Chapitre 21
PDV Yun Man
-Monsieur, voilà les documents pour la réunion avec les investisseurs japonais, me dit mon secrétaire en déposant une pile d'au moins quarante centimètres de haut sur mon bureau lustré.
Je levai à peine les yeux vers lui avant de hocher la tête puis de lui faire signe de partir tout en continuant ce que j'étais en train de faire avant son arrivée. J'entendis ses pas, suivis du bruit de la porte qui s'ouvre et se ferme, mais je n'y prêtai pas attention.
Je terminai de rédiger le document qui m'intéressait à ce moment-là avant de finalement me préoccuper de la pile sur mon bureau. Je soupirai. Ça attendrait encore une heure ou deux, j'avais besoin d'une pause. Je m'étirai, avant de constater que les dossiers n'étaient pas alignés. Je détestais quand ce qui se trouvait sur mon bureau n'était pas parfaitement rangé, en piles droites et parallèles aux bords du meuble, je les replaçai donc, légèrement agacé.
Ressentant le besoin de prendre l'air, je me levai de mon fauteuil pour sortir sur le balcon de mon bureau. J'allai m'accouder à la rambarde, laissant mon regard balayer le décor urbain qui m'entourait.
À seulement vingt-cinq ans, j'étais déjà bien trop de choses à mon goût. Chef d'entreprise, héritier d'une grande famille, mafieux, et d'autres. Oh, il ne fallait pas oublier "gay" car c'était visiblement la seule chose qui comptait aux yeux de ma famille depuis quelques années. J'esquissai un sourire amusé et peiné à la fois, mes parents avaient mieux pris le fait que j'engage des assassins afin de me débarrasser de mes rivaux que le fait que j'aime les hommes. Ça me dépassait.
De toute façon, je n'avais jamais aimé ma famille. Ils étaient tous faux et hypocrites. Tant qu'ils me laissaient gérer mes affaires tranquille je n'avais rien de plus à leur demander.
Je passai une main dans mes cheveux en soupirant une nouvelle fois. Ce simple geste me rappela grâce à quoi j'étais à présent à la tête d'une grande entreprise comme la mienne.
Ça s'était passé en deux mille huit. Je connaissais Sun Yeong, alors âgé de douze ans, depuis peu et j'allais bientôt être diplômé du lycée. Mes parents attendaient de moi que je reprenne la petite entreprise familiale qui consistait à l'époque à mettre des agences de divertissement en contact avec diverses personnes, mais l'idée ne me plaisait pas plus que ça. Malgré tout, je ne savais pas quoi faire d'autre de mon existence, je m'étais donc résigné à faire ce que l'on attendait de moi au moins une fois dans ma vie.
C'était Sun Yeong qui avait eu l'idée que je devienne mannequin. Et j'avais eu raison de l'écouter. J'adorais ce métier et j'avais pu l'incorporer à la société de mes parents en ouvrant de nouvelles branches. Nous aidions toujours les agences grâce à nos nombreux contacts, mais nous possédions également nos propres mannequins, nos propres photographes, et même notre propre département publicitaire. Tout cela grâce à un garçon de douze ans que je considérais encore comme un bébé et qui m'avait dit qu'il me trouvait bien plus beau que la plupart des mannequins qu'il voyait dans les magazines ou sur les affiches.
Ces souvenirs me rendirent nostalgiques. Je n'avais pas eu la moindre nouvelle de Sun Yeong depuis près de quatre ans, il m'avait quitté en mars deux mille douze et à présent l'année deux mille seize venait de débuter...
Je me redressai. Il était temps que je me remette au travail. Je retournai sans entrain m'asseoir derrière mon bureau, puis tirai l'immense pile vers moi. Je commençai à feuilleter les papiers, me concentrant de mon mieux, mais je n'étais plus tout à fait là et je ne retenais pas le moindre mot que je lisais.
-Qu'ils aillent se faire foutre, marmonnai-je en reposant le dossier que j'avais dans les mains.
Je me levai, enfilai mon manteau, attrapai la pile et quittai mon bureau d'un pas décidé. J'entrai sans frapper dans celui d'un cadre que je n'aimais pas trop, lâchai les dossiers puis fis demi-tour sans lui laisser le temps de réagir.
-Chou, il me faut un résumé de tout ça pour demain matin, j'ai un truc à faire. Amuse-toi bien ! lançai-je sans me retourner.
Je souris en imaginant la tête qu'il devait faire en me regardant quitter les lieux. Tant pis pour lui, il n'avait qu'à pas renverser son café sur ma chemise six mois plus tôt. Je l'aurais bien licencié mais j'avais malheureusement besoin de lui.
