6 - Enfin libres
— Droite. Et gauche ! Pas de côté, pointe.
Génial ! Non seulement, j'ai raté plusieurs cours, mais en plus j'arrive en retard en danse ! Quoi ? bien sûr que j'adore ce cours, j'ai toujours aimé danser, et alors ? J'en ai le droit !
Notre professeur me remarque, et ne peut s'empêcher de faire une réflexion, mais fort heureusement, elle reste gentille. C'est vrai, je suis un de ses préférés et c'est mon tout premier retard à son cours...depuis toujours.
— Oh, Louis, merci de te joindre à nous.
— Je suis si si désolé ! j'ai trop dormi, je lui réponds honnêtement.
Elle m'en est reconnaissant et m'invite à m'installer et me joindre à eux.
Nous préparons une danse pour la fête annuelle de l'école, et la chorégraphie avance bien, ça va donner un truc du tonnerre !
Je me précipite à côté de Stan, qui m'a gardé une place. Comment pouvait-il être sûr que je serais arrivé à temps ? Ah oui, il sait que c'est l'un de mes préférés, avec le cours de musique, et que, même malade comme un chien je me déplacerais quand même pour y assister.
— Alors, le sermonnai-je amicalement, tu ne m'as pas réveillé ? J'ai raté mes trois premiers cours.
— Tu disais ne plus jamais vouloir venir à l'école, se justifia-t-il simplement. Je t'ai pris au pied de la lettre.
Quoi, il croyait vraiment que j'étais sérieux ? Mais je ne peux pas arrêter les cours comme ça, j'étais juste en colère ! Mes mots ont dépassé mes pensées...
— Ce n'est rien. Ces idiots de fantômes m'ont énervé. Je les tuerais si je pouvais.
Au sens figuré, bien sûr.
— Être dans un groupe devait stimuler ta vie sociale, pas la gâcher.
— Ex-groupe.
— Oui, désolé, ex-groupe.
— Tout est fichu. Je pensais qu'on voulait la même chose, mais apparemment j'avais tort.
— Hey, ne te blâme pas, il fallait être sacrément forte pour demander à ses trois fantômes beaux gosses de rejoindre ton groupe.
Je le vois sourire soudain. J'ai peur...que va-t-il me sortir comme connerie, maintenant ?
— D'ailleurs, en parlant de beaux gosses, tu as parlé à Nick aujourd'hui ? Car il était vraiment bavard au bal.
— Non, et j'essaie de l'éviter. Au moins, je ne le verrai pas ici.
Alors qu'on continu notre échauffement, j'entends des pas dans mon dos. Je continu notre exercice en saisissant mes chevilles et en profite pour regarder derrière moi entre mes jambes. Et là, horreur !
— C'est une blague ?
— Quoi ?
— Qu'est-ce qu'ils font ici ?
— Pile à l'heure, coach Barron, annonce notre prof de danse, attirant l'attention de tout le monde. Donc élèves ! Coach Barron et moi avons décidé que son équipe de lacrosse participerait à notre cours quelques semaines. De nombreux athlètes pro dansent pour corriger leur coordination et mobilité.
Le coach ajoute son grain de sel.
— Ce n'est pas pour flirter avec les filles (les joueurs de lacrosse rient tous), mais pour nous améliorer et gagner des matches. On a perdu face à Burbank. Burbank !
Et là, je les vois tous baisser la tête. Je sais que Burbank est un lycée assez peu fréquentable, mais ils sont si nuls que ça en Lacrosse ?
Voyant que le ton monte, notre prof prend le relais pour calmer le jeu.
— N'oublions pas qu'il faut garder son calme pour danser. Puis en se retournant vers les nouveaux arrivant. S'il vous plaît, tout le monde se met par deux !
Oh non ! pas ça ! Je fixe Stan et on échange un regard complètement apeuré. Avec la chance que j'ai on ne va pas pouvoir rester à deux et on devra se mélanger avec eux.
— Stan n'a pas l'air d'être déçu quand un joueur, grand et bronzé, aux cheveux bruns et aux yeux noisette, s'avance vers lui et lui prend la main pour l'emmener un peu plus loin.
— Non, allez Stan, ne me laisse pas, s'il te plaît !
Il se retourne et s'excuse, puis me laisse là, seul. Avec ma veine, c'est Nick qui va s'approcher de moi ! Et ce que je craignais se confirme lorsque je l'entends me saluer juste derrière moi.
— Salut...toi...
Je suis le plus chanceux du monde...juste celui que j'évite depuis ce matin !
— Donc les filles, faisons ce qu'on a appris la semaine dernière, et on présentera ça avec les garçons vendredi. Coach Barron et moi allons vous montrer.
Oh mon dieu, le coach qui danse ? Ça risque d'être hilarant, dommage que je n'ai pas mon portable pour immortaliser ça !
