34.
J'aurais dû remarquer les signes, qui étaient tous sous mon nez, annonçant la catastrophe à venir. Même avant d'officialiser quoi que ce soit entre nous, et encore... « officialiser » est un bien grand mot, étant donné que notre relation était entièrement basée sur le mensonge et le secret. Rien de vraiment très officiel là-dedans, n'est-ce pas ? Enfin... certaines personnes étaient au courant, mais aucune à qui je pouvais me confier, aucune qui pouvait me conseiller. Je savais que c'était mal, que j'allais causer du tort à une personne chère à mon coeur. Mais je n'avais plus aucune volonté dès qu'il s'agissait d'Hero. Comment une chose aussi bonne pouvait-elle être aussi néfaste ? Mes meilleures amies ne devaient absolument pas savoir ce qui se passait entre Hero et moi. Je voulais garder notre dynamique, notre Golden Trio intact. Mais, dans chaque histoire, les secrets finissent toujours par être découverts. Seulement, la révélation du mien ne fut pas le seul ce jour-là...
*
- Ça va aller ? me demande Felix, alors qu'il coupe le moteur de la voiture que Morgan lui a gentiment prêté, garée à quelques mètres de mon immeuble.
Ce sont les premiers mots prononcés dans l'habitacle depuis qu'on a quitté l'appartement. Le silence qui nous a accompagnés pendant ce trajet a été entrecoupé par mes sanglots intermittents et les musiques que la radio diffusait. Je lui suis reconnaissante de ne pas avoir essayé de faire la conversation pendant qu'on roulait. Je me contentais de regarder les lampadaires allumés défiler à travers la vitre, sur laquelle reposait ma tête. C'était assez hypnotisant et apaisant comme spectacle, à vrai dire... mais pas assez pour oublier le désastre auquel j'ai pris part ce soir.
Felix se penche vers moi pour ouvrir la boite à gants, devant mes genoux, et en sort un paquet neuf de mouchoirs, qu'il me tend, tout en me gratifiant d'un timide sourire compatissant. Je l'attrape en essayant de courber mes lèvres, mais le coeur n'y est vraiment pas. Je hoche alors la tête en guise de réponse.
- Merci de m'avoir raccompagnée, je sanglote en soulevant la languette rouge autocollante pour extirper un kleenex du paquet. Tu n'étais vraiment pas obligé et j'ai peur que ça te mette un peu plus en porte à faux avec Hero...
- Hey, ne te préoccupe pas de ça, d'accord ? C'est mon problème, tente de me rassurer Felix de sa voix rauque et douce, en posant une main amicale sur mon épaule dénudée, avant de l'enlever aussitôt. Je vais gérer mon pote, t'inquiète... mais ça me fout grave les boules de voir l'état dans lequel il t'a mis.
Je me contente de hausser les sourcils et les épaules de manière lasse. Il ne peut rien y faire et moi non plus. Mais j'apprécie le fait qu'il s'inquiète pour moi.
- Tu dois vraiment me trouver pathétique... à pleurer à cause d'un garçon qui m'avait pourtant bien fait comprendre qu'il ne voulait rien de plus que du cul et... je me retrouve là, à épancher mes états d'âmes à son meilleur ami. Je croyais avoir touché le fond il y a quelques jours de ça mais, là... j'ai l'impression que c'est pire et je ne sais pas pourquoi.
Je lâche un grognement de frustration tant je me sens bête de m'être laissée embarquer dans cette aventure que je savais d'avance, pas faite pour moi. Ces derniers jours ont été une succession de mauvaises décisions prises par mes hormones au lieu de mon bon sens. Bon, pas que mes hormones, étant donné que l'alcool, la beuh et un léger début de dépression ont également influencé mon jugement. Plus jamais je ne me laisserais dicter ma conduite par une autre partie de mon corps que mon cerveau sobre de toute substance illicite !
- Tu n'es pas pathétique, m'assure le jeune homme à casquette. Tu n'es pas la première à faire les frais de la logique complètement débile de mon meilleur ami. Il a des circonstances atténuantes, je le lui concède, mais il n'avait pas besoin de se comporter comme un gros con envers toi, ce soir...
Des circonstances atténuantes. J'ignore pourquoi, mais je visualise de nouveau le corps meurtri d'Hero. Plus tôt dans la soirée, Felix m'a laissé entendre qu'il ne s'agissait pas d'une altercation et que l'apparition de ses ecchymoses avait été provoquée dans les mêmes conditions que la présence des miens sur mon visage et mes poignets.
Hero serait-il battu ? Par qui ? Depuis combien de temps ?
Je ne souhaite pas poursuivre cette investigation pour le moment, consciente que Felix m'en a révélé plus que je ne devrais savoir. Secret comme il est, je pense que c'est la dernière chose qu'Hero voudrait que j'apprenne. Mais bon... maintenant, cela n'a plus d'importance, étant donné que nos chemins ne se recroiseront plus.
