Chapitre 4 : 1er Conseil

PDV David

- Le village se réveille.

J'ouvris les yeux. J'avais dormis à poings fermés. Je ne savais pas qui était mort cette nuit mais j'espérais que ce soit cette gamine pauvre. Je n'avais rien contre elle, mais je l'avais choisis comme modèle et je voulais devenir Loup-garou au plus vite.

Je soupirai en me redressant en position assise. La journée allait être longue...

Quelqu'un toqua à ma porte et entra sans que je ne vienne lui ouvrir. C'était forcément Eliot, il n'y avait que lui pour faire irruption chez moi comme ça.

- Dave, je peux entrer dans la chambre ?

- Oui.

Aussitôt qu'il eut ma réponse, il entra. Il vint s'avachir à mes côtés sur mon lit. Il plongea son regard profond dans le mien et fit un petit sourire qui fit chavirer mon cœur.

Le jeune homme s'allongea ensuite sur le dos en posant sa tête sur ma poitrine. Ses cheveux brun me chatouillaient le visage, ils sentaient la menthe fraiche. Je pris une grande bouffée d'air pour m'imprégner de son odeur tandis que Eliot fixait le plafond blanc immaculé, perdu dans de sombres pensées. Je n'osais pas lui demander comment il allait depuis cette nuit où il avait sûrement dû tuer quelqu'un... Je restai donc silencieux, profitant de l'instant.

Au bout d'un certain temps, je décidai de briser le silence qui s'était installé entre nous :

- On commence aujourd'hui.

Eliot hocha la tête et se redressa. Il demanda, comme pour être sûr :

- Ce matin, on parle à tout le monde de la réunion qui ce déroulera chez toi cet après-midi, c'est ça ?

- Oui, c'est ça. Il faut rester flou quant au véritable but de la réunion pour faire venir le plus de participants possibles.

- Et ceux qui ne viennent pas, on les élimine.

Je hochai doucement la tête, une boule dans la gorge.

- Ok... Bon, je propose qu'on se sépare lors du petit-déjeuner pour en parler à plus de gens possible.

- Je suis d'accord.

Eliot sortit de mon lit, ses cheveux brun en bataille et ses vêtements légèrement froissés.

- Et bien, allons-y vite ! Sinon on aura pas le temps de tous les prévenir avant le Conseil !

Je me levai à mon tour, souriant face à la détermination du jeune homme.

- Tu as raison ! Allons-y !

PDV Adriana 

Je regardai mon bol de céréales sans grand appétit. Ce qui s'était passé cette nuit était resté dans ma tête. Je me repassai la scène en boucle. J'avais tué quelqu'un. Dieu m'avait abandonné, maintenant c'était sûr... Une boule se forma dans ma gorge et la vision de mes céréales flottants dans le lait me donna soudainement la nausée.

Je détournai mes yeux de mon bol et les posai sur la gamine pauvre qui mangeait avidement ses tartines beurrées. Elle me fixa de ses yeux vert innocents tandis qu'elle avalait ce qu'elle avait dans la bouche. Puis, elle me demanda :

- Ça va ? Tu es toute pâle...

J'ouvris la bouche mais me ravisai. Je ne pouvais pas raconter à la jeune pauvre ce qui s'était passé cette nuit, sous peine de mort... Alors, je dis simplement :

- C'est vrai que je ne suis pas dans mon assiette ce matin... Tu veux mes céréales ?

Je repoussai mon bol vers Camille. Le regard de celle-ci s'éclaira et elle s'empara d'une cuillère qu'elle plongea dans le bol avec un grand sourire qui montra ses dents qui avaient poussées de travers et qui fit ressortir ses joues de bébé. 

Soudain, quelqu'un posa brutalement son plateau à côté de moi. Mon regard se porta vers l'intru. David. Qu'est-ce qu'il nous voulait ? Je remarquai qu'il fixait Camille d'une façon assez dérangeante. Mal à l'aise, je décidai de porter l'attention de David sur moi :

- Qu'est-ce que tu veux, David ?

