Ma main s'approcha rapidement, mais pas assez, pour ne pas s'arrêter après l'entente d'une phrase de leur conversation.

- C'est ton âme-sœur, Léo. Tu te dois de la protéger et de l'aimer.

~~

Le monde est peuplé d'environ 7 milliards de personnes. Et ça ne cesse d'augmenter avec les années qui passent.
Alors expliquez moi pourquoi ça devait tomber sur moi, Alicia Janers ? Fille banale symbolisant un beau cliché et qu'en plus de ça, soit déjà l'âme-sœur d'un loup.

Je restais la bouche ouverte, les regardant, choquée.
Ne savaient-ils pas que j'avais déjà Chris ? Comment ne pouvaient-ils pas être au courant, Chris était tout de même l'Alpha de France. Un doute s'empara de moi. Devais-je leur dire ? Me croiraient-ils ?
Les personnes dans la pièce n'avaient pas vu mon changement de comportement, mais Tania, si. Elle m'adressa donc un regard mi-désolé, mi-ironique. Drôle de mélange.
Franchement, je ne savais pas si elle était gentille ou totalement horrible.
Je reprenais rapidement mes esprits, voulant me défaire expressément de cette situation incompréhensible et abandonna l'idée pour l'instant d'utiliser cette argument. Je ne tenais pas à ce que tout le monde connaisse mon visage, cela pourrait être dangereux pour moi et pour la meute de Chris.

Afin de partir le plus vite possible, je coupais tout naturellement la parole du jeune homme aux cheveux blonds.

- Je suis sincèrement désolée de déranger votre conversation sûrement très instructive et agréable, mais voyez-vous, j'ai une vie en dehors de vos histoires de famille. Mes amis m'attendent. Donc je réitère ma demande de partir d'ici illico presto.

Et tout ceci accompagné d'un beau sourire.

Un lourd silence prit place. Le vieux me regarda sans émotion particulière. L'homme au nom de Léo contracta ses épaules sûrement sous le coup de la colère et se retourna lentement. J'eus donc tout le loisir de le dévisager sans politesse.
Un teint très légèrement mate, un nez en trompette, des yeux en amandes bleus et des cheveux bouclés blonds cendré sur le dessus de la tête, les côtes étant rasés de près.
Étrangement rien n'allait ensemble dans son visage. Mais cet exotisme lui donnait un charme incroyable que je n'avais jamais vu de toute ma vie. Une aura charismatique l'entourait puissamment. Malgré que Chris soit beau, ce garçon le battait carrément niveau charisme.

- Pourquoi elle parle, elle ?

Mes yeux lui jetèrent un regard noir face à sa réplique. Mais il ne sembla pas le moins du monde intimidé.

- En plus de ça, vous m'en ramenez une chiante ! S'exclama-t-il violemment en se retournant vers les autres.

Mes dents se serrèrent de rage sous son insolence.

- Léo. Intervînt froidement Philippe.

Le blond allait rajouter quelque chose quand je décidais d'enfin bouger de cet endroit.
Sans attendre je me retournais sèchement, abandonnant la confrontation déjà épuisante d'avance, et me dirigeais à grands pas vers la porte.
Comme par hasard, trois silhouettes me firent rapidement face pour m'arrêter.

- Tu restes ici, toi.

Je lançais un regard haineux au blond, plus du tout de bonne humeur. Qu'ils ne viennent pas me faire chier aussi.

- Bougez.

Mon ordre ne semblait pas vraiment marcher au vu de leurs expressions.

- Vous comprenez le français je crois non ? Donc je n'ai pas à me répéter.

Rien. Juste leurs regards neutres.

- Laissez la partir ! Je ne veux pas non plus d'elle ici !

Je me retournais brusquement et avança finalement à grandes enjambées vers lui. Je le regardais fixement, avant de serrer violemment les dents. Je ne savais pas pourquoi je me retenais à lui hurler dessus.

- Je pense qu'on ne va pas s'entendre toi et moi. Tu me juges alors que nous nous connaissons pas le moins du monde. Ce sont tes foutus potes et ton vieux qui m'ont ramené ici. Donc au lieu de m'insulter comme tu l'as fais, acharne-toi plutôt sur eux. J'en ai ma claque de rester ici alors que je vois que tout le monde ne dit qu'un ramassis de conneries plus folles les unes que les autres !