— Oh non, je...ne danse pas... répond-il, peu confiant.
Sauf qu'il est tombée sur une prof plus têtue qu'une mule !
— maintenant si, lui rétorque-t-elle.
On commence alors le début de chorée que l'on a mémorisé jusqu'à présent, et arrivé au saut, Mick devient aussi gracieux qu'un éléphant ! Bon sang, après m'être ridiculisé hier soir au concert, voici que je vais me ridiculiser devant toutes nos familles en danse !
Je suis maudit.
— Tu es prêt ?
Bien sûr, me dit-il.
Ouais, c'est ça, vachement...
Mais il rajoute.
— ma petite sœur organise beaucoup de bals de princesse.
Comme si ça pouvait justifier un savoir-faire... Mais bon, encourageons-le un peu pour le motiver, non ?
— Pas si mal, votre majesté !
— Merci.
D'un coup, il ralentit la chorée, alors je me tourne vers lui tout en continuant les exercices.
— donc, à propos d'hier soir...
— Oui. J'espérais qu'en ne disant rien, ça s'effacerait des mémoires.
— Ça va aller, ok ? Tu es fort. Tu as connu pire.
Nick qui me soutient... mon crush qui m'encourage...
Il ne m'en fallait pas plus pour rater le pas suivant et me retrouver projeter contre son torse. Je m'empresse de reculer immédiatement, les joues rouges de gène.
— Désolé, je...
La prof nous interrompt en nous demandant de recommencer depuis le début, mais cette fois-ci avec la musique. OMG, elle va m'achever, elle aussi !
— C'est que... je n'ai pas l'habitude de danser.
Sans blague, Sherlock !
— Tu ne danses pas avec Conor ?
— Non, et on ne dansera jamais. On a rompu.
Yesssss !!!!! Oups...
— Ah bon, vous avez rompu ? Je tente de répondre avec une voix triste, alors que je jubile intérieurement...
— J'en avais assez de tous ses dramas. Tu l'as sûrement un peu remarqué, mais il n'est pas la personne la plus gentille ?
— Ce n'est pas vrai ? m'exclame exagérément en faisant une grimace. Je n'avais pas remarqué.
Il rit. Et il a le plus beau sourire qui soit. Nous voici revenu au moment du saut. Il tourne alors sui lui-même avant de se projeter en l'air... et de retomber sur les fesses !
Il a l'air de s'être fait mal, même s'il tente de le cacher. Remarque, c'est normal, tout le monde n'a pas de jolies petites fesses bien rembourrées comme les miennes !
Il reste au sol, mais se tourne vers moi.
— Euh, tu es sûr de vraiment vouloir danser avec moi ?
— Non, je te veux.
Il écarquille les yeux et là je réalise que j'ai parlé sans filtre. OMG ! La honte s'abat sur moi... comment rattraper le coup ?
— ...pour être mon partenaire de danse !
Je lui tends la main et lui propose de refaire la chorée depuis le début, pour changer de sujet.
— On va y arriver.
*****************
Enfin, cette journée interminable de cours est terminée ! La répétition de danse était déjà mouvementée, mais ce n'est rien comparé aux 2 heures de français qu'on a eu juste après. Nick est aussi dans notre classe pour cette matière, et... comment dire... je pourrais être la raison de son heure de colle. Stan m'a dit qu'il n'avait pas arrêté de me regarder en classe, et que le prof lui a donné cette heure de colle « pour le remettre dans le droit chemin ».
Tout le monde a remarqué son petit manège, ce qui fait que j'étais gêné au possible, je ne savais plus où me mettre...
Mais maintenant, je peux enfin souffler et me reposer. Et quoi de mieux pour se détendre qu'une petite séance de piano ?
Je pose donc mon sac dans l'entrée, mon blouson sur la patère juste à côté, avale un muffin et un verre de jus d'orange en 4ème vitesse, et file au studio de ma mère.
La porte du garage est restée ouverte, j'ai dû oublier de la refermer ce matin. Je n'ai, cependant, pas le temps de réagir que mes 3 fantômes préférés, que je boude pour l'instant, me font leur petit numéro.
— On est désolés, chantonne Zayn en sortant de derrière Harry, sur sa droite.
— Si désolés, poursuit Liam sur le même ton, se décalant, lui, sur la gauche.
— On a été super fous et stupides, désolés, clôture Harry en se baissant, ses 2 compères agitant leurs mains, bras tendus, pour embellir la scène.
— Au cas où tu l'aurais raté, on est vraiment désolés, répète Zayn sans bouger.
