Chapitre 3 - Le plan (1/2)

— Ça me laisse bouche bée, lança Marine, bouche bée.

— Décidément, il est trop jeune et dynamique pour nous... constata tristement Jean-Luc.

— Pour nous, oui. Mais pour les autres ?

Marine marquait un point. Peut-être que Valls était assez jeune ? Non, il lui fallait du sang frais. Hamon. Il est certes complètement con, mais c'est la seule chance d'éradiquer ce furibond. Marine, quant à elle, possédait un orgueil trop grand pour se désigner comme vieille. Mais face à l'évidence, elle misa ses chances sur Marion-Maréchal. Elle est très active dans le parti et n'aime pas les noirs, ce qui est un atout considérable.

Ils feront parfaitement l'affaire. Les deux chefs repartirent chacun chez eux, se serrant solennellement la main.

Marine Le Pen rentra chez elle. Jean-Marie apparut soudainement devant elle.

— JEANNE, AU S'COURS ! cria-t-il en agitant nerveusement un couteau de cuisine.

— Tu te bats encore contre des anglais imaginaires ? lança désespérément sa fille en saisissant son couteau.

— LES SAXONS, LES SAXONS, SONNEZ LES CLOCHES, CACHEZ VOS ENFANTS ! divaguait le vieux croûton. ILS SONT À NOS PORTES !

Soudain, Florian Philippot sortit de nulle part, en cheval blanc et affublé d'une armure médiévale. Il fonça vers la porte encore ouverte mais, ne sachant pas comment stopper le canasson, se prit l'embrasure de plein fouet et son heaume cliqueta contre son crâne. Il tomba à la renverse et s'étala de tout son long sur le sol. Le cheval, lui, rebroussa chemin en murmurant "nique les arabes, j'rentre à l'étable".

— Tu as fait des progrès, mon cher Hubert d'Angleterre ! dit-il au canasson. Un race bien pure, c'est moi qui...

— D'ANGLETERRE !? s'écria Jean-Marie. JEANNE, VIENS AUPRÈS DE MOI, dit-il à son ami imaginaire, NOUS ALLONS MONTRER À CET HUBERT LE POUVOIR DE NOTRE PATRIE ! CHAAARGEZ !

Puis il s'élança à vive allure vers le cheval, qui tapa un putain de sprint pour sauver ses miches.

— MAIS ENFIN, BEAU-PÈRE, C'ÉTAIT UNE BOUTADE ! tenta de le résonner Florian.

— Beau-père ? demanda Marine avec dégoût en relevant le chevalier, trop frêle pour supporter le poids de son armure.

— Oui, j'ai préparé tout les documents, nous nous marions demain, ma chère Guenièvre ! dit-il en lui saisissant amoureusement la main.

Elle se dégagea violemment de son emprise et lui colla une claque.

— Ne t'avise plus jamais de m'appeler comme ça, compris ? lui lança-t-elle.

Mais Philippot l'observait béatement, un grand sourire benêt scindant son visage.

— Non, je ne cesserai jamais de me souvenir de vous, dit-il avec tendresse. Vous êtes peut-être Marine Le Pen aujourd'hui, mais mon cœur, mon cœur ne répond qu'au passé, à présent !

Il se sentait l'âme d'un poète, bien qu'il avait raté son école de théâtre, de chant, d'écriture, de philosophie et de littérature. Son énorme beauferie se ressentait même via une histoire postée sur un site de partage d'écriture dans lequel il apparaît en ce moment. Il ne lui manquait qu'une harpe pour ressembler à Assurancetourix.

— Ouais, bah non, Lancelot, ça ne marche pas comme ça.

— Elle se rappelle de mon prénom ! s'écria le fou à lier en se jetant dans les bras de sa dulcinée, qui le repoussa d'un énorme coup de pied bien placé dans les couilles.

Il se releva, et lui lança un regard attendri, puis, s'accrochant à sa jambe, il s'y frotta vivement.

— OH OUI PUTAIN ALLEZ-Y TRAITEZ-MOI COMME UNE CHIENNE, DÉFONCEZ-MOI LE CUL MA REINE, DÉFONCEZ-MOI LE CUL JE VOUS EN PRIE !