- J'espère que... malgré tout, tu garderas quand même quelques bons souvenirs de cette soirée... parce que je me suis éclaté à tes côtés, confesse Felix en réajustant la position de sa casquette sur sa tête.
Je me retourne vers lui, étonnée par cette révélation. J'avoue que les seuls bons moments de la fête, je les ai passés en sa compagnie. Son petit compliment me met du baume au coeur et, je réalise que je me suis, moi aussi, beaucoup amusée avec lui. Bien que mon moral soit en berne, repenser à notre danse totalement folle, à notre discussion sur la terrasse, à sa manière de me réconforter alors qu'il me connait très peu, à nos taquineries pendant le jeu... tout cela réussit à étirer légèrement mes lèvres. Je peux attester, sans difficulté, que Felix aura été le rayon de soleil dans la « tempête » Hero qui a failli complètement me submerger.
- Il n'y a pas eu que du négatif, je lui réponds avec un sourire taquin, alors que je me penche vers lui et m'empresse de lui piquer sa casquette avant de la visser sur le haut de mon crâne, un air victorieux remplaçant mon expression morose.
Il se met à rire en levant les yeux au ciel. Je coince ma lèvre inférieure entre mes dents, heureuse de l'avoir pris par surprise. Sa bonne humeur est quelque peu communicative et je sens mon humeur s'alléger. Le jeune homme qui me fait face passe ses doigts dans ses cheveux châtains pour les remettre en place, s'attardant sur la mèche qui recouvre une partie de son front. J'essuie, d'un revers de la main, les sillons humides de mes larmes sur mes joues, sans manquer de renifler disgracieusement. Je ne m'inquiète même plus de l'état de mon maquillage, qui est totalement ruiné.
- Tu peux la garder, si ça te fait plaisir... j'en ai toute une collection, me dit-il gentiment.
Je la retire doucement, découvrant le sommet de ma tête, pour la lui redonner. Felix semble un peu confus par mon geste, mais la reprend tout de même.
- Elle complète plus ton look que le mien, je reconnais avec un léger sourire, faisant écho à une boutade que je lui avais sorti autour de la table de jeu. Et puis, je n'ai pas vraiment une tête à casquettes...
- Non, t'as plutôt une tête à bobs, toi ! se moque-t-il avant de s'esclaffer, fier de sa petite vanne.
Je feins de m'offusquer avant de rire et de le frapper gentiment sur le bras. Il se recroqueville pour parer mes coups, des sons sortant de sa bouche, savant mélange de ricanements et couinements.
Je finis par cesser mes attaques et reviens sur mon siège. A son tour, Felix se redresse et repose la casquette à sa juste place. Mon humeur s'est largement améliorée depuis quelques minutes, et je ne peux que l'en remercier.
- Je peux te poser une question ? m'interroge mon jeune ami, ayant retrouvé tout à coup son sérieux.
Je hoche la tête et l'encourage à poursuivre.
- J'ai conscience que c'est pas tellement quelque chose qu'on demande, mais étant donné la situation... commence-t-il avant de soupirer. Est-ce que... est-ce que ça te dérangerait si je te follow sur Instagram ? Si tu as un compte, évidemment...
Je suis surprise par sa requête, mais je comprends sa démarche. Et je trouve ça très prévenant de sa part. Bien évidemment, je pense immédiatement à ce que pourrait être la réaction d'Hero si son meilleur ami s'abonnait à ma page et si, à mon tour je le suivais sur le réseau social tendance. Je n'ai pas du tout compris l'agressivité qu'il a montré envers Felix pendant le jeu et même après, quand ils se sont retrouvés sur la terrasse. Cela ne peut pas être de la jalousie, surtout après le discours railleur qu'il m'a servi sur le sujet. Alors... pourquoi s'emporter autant ? Bref, son avis ne compte plus. A vrai dire, il n'a jamais vraiment compté, étant donné qu'on n'était ni en couple... ni même amis. Et comme il l'a si bien stipulé, je fais ce que je veux !
- Je n'y vois aucun inconvénient, je lui réponds, tandis que je le vois attraper son portable, un sourire en coin se dessinant sur ses lèvres.
Le meilleur ami d'Hero tapote sur l'écran de son téléphone pour accéder à l'application souhaitée. Quelques secondes plus tard, il me demande le pseudo de mon compte.
- junerobbins87, je lui réponds, alors qu'à mon tour, j'extirpe mon mobile de la poche arrière de mon jean.
- Ah oui, c'est vrai ! s'exclame-t-il tout en tapant mon nom dans la barre de recherche.
Quoi ?! Comment ça « ah oui, c'est vrai » ?
Je fronce les sourcils, en penchant la tête sur le côté, perplexe à cause de sa réflexion. Qu'est-ce qu'il entend par là, exactement ?