Leur petit numéro a failli me faire sourire, mais je garde en tête le lapin qu'ils m'ont posé hier, et ce que je leur ai répondu. Et, même si une partie de moi a envi de leur pardonner, suite à leur performance, une autre partie se dit que ce serait trop facile, que s'ils m'ont fait faux bon une fois, qui dit qu'ils ne recommenceront pas ?
Non, je dois rester sur mes positions.
— Oui, j'avais compris, je leur réponds, las.
— On est ici depuis 3 heures, rajoute Liam en échangeant un check avec Zayn, un grand sourire illuminant ses traits.
— Oui, poursuit ce dernier.
— On a failli chanter pour ton frère, m'apprends Harry en se relevant.
Ah... voilà l'explication. J'avais donc bien fermé le garage ce matin. C'est mon idiot de frère qui vient fouiner par ici.
— Il vient souvent ici... pour aller aux toilettes, explique Zayn.
— Ce n'est pas notre moment préféré de la journée...rajoute Liam.
Mon beau bouclé fait un pas en avant.
— Mais Louis, on n'aurait pas dû te lâcher hier soir. On sait qu'on t'a déçu.
— Aucun de nous ne voulait te décevoir. Tu es ce qui nous est arrivé de mieux depuis qu'on est des fantômes.
— Donc, dans l'espoir que tu reviennes, continu bouclette, on a obtenu un nouveau concert.
Et il s'approche de moi pour me tendre l'affiche de l'évènement, que j'attrape et regarde attentivement.
— Un méga-concert important qui va changer des vies, s'enthousiasme Zayn un petit peu trop.
Harry attire de nouveau mon attention sur l'affiche.
— Regarde, plein de managers y seront. Tout ce qu'il nous restera à faire, ce sera de les impressionner, et à nous le rêve !
Est-ce que je le fais vraiment ? Ils vont avoir la haine, mais ce ne sera que justice... Ok, je me lance.
— Donc, cela signifie beaucoup pour toi, hein ? Jouer devant toute l'école signifiait aussi beaucoup pour moi.
— Je perçois du sarcasme, je perçois derrière Harry, mais n'y prête pas attention. Oh, je crois que notre plan est un échec !
— Écoute, je sais qu'on a tout gâché.
— Mais on a besoin de toi dans le groupe.
— Bien sûr que vous avez besoin de moi, sinon personne ne peut vous voir ! Vous savez, je pensais que la musique qu'on écrivait était spéciale, mais tu es trop obsédé par ton passé pour t'en soucier !
— Je m'en soucie ! me contredit Bouclette. Notre groupe a une vraie chance. Je ne laisserai pas ça nous échapper, encore.
— Ah ah...Ok. Alors, pourquoi tu m'as abandonné pour ta vengeance sur Trévor? Je vais te le dire. Parce que la seule personne qui te préoccupe est toi-même !
Et là, je lui clou le bec. Il reste figé
Je profite donc de son silence pour m'éclipser et retourner dans ma chambre.
Tant pis pour cette session piano, un bon bain saura me détendre tout autant...
L'eau chaude me fait un bien fou, et détend chacun de mes muscles crispés. Mais un regard émeraude continu de hanter mes pensées... surtout le dernier regard qu'il m'a lancé...
Qu'est-ce que c'était ? de la culpabilité ? Non, il y avait autre chose...
Oh et puis, qu'à cela ne tienne, cela ne me regarde pas !
Ils m'ont fait faux bond, le groupe est à présent dissout, donc plus de concert, et c'est aussi bien comme ça.
Enfin, c'est ce dont j'essaie de me convaincre...
Alors que je suis en plein révision de maths – pas l'une de mes matières préférées – Zayn et Liam font irruption devant moi. Je reste, cependant, plongé dans mes livres, les ignorant volontairement, histoire de voir ce qu'ils sont venus me dire, et comment ils comptent s'y prendre pour me faire changer d'avis.
— tu as une seconde ? me demande Liam.
Mais je fais la sourde oreille.
— Oh mon dieu, elle ne peut plus nous voir à présent !
Et, voyant la réaction de Liam, il réalise qu'il a conclu trop vite et se reprend.
— Ah... ouais, ok...
Liam ignore sa bêtise et vient s'asseoir à mes côtés.
— Louis, s'il te plaît.
— Je t'ai déjà dit que j'en avais terminé avec le groupe, je lui réponds en levant les yeux vers lui.
— Oui, on sait, ok ? Mais avant que tu le décides de manière définitive pour toujours, il faut que tu saches que Harry n'est pas aussi égoïste que tu crois qu'il est.
— Oui, ajoute Zayn, tu te trompes sur lui.
Que puis-je répondre à ça ? Ils ont l'air si sincère... Je pousse un soupire et replonge dans mon livre. Mais Liam n'a pas dit son dernier mot.
— Tu te souviens de la chanson « Emily » ? On peut au moins te montrer de qui il s'agit ?