L'intéressée ne le fit pas répéter deux fois. Elle chargea son uppercut et l'envoya dans sa cavité anale. Le sado-maso virevolta dans les airs en poussant un cri de joie aiguë et s'envola vers d'autres cieux. Marine étant enfin tranquille, elle partit chercher Marion-Maréchal dans sa chambre. La jeune politicienne dansait frénétiquement sur du death metal, en criant comme une chtarbée. Marine éteignit le poste hi-fi malgré les protestations de la metalleuse.

— MAIS VAS-Y REMET SÉRIEUX ! VAS-Y J'VAIS FUGUER T'FAÇON VOUS ME RETROUVEREZ JAMAIS PUIS JE VAIS ME TAILLER LES VEINES ET MOURIR ! menaça cette dernière.

— T'es immortelle, rappela la nazie.

— Putain fais chier c'est chiant la vie putain j'aimerai tellement sombrer dans les ténèbres du néant infini là, dit-elle en caressant son poster de Tokyo Hotel d'un air mélancolique.

— C'est qu'une phase, ça te passera, rassura Le Pen.

— Ouais ouais bien sûr, le metal c'est la vie okay ? Tu peux pas comprendre t'façon, t'es trop vieille !

— En parlant de vieillesse, j'aurai besoin de toi pour un travail.

— Travailler ? Haha ! Jamais de la vie, "Carpe Diem" okay ?

— Imagine tout ce que ça te rapporterai : 5 heures de travail par jour, un salaire net de 6 000 € et un compte en Suisse, c'est le pied non ? Tout ce que tu auras à faire, c'est te présenter aux élections et dire "Nique les noirs et les arabes".

— Sérieux ? demanda la metalleuse en écarquillant les yeux. Mais on va se faire arrêter, non ?

— Hé non, car tu bénéficieras d'une protection parlementaire payée par ton argent blanchi.

— TROP COOL ! Je serai une anarchiste, en fait !

— Exactement ! Tu pourras renvoyer tout ces voyous chez eux !

— Haha, trop cool ! Vivement que cette racaille disparaisse !

"Racaille". Nep El Eniram se réveilla en Marine Le Pen. Ce mot était le rite d'invocation de la beurette, et cette dernière fut ravie. Elle pouvait contrecarrer les plans de la fasciste de l'intérieur, littéralement.

— wsh dou tu parle des arabe kom sa wllh ta cru tétai ki pr dicter nos vie wllh jvai tniker sale kehba de chienne!

— Q-q-quoi !? sanglota Marion. Je te reconnais plus Marine ! Hé bah si tu tiens tant à tes métisses de merde, bah je vais pas t'aider tiens, ça te fera les pieds !

Elle quitta la salle sous le coup de l'énervement sous le tchip méprisant de la beurette de tess aryenne. Elle revint sur ses pas et lança : "En plus Mélenchon il a plus d'intelligence que toi !" et claqua la porte.

"Intelligence". Nep se sentit soudain aspiré hors de son hôte. La matière grise était l'une de ses pires ennemies : jamais elle ne s'était instruit autrement que devant NRJ12. Ainsi, elle croyait que la Terre possédait deux lunes, que la première guerre mondiale s'était déroulée entre 1919 et 1945 et que la Bretagne était un pays. La culture générale était sa kryptonite et elle avait autant de neurones qu'il y a d'eau dans un désert.

— Attends enfin ! lança Marine, qui ne se rendit pas compte de sa possession fortuite.

— Moi, je peux vous venir en aide, ma chère et tendre épouse ! souffla Philippot, qui était caché sous le lit depuis le début.

Marine sursauta, mais au fond, c'était le seul moyen.

— Lancelot, lança-t-elle d'un ton solennel, es-tu prêt à t'incomber de cette tâche ingrate ?

— Pour vous, je serai même prêt à sucer des nègres, dit-il en prenant l'exemple le plus raciste et homophobe qu'il pût trouver.

— On en viendra pas là, rassura Guenièvre.

— Mais si je le devais, je me délecterai de leur semence et...

— MAIS FERME TA GUEULE ON VEUT PAS TOUT LES DÉTAILS NON PLUS !

— Je vous présente mes plus sincères excuses, s'attrista-t-il.

— Bon bah vendu alors, tu seras candidat à l'élection présidentielle de cette année !

Puis, sortant de sa cachette, Philippot bondit en l'air et resta immobile, ignorant toutes les lois de la physique. Ensuite, un générique de séries des années 80 se lança. Le lecteur lisait avec une animosité palpable : "c dlla merde", écrit-il sous le chapitre tandis que le générique défilait dans son imaginaire délirant.

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