Chapitre 8
PDV Won Woo
Je pris une profonde inspiration en observant le carnage qui se trouvait sous mes yeux. Je n'avais pas prévu que les choses puissent aller aussi loin. Pas cette fois. Je soupirai en tapotant du pied l'homme le plus proche. Il gémit, m'indiquant qu'il était encore en vie. C'était déjà ça.
Je me trouvais dans la planque d'un gang de Busan et on aurait dit qu'un ouragan était passé par là. En l'occurrence, j'étais l'ouragan. Je n'étais pas venu dans cette ville pour eux mais pour un... Une sorte de contrat. Même tous les autres membres du gang n'étaient pas au courant de ce que je faisais mais nous avions besoin d'un maximum d'argent. J'avais aussi besoin du genre de danger qui allait avec mes contrats pour me sentir vivant, pour oublier son absence. Enfin, peu importe. Toujours était-il qu'après m'être occupé de la raison de ma venue à Busan, j'avais entendu parler de la présence de ce gang. Et surtout de son lien avec un autre gang. Un gang pour lequel je serais prêt à tout faire pour le trouver. Pour leur faire payer. J'étais donc venu jusqu'ici dans l'espoir de leur arracher des informations mais aucun n'avait voulu parler. Du moins jusqu'à ce que j'arrive au dernier membre encore debout, celui qui était à présent inconscient près de mon pied, qui m'avait avoué que ce n'était qu'une rumeur, qu'ils ne connaissaient pas le gang que je voulais, qu'ils se servaient seulement de sa réputation pour se faire une place plus importante dans notre monde.
J'étais déçu, je devais bien l'avouer, surtout que je m'étais mis en danger en venant ici. Malgré tout j'avais la consolation de pouvoir rentrer à la Maison sans regrets.
J'allai récupérer un couteau m'appartenant qui était resté planté dans la main de l'un de ces idiots, le remis à sa place dans ma chaussure droite puis sortis du hangar qui leur servait de lieu de rassemblement.
Une fois à l'air libre je pris mon téléphone dans ma poche et remarquai plusieurs appels en absence. Treize pour être exact. Neuf de Jun et un de chacun des autres garçons. Je décidai de rappeler Jun en priorité. Ce dernier décrocha à la première sonnerie.
-Oh merci t'es toujours en vie ! s'exclama-t-il.
J'esquissai un sourire. Il était le seul à savoir en quoi consistaient exactement mes contrats, notre chef était vaguement au courant et je n'avais rien dit aux autres.
-En fait non, c'est mon fantôme qui te téléphone, fis-je.
-Tais-toi, Won Woo. Tais-toi. Tu peux pas imaginer à quel point j'étais inquiet ! Surtout que Min Gyu arrête pas de me poser des questions à chaque fois que tu pars !
-Désolé.
-Qu'est-ce qui t'as pris autant de temps ? soupira-t-il.
-J'ai trouvé un gang qui disait être en contact avec celui que je cherche.
Il y eut un instant de silence à l'autre bout de la ligne.
-Et ? tenta-t-il finalement.
-Non...
-Tant pis. C'est mieux comme ça.
-Je suppose, soupirai-je.
-Bon, sinon, tu rentres dans combien de temps exactement ?
-Je vais prendre un car, je veux économiser, donc je pense arriver tard ce soir.
-Tu viens directement à la Maison ?
-Mmh... Je sais pas... Peut-être que je vais d'abord passer chercher ma paie. Et aussi aller faire un tour près du Han. Disons que je rentre demain, ok ?
-OK, soupira Jun à l'autre bout du téléphone.
-Ah, et Jun ! m'exclamai-je.
-Oui ?
-Eun Jeong... commençai-je après une hésitation.
-Elle est chez ma grand-mère, en Chine, jusqu'à la semaine prochaine. T'inquiète surtout pas, Won Woo, me rassura-t-il.
-Je m'inquiète pas vraiment, je me renseigne juste.
J'entendis Jun rire, ce qui m'arracha un sourire. S'il n'avait pas été dans ma vie, je n'aurais sûrement pas vécu assez longtemps pour avoir une discussion au sujet d'Eun Jeong comme celle que nous avions à ce moment-là. Et pourtant... Il y avait des personnes importantes pour moi que j'aurais laissées derrière, dont Eunie et Min Gyu pour ne citer que les plus proches, mais sa mort avait été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase. La perte de trop.
-Bon, maintenant qu'on est rassurés tous les deux je vais raccrocher, déclara Jun.
-D'accord. Je rentre vite, Jun Hui.
-T'as intérêt. À demain au plus tard.
-Ouais.
Là-dessus, il raccrocha. Je restai plusieurs secondes immobile, à fixer l'écran de mon téléphone. J'avais hâte de le revoir, il m'avait manqué chaque jour depuis mon départ de Séoul. Elle n'avait pas tout à fait tord en disant que j'étais amoureux de Jun. Certes, ce n'était pas le cas et elle disait seulement ça pour me taquiner, mais j'aimais Wen Jun Hui à un point inimaginable et il m'avait même amené à me poser certaines questions au sujet de ma sexualité lorsque j'étais plus jeune. Elle était la seule au courant et avait trouvé cette découverte amusante... Elle avait une personnalité géniale... Elle était magnifique... Elle me manquait tellement... Elle... Non. Je devais me reprendre. Arrêter immédiatement de penser à elle. C'était trop dur. J'en étais incapable. Il fallait que je me contente d'oublier au maximum.