Oh le coup bas ! Piquer ma curiosité pour me faire craquer... ça marche ! ça, couplé au sérieux qu'ils arborent me font céder définitivement.
Je pose donc mes affaires sur le sofa et les suit à l'extérieur. Nous sortons de mon quartier pour nous diriger plus au sud de la ville, dans une cité plus ancienne que la mienne, mais avec des maisons toutes plus spacieuses les unes que les autres.
Nous nous arrêtons devant un plein pied en brique, ombragé par quelques buissons décoratifs bien entretenus. Il n'y a pas de voitures dans l'allée de garage, mais il y a de la lumière à l'intérieur, preuve que les occupants sont bien chez eux.
Alors nous nous approchons discrètement, nous cachant derrières les arbustes. Pas que mes compagnons en aient besoin, mais ils restent solidaires.
Et là, je pers mes mots face à la vision qui s'offre à moi.
Harry, recroquevillé sur le plan de travail, regarde celle que je suppose être sa mère en train de préparer des boissons chaudes. Et là, ça fait tilt en moi.
— Donc, Emily est sa mère ? je leur demande.
— Oui, me réponds Liam d'une voix calme. Harry vient ici souvent. Il pense qu'on ne le sait pas, mais on le suit.
— Il se contente de les regarder, enchaine Zayn. Ils ne font pas grand-chose.
Je ne comprends pas. Harry a l'air si triste, ses parents aussi ont l'air si triste. Pourtant le moment ne s'y prête pas forcément, non ?
— Ils mangent un gâteau, je rétorque en haussant les épaules, c'est déjà ça.
— C'est un gâteau d'anniversaire... pour Harry.
Et là je comprends pourquoi ses parents sont si triste dans un moment pareil.
Je regarde plus attentivement la scène. Harry ne semble pas juste triste, des larmes coulent le long de ses joues...il pleure.
— Je ne savais pas que Harry souffrait autant.
— Oui. Le pire c'est qu'avant sa mort, ils se sont quittés en mauvais termes. Ses parents ne voulaient pas que leur fils de 17 ans rejoignent un groupe de rock, alors il est juste parti. Il n'a jamais eu la chance de se réconcilier avec eux.
Je vois à présent ses parents assis autour d'une petite table, et son père allumer une bougie sur le gâteau. Harry saute hors du plan de travail et s'approche pour les rejoindre et s'asseoir à son tour.
Il ne peut s'empêcher d'intervenir : lorsque la bougie est allumée, il souffle dessus pour l'éteindre. Ses parents regardent autour d'eux avec incompréhension, et son père rallume la bougie.
— C'est ça qui a rendu Harry si furieux, explique Zayn. Si Trevor n'avait pas volé les chansons de Luke, ses parents auraient su que ça valait la peine.
Et là je comprends mieux pourquoi il s'est acharné sur Trevor, pourquoi il a oublié notre concert...
— Ils auraient été si fiers.
J'observe de nouveau cette scène émouvante. Ses parents s'approchent du gâteau pour souffler la bougie, alors Harry les accompagne, ses larmes coulant à flot.
Et, la seule chose que je suis capable de faire, là, tout de suite, est de garder le silence et de pleurer à mon tour.
C'est sans compter sur Liam, qui continue ses justifications. Ce qu'il ne sait pas, c'est que c'est inutile, j'ai compris. J'ai tout compris. Je ne peux pas lui pardonner, car la situation ne nécessite aucun pardon. À sa place, j'aurais agi de la même manière. Donc pour moi, Tout est oublié et on continu le groupe, mais je préfère ne pas gâcher ce moment et les laisser parler jusqu'au bout.
— on sait que ça fait mal quand quelqu'un sur qui tu comptes te laisse complètement tomber. On ne voulait pas que tu ressentes ça.
Zayn appuie son coéquipier.
— Louis, on adore notre groupe, et Harry aussi. S'il te plaît, donne-nous une autre chance.
Je n'ai pas la force de leur répondre et de leur dire que oui, j'ai déjà changé d'avis depuis quelques minutes. Ma gorge est nouée et je sens à mon tour une larme couler le long de ma joue.
Mais c'est en observant plus en détail la scène familiale sous mes yeux qu'un détail me frappe : des dahlias, en arrière-plan. Les fleurs préférées de ma mère...
*****************************
Harry était toujours aux abonnés absents, je ne l'avais pas revu depuis notre dernière altercation. Donc, évidemment qu'il n'était pas au courant pour le groupe, et pour les répétitions pour le concert de ce soir.
Notre nouveau morceau, « Finally free » était génial, je suis sûr qu'il fera un carton ce soir ! Alors, on le répétait, encore et encore.