Comme prévu, il reporta son attention sur moi. Il plongea ses yeux bleu et froid dans les miens.

- Après le Conseil, je fais une réunion chez moi avec tous les participants. Tu es invité.

Il se tourna vers Camille :

- Toi aussi, tu es invité.

La jeune pauvre fronça les sourcils, suspicieuse :

- C'est pour quoi faire, cette réunion ?

David parut agacé par la question.

- Pour apprendre à mieux se connaitre. Mais tu n'es pas obligé de venir. D'ailleurs, ça m'arrange que tu ne viennes pas.

Il se leva et s'empara de son plateau.

- Bref, pensez-y. Si jamais vous venez, rendez-vous après le Conseil chez moi.

Puis, il s'en alla. Je soupirai. Camille enroula une de ses tresses blondes autour de son index, l'air pensif. Puis, elle me demanda :

- Tu vas y aller, toi ?

Je haussai les épaules. Je n'en avais pas forcément envie mais ça pourrait m'aider à m'intégrer...

- Et toi ?

- Évidemment que j'y vais !

Elle n'ajouta rien d'autre et reporta son attention sur le bol de céréales que je lui avais refilé.

PDV Eliot

David était partit parler avec une fille rousse.

Je regardai autour de moi et aperçus le type aux cheveux longs avec qui le Cupidon m'avait mit en couple. Je me dirigeai vers lui, machinalement. Il était en train de manger en compagnie du blond à qui j'avais volé le rôle de maire. 

Je posai délicatement mon plateau à côté du garçon aux cheveux longs et aux grosses lunettes. Il leva un regard surpris vers moi et je lui fis un sourire rassurant en lui demandant :

- Je peux m'asseoir ici pour manger mon petit-déjeuner ?

- Euh... Oui... B... Bien sûr !

Je vis le blond lancer un regard noir à l'autre. Je pris donc place en ignorant le regard menaçant du blond  et entrepris de démarrer la discussion :

- C'est quoi vos prénoms déjà ?

Le blond grogna tandis que celui aux grosses lunettes bégaya :

- Euh... Moi c'est... Ben... Benjamin...

Je me tournai vers le blond :

- Et toi ?

- N'essaie pas de faire ami-ami avec moi. Tu le connais mon prénom, tu m'as volé ma place de maire, sale faux riche !

Je ricanai malgré moi. C'était comme ça, on ne me considèrerait jamais comme un riche, même si je n'étais plus pauvre... Comme ce qu'avait vécu Josef, sauf que je ne comptais pas finir comme lui.

Je soupirai avant de répliquer :

- J'essayais juste d'être sympa avec toi, Hugo. Enfin bref, je suis ici pour vous dire qu'on fait une réunion chez David après le Conseil.

Je vis Hugo ouvrir la bouche sûrement pour poser une question ou faire un commentaire sarcastique mais je le coupai dans son élan :

- Pas la peine de poser des questions. C'est soit vous venez, soit vous ne venez pas, c'est tout.

- On sera là.

Benjamin venait de faire cette affirmation. Hugo envoya un énième regard noir à son coéquipier. Je me tournai vers le garçon aux cheveux longs et lui fis un sourire :

- Content de l'apprendre ! Bon, je vous laisse, j'ai d'autre gens à recruter !

Je me levai en embarquant mon plateau. Je fis un dernier sourire au duo et pu admirer un Hugo bouillonnant de colère se pencher vers Benjamin. Il allait prendre cher, le pauvre !

Je m'éloignai, à la recherche de personnes à inviter à la réunion. 

PDV Benjamin

- T'es sérieux là ?!

Je serrai les dents. Plus les heures passaient et plus je regrettais d'avoir accepté de faire alliance avec le riche blond.