S'apercevant de sa « boulette » — ou de ce que ces quatre mots sont, en réalité — Felix relève rapidement la tête, une expression paniquée sur le visage. Ses yeux bleus sont légèrement écarquillés et sa bouche entrouverte, dans l'attente des mots formant l'explication qu'il doit me fournir.
- Euh... non, mais en fait... je voulais dire... euh... pour Robbins ! bredouille-t-il, son regard clair se baladant frénétiquement dans tout l'habitacle, évitant de croiser le mien. Hero me l'avait dit... tu sais... ton nom de famille. Et... je m'en suis souvenu ! Voilà, je m'en suis souvenu !
Le châtain à casquette parait très mal à l'aise tout d'un coup et, je ne sais pas pourquoi, mais je ne suis pas trop convaincue par ce semblant d'excuse. Il connaissait mon pseudo Instagram avant que je lui révèle, j'en suis persuadée. D'où le tient-il ? Est-ce qu'Hero aurait surfé sur mon profil ?
Peut-être qu'Hero voulait s'abonner à moi... mais ça aurait été en complète contradiction avec ses règles à la noix, de ne pas apprendre à connaitre sa partenaire... Arrête de rêver, June ! Tu n'étais rien de plus qu'un coup d'un soir... va falloir t'y faire !
Je reçois une notification sur l'écran verrouillé de mon portable, m'informant que felix_k9 a commencé à me suivre. Je clique sur la bulle, qui m'envoie directement sur Instagram et atterris sur le profil de mon nouvel abonné. En détournant les yeux de mon téléphone, je remarque que mon ami scrute déjà les quelques images que j'ai postées jusqu'à maintenant, avant de reporter mon attention sur sa page. Il a un nombre important de followers, dont Jade, ce qui m'étonne quelque peu. La plupart de ses photos ont soit été prises en soirée, entouré de ses amis, soit l'immortalisent dans des poses variées ou en selfie. Je remarque également qu'il sourit rarement sur les clichés postés alors que, du peu que je l'ai côtoyé, c'est un garçon très souriant. D'ailleurs, en parcourant son album, une photo m'interpelle, ou plutôt le commentaire d'un certain felix_allan écrivant « qui t'a fait du mal ? » et, en reportant mon attention sur l'image, où Felix parait misérable, je ne peux m'empêcher de pouffer, tant cette observation me semble plus qu'adaptée.
Je continue de faire défiler les posts de Felix et, immanquablement, je tombe sur Hero, qui figure sur un paquet de photos. Mon coeur se fait de nouveau un peu plus lourd, ressassant dans ma tête, la dernière conversation que j'ai eu avec lui. Ne voulant pas plomber une nouvelle fois l'ambiance, je remonte vers le haut de la page avec mon pouce et clique sur « s'abonner » sans réfléchir. J'apprécie beaucoup Felix, et ce n'est pas Hero qui pourrait m'empêcher d'être amie avec lui.
Ce dernier sourit franchement lorsqu'il reçoit la notification de mon récent abonnement à son compte, avant de ranger son portable.
- Ne te réjouis pas trop, je ne suis pas une follower modèle, je le préviens avec humour. Je ne me connecte que très rarement et je ne raffole pas du tout des stories. Je ne comprends pas les gens qui s'évertuent à exposer tout ce qu'ils bouffent matin, midi et soir, comme si c'était un exploit, ou comme si les autres en avaient quelque chose à faire... ou encore ceux qui se filment en train de faire du sport ! Y'a vraiment rien de passionnant là-dedans !
Felix se met à rire en avouant partager mon avis. Lui non plus n'est pas du tout accro à ce réseau social et n'y poste que des souvenirs valables à ses yeux. Cependant, il reconnait qu'il est très pratique pour discuter via sa messagerie.
- Ecoute, malgré ce qui s'est passé, je ne sais pas si on va se revoir, toi et moi, mais j'aimerais qu'on garde contact... si ça te convient, bien sûr, me propose-t-il en triturant sa casquette et en détournant le regard.
Felix serait-il un brin nerveux ?
- Bien sûr que ça me convient, je le rassure assez rapidement, appuyant ma réponse à grand renfort de sourires. Par contre, je pense qu'on se reverra. Peu importe comment les choses se sont terminées avec Hero... si j'ai passé une relativement bonne soirée, c'est seulement grâce à toi.
Mon petit compliment lui fait monter le feu aux joues, et je ne peux qu'être amusée par sa réaction mignonne. Il sourit timidement, ses pommettes saillantes ressortant légèrement. Je tourne la tête pour jeter un coup d'oeil vers l'immeuble, qui se dresse à côté de nous.
- La journée a été longue... et la soirée encore plus, alors je vais y aller, je soupire en posant ma main sur la poignée de la portière. Merci pour tout, encore. Pas seulement pour avoir égayé cette fête catastrophique, et pas seulement pour m'avoir ramenée... mais aussi pour m'avoir remonté le moral... deux fois, même !