« Marching on proud, turn it up loud
On marche fièrement, Monte le son à fond
Cause now we know what we'rе worth»
Car, désormais, on sait qu'on en vaut la peine
Mais nous dûmes arrêter, Harry apparut soudain devant nous, dans son fauteuil. Mais dès qu'il me vit, il se leva aussitôt.
— Wow, Louis !
— Prends ta guitare, je lui souris, on a du travail à faire.
Et là, je vois qu'il est perdu. Il cherche une explication silencieuse auprès des autres, mais il ne reçoit qu'un hochement d'épaules pour toute réponse. Alors il répond à mon sourire, gêné, puis fait ce que je lui ai demandé. Il revient cependant vers moi.
— Pourquoi es-tu revenu ?
— J'ai réalisé que la musique était importante pour nous tous, et nous avons déjà perdu beaucoup. On ne peut pas perdre ça aussi.
— Merci, me répond-il avec tout son sérieux et sa reconnaissance.
Puis il se saisit de sa guitare et me demande, avec un petit sourire en coin,
— Ok, boss, on en est où ?
J'esquisse un simple sourire.
— Oh, au fait, bon anniversaire ! je lui dis avant qu'il s'éloigne.
J'ai le mérite de le déboussoler entièrement là, il est tellement surpris que je le sache ! là il devine tout de suite que ses amis me l'ont dit, et je vois au fond de ses yeux qu'il soupçonne plus que ça, mais il garde le silence.
— C'est parti pour le pré-chorus ! je lance.
— 1, 2, 3, 4 ! lance Liam en tapant avec ses baguettes.
Et la répétition reprend de plus bel, dans une ambiance chaleureuse.
Alors que je chantonne notre dernière chanson tout en rentrant dans ma salle à manger, je surprends mon petit frère en train de photographier chaque recoin de la maison avec sa tablette. Mais qu'est-ce qu'il fabrique encore, celui-là ?
— qu'est-ce que tu fais ?
— Je cherche ces halos ! Je te le dis, cet endroit est hanté.
Je croise les bras et lassitude, mais décide de le laisser finir, par pur curiosité.
— Chaque fois que j'ouvre mon ordi, je tombe sur un site de rock. Alors que pour moi, il n'y a que le rap que j'aime !
— Pff, Zayn... je murmure en souriant.
— Je veux juste te protéger, continu mon frangin.
Alors que je le laisse continuer ses photos et tente de rejoindre le salon, il me stoppe de nouveau.
— Attention ! Papa a le regard de quelqu'un qui a pris la mauvaise route à cause du GPS.
Et là, bam ! Mon père, devant moi, les bras croisés...
Il est doux comme un agneau, et je m'en veux toujours de le décevoir, donc je fais en sorte de le faire le moins possible. Mais je sais aussi qu'il est fort influençable, et ne peut rester fâcher contre moi trop longtemps.
Je devrais donc être tranquille, je n'ai pas trop de soucis à me faire... tant que ma tante ne vient pas y mettre son grain de sel...
— Alors, peux-tu me dire pourquoi tu as raté tes 3 premiers cours ce matin ?
— J'ai eu une petite panne d'oreillers chez Stan après la fête. Mais je n'ai rien raté d'important de toute façon ! Ça n'arrivera plus jamais, je te le promets.
Voyant qu'il ne bouge pas d'un iota, je lui esquisse un petit sourire gêné et le contourne lentement, pour lui laisser le temps de m'arrêter, mais il n'en fait rien, alors je me jette sur le canapé en serrant un coussin contre moi.
— Ok, souffle-t-il en revenant devant moi, mais si j'apprends que tu as encore manqué les cours, ce ne sera qu'une question de temps avant que ta tante ne l'apprenne et...
Mais il est coupé par la porte d'entrée qui s'ouvre à la volée. Je me retourne et.... Merde ! Ma tante...
— Je suis venue aussi vite que j'ai pu !
Elle ferme vivement la porte et se précipite vers moi.
— Louis, je ne te laisserai pas gâcher ta vie ! me prévient-elle.
— Je ne me suis juste pas réveillé, c'est tout. Et on vient juste d'en parler.
— Tu ne vas pas t'en sortir comme ça, petit. Soupire-t-elle. J'ai appelé ta prof, Elle m'a dit que tu as raté un contrôle de maths !
Et Merde ! Grillé...
— Rien d'important, hein ? répète mon père, furieux.
— Papa, je suis si désolé.
Je n'essaie pas de l'amadouer avec mes excuses pour tenter de l'apaiser, hein, loin de là, je suis vraiment désolé. Je n'aurai pas dû lui cacher ce contrôle et lui mentir.
Il me regarde en soupirant à son tour. Je lui ai menti, je l'ai déçu, et je le regrette encore plus quand je vois son air triste. Et ce, même si ce n'est que 3 heures de cours...cela ne change rien à mon mensonge.