Je pris une profonde inspiration et entrepris de faire le vide dans mon esprit. Une fois certain que mon moment de faiblesse était terminé, je m'éloignai enfin du hangar pour regagner une zone civilisée. Parce que ces lieux étaient très loin de l'être, seule la loi du plus fort régnait par ici.
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Il était en retard. J'allais tuer ce Choi Yun Man lorsqu'il arriverait.
Appuyé contre la rambarde du pont sur lequel j'avais rendez-vous avec mon "employeur", j'attendais depuis à présent une vingtaine de minutes en étudiant les visages des rares personnes passant devant moi. Je faisais de mon mieux pour rester calme et ne pas commencer à planifier de quelle manière j'allais tuer cet homme.
Jeon Won Woo. Respire.
-Désolé pour le retard ! lança une voix sur ma gauche.
-Je vais te tuer, marmonnai-je en me tournant vers lui.
Il m'observa une seconde d'un air ennuyé puis passa une main dans ses cheveux encre en me souriant.
-Won Woo, Won Woo, Won Woo... Où est passé le respect, enfin ? fit-il avec un clin d'œil.
-Je l'ai bouffé au petit-déjeuner, chéri, répliquai-je froidement. Mon argent ?
-Je vais te le donner, t'en fais pas, rit-il.
Du haut de ses vingt-cinq ans et avec son physique de mannequin, Choi Yun Man était l'un des plus puissants trafiquants coréens ainsi que l'un de mes principaux employeurs. Il lui ressemblait beaucoup mais au masculin et il avait un certain faible pour moi depuis notre première rencontre trois ans plus tôt.
-Tiens, déclara-t-il en me tendant un petit sac-à-dos.
Je ne l'ouvris même pas pour vérifier la somme, je savais que je faisais partie des rares personnes qu'il n'aurait jamais arnaquées.
-Merci.
-De rien, mon cœur, répondit-il. Hum, si tu veux un petit bonus on pour...
-Même pas en rêve, l'interrompis-je.
-Malheureusement je m'en doutais, soupira-t-il. Tant pis. Un autre jour ?
-Va te faire foutre, Choi Yun Man.
Il m'adressa un regard peiné.
-Tu m'aimais bien, avant, ça me manque.
-Avant c'était avant. Tu m'énerves.
-Pourquoi ? Je croyais que je ressemblais à miss j'ai-pas-le-droit-de-prononcer-son-nom-à-moins-de-vouloir-mourir ? s'étonna le jeune homme.
Je lui adressai un regard noir pour seule réponse.
-Oh. C'est ça le problème ?
-Ça a rien à voir, rétorquai-je sèchement.
Il me sourit d'un air moqueur, parfaitement conscient du fait qu'il avait touché juste.
-C'est seulement qu'à l'époque où je t'aimais bien je travaillais pas pour toi et t'essayais pas de me mettre dans ton lit, ça a le don de m'énerver, tu vois. Combien de fois je vais devoir te dire que je suis hétéro ? Hétéro, Yun Man. H-É-T-É-R-O.
-Et combien de fois je vais devoir te dire de m'appeler hyung ? Un partout la balle au centre, fit-il en roulant des yeux. Enfin si tu préfères je peux me rabattre sur ton petit frère, hein, il est pas mal non plus et puis je pense que je dois avoir ma chance...
Mon sang ne fit qu'un tour. J'attrapai Yun Man par son t-shirt et le plaquai violemment contre la rambarde. J'approchai mon visage du sien pendant qu'il se contentait de me regarder dans les yeux avec un sourire en coin.
-Tu comptes m'embrasser, babe ? souffla-t-il.
-Plutôt mourir, répondis-je sur le même ton avant de continuer à une hauteur normale. Je veux juste te prévenir que si tu t'approches de lui tu vas passer par-dessus la rambarde. En plus il est beaucoup trop jeune pour toi. Compris, chéri ?
-Parfaitement.
Je le relâchai et m'écartai de quelques pas.
-Bien.
Il réajusta son t-shirt avant de plonger ses mains dans ses poches.
-Je crois qu'il va être temps qu'on rentre, déclara-t-il. J'ai des affaires à régler et t'as besoin de te reposer histoire de te calmer.
Je soupirai, il avait raison j'en avais besoin.
-À plus ! lança Yun Man avec un clin d'œil à mon attention avant de s'éloigner comme si de rien n'était.
Au bout d'un moment, je finis par l'imiter et prendre la direction de mon studio, à une petite demie-heure de notre lieu de rendez-vous. J'avais beau posséder mon propre logement, je considérais plutôt la Maison comme ma véritable... Eh bien... Maison, justement. Je ne possédais ce studio que pour Eun Jeong car je ne considérais pas le fait de vivre dans un repère de gang comme quelque chose de très sain pour une fillette de trois ans, et parce que j'avais parfois besoin d'être seul. D'être seul pour ressasser le passé, et ne jamais oublier tous les squelettes se trouvant dans mon placard...
Wonwoo est enfin là ! Qu'est-ce que vous pensez de lui ? Perso c'est un de mes préférés dans cette histoire :3
J'espère que ça vous a plu, et hésitez pas à commenter ^^
Bisous mes petites fourmis~
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