Felix me répond d'un bref signe de tête, avant de me tendre son poing, pour que je le check avec le mien. Les os de nos phalanges entrent gentiment en collision avant que j'ouvre la porte, gratifiant mon ami d'un dernier sourire. Je m'extirpe de l'habitacle, tandis que le moteur de la voiture rouge de Morgan vrombit. Lorsque le véhicule passe à ma hauteur, je salue une dernière fois Felix d'un signe de la main et atteins la porte d'entrée de l'immeuble.
J'allume la lumière du salon et la solitude qui s'empare tout à coup de moi est accablante. J'essaie de faire abstraction de cette tristesse grandissante en moi et me dirige à la salle de bain. En passant, je remarque deux gros cartons à l'entrée du couloir. Je les reconnais, ce sont les miens. En les ouvrant, j'aperçois mes affaires, celles qui se trouvaient encore chez Matt. Les déménageurs ont dû les apporter dans la journée, et je ne les ai même pas remarqués. Au moins, j'ai récupéré mes vêtements et, de cette manière, je n'aurai plus besoin de taxer ceux d'Angie.
J'appuie sur l'interrupteur et le petit néon horizontale au-dessus du miroir éclaire l'effroyable réalité dépeinte sur mon visage. Comme je le pressentais, mon maquillage, pourtant si bien appliqué par les doigts de fée de Jade, ressemble désormais plus à un grimage d'Halloween. La mascara et le crayon khôl ont zébré mes joues de sillons sombres. Mes cheveux, à la base lissés, sont tout ébouriffés, en partie à cause du vent. Je n'arrive pas à croire que je me sois mise dans un tel état à cause d'un garçon.
Après avoir démêlé ma tignasse — je dois absolument me débarrasser de cette longueur contraignante — et lavé mon visage de cette peinturlure indécente, je jette un dernier regard à mon reflet tristounet avant de me retourner pour sortir de la pièce. En me dirigeant vers la porte, mes yeux repèrent un cruel rappel des fabuleux moments que j'ai vécus, il y a tout juste vingt-quatre heures. Je bifurque vers la pile de linge sale et attrape le sweatshirt d'Hero, trônant au somment. A cet instant, les sourires qu'il a pu m'adresser, les mots doux — ou salaces — qu'il a pu murmurer à mon oreille, les gentilles attentions qu'il m'a témoignées se mêlent à ses paroles blessantes, à ses cruelles moqueries, à la violence qui émanait de son être, à son attitude mesquine et destructrice. Son rire, mélodieuse harmonie que j'appréciais tant et qui me faisait complètement craquer, s'est transformé en ricanements méprisants. Il n'y a plus de bons ou de mauvais souvenirs, juste un néant abyssal qui m'habite désormais.
Je lâche le vêtement à l'endroit où je l'ai laissé quelques heures plus tôt, quand tout allait encore relativement bien dans ma vie et sors de la salle de bain. Émotionnellement éreintée, je m'avance, tel un zombie, dans la chambre où l'envie de m'allonger, de fermer les yeux et d'oublier cette horrible journée prend le pas sur le reste. Je prends tout de même la peine de me déshabiller et d'enfiler un tee-shirt en guise de pyjama et me glisse sous la grosse couette rose à fleurs. En espérant que ma nuit ne soit pas hantée par des yeux émeraude...
*
J'ai chaud. Très chaud. Je transpire, même. Mes yeux papillonnent alors qu'ils s'acclimatent à la lumière du jour, traversant les trous du store. Je sens également du poids sur mon corps. Allongée sur le ventre, je tente de me redresser mais quelque chose pèse lourdement sur mon dos. Ma tête quitte l'oreiller dans l'espoir de découvrir qui s'est affalé comme un âne mort sur moi. En premier, je distingue un bras posé en travers de mes hanches. Je réalise alors que la tête rattachée à ce bras s'appuie sur mon épaule. En tournant mon visage de l'autre côté, mon nez rencontre une chevelure blonde et je devine rapidement que Jade a dormi avec moi. Soudain, de discrets ronflements parviennent à mes oreilles et, lorsque je tends le cou un peu plus pour voir par-dessus mon épaule — et la tête de ma jeune amie aux cheveux couleur blé — j'aperçois des mèches violines et en déduis qu'Angie complète l'énorme poids qui pèse sur mes épaules... littéralement ! Enfin... mon épaule... en plus du reste de mon corps...
Je devais dormir profondément lorsqu'elles sont rentrées de la fête. Je n'ai aucune idée de l'heure à laquelle elles sont arrivées. J'espère que leur soirée s'est mieux déroulée que la mienne. De toute façon, elles n'auraient pas pu faire pire que moi. Jade a trouvé le bonheur avec Hamza, ou ce qui semble s'en rapprocher, et Angie s'est trouvé un petit casse-croûte tout en abdos et sourire charmeur à se mettre sous la dent. Je ne doute pas qu'elle a passé du bon temps avec lui. Quant à Dany, je suis persuadée qu'il a réussi à séduire une ou plusieurs filles.
