmes coulèrent le long de ses joues. Elle ne reverrait peut-être jamais sa meilleure amie. La personne qui avait toujours été là pour elle et la seule qui la faisait vraiment sourire. Même si elle se creusait la tête, elle n'arrivait pas à trouver une seule bonne raison ou un seul indice qui aurait pu la prévenir que Lourdes n'allait pas bien. Elle avait agi normalement même la journée avant son départ. Elle souriait à tout le monde et elle avait continué d'être le petit rayon de soleil de tout le monde à l'école et à la maison.
Qu'avait-elle à reprocher à sa vie? Selon l'avis de Kayla, Lourdes vivait la vie parfaite : elle avait pleins d'amis, tout le monde l'aimait et elle avait une personnalité tellement plus rayonnante, extravertie et sociable que Kayla. Elle avait des parents qui auraient remué ciel et terre pour lui faire plaisir et une meilleure amie qui aurait tout fait pour elle. De quoi se plaignait-elle? Plus de larmes coulèrent le long des joues de Kayla. Elle avait vécu la disparition de Lourdes comme un calvaire : elle s'était inquiétée et elle avait pleuré plus que jamais auparavant dans sa vie. Elle s'était disputée avec ses parents pour défendre sa meilleure amie à maintes reprises et elle ne pouvait s'empêcher de penser que Lourdes l'avait abandonnée. Ce n'était pas une lettre de quatre petits vers qui allait l'aider à vivre son deuil, même si l'intention était bonne. Ses parents avaient peut-être raison finalement, Lourdes avait fini par lui faire du mal... même si ce n'était pas nécessairement son intention première.
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