Chapitre 1 - Une lettre inattendue

Le repas que dégustait Jean-Luc Mélenchon était un véritable délice. C'était un aryen d'environ trente-cinq ans et partisan du Front National à en croire la puce de contrôle à distance qui se coinça entre ses dents alors qu'il dégustait son avant-bras. Le communiste grogna son mécontentement mais la viande l'enjoua derechef. "Je comprends pourquoi les loup-garous considèrent cette race comme la plus pure !", dit-il à ses administrés pour détendre l'atmosphère. Chacun rit, mais Benoît Hamon fit la moue.

— Bah qu'est-ce qui va pas, mon petit ? demanda Mélenchon en le fixant avec ses grands yeux rouges.

— Rien, tonton Merluche, c'est juste que... Pourquoi je dois manger à la table des petits ?

— Mais enfin, Benoît, on en a déjà parlé, tu es trop jeune, tu n'as que cinquante ans, tout de même ! C'est déjà un miracle que tu puisses parler !

"Agnagna, t'es trop petit, t'as cinquante ans, nianiania...", bredouilla l'enfant vampire en tirant la langue.

— OH ! TU VAS TE CALMER TARTUFE ! lança sauvagement Mélenchon. TU PARLES MIEUX QUE ÇA À TONTON MERLUCHE, TU M'ENTENDS, PETIT MORVEUX !?

— MAIS C'EST PAS JUSTE, MOI J'AI TOUJOURS LA VIANDE ISSUE DES PAYS DÉFAVORISÉS ! sanglota Hamon. Y'A JAMAIS ASSEZ DE SOMALIEN POUR TOUT LE MONDE, EN PLUS MANU IL EN PREND TOUJOURS DEUX ASSIETTES !

— C'EST MÊME PAS VRAI, MENTEUR ! s'offusqua Manuel Valls, qui lança la cuisse squelettique et caoutchouteuse d'un enfant atteint du choléra sur son camarade de table, qui répliqua en lançant un os rongé.

Mélenchon se dressa soudain et lança sa main dans le visage des deux adversaires. Une grosse marque rouge se dessina sur leur joue. Le communiste leur lança un regard qui en disait long sur son état d'esprit : ses yeux enflammés (littéralement, ils s'illuminèrent d'un rouge flamboyant) les fixaient avec un mépris palpable. Il saisit la table et la cassa en deux d'un simple coup de genou. "DANS VOS CHAMBRES TARTUFES !", cria-t-il en jetant les restes du meuble à l'autre bout de la pièce. Les deux enfants vampires s'en allèrent en sanglotant.

— T'es même pas mon vrai tonton, renchérit Hamon en donnant à son intonation le plus de méchanceté possible.

— ET TOI T'ES MÊME PAS UN VRAI POLITICIEN, PLANTE VERTE !

Benoît accéléra le pas devant la honte grandissante et bouscula un homme sorti de nulle part, lettre à la main.

— Monsieur Mélenchon ? lança-t-il.

— QUOI PUTAIN DE SA MÈRE !? Oh, ce n'est que vous, servant...

L'homme décela une pointe de fils de puterie dans le sourire du grand politicien.

— Euh... C'est Madame Le Pen...

Mélenchon tressaillit et tomba à la renverse, la main sur le cœur, comme si ce dernier s'était arrêté de battre (enfin, métaphoriquement, vu qu'il est déjà mort.) Puis il se releva, se rendant compte que ce n'était qu'une lettre et épousseta son costume.

— Que me veut donc cette mégère raciste et odieuse ? dit-il en ouvrant l'enveloppe.

"Salut Mélenchon, ou comme j'aime t'appeler, "Mon petit Merluchon", hihi

Je voulais qu'on se voit en "privée", hihi, pas pour faire des choses cochonnes je te rassure, hihi..."

"À quel point peut-on être assez fêlé pour écrire une lettre avec des onomatopées ? On est pas sur Facebook, pardi !", pensa le vampire.

"Non, en vrai c'est pour parler des démons...

Le cœur inerte du vampire s'emballa métaphoriquement de nouveau et il tomba encore. Depuis que Satan était mort et que Lucifer avait reprit le flambeau, les démons devenaient de plus en plus puissants, et qu'un des chefs des anciennes races convoquent l'autre pour en parler n'était guère très prometteur.

"Ils ont encore plus de mainmise sur nous, et ça me fait peur. J'ai besoin qu'on me rassure, et tu es l'homme parfait pour ça, mon petit Merluchon, hihi !"

— Merluchon ? s'étonna le servant qui lisait la lettre par-dessus l'épaule de son maître.

— NON MAIS QU'EST-CE QUE TU REGARDES, BON SANG !? ÇA NE TE REGARDE PAS, ON FAIT TOUS DES ERREURS QUAND ON EST JEUNE ! dit Mélenchon en chopant le servant par le colback.

— Pas moi ! lança Hamon qui était caché depuis tout ce temps derrière la porte.

— SI, ET DANS TON CAS ON NOMME ÇA UNE CARRIÈRE ! rétorqua le communiste.

Hamon, encore souillé, se mit en position fœtale et lutta pour ne pas éclater en larmes. Mélenchon le saisit à l'aide de sa force télékinétique et l'amena dans ses bras.

— Ça va aller, mon petit, je suis un peu à cran, c'est tout... dit-il d'un ton rassurant en berçant le jeune vampire.

— Mais c'est vrai que c'est un surnom de merde, Merluchon... lança un des administrés, qui n'avaient pas contribué au scénario depuis.

— Ce qui m'étonne le plus, c'est qu'elle ne m'a pas appelé comme ça depuis longtemps... Il doit y avoir un problème. Je ferais mieux de la voir malgré nos différends politico-sociales et mon envie de lui enfoncer un pieu dans le cœur.

Il jeta un dernier coup d'œil à la lettre.

"Retrouve-moi à mon centre d'opérations de Paris, hihi !"

Pliant le papier, il le rangea dans sa poche et posa Benoît dans un fauteuil non loin. Il déposa un bisou sur son front et salua l'assemblée avant de s'envoler d'une manière totalement épique à travers une fenêtre ouverte là totalement par hasard (sûrement pas pour faciliter le scénario, je vous rassure !)

— N'oublie pas les croissants ! lança un des figurants sans nom.

Et le communiste survola Paris alors que la pleine lune et les enseignes de bars à chicha illuminaient gaiement la ville.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top