J'essaie de me glisser hors du lit le plus discrètement possible, pour ne pas les réveiller. Du bout des doigts, j'attrape délicatement le bras de Jade pour le poser sur la couette et me contorsionne — avec une souplesse qui laisse à désirer — pour éviter de la toucher. Mes pieds nus touchent enfin le sol et je redresse le reste de mon corps pour me retrouver en position assise. J'avance à pas de loup vers la porte, en me retournant quelques fois pour m'assurer qu'elles dorment toujours. Une fois hors de la chambre, je respire un bon coup, satisfaite d'avoir été aussi silencieuse qu'un chat. J'ai deux bonnes raisons pour ne pas vouloir les réveiller : la première, et la plus évidente, est que je ne veux pas les priver de sommeil. Elles ont peut-être veillé tard et vont certainement avoir la tête dans le brouillard pour une bonne partie de la journée. La seconde, et la plus égoïste, est que je ne veux pas subir d'interrogatoire de leur part. Rabâcher tout ce qui est allé de travers hier ne m'aidera pas à laisser ce mauvais épisode derrière moi et aller de l'avant.
J'arrive à la cuisine et m'arrête instinctivement devant la machine à café. Bien que je n'en boive pas, Angie s'y jettera dessus dès qu'elle sera levée. Pour ma part, j'attrape un bol et y verse du lait et du chocolat en poudre. Rien de tel qu'un bon chocolat chaud pour se réconforter !
Je m'assois à la petite table et attrape mon portable. Une notification Instagram s'affiche, m'informant que Felix m'a laissé un message, me souhaitant une bonne nuit avec un émoji endormi. Je souris devant cette attention et culpabilise de ne pas lui avoir répondu aussitôt. En rentrant, je n'ai même pas pensé à jeter un coup d'oeil à mon téléphone. Je décide alors de lui faire savoir que ma nuit a été plutôt paisible et lui demande s'il a bien dormi, en ajoutant un émoji souriant à la fin de ma question. J'attends un peu, mais il ne répond pas. Il doit certainement encore roupiller.
Je repose mon portable lorsque j'entends des pas provenant du couloir. Quelques secondes plus tard, la silhouette trainante et nonchalante de Dany apparait dans l'encadrement de la porte, bâillant et se frottant le visage. Les yeux à demi-ouverts, il m'adresse un bref signe de tête en se dirigeant vers la machine à café. Il attrape une tasse et y déverse le liquide brun avant de me rejoindre, prenant place en face de moi. Il enroule ses longs doigts fins autour de la tasse fumante avant de reporter son attention sur moi. Je remarque rapidement que les jointures de sa main droite sont rougies.
- Comment tu te sens ? me demande-t-il, la voix encore ensommeillée.
- Je n'ai pas encore vu ma tête dans la glace, mais ça ne peut pas être pire qu'hier soir, je me contente de répondre, même si ce n'est pas vraiment le sujet de sa question. Et vous... comment s'est finie votre soirée ?
Le bouclé hausse les sourcils avant de souffler, plongeant son regard dans son café avant de relever la tête vers moi.
- T'as pas raté grand chose, en fait, soupire-t-il. Sauf que... on a été un peu forcé de partir, à la fin...
Je plisse les yeux et fronce les sourcils, tentant de deviner la raison de leur expulsion. La première pensée qui traverse mon esprit est qu'il aurait pu aller trouver Hero pour lui secouer les puces, comme il me l'avait proposé. J'espère que ce n'est pas le cas. Mais, en jetant un nouveau coup d'oeil aux phalanges irritées de mon ami, cette idée est plus que probable. Peu importe à quel point je suis en colère contre le mannequin, je ne veux pas que Dany repasse par la case prison.
- J'ai euh... j'ai... frappé quelqu'un, lâche-t-il en baladant ses yeux bleus vers le plafond.
Oh, putain !
La mâchoire m'en tombe. Je n'arrive pas à croire qu'il ait fait ça. Je ne lui en veux pas, étant donné qu'il cherchait à me défendre, mais je ne souhaitais pas que ça en arrive là.
- Franchement, ce sont des merdeux, ajoute-t-il en secouant la tête. Je ne vois vraiment pas ce qu'on est allé foutre là-bas...
Je grince un peu des dents quand je l'entends parler d'eux comme ça. Ils ne sont pas tous à mettre dans le même sac. Felix, par exemple, est loin d'être un « merdeux », comme il dit. Morgan aussi, a été un hôte exemplaire. Hamza est attentionné et semble apporter beaucoup de bonheur à Jade, et Trushal a l'air d'être plus un clown qu'un fauteur de troubles. Pour ce qui est des autres, je ne peux pas me prononcer.