La vérité, c'était que je n'avais pu résister à dire oui à ce que Eliot me demandait. Je pouvais faire n'importe quoi pour l'impressionner ou seulement pour qu'il pose son regard si profond sur moi.

- Mec, j'te parle ! Pourquoi t'as accepté ?!

Je haussai les épaules.

- Je ne sais pas... Je me disais que c'était une bonne idée cette réunion, pour apprendre à connaitre nos adversaires...

Hugo poussa un grognement dont seul lui avait le secret. Un frisson me parcourut le dos. J'eus soudainement peur qu'il annule notre alliance et qu'il décide de m'éliminer pendant le Conseil. Mais, ce qu'il dit ensuite me rassura :

- Bon, ça va pour cette fois parce que tu as raison, ça peut être utile de mieux connaitre ses ennemis. Mais, la prochaine fois, il faut se concerter pour donner une réponse. On est des alliés, n'oublie pas.

Je hochai la tête en finissant mon bol de céréales. 

Une fois notre petit-déjeuner fini, on sortit dehors. Le soleil me brûla les yeux et je commençai à suffoquer. 

Je suivi Hugo jusqu'à l'estrade, les yeux plissés. Un corps sous un drap blanc y reposait. Le riche blond fixa le drap pendant de longues secondes ce qui me donna la nausée. Je détournai mes yeux du corps et allai m'asseoir sur l'un des rondin qui entouraient l'estrade. Je pris de grandes inspirations pour essayer de faire passer mon envie de vomir mais c'était comme si l'air était devenue lourde et poisseuse. 

C'est alors que le Maître du Jeu apparut de derrière l'estrade. Hugo sursauta et vint me rejoindre sur le rondin à ma gauche. 

Le Maître du Jeu fit un sourire qui me fit froid dans le dos puis, sa voix résonna dans les haut-parleurs :

- Tous les villageois doivent se réunir au centre du village pour commencer le Conseil.

C'était l'heure du premier Conseil. Quelqu'un allait devoir mourir. J'essayais tant bien que mal de contenir mon envie de vomir tandis que les autres participants nous rejoignaient autour de l'estrade.

PDV Camille

Je m'assis sur le rondin à côté de celui de Adriana, le cœur battant. C'était mon premier Conseil. J'allais voter pour la mort de quelqu'un et je trouvais ça horrible. Mais, par dessus tout, j'avais peur que quelqu'un vote contre moi...

Mes yeux se posèrent sur le drap blanc qui reposait sur l'estrade. Dans quelques instants, le Maître du Jeu soulèverait le drap pour dévoiler le cadavre qui se cachait dessous. Un frisson me parcourut le dos et je fermai les yeux. Au moins, ce cadavre n'était pas moi, c'était déjà ça...

Le Maître du Jeu attendit que tout le monde fut installé avec un sourire figé sur ses lèvres. Quand tous les participants furent arrivés, il souleva le drap blanc d'un geste expert. Le corps était celui de Imogène, une fille pauvre que j'avais croisé quelques fois. 

- Imogène est morte cette nuit, c'était une Simple Villageoise.

Une Simple Villageoise... Les Loups marquaient déjà leur territoire... Je vis Adriana frémir du coin de l'œil. 

- Je vous laisse débattre entre vous pour savoir qui vous allez tuer ensuite.

Ma gorge se transforma en désert aride et j'eus l'impression de vivre la scène en dehors de mon corps. Trois filles riches se levèrent en même temps en me désignant du doigt. Un garçon pauvre désigna un garçon riche et quelques pauvres le suivirent. Je fermai les yeux. J'allais mourir, c'était la fin...

Soudain, quelqu'un cria, me réveillant de ma torpeur :

- STOP ! Arrêtez de parler tous en même temps ! Il nous faut une stratégie !

J'ouvris les yeux. Le riche blond qui s'appelait Hugo venait de crier. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine quand nos regards se croisèrent. 

Eliot, le maire, se leva à son tour et demanda :

- Qu'est-ce que tu proposes alors, Hugo ?