— C'est là que tu dois le punir, intervient ma tante.
Et je garde le silence. Même si je crains cette future punition, je sais que je l'ai mérité, et je m'y plierai sans riposter.
— Je sais, lui réponds mon père en la regardant. Louis, plus de sorties pendant une semaine.
Et c'est quand il me dit ça que ça fait tilt dans ma tête : le concert !
— Mais papa, ce soir...
— hmm hmm, me coupe ma tante.
Mon père la dévisage de nouveau et poursuit :
— Et va dans ta chambre !
— hmm hmm, !
— Quoi d'autres ? Ah... et lit ! Euh non, étudie...les maths !
Je me retourne brièvement pour voir un sourire satisfait ornant les traits de ma tante, et un sourire bref de mon père quand je le regarde de nouveau.
— Pars, maintenant ! me dit-il, voyant que je ne bouge pas.
Je pose le coussin derrière moi et me lève sans un mot en baissant la tête en direction des escaliers. Je sais que j'ai dit que je me plierai à toute punition qu'ils me donneront, mais je n'avais plus le concert de ce soir en tête à ce moment-là. Et avec les garçons, on avait enfin trouvé une date et un lieu où se produire, et où on pourrait aussi avoir la chance de se faire remarquer, que je suis plus que déçu de ne pas pouvoir m'y rendre.
La vie est injuste.
Je n'ai pas le cœur à étudier ce soir. Je sais que je le devrais, mais je suis tellement déçu de ne pas pouvoir faire ce concert, que je n'arrive pas à penser à autre chose.
Alors, je m'empare de mon micro et dessine un gâteau dessus, afin de me souvenir de ce que j'ai appris aujourd'hui au sujet de Harry, et d'immortaliser cette journée importante.
Chaque élément figurant sur mon micro a une signification.
La phrase « I got the music », je l'ai écrite il y a quelques semaines, lorsque je me suis réconcilié avec la musique.
« Double Trouble » c'est le nom que l'on voulait donner à notre duo, à Stan et moi, quand on a commencé les cours de musique et qu'on s'est découvert une nouvelle passion.
La fleur, le dahlia, est la préférée de ma mère. Je l'ai dessiné quand elle est morte...
Un sms me sort de mes pensées. Je termine ce gâteau et pose mon micro pour me saisir de mon téléphone.
C'est un message de Nick, qui dit « je vais porter ça pour la choré ! », et si vous voyez la tenue qu'il m'envoie ! C'est un montage photographique où il a rajouté sa tête. Il « porte » donc un pantalon multicolore à formes géométriques, un t-shirt cintré jaune vif et des bottines à talons, le tout fait très seventies.
Je lui réponds juste un rapide « LOL ».
— Oh mon dieu, Nick ! je m'exclame en rigolant.
Quelqu'un toque à ma porte. Bizarre. Mon père ne viendrait certainement pas maintenant, puisqu'il m'a puni, mon frère s'en passe carrément car il est toujours entré sans frapper, et ma tante ne monte jamais. Alors qui peut bien frapper ?
Lorsque je lève les yeux, j'étouffe un rire. Je reconnais le bras de Zayn traversant ma porte et frapper doucement cette dernière côté intérieur.
— Qu'est-ce que vous faites, les gars ?
— C'est ce qui s'appelle avoir la classe, chantonne Zayn joyeusement.
Il se fait tirer en arrière, pour voir Harry traverser la porte dans la seconde qui suit.
— Pourquoi tu es toujours là ? s'inquiète-t-il en me voyant assise sur mon lit portant toujours mes habits de la journée. On part dans 20 minutes.
Et voilà que je m'apprête à décevoir 3 personnes supplémentaires. Je pousse un soupir de résignation.
— J'ai menti à mon père, donc je suis coincé ici toute la soirée.
— Oui, mais on revient juste de la salle s'extasie Liam. Elle est pleine de VIP, de managers...c'est carrément dingue !
Allez-y, remuez le couteau dans la plaie ! Bon sang, ils n'ont rien compris...
— Et qu'est-ce que je vais faire pour ma tante ?! Je hausse un peu le ton, sans être énervé bien sûr, mais plutôt anéanti en sachant maintenant l'opportunité que je manque. Elle est juste en bas !
— Ta tante... se moque Harry en pouffant.
Il s'avance vers ma fenêtre, l'ouvre et se retourne.
— Tu ne vas pas prendre les escaliers, m'annonce-t-il en me décernant son sourire à fossettes.
Ils veulent vraiment que je fasse le mur alors que je suis puni ? Mais si ça se sait, ça va barder pour mon matricule ! Quoique, c'est une occasion en or que je ne peux pas rater... et une excellente excuse pour apaiser les esprits si ça tourne mal.
Je souris à mon tour. Oui ça peut marcher !