Bon, pour Hero, on sait à quoi s'en tenir maintenant... circonstances atténuantes ou pas !
- J'hallucine ! je m'exclame en m'adossant complètement sur la chaise. Tu lui as vraiment collé une droite ?
- Cet enfoiré le méritait, se défend-il en grimaçant. T'aurais dû voir la manière dont il parlait ! Quel mec manque à ce point de respect envers une femme ? Je ne suis pas un saint avec le sexe opposé, je l'admets, mais je ne me suis jamais abaissé à crâner devant mes potes en vantant mes exploits sexuels avec une meuf ! Surtout en des termes peu flatteurs...
QUOI ?! HERO EST ALLÉ RACONTER TOUT CE QU'ON A FAIT À SES POTES ?!
Je suis sur le point de tomber dans les pommes, tant cette révélation m'assomme. Heureusement que je suis assise. Je sens les couleurs quitter mon visage et la vie abandonner mon corps. Maintenant, je sais ce que ça fait de se sentir mourir.
- Putain, il n'a pas fait ça quand même ?! je m'écrie, ma voix résonnant dans tout l'appartement, plus que je ne l'aurais voulu.
- Franchement, ça vous apprendra à vouloir faire les belles aux bras de jeunots à peine sortis de l'adolescence, me réprimande-t-il. Rien ne vaut un homme d'âge mûr !
Dany attrape la anse de son mug et le porte à ses lèvres pour en boire une gorgée. Habituellement, j'aurais sorti une petite pique sur sa « maturité » présumée, qui aurait certainement résulté en un fou rire après une réplique au goût douteux de sa part, mais je suis tellement sciée par ce qu'il vient de me dire qu'aucun mot n'arrive à sortir de ma bouche.
- Qu'est-ce qu'il a raconté, exactement ? je l'interroge, même si je crains sa réponse.
- Je ne crois pas que tu veuilles entendre ce qu'a pu dire cette ordure, me prévient Dany avant d'avaler une nouvelle goulée.
En silence, je continue de le fixer, lui faisant comprendre que, malgré tout, j'ai besoin de savoir ce qui a été lâché sur mon dos. Je ne pensais pas qu'Hero était capable de telles bassesses. J'étais également persuadée que coucher avec lui était une bonne idée, alors... pour le bon sens, on repassera !
Alors qu'il s'apprête à répondre, nous sommes rejoints par Angie qui, comme Dany quelques minutes plus tôt, arrive en bâillant et s'arrête automatiquement devant la machine à café. Elle rassemble ses longs cheveux prune en chignon sur le sommet de son crâne avant de se servir. Quelques mèches rebelles s'échappent de l'élastique. Elle finit par nous rejoindre et s'assied à côté de moi.
- C'est ta voix haut perchée qui m'a réveillé, copine, m'apprend-elle d'une voix encore endormie. De quoi vous parliez ?
- De la raison pour laquelle on s'est fait jeter de la fête, intervient Dany, sans quitter Angie du regard. T'as bien dormi ?
Je suis surprise par la douceur avec laquelle il lui pose cette question, et je distingue la naissance d'un sourire sur ses fines lèvres. Mon amie, occupée à souffler sur son café trop chaud, relève suspicieusement les yeux vers lui, avant de tourner brièvement la tête vers moi.
- Euh... ouais, très bien. Pourquoi ?
Le bouclé, en face de nous, plisse discrètement les yeux, visiblement décontenancé par la réaction d'Angie, qui rapproche le mug de ses lèvres. Soudain, je ressens une légère tension envahissant la cuisine.
J'ai raté quelque chose, ou quoi ?
En guise de réponse, Dany secoue la tête, penaud, détournant le regard pour se concentrer sur sa grande tasse. Bref, je n'ai pas le temps de m'attarder sur ce qui a pu potentiellement se passer entre eux. Angie et Dany, c'est un peu le jeu du chat et de la souris, le principe du « je t'aime, moi non plus ». C'est un peu comme les « Feux de l'Amour » : il pourrait y en avoir pendant plus de trente ans que l'intrigue n'avancerait pas d'un iota, tant que l'un des deux n'admettra pas... ce qu'il y a à admettre. Et, dans leur cas, je ne sais pas trop ce que c'est. J'ai conscience que Dany plait beaucoup à Angie, et que c'est réciproque, mais j'ignore si cette dynamique aboutira à quelque chose.
- Bon, tu vas me dire alors ce qui s'est passé ? je m'impatiente, en faisant les gros yeux au rebelle.
Cette ignorance commence à me peser. Du coin de l'oeil, je vois Angie froncer les sourcils, ses yeux faisant des allers-retours entre Dany et moi.
- Elle veut savoir pourquoi j'ai frappé le petit con qui t'a servi de plan cul de la soirée, explique le bouclé, en s'adressant à ma meilleure amie.
