Chapitre 2 : jour 1 (2)

Eliot

Oui, j'avais voté pour Henri et pas pour Antoine. Je savais que ça allait me porter malheur pour la suite. Mais il fallait bien que quelqu'un se dévoue. Et puis, peut-être que je m'étais mis quelques riches dans la poche...

Ma sœur se leva. Je la fixai. Quel rôle avait-elle eu ? J'espérais pour elle qu'elle n'était pas qu'une simple villageois. Moi, j'étais plutôt content de mon rôle... j'allais peut-être survivre plus longtemps que prévu.

Je me levai à la suite de ma sœur. Elle alla s'asseoir un peu plus loin en compagnie d'une jeune fille et de ce fameux Antoine. Elle avait l'air de les connaître.

Je les rejoignis timidement. Antoine me fixait les yeux plissés, méfiant. Marina sourit et fit les présentations :

- Kate, Antoine, je vous présente mon frère, Eliot.

La dénommée Kate sourit :

- Tu es celui qui n'a pas voté pour Antoine ? Enchantée ! T'es intelligent, t'iras loin.

- Euh... ben... merci...

Antoine ne disait rien et me regardait toujours d'un air suspicieux. Je me sentais mal à l'aise. Soudain, Kate posa une question :

- Vous, si vous étiez Cupidon, vous choisiriez qui ?

Je compris tout de suite quel rôle avait reçu Kate. A moins qu'elle ne posait cette question juste pour faire la conversation... Je réfléchis quelques instants et répondis :

- Je pense que je mettrais une pauvre et un riche ensemble. Juste pour faire chier.

- Moi, je ferais un couple gay, pour pouvoir fangirler en toute discrétion.

Je levai les yeux au ciel. Ma sœur et les couples gay, une grande histoire d'amour...

- Et toi Kate ? demanda ma sœur.

- Mmmm... Je pense que je ferais un mixe entre vos deux réponses.

Un silence s'abattit entre nous quatre. La discussion était terminée. Je me levai, gêné.

- Bon, je vous laisse.

- Où tu vas, frérot ?

Je haussai les épaules et m'en allai. Je ne supportais plus le regard noir de Antoine.

Je me promenai dans le village sans réel but précis, attendant juste que le temps passe. Je savais que mes heures étaient comptées mais cela ne m'affectait pas plus que ça.

Je marchai, les mains dans les poches. Je croisai des groupes de jeunes riches qui parlaient entre eux. Les pauvres, quant à eux, étaient introuvables. Ils devaient se terrer dans leur maison, attendant sagement leur mort.

- Eh ! Toi, là-bas.

Je me retournai. Une fille venait de m'interpeler. Je me dirigeai vers elle et ses amis, le cœur battant. Je reconnu, derrière elle, le type qui m'avait menacé lors du discours du Maître du jeu. J'ignorais sa présence et portai mon attention sur la fille.

- Pourquoi t'as voté pour Henri ?

Je haussai les épaules. Ils allaient vraiment tous me poser cette question ou quoi ? Un sourire forcé apparut sur les lèvres de la jeune fille.

- En tout cas, c'était cool de ta part. Tu ne seras pas le premier tué, promis.

- Super.

Je me retournai. Tous ces riches au même endroit me donnaient la nausée.

Je décidai de rentrer dans ma maison. Une soudaine fatigue s'empara de moi.

Je me mis au lit sans manger. Je n'avais pas faim. Ma mère me manquait. Je pensais à elle, seule, dans notre petite maison. Je fixai alors l'endroit où je savais qu'il y avait une caméra et murmurai :

- Maman, je t'aime. Je te promet de faire tout mon possible pour revenir vivant d'ici.

Une boule se forma dans ma gorge et quelques gouttes coulèrent sur mes joues. Tout ce que je savais, c'était que j'allais au moins survivre à la première nuit et au premier conseil.

C'était une bonne chose en soit...

Marina

Le lendemain, une alarme stridente sonna à 8h pile. Il fallait aller prendre le petit-déjeuner.

Je soupirai et sortis de mon lit. J'aurais bien dormis un peu plus...

Je pris des vêtements qu'on avait déposé dans mon armoire. Mes yeux se posèrent sur la carte que j'avais déposé entre deux vêtements. Un choix se posait à moi. Et je savais que, pour survivre, je devais faire le mauvais. Cela me brisait le cœur.

Je m'habillai d'un sweat-shirt et d'un jean et m'atachai les cheveux en une queue de cheval avant de sortir de ma maison.

Je me dirigeai vers un grand bâtiment d'où venaient des sons de voix. J'entrai. Tous les participants au jeu semblaient être présent. Je ne vis, par contre, pas mon frère. Peut-être n'avait-il pas faim...

Je pris place aux côtés de Kate et en face de Antoine. La jeune fille aux longs cheveux blond me sourit, la bouche pleine de céréales. J'avais l'impression qu'être ici ne l'affectait pas plus que ça. Je me trompais peut-être mais Kate avait l'habitude de ne pas trop montrer ses émotions.

- Comment tu vas Marina ? me demanda Antoine.

Je haussai les épaules. J'allais bien, je n'étais pas malade, je n'avais pas de problèmes de cœur ou familiaux, certes, mais j'allais peut-être mourir dans les jours qui venaient. Je répondis finalement :

- Ça va, pour l'instant, et vous ?

- Ça va, ça va.

Je me servais des céréales. Soudain, un groupe de riche prit place à la table en face de la nôtre. Mais yeux croisèrent ceux, vert, de l'un d'eux. Mon dos fut parcourut de frissons.