— D'accord. Je m'habille et on se retrouve là-bas.
J'ouvre le coffre de ma mère dès que les garçons ont quitté ma chambre. Je fouille à l'intérieur pour trouver quelque chose à me mettre et tombe sur un gilet en cuir sans manche... avec un pins dahlia dessus... C'est un signe, ça me portera chance.
Quand je pénètre à l'intérieur du bar/discothèque, encore essoufflé, je vois Stan immédiatement, alors je cours vers lui alors que je DJ annonce Dirty Candy. Génial...
— suis-je en retard ?
Non, au contraire.
Le public applaudit lorsque Conor entre en scène.
— J'espère que tout le monde passe du bon temps ! Lance-t-il à la foule en enfilant ses lunettes.
— Comment a-t-il réussi à être sur la liste ? Je lance à Stan alors que la musique commence.
— Son père a dû passer un coup de fil pour son fils chéri...
Conor commence à chanter, et sa bande rapplique aussitôt sur scène. Alors que nous sommes en train de le regarder performer, Liam apparait brusquement sur la scène.
Bien sûr, je suis le seul à le voir... avec les garçons, qui viennent d'apparaître derrière nous.
Liam a un sourire jusqu'aux oreilles alors qu'il se met à essayer d'imiter la chorégraphie de Conor, disons... très féminine. Il est aux anges de danser ainsi en public, même si personne ne peut le voir. Il fait ressortir sa vrai personnalité, chose qui lui était interdite dans les années 90, et ça le fait rayonner.
Il disparaît soudain, pour réapparaître à nos côtés.
— Tu t'amuses bien ? je le questionne en étouffant un rire.
Il croit bon devoir se justifier, alors qu'il ne sait pas que c'est un réel plaisir pour les yeux que de le voir se lâcher de la sorte.
— Ce n'est pas de ma faute, c'est... eux... ce sont mes pieds !
— Ouais... je lâche, en m'empêchant de toutes mes forces de rire de nouveaux pour ne pas qu'il le prenne mal.
Remarquant enfin notre air attendri, à Harry et moi, un poids semble s'ôter de ses épaules car il sourit à son tour et annonce :
— renvoie-moi sur le terrain, coach... d'une voix rêveuse, chose qui nous font pouffer, Bouclette et moi.
Stan décolle enfin son regard de Conor et de sa chorégraphie pour se tourner vers moi et me questionner des yeux.
— Oh, ce ne sont que les garçons.
Il regarde de nouveau la scène, comme nous tous, Liam enchainant les déhanchés sensuels avec un sourire jusqu'aux oreilles et des étoiles dans les yeux.
Une fois terminé, tout le monde applaudit pendant que Liam revient vers nous.
— Spécial dédicace, les amis.
— Hmm hmm, fait Zayn, les bras croisés et un air moqueur, tu peux arrêter de sourire, maintenant.
— Je ne vais pas mentir, je me penche vers Stan pour l'avouer, c'était plutôt bien.
— Ouais, me répond-il, j'ai presque oublié que je le détestais.
— Salut, les filles, scande Conor pour nous déstabiliser ! Vous ne devriez pas être au lit ?
— Maintenant, je m'en souviens, rétorque Stan en me fixant.
— Si tu cherches Nick, poursuit-il, il n'est pas venu.
— Ce n'est pas ce pourquoi je suis là, je lui balance sèchement.
Un bruit strident de micro nous interrompt.
— Ok, fait l'animateur. On dirait que l'on termine la soirée avec un autre groupe, « Louis and the fat ones » ! (Louis et les gros)
On entend quelques rires dans la salle suite à cette annonce, mais les seuls qui me répugnent sont ceux de Conor et sa bande.
Je préfère l'ignorer et me tourne vers les gars.
— Vraiment ? fait Liam en dévisageant Harry.
— Je sais, souffle ce dernier, mon écriture manuscrite craint !
Je décerne mon plus joli sourire faux et irrespectueux envers Conor et le contourne pour monter sur scène.
Quand je m'assieds derrière mon clavier, Stan et seul avec les garçons. Je place délicatement mon micro à sa place, et rectifie :
— Salut. C'est en fait « Louis and the phantoms. »
Comme personne ne réagit à mon annonce, je laisse tomber et poursuit.
— Ok.
Suite à cela, Stan allume le faux-projecteur-holographique, m'informe que tout est prêt et je peux alors commencer.
Hearts on fire (Des cœurs en feu)
We're no liars (Nous ne sommes pas des menteurs)
So we say what we wanna say (Alors nous disons ce que nous voulons dire)
I'm awakened (Je suis réveillé)
No more faking (Plus de faux semblants)
So we push all our fears away (Alors nous repoussons toutes nos peurs)
Don't know if I'll make it 'cause I'm falling under (Je ne sais pas si j'y arriverai, parce que je m'écroule.)