Après ma tirade très théâtrale, il semblait essayer de me sonder de son regard bleu océan. Cependant il finit par lever les yeux au ciel, visiblement agacé.

- Oui comme je disais, vous m'avez vraiment trouvé la plus chiante.

Mes dents grincèrent de rage alors que je m'efforçais de ne pas attenter à sa minable vie.
Cependant, la conversation fut écourtée par Tania qui rappela que je devais encore me reposer pour récupérer des effets des somnifères, étant une humaine.
Seulement, je ne ressentais aucun signe de sommeil significatif.
Voulant à tout prix sortir de là, je lui donnais raison et je m'empressais de la suivre pour ne pas éclater ma rage à la face de cet homme ignoble.

Chris n'était pas du tout pareil.
Repenser à lui me rendait étrangement nostalgique et triste.

Mes pensées se mélangeaient alors que Tania me raccompagner, silencieusement.

- Tu dois te poser beaucoup de questions.

- A qui le dis-tu.

Je la fixais, attendant des explications.

- C'est assez long à expliquer, je-

- J'ai tout mon temps comme tu peux le voir.

- Je vois que ton séjour chez les loups ne t'as pas changé. Toujours aussi peu polie.

- Pourquoi m'auraient-ils changé ? Je ne me laisse pas influencer par qui que ce soit Tania, tu devrais le savoir.

Elle hocha la tête avant d'arborer un sourire narquois et de se passer une main distraite dans les cheveux.

- Déjà, je tenais à m'excuser pour le comportement de Léo. Lui aussi n'accepte pas l'idée d'être lié d'une telle façon avec une inconnue. Pour lui, ces histoires d'âmes-sœurs sont synonymes de malheur et d'hypocrisie.

- Je pense qu'il est assez grand pour venir discuter de lui-même. Donc merci bien tout de même pour cet effort mais je ne prendrais pas ses excuses en compte.

Sans même se vexer, ayant l'habitude de me côtoyer, Tania resta silencieuse et n'essaya même pas de me faire ravaler mes paroles.

Seulement, je ne voulais pas d'explications sur ce soi-disant lien avec ce Léo, puisque j'avais déjà une âme-soeur, tout ce qu'ils disaient et tout ce qu'ils pourraient dire été totalement faux. De plus, je n'avais rien ressenti dès que je l'avais vu. Il n'était définitivement rien pour moi, et je pense que cela était pareil de son côté vu l'accueil qu'il m'avait réservé.

- Maintenant je veux savoir pourquoi tu t'es retrouvée dans une meute de loups ? Qu'est-ce qu'il s'est passé de si dramatique pour que tu en arrives là ?

- Tu sais être ici et devenir un des leurs n'est pas si horrible que ça. On finit par s'y habituer.

Je lâchais un petit rire ironique. Je ne pouvais pas le contredire totalement vu ma situation.

- Je ne dit pas que tu as tort, cependant je pense à ta famille et au fait que tu les as laissé croire que tu avais disparue. C'est égoïste de ta part.

- Alicia, Alicia... les problèmes entre ma famille et moi ne te regardent pas, malgré notre amitié. Donc je peux me passer de ton jugement hâtif.

J'eus un sourire en coin avant de garder le silence.

- Je n'ai ni le temps ni la patience de tout t'expliquer, surtout que mon histoire regorge de moments inutiles. Pour te la faire simple, j'ai eu beaucoup de mal à te voir partir et un enchaînement d'événements difficiles à fait que je me suis lancée. Dit-elle avec un ton ironique qui cachait sûrement plus que ça.

J'eus un regard peiné et inquiet. Malgré son attitude, elle restait pour le moment, toujours une amie proche, et le fait de savoir si peu de choses sur ce qu'il s'était passé pour qu'elle prenne une telle décision me rendait perplexe et inquiète.

- Nous sommes arrivés.

J'eus un regard sans importance pour la grande chambre et me retournais vers Tania...qui n'était plus là.
Sérieusement, à peine je lui tournais le dos deux minutes, qu'elle partait sans un bruit.
Je soupirais et m'asseyais lourdement sur l'immense lit.
Pas la moindre trace de sommeil apparut.
Je ressentis plutôt une faim sourde, et posa ma main sur mon ventre qui produisait des bruits alarmants.

Je restais dans le silence un moment avant de me décider à parcourir la grande maison pour trouver quelque chose pour me rassasier.

Sss