Attends, attends... on parle de qui, là ?
Angie soupire bruyamment en se tournant vers moi. L'expression qu'elle arbore n'est plus aussi insouciante qu'il y a quelques secondes. La gravité s'est invitée sur son joli minois.
- Jack... il a... il s'est révélé être un beau connard ! Pas autant que Matt, bien sûr, mais y'avait de la concurrence, avoue-t-elle, les yeux écarquillés, en donnant un bref coup de tête sur le côté. Je l'ai surpris en train de parler de moi d'une manière dont seul un gentleman sait le faire.
Je perçois une profonde ironie dans sa voix, couplée à un sourire triste. J'imagine le langage fleuri qu'il a dû employer pour la qualifier. Quel tocard !
Le regard rivé sur la table, elle nous confie ne s'être jamais sentie aussi humiliée de toute sa vie et que c'était la dernière fois qu'elle se la jouait cougar.
- C'est ce que je disais, rien ne vaut un mec d'âge mûr ! répète fièrement Dany, un sourire satisfait sur les lèvres, en croisant les mains derrière sa tête.
Angie et moi levons les yeux au ciel en pouffant de rire. Je suis peinée que mon amie ait dû endurer cet affront, mais je suis également soulagée qu'Hero n'ait pas été le coupable de l'histoire. Je ressens tout de même un peu de culpabilité, liée à cet apaisement. Ma copine conclut son récit en m'expliquant que Morgan les a gentiment pointés vers la sortie, obligeant Jade à écourter son rendez-vous avec Hamza.
- J'espère qu'elle nous en veut pas trop d'avoir gâché sa soirée, s'inquiète Angie. Elle n'a pas décroché pendant tout le trajet et même une fois revenus ici, elle est allée directement à la salle de bain et est venue te rejoindre juste après au lit.
Jade a son petit caractère, c'est vrai, mais je ne pense pas qu'elle puisse leur reprocher quoi que ce soit. Le seul fautif de cette histoire, c'est ce con de Jack, et personne d'autre. D'ailleurs, en parlant du loup, la blondinette émerge à son tour, en se frottant les yeux. Mais, à notre grande surprise, sans nous adresser un regard, elle ne s'arrête pas et continue son chemin vers le salon.
Je me suis peut-être trompée vis-à-vis de la rancune de ma jeune amie !
Tous les trois, nous échangeons un regard perplexe. Je me lève et quitte la pièce pour rejoindre la benjamine de notre trio. Je la trouve assise sur le canapé, les pieds ramenées contre ses cuisses. La télécommande à la main, elle zappe frénétiquement, sans même prêter attention à ce qui se passe sur l'écran. Lèvres pincées, sourcils froncés, elle semble furax. Je m'approche d'elle et prends place sur le pouf, à côté du canapé. Je tiens à ne pas envahir son espace vital, pour éviter qu'elle se sente acculée.
- Qu'est-ce qui ne va pas ? je lui demande.
Sans décolérer, elle continue de changer de chaine, sans me lancer un seul regard.
D'accord, elle m'ignore !
- Il s'est passé quelque chose avec Hamza ? j'insiste, espérant décrocher une réponse de sa part.
Lorsque je mentionne le nom de son petit-ami, Jade me lance un regard noir et lance la télécommande sur le canapé. M'en veut-elle ? En veut-elle à Angie ? A Dany ? Ou peut-être même à Hamza ?
- Il ne veut plus me voir, crache-t-elle. Après que Dany a eu la « brillante » idée de passer ses nerfs sur Jack, il a décrété qu'on ne pouvait pas être ensemble, que ses amis sont comme sa famille et que, quiconque s'en prenait à un des membres... en gros, un ami à moi s'en est pris à un ami à lui, donc plus rien n'est possible entre nous !
Elle conclut sa dernière phrase en pouffant, mais son rire mauvais me donne froid dans le dos. Elle m'apprend également que, pendant le trajet retour, elle a essayé de le faire changer d'avis, à coup de textos, de snaps, de messages sur Instagram, mais il n'a rien voulu savoir. Je distingue des larmes se former au bord de ses yeux, signifiant qu'elle est sur le point de craquer. Elle essaie de contrôler sa tristesse en attisant sa colère, mais ça na pas l'air de fonctionner.
Je me lève et m'assieds à côté d'elle. Je passe un bras autour de ses épaules pour l'attirer vers moi et lui explique alors que Jack a amplement mérité le coup de poing qu'il a reçu de la part de Dany, en lui révélant le comportement outrancier que le pote d'Hamza a eu envers Angie. Elle ferme alors les yeux et porte ses mains devant son visage.
- Quel enfoiré ! s'exclame-t-elle. Si j'avais été celle qui l'avait entendu, je pense aussi que je l'aurais défoncé !
- Alors... t'es pas fâchée contre nous ? demande prudemment Angie, en s'avançant vers nous, suivie de Dany.
