Chapitre 14 : jour 5
PDV Eliot
J'avais encore faillis mourir à cause de cet abruti d'Antoine. Je commençais vraiment à en avoir marre qu'il vote contre moi ! Tout ça parce que je n'avais pas voté pour lui aux élections du maire...
Je secouai la tête et me levai de ma bûche. Je m'avançais machinalement vers le corps de Frédéric. Il fallait l'enterrer avec les autres.
Je contemplai quelques instants le corps sans vie du garçon. Le sang continuait de s'échapper de la plaie béante qu'était devenue sa gorge. Une flaque de ce liquide rouge, chaud et poisseux serait écoulée sous le corps. Une odeur de fer m'emplit les narines et j'eus un haut-le-cœur.
Je fermai les yeux et me concentrai sur ma respiration. Je n'avais pas envie de vomir devant tout le monde...
Soudain, une main réconfortante se posa sur mon épaule. Et, bizarrement, ce n'était pas celle de ma sœur...
J'ouvris les yeux et croisai le regard bleu de David. Il me souriait, c'était assez rare pour le noter.
- Je vais t'aider à le porter dans la forêt.
Je hochai la tête, n'en croyant pas mes yeux. À quoi jouait il ? Tous les gens du village nous regardaient, intrigués. Je décidai de les ignorer.
- Je prends les pieds, tu prends les bras, ok ?
Je hochai à nouveau la tête, sans voix. Il ne m'avait jamais parlé aussi gentiment... Je pris donc les bras de Frédéric tandis que David prenait les jambes.
Nous emmenâmes le cadavre dans les bois. Le sang coulait toujours et laissait une traînée tout le long de notre chemin.
Nous déposâmes le corps sans vie dans un trou qui avait déjà été creusé au préalable. Puis, nous recouvrâmes le cadavre de terre pour boucher le trou.
Notre besogne terminée, je me frottai les mains sur mon pantalon et me tournai vers David. Bizarrement, son air gentil de tout à l'heure avait totalement disparu et était redevenu un air froid et hautain. Je grimaçais discrètement et lui demandai :
- C'était quoi cette comédie, tout à l'heure, sur la place ?
Il soupira en haussant les épaules.
- Tout le monde croit qu'on est en couple alors autant leur faire croire que c'est vrai.
J'écquarquillai les yeux.
- Par contre, ne te fais pas d'idée, on fait juste semblant !
Il avait dit ça avant que j'ai pu dire quoi que ce soit. Je secouai la tête. Encore heureux qu'on faisait juste semblant !
David fit mine de partir mais je le rappelais. J'avais oublié de lui demander quelque chose.
- Est-ce que je peux te demander un service ?
Il roula des yeux.
- Qu'est-ce que tu veux ?
- Tu es ami avec les Loups-garous non ?
- Ouais.
- J'aimerais que... que tu les persuades de tuer...
Je m'arrêtai. J'étais vraiment en train de demander ça ? J'étais vraiment devenu un monstre...
- Bon aller, crache le morceau, sale pauvre ! J'ai pas toute la journée !
Je soupirai puis dis d'une traite :
- J'aimerais qu'ils tuent Antoine...
David eut un sourire moqueur.
- C'est d'accord, je vais aller leur parler.
Il se détourna et me laissa seul au milieu de toutes les tombes.
PDV David
Il avait osé me demander ça. Il avait enfin comprit que c'était chacun pour soi ici. Enfin... Sauf entre lui et moi, évidemment...
Je soupirai en rentrant au village le pas traînant. Il fallait que je trouve une façon de demander à Matis de tuer Antoine sans attiser sa curiosité.
Une idée germa dans mon esprit. Je pourrais demander à la sœur de Eliot...
Un sourire s'afficha sur mes lèvres et je me dirigeais vers la maison de la jeune fille pauvre en accélérant le pas.
Je toquai à la porte. Quand elle l'ouvrit, ses yeux marrons brillèrent d'une lueur d'incompréhension. Elle ne s'attendait sûrement pas à me voir moi.
- Tu me laisses entrer ou tu préfères qu'on discute sur le pas de la porte ?
Elle secoua la tête comme pour se réveiller d'un mauvais rêve puis, se décala pour me laisser entrer.
- Qu'est-ce que tu veux ?