Je descendis jusqu'au parking souterrain où je montai dans ma voiture. Une fois installé derrière le volant, je réfléchis. Je n'avais pas la moindre envie de rester au bureau mais je ne souhaitais pas rentrer chez moi pour autant, je n'aimais pas particulièrement errer dans une maison vide. J'avais également très peu d'amis, ma vie sociale avait plutôt souffert entre mon coming out, le suicide de Kwang Ja et ce qui était arrivé à Na Bi. Il me restait uniquement So Min, une fille avec laquelle j'avais littéralement grandi, mais qui devait être en train de travailler à cette heure, et Jun, même si je ne le voyais pas très souvent et qu'il m'en voulait un peu d'envoyer son meilleur ami faire le sale boulot pour moi. Mais ce qu'il ne savait pas, c'était que je faisais toujours attention à donner à Won Woo des cibles que je savais qu'il pouvait éliminer. J'étais parfaitement conscient du fait que c'était sa manière de tenir le coup alors je préférais choisir ses contrats plutôt que de laisser quelqu'un d'autre le faire et potentiellement le mener à sa mort. Surtout que, je l'avouais sans honte, j'avais un faible pour lui depuis notre première rencontre. Certes, à mes yeux il ne pouvait pas rivaliser avec Sun Yeong, mais après tout Sun Yeong n'était plus là et s'il avait été clair sur un point, c'était bien sur le fait qu'il ne voulait plus jamais me revoir.
Bon, va pour Jun Hui, me dis-je en démarrant.
Normalement, il avait dû rentrer de Chine la veille mais il valait peut-être mieux vérifier. Je profitai d'un feu rouge pour lancer un appel. La tonalité retentit trois fois dans les hauts-parleurs de la voiture avant qu'il ne décroche.
-Allô ?
-Salut, mon cœur ! m'exclamai-je. De retour en Corée ?
-Ouais, on est rentrés hier. Tout va bien de ton côté ?
-Je vais toujours bien, chéri, ris-je légèrement. Je me demandais si, par le plus grand des hasards, tu aurais une heure ou deux à perdre avec moi ?
-Oh... Désolé, hyung, j'ai du boulot.
Une vague de déception m'envahit et je bifurquai en direction de mon appartement.
-Pas grave, t'inquiète. Une prochaine fois.
-Ouais. Encore désolé.
Je le sentis hésiter à l'autre bout du fil.
-Qu'est-ce qu'il y a, Jun ? lui demandai-je avec sérieux.
-Je... Y a un truc que je veux te dire depuis quelques mois.
-Mais encore ? l'encourageai-je.
Il prit une profonde inspiration, se préparant apparemment à lâcher une bombe.
-J'ai croisé Sun Yeong devant le lycée en allant chercher Han Sol. Je sais où il bosse.
Je sentis mon cœur rater un battement et mes mains se crispèrent sur le volant. Comment était-ce possible ?
-T'as entendu parler de Yeong Suk ?
Je levai les yeux au ciel en entendant ce nom. Yeong Suk. Mais bien sûr. Et j'étais le Père Noël si cette fille n'était pas Na Bi. Ou alors je pouvais être le Pape. Sauf que je n'étais pas croyant.
Tu t'égares, Yun Man.
-Ouais, répondis-je néanmoins. Pourquoi ?
-Elle m'a dit que c'était un ami de son frère, ils travaillent pour la même agence artistique. Elle m'a pas dit son nom mais je te jure que c'était lui, je l'ai vu, affirma le chinois.
-Tu sais quoi d'autre ? m'enquis-je en étouffant de mon mieux le tremblement dans ma voix.
-Rien, désolé. Ça aurait été louche que je pose trop de questions sur un type que j'ai seulement aperçu une fois à travers le pare-brise d'une voiture.
-Pas grave, je comprends, chou. Bon, je vais te laisser t'occuper de tes affaires. Merci pour l'info.
-De rien, j'y gagnais aussi, tu sais.
-Je sais.
-Bye, fit-il avant de raccrocher.
Le jour où Na Bi se déciderait à m'appeler, j'aurais quelques questions à lui poser... Quoi que j'en dise, mes services n'étaient jamais totalement gratuits et, en l'occurrence, elle possédait vraisemblablement des informations que je mourais d'envie de connaître. Je savais des choses que presque personne ne savait, sur tout et sur tout le monde, j'aurais par exemple pu retracer l'histoire complète de chacun des membres du gang et de leur famille, mais je ne savais quasiment rien sur la seule personne que j'avais réellement aimée durant mes vingt-cinq années d'existence.
Je pouvais aider Na Bi. Et elle pouvait m'aider de son côté.
Ma sonnerie de téléphone emplit l'habitacle de la voiture. Je jetai un coup d'œil à l'écran mais aucun nom de contact n'était affiché, seulement un numéro. Je grimaçai en me disant qu'il devait sans doute s'agir de travail. Je décrochai.
-Choi Yun Man, j'écoute.
Un long silence s'ensuivit et, au moment où je m'apprêtais à raccrocher en pensant à une farce, une voix se fit entendre.
-Yuni... C'est moi.
Alors, ce petit séjour dans la tête de Choi Yun Man ? En le voyant de l'extérieur on s'attend pas vraiment à ça, pas vrai ? ^^ En tout cas, il s'agit de l'un de mes personnages préférés de LM alors j'espère que vous l'aimez aussi !
Je comptais attendre encore un petit peu pour le publier mais une certaine personne qui se reconnaîtra a besoin de se changer les idées... Ce chapitre est pour toi !
Enfin voilà, bisous mes fourmis~
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