Hugo eut un sourire diabolique avant de désigner une fille pauvre qui se faisait discrète jusque là. 

- Je propose qu'on élimine cette fille dont je ne connais même pas le prénom tellement elle est insignifiante.

Un silence pesant s'installa sur la place du village. La pauvre fille ouvrait et fermait la bouche sans savoir quoi dire.

- Qui est avec moi ?

Je hochai la tête. Les autres murmuraient entre eux et la pauvre continuait de bégayer.

Le Maître du Jeu coupa le débat :

- Le débat est maintenant terminé. Nous allons procéder au vote. Qui vote contre Camille ?

Un frisson me parcourut tout le corps à l'entente de mon prénom. Encore un autre frisson quand les mains des trois filles riches se levèrent dans le ciel. Je n'étais toujours pas sortis d'affaire...

- C'est noté. Qui vote contre Basile ?

Trois pauvres levèrent leurs mains. Le nommé Basile parut indigné.

- Très bien. Qui vote contre Jeanne ?

Hugo, David, Eliot, moi, ça faisait déjà quatre votes contre la pauvre. C'était sûr, j'étais sortis d'affaire pour cette fois !

Je croisai le regard de Hugo qui me fit un clin d'œil.

Le Maître du Jeu s'avança vers Jeanne d'un pas lent et menaçant. Celle-ci tremblait comme une feuille. 

- Comment veux tu mourir, Jeanne ? Par la chaise électrique, par injection de poison ou par écartèlement ?

Mon sang se glaça. Les façons de mourir étaient vraiment horribles cette année...

La jeune pauvre bégaya, complètement apeurée :

- Euh... Le... le... P... poi... poison...

Le souris du Maître du Jeu s'agrandit :

- Très bon choix !

Il agrippa la pauvre fille par le poignet et la tira sur l'estrade, aux côtés du cadavre d'Imogène. Il sortit de sa poche une piqûre remplie d'un liquide jaunâtre.

- Quels sont tes derniers mots avant de mourir, Jeanne ?

La pauvre désigna la piqûre d'une main tremblante et bégaya :

- Ç... ça... ça va me faire... m... mal ?

Le Maître du Jeu ricana :

- Oh que oui ! Tu vas agoniser au moins une dizaine de minute avant de mourir pour de bon !

- A... alors j'ai... chan... changé d'avis !

Le Maître du Jeu secoua la tête :

- Oh non non non... C'est trop tard !

Et, avant qu'elle n'ai pu dire quoi que ce soit d'autre, le Maître du Jeu planta brutalement l'aiguille dans le cou de la jeune fille et vida tout le contenu de la piqûre. 

Un silence se fit sur la place du village avant qu'il ne soit coupé par le premier cri de Jeanne. La jeune pauvre se mit à crier en se touchant tout le corps comme si elle voulait enlever des insectes qui se promenaient sur elle.

- Aaaaaaaaaaaah !!! Ça brûle !! Ça brûle ! Au secours !!

C'était comme si elle prenait feu de l'intérieur...

La fille commença à se rouler par terre, les yeux révulsés et de la mousse sortant de sa bouche. 

Je détournai les yeux, le souffle coupé. Je ne pouvais plus regarder ça, c'était horrible... J'entendis au loin quelqu'un qui vomissait tout son petit-déjeuner.

Je croisai le regard larmoyant de Adriana qui avait, elle aussi, détourné les yeux. J'avais envie de la prendre dans mes bras pour la rassurer et pour me rassurer, moi aussi, mais je me retins. Ça me rendrait faible aux yeux des autres. Déjà qu'ils me voyaient tous comme quelqu'un d'inutile à éliminer, autant ne pas empirer mon cas...

Au bout de dix minutes, le silence retomba sur la place. Jeanne avait arrêté de crier, Jeanne avait arrêté de bouger. 

Jeanne était morte.



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