Elle semblait méfiante. Avant de lui répondre, je m'installai sur l'une des chaises qui entouraient la table du salon. D'un signe de main, j'invitai Marina à faire de même. Elle soupira puis s'assit en face de moi après avoir un peu hésité.
- Bon, tu vas me dire pourquoi t'es là ou pas ?!
C'était maintenant qu'il fallait que je rentre dans mon jeu d'acteur. Je baissai la tête en poussant un soupire las. Puis, je la relevai en plongeant mon regard parfaitement apeuré dans celui de Marina.
- J'ai peur pour ton frère...
Elle fronça les sourcils.
- Alors c'est donc vrai ? Vous êtes en couple ?
Je me retins de faire une grimace. À la place apparaît sur mon visage un légé sourire triste.
- Oui, en quelque sorte... Il n'assume pas donc on l'a dit à personne. Mais là, la situation est critique...
Elle soupira.
- À cause de Antoine pas vrai ?
Je hochai la tête en fermant les yeux. Quand je les rouvraient, le regard de Marina avait changé. Elle avait enfin comprit qu'elle pouvait agir.
Je me levais donc et quittai sa maison sans rien dire d'autre.
PDV Marina
Que venait-il juste de se passer ? Alors comme ça, c'était vrai... Mon frère était en couple avec David. Et il n'avait pas osé me le dire lui-même. J'étais un peu déçue... Mais ça ne m'empêchait pas de l'aimer de tout mon cœur et de vouloir le sauver ! D'ailleurs, je le pouvais ! Il fallait juste que j'en parle à Léana... Je grimaçais. Cette fille me faisait vraiment froid dans le dos...
Je sortis de chez moi, bien déterminée à sauver mon frère. Vraiment désolée Antoine, je t'aimais bien mais là, tu es allé beaucoup trop loin avec Eliot !
J'aperçus Léana discuter avec Mélissa et Matis, les loups restant. Je m'avançais vers eux en évitant soigneusement le regard de Matis qui me scrutait.
- Qu'est-ce que tu veux, la pauvre ?
Un élan de colère me prit à la gorge. Je me retins de la faire éclater au grand jour. À la place, je jetai un regard noir à Mélissa, celle qui venait de lancer la pique. Puis, je me tournai vers Léana tout en continuant d'ignorer Matis.
- J'ai une requête à te demander pour ce soir...
La belle jeune fille à la peau ébène haussa un sourcil, curieuse puis, m'invita à poursuivre d'un signe de tête. Je baissai donc la voix pour continuer :
- J'aimerais que, ce soir, ce soit Antoine qui y passe...
Léana plissa les yeux.
- Pourquoi ça ?
- Il... il met en danger la vie de mon frère.
- Ton frère va forcément mourir à un moment ou à un autre tu en es consciente j'espère ?
Je soupirai. C'était vrai ce qu'elle disait... Les villageois avaient gagné qu'une seule et unique fois en 52 éditions. Il n'y avait aucune chance pour que mon frère vive...
Je retins mes larmes de couler mais elle brouillaient déjà ma vue. La voix nasillarde de Mélissa résonna dans ma tête :
- De toute façon on avait déjà prévu de tuer Pierre !
- Mais ta gueule bon sang ! Tout le monde va nous entendre ! s'énerva Léana.
Mélissa posa sa main sur sa bouche d'un air désolé. Alors, l'élan de colère qui m'avait prit quelques minutes plus tôt me submergea à nouveau. Cette fois-ci, je ne pu me retenir, j'envoyais mon poing de toutes mes forces dans la figure de cette abrutie de Mélissa.
Elle s'écroula au sol en poussant un petit cri, sonnée. Une douleur fulgurante me traversa la main. Je n'y étais pas aller de main morte...
- Je... je... désolée c'est... c'est pas ce que je voulais faire...
Mélissa se leva, de la haine dans le regard.
- Sale connasse de pauvre de merde ! Je vais me venger !
Un frisson me parcourut le dos. J'avais l'impression qu'elle allait me sauter dessus à n'importe quel moment... Heureusement, Léana se plaça entre nous deux.
- On se calme les filles !
Elle se tourna vers Mélissa.
- Comme tu as crié sur tout les toits qu'on allait achevé Pierre, on va changer nos plans et écouter la requête de Marina. Et ne râle pas, c'est de ta faute !
Mélissa se tut et baissa la tête. J'eus un petit sourire. Mon frère était sauvé pour cette fois.