Close my eyes, and feel my chest beating like thunder (Ferme les yeux, et sente ma poitrine battre comme le tonnerre.)
I wanna fly (Je veux voler)
Come alive (Revivre)
Watch me shine (Regarde-moi briller)
C'est ce moment que choisissent les gars pour apparaître sur scène, je me lève donc pour les rejoindre.
I got a spark in me (J'ai une étincelle en moi)
Hands up if you can see (Lève les mains si tu me vois)
And you're a part of me (Et tu fais partie de moi)
Hands up if you're with me (Lève les mains si tu es avec moi)
Now 'till eternity (Maintenant et pour l'éternité)
Hands up if you believe (Lève les mains si tu crois)
Been so long, and now we're finally free (Ca fait si longtemps, et maintenant, on est enfin libres)
Après ce premier couplet, Harry rejoint Zayn et ils mettent l'ambiance.
We're all bright now (Maintenant, on est tous lumineux)
What a sight now ( Quel spectacle maintenant)
Coming out like we're fireworks (Coming out comme si on était des feux d'artifice)
Marching on proud (On marche fièrement)
Turn it up loud (Monte le son à fond)
'Cause now we know what we're worth (Car, désormais, on sait qu'on en vaut la peine)
Je ne peux m'empêcher de chanter les phrases suivantes en me tournant vers Harry, qui a le même réflex que moi. On pourrait croire que c'était prémédité, mais il n'en est rien, on est en total impro sur ce coup.
We know we can make it we're not falling under (On sait qu'on peut réussir On sait qu'on ne tombera pas à terre)
Close my eyes and feel my chest beating like thunder (Je ferme les yeux et je sens mon coeur battre comme le tonnerre)
Pas besoin d'un miroir pour savoir que j'ai des étincelles dans mon regard, je ne peux pas m'en empêcher. Mais il faut que je me contrôle, sinon je ne parviendrai pas à terminer la chanson indemne. Alors je ferme les yeux pour le couplet suivant.
I wanna fly
Come alive
Watch me shine
Une fois sûr que je me maitrise de nouveau, je les ouvre pour me concentrer sur le public devant nous, qui saute à présent, au son de notre musique.
I got a spark in me
Hands up if you can see
And you're a part of me
Hands up if you're with me
Now 'till eternity
Hands up if you believe
Been so long, and now we're finally free
Je bouge sur scène, je m'éclate, et Zayn fait de même.
I got a spark in me
Hands up if you can see
And you're a part of me
Hands up if you're with me
Now 'till eternity
Hands up if you believe
Been so long, and now we're finally free
Alors que nous approchons de la fin, une envie subite de me rapprocher de Harry me prend aux tripes, c'est plus fort que moi. Donc je ne peux que céder à la tentation, je me mets à chanter en le regardant droit dans les yeux, et il répète chaque phrase après moi dans mon propre micro.
I got a spark in me
I got a spark in me
And you're a part of me
And you're a part of me
Now 'till eternity
Now 'till eternity
Been so long, and now we're finally free
La tension entre nous est à son apogée, je suis sûr que tout le monde le remarque. Les gars, le public, tout le monde... On casse alors notre petite bulle volontairement et on se tourne vers la foule.
I got a spark in me
Hands up if you can see
And you're a part of me
Hands up if you're with me
Now 'till eternity
Hands up if you believe
Been so long, and now we're finally free
Been so long, and now we're finally free
Finally free
Yeah
Alors que tous applaudissent, je les salue et les gars disparaissent au même moment, provoquant des cris de surprises ici et là. Mais lorsque je leur souris, ils se reprennent tous et se mettent à applaudir eux aussi.
— Merci. Nous sommes « Louis and the phantoms », parlez de nous à vos amis.
Je m'empresse de retrouver Stan, et il me serre dans ses bras, tout excité par notre succès.
— Vous étiez incroyable !
— Oui, on l'était, ajoute Zayn qui apparaît derrière nous.
— Hé, la dame que Conor voulait impressionner arrive ! S'exclame Harry, assit sur le bar.
— Oh... elle ressemble à une femme d'affaire... analyse Zayn. Attendez, qui lui parle ?
On le dévisage tous brusquement. Sérieux ?
— Ah oui, Louis, bien sûr...
J'ai un coup de stress qui monte d'un seul coup. J'ai besoin de Harry, alors je me tourne vers lui.
— tu vas y arriver, me rassure-t-il.
— Bonjour, je suis Andi Parker, se présente la femme en me serrant la main et je voudrais...
— Louis ! Scande une voix derrière elle.
Et je reconnais mon père, pas très ravi de me voir ici. Je sens que je vais passer un sale quart d'heure...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top