Je détournai le regard pour le porter sur mon frère qui venait d'entrer dans la grande salle. Ses cheveux brun étaient tout ébouriffés et ses yeux noirs étaient bouffis de sommeil. Quand il me vit, il se dirigea instantanément vers moi et s'assit à mes côtés. Antoine grimaça et se leva.

- Je vais débarrasser mon plateau. Je préfère pas rester avec un traître.

Il s'en alla, nous laissant seuls avec Kate. Celle-ci avait toujours son sourire figé sur les lèvres.

- Ne vous en faites pas, il oubliera, si il ne se fait pas tuer avant, évidemment.

Je me raclai la gorge, mal à l'aise. Mon frère regardait Kate avec de grands yeux. Celle-ci se leva et alla débarrasser son plateau sans rien dire d'autre.

- T'as bien dormi, frérot ?

- Regarde ma tête, tu auras ta réponse.

Je souris. Mon frère, moins il en disait, mieux il se portait. Il porta son regard vers la table des riches. La jeune fille de couleur noire lui fit un légé sourire discret. Je fronçai les sourcils.

Ce n'était pas normal...

Léana

Je fis un sourire discret au pauvre. Malheureusement, sa sœur le remarqua. Je levai les yeux au ciel et reportai mon attention sur mon petit groupe.

Il était composé de David, Matis, Guillaume et Henri. Je me sentais bien entouré avec ces quatre brutes. Je ne connaissais David et Matis que depuis quelques heures mais j'avais déjà confiance en eux.

- Léanou, tu fixe les pauvres ? rigola Guillaume.

Je levai les yeux au ciel. Guillaume avait toujours le chic pour m'agacer.

- Non. Je lui souris juste pour le mettre en confiance.

Personne n'eut rien à redire et nous continuâmes à manger, en silence.

Je fixai Matis quelques instants. Il était penché sur son bol de céréales et ses cheveux blond lui tombaient dans les yeux. J'eus une soudaine envie de lui passer ma main dans ses cheveux mais je me retins.

Je secouai la tête. Pourquoi des idées aussi étranges me venaient en tête ? Je reportai mon attention sur mon propre bol.

Matis

Je me levai et allai débarrasser mon plateau en compagnie de David. Le reste du groupe était déjà sortit.

- T'as encore les cheveux dans les yeux, t'es au courant ?

Je sursautai, j'étais perdu dans mes pensées. Maintenant que mon ami me l'avait dit, c'était vrai qu'il y avait un truc gênant dans mes yeux. Je passais ma main dans la touffe qui me servait de cheveux tout en sortant de la salle.

Dehors, le soleil brillait mais il faisait ni chaud, ni froid. C'était étrange mais, après tout, on était à Thiercelieux. Toutes les choses bizarre étaient normales ici.

Je jetai un regard discret à David. Il était perdu dans ses pensées -elles semblaient bien sombres- et il serrait les poings. Il semblait stressé...

- Eh ! T'es stressé à cause de ce soir ?

Il leva son regard bleu vers moi. Il était neutre, sans aucune expression.

- Peut-être. Des fois, je stresse juste pour rien, tu sais.

- Je sais que t'as de la fierté, mec, mais à moi, tu peux me le dire. Tu sais, moi aussi je stresse pour ce soir. Mais ça va être notre moment ! Nous aurons le droit de tuer un pauvre légalement, enfin ! Nous le ferons ensemble !

- Oui... ça va être super !

Je m'arrêtai net de marcher. David faillit me rentrer dedans. Il avait réagit bizarrement. D'habitude, il aurait sauté de joie et n'aurait fait que parler de ça jusqu'à ce soir. Là, c'était comme s'il voulait changer de sujet au plus vite.

- Dave ? Tu n'as pas eu un bon rôle, n'est-ce pas ?

- Je...

Il poussa un profond soupire et secoua la tête sans dire un mot de plus. Ma gorge se serra. Cette partie allait être plus compliquée que prévue...

Je ne savais pas quoi dire pour le réconforter. Je n'eus rien besoin de dire car Léana et le reste du groupe arrivèrent à ce moment.

- Ah ! Les gars, vous êtes là !

Nous allâmes nous installer dans un coin tout en discutant de tout et de rien.

Je jetai un dernier regard à mon meilleur ami pour m'assurer qu'il allait bien. Un immense sourire illuminait son visage tandis qu'il discutait avec Guillaume. Mais moi, je savais qu'il était faux.

David

Mon stress s'amplifiait au fur et à mesure que cette journée passait. Le soir arriva à une vitesse extraordinaire. Plus la nuit tombait, plus je sentais ma fin arriver. Une main réconfortante se posa sur mon épaule et je me raidis.

- Ne t'inquiète pas, je te protègerais. chuchota Matis.

Je me détendis un petit peu.

- Tu ne pourras pas le faire indéfiniment, Matis. Il y aura bien un moment où tu seras obligé de me tuer...

Un silence pesant s'abattit entre nous entrecoupé par les brides de conversation des autres. Je disais la vérité et Matis le savait mais, il n'arrivait pas à l'admettre.

Soudain, un grésillement puissant sortit des haut-parleurs. Je me bouchai les oreilles en grimaçant. Peu de temps après, la voix du Maître du jeu se fit entendre dans tout le village :

- Rentrez tous chez vous, le village doit se préparer à dormir.

Le monde tourna autour de moi. C'était le moment. Je pris le chemin de ma maison en trainant des pieds, tel un zombie. J'entrai dans ma maison. Je me brossai les dents juste pour occuper mes mains quelques temps.

- Le village s'endort.

Je pris une grande bouffée d'air et serrai les poings. J'allai entrer en action.

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