Sans le vouloir, je croisai le regard vert de Matis qui me fit un clin d'œil. Je rougis instantanément et décidai de quitter les lieux et de retourner chez moi après avoir remercier Léana.
PDV Matis
Je regardai Marina s'en aller. Elle agissait bizarrement ces derniers temps. Moi qui croyais que j'avais réussis à me rapprocher d'elle, c'était faux, elle s'éloignait de moi à nouveau.
Léana me prit la main et chuchota dans mon oreille avec un regard lubrique :
- Viens on va chez toi...
Elle n'avait donc pas comprit que j'en avais marre d'elle ? Il me fallait absolument un échappatoire.
C'est alors que mon regard se posa sur mon meilleur ami qui déambulait dans le village. Je ne me fis pas prier pour me saisir de cette occasion.
- Désolé mais je dois absolument parler à David.
Et je filais, laissant Léana seule avec Mélissa.
Je sautais pratiquement sur David. Celui-ci sursauta. Il semblait perdu dans ses pensées. Quand il me vit, il sourit.
- Ah, c'est toi... Tu m'as fais peur...
Je ris tandis qu'il levait les yeux au ciel. Maintenant que j'étais là, je pouvais lui demander des explications à propos de lui et Eliot. J'ouvris la bouche mais avant que je n'ai pu dire quoi que ce soit, il me coupa :
- Je sais déjà ce que tu vas me demander. La réponse est oui.
- Sérieusement ?!
Il me lança un regard noir. De toute notre existence - enfin depuis que je le connais - je ne l'avais jamais vu avec une fille. Je m'étais toujours demandé pourquoi. Mais là voilà l'explication ! Il était gay !
Je le pris dans mes bras dans un élan de joie.
- Dave, je suis si content pour toi !
David fit un geste de recule. Je le lâchais. Il n'avait vraiment pas l'air si heureux que ça...
- De toute façon, on va crever alors ça sert à rien.
Mon cœur se brisa. C'était vrai, il n'était pas Loup-garou et Eliot non plus. Ils allaient mourir assurément.
- S'il te plaît, laisse moi Matis, j'ai besoin de réfléchir.
Je le regardai entrer dans sa maison sans un regard pour moi. Je le sentais qui s'éloignait de moi de jour en jour. Et ça me faisait mal car il était mon meilleur ami, mon compagnon de galères, mon confident. Je ne voulais pas que ce stupide jeu me l'enlève. Mais c'était trop tard...
Sans que je le veuille, des larmes me brouillèrent la vue et se mirent à couler sur mes joues.
PDV Léana
Je regardais Matis de loin. Il se foutait clairement de ma gueule. En fait, le problème n'était pas Marina, c'était ce connard. Je serrai les dents, essayant de cacher ma colère a Mélissa.
- Tu m'écoutes Léana ?
Je levais les yeux au ciel. Qu'est-ce qu'elle pouvait m'ennuyer cette fille ! Elle n'avait aucun sujet de conversation intéressant.
- Non, je ne t'écoute pas.
- Sympa...
Je secouai la tête en soupirant.
- Bon, tu m'excuseras mais j'ai pas que ça à faire.
Je laissais Mélissa en plan et rentrai chez moi. Je n'avais qu'une seule personne en tête : Matis. Il fallait que je trouve un moyen de le récupérer entièrement. Peut-être que j'élimine Marina plutôt...
Je secouai la tête. Je ne pouvais pas faire ça. La jeune fille avait beau être une pauvre, elle était quand même dans mon camp.
Je soupirai. Pourquoi c'était si compliqué ? Je n'aurais jamais dû m'attacher à Matis comme ça. Mais c'était trop tard. Ça ne faisait que cinq jours que je le connaissais mais je ne pouvais déjà plus me passer de lui. J'étais vraiment pathétique. J'avais une furieuse envie de me mettre une baffe.
Je serrai les poings, en colère contre moi-même.
Je regardai par la fenêtre, la lumière du soleil avait baissé. Le soir tombait déjà.
- Rentrez tous chez vous, le village doit se préparer à dormir.
Je pris une grande bouffée d'air. Ce soir, nous allions éliminer ce minable de Antoine. Enfin quelque chose de bien qui allait se passer !
- Le village s'endort.
Je m'allongeai dans mon lit, les yeux grand ouverts, attendant mon heure de gloire.
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