29.

Le karma existe-t-il vraiment ? Je me le demande bien. C'est la question que je me pose en ce moment même. Maintenant que j'ai tout perdu, que je suis seule, sans personne sur qui compter... J'ai refait plusieurs fois le film de ma vie dans ma tête pour comprendre comment j'ai pu me mettre dans une telle situation... Je n'aurais jamais dû changer. J'avais l'habitude de tout analyser, de me prendre la tête pour la moindre chose et cela me tenait hors de danger et loin des problèmes. Mais, dès que j'ai pris la décision de mettre mon cerveau sur pause, c'est à partir de là que tout a dérapé...

*

Je suis devant la porte de l'appartement d'Hero, dans le quartier de South London. Mon trajet jusqu'ici s'est avéré plus périlleux que prévu.

Petit flashback...

Pour commencer, je me suis aperçue, une fois que Dany m'avait « gentiment » claqué la porte au nez, que j'étais toujours en pyjama ! Honnêtement, je ne me voyais pas déambuler dans les rues de la ville avec un débardeur blanc et mon short rose à dentelles, qu'Hero « affectionne » particulièrement. Je devrais peut-être lui en faire cadeau... J'imagine déjà sa tête dépitée, ce qui m'arrache un léger sourire. Quand bien même, ce bout de tissu