Elle secoue la tête, toute trace de contrariété disparue. Ma meilleure amie s'assied sur l'accoudoir et se penche vers nous pour nous prendre dans ses bras. J'ai l'impression que cela fait une éternité que nous n'avons pas partagé de câlin collectif. Je lance un regard en direction de Dany qui, les mains dans ses poches, danse d'un pied sur l'autre, visiblement mal à l'aise.
- Au lieu de rester planté là, viens par ici, je lui dis avec un petit sourire.
Ce dernier lève les yeux au ciel en lançant un « si vous insistez » désinvolte — comme s'il avait besoin de se faire prier — avant de prendre place à côté de Jade. Ses grands bras nous entourent quasiment toutes et je remarque un sourire sur le visage du rebelle.
- C'est la première fois que je me retrouve avec autant de filles dans les bras, lance-t-il d'une voix faussement aguicheuse. Je savais que vous n'alliez pas résister longtemps à mon charme !
Nous nous mettons toutes à rire et Angie lui assène une petite tape sur le bras. J'avoue que cela me fait un bien fou de me retrouver avec les gens qui comptent à mes yeux. Les gens que j'aime.
- Les filles... Dany, écoutez... quand je me suis retrouvée seule hier soir, en rentrant, ça m'a permis de réfléchir et j'ai pris conscience de deux choses, je leur annonce, brisant le silence et ce moment de complicité par la même occasion. La première, et elle nous concerne tous, serait de trouver un appartement un peu plus grand. Celui-ci est trop petit pour abriter autant de monde et le manque d'intimité va se faire ressentir au bout d'un certain temps. De cette manière, Jade n'aura pas plus besoin de vivre en cité U et Dany et moi ne serons plus SDF. Vous en pensez quoi ?
Mes amis semblent prendre en considération ma proposition, s'enthousiasmant à la perspective de vivre tous ensemble. L'un d'eux compare même notre future situation à la série « Friends ». Nous évoquons le problème du loyer, qui sera seulement diviser en trois, selon le montant, Jade ne bénéficiant que d'une bourse couvrant à peine ses frais universitaires. Angie et moi travaillons, ce qui ne pose aucun problème, mais Dany va devoir se mettre à la recherche d'un emploi, et vite. Je doute que son père le reprenne au magasin. J'essaierai, tout de même, de le convaincre de reprendre son fils quand je retournerai au boulot.
- Et, c'est quoi, la deuxième chose que tu as à nous dire ? me demande Jade, alors que toutes les têtes se tournent vers moi.
Je prends une profonde inspiration avant de répondre.
- Celle-là, elle est plus personnelle, je commence. Avec tout ce qui s'est passé cette semaine, j'ai besoin de faire un break, de prendre du recul, de me recentrer sur moi-même. En sept petits jours, j'ai vécu autant de bonheurs que de malheurs et je n'arrive pas à démêler tout ce que je ressens. Donc... j'ai décidé...
J'appréhende la réaction de mes amis, quant à la décision que j'ai prise avant de m'endormir cette nuit. Et je sais que c'est la meilleure des choses à faire pour moi, à cet instant.
- J'ai donc décidé de quitter Londres pendant quelques temps, je leur annonce de but en blanc.
Un silence de plomb s'abat sur nous, tandis que les bouches de mes amis s'ouvrent les unes après les autres, abasourdis par ma suggestion, qui n'en est pas vraiment une, car je ne reviendrai pas sur mon choix. Il est primordial que je change d'air.
- Combien de temps tu vas partir ? Et d'abord, tu pars où ? me demande Angie, en mode inquisitrice.
- Je ne sais pas encore. Peut-être quelques jours, ou la durée du reste de mes congés, je réponds. Et ma destination n'est autre que Sandgate, mon village natal. Je vais rester chez ma grand-mère, le temps de faire le point.
Un nouveau silence s'installe dans la pièce. Mes amis échangent des regards circonspects avant de reporter leur attention sur moi.
- Non, mais... tu ne peux pas rester au-delà de samedi, intervient Jade. Et ton anniversaire ?
J'avais complètement oublié ce détail. Pourtant, la blondinette m'a rebattu les oreilles plus d'une fois avec cette histoire. Honnêtement, je n'ai pas trop la tête à fêter quoi que ce soit, surtout depuis hier.
- Ecoute, je te remercie infiniment de t'investir autant pour célébrer mon vieillissement, mais je crois que cette année, on va faire l'impasse sur la fête, d'accord ?
La blondinette baisse la tête mais se résigne à accepter ma décision. Je me lève pour me diriger vers le couloir, lorsque la voix de Dany m'interpelle :
- Et tu pars quand, exactement ?
Je m'arrête, me retourne pour lui faire face — leur faire face — et réponds :
- Je prends ma douche, m'habille, fais ma valiser et je trace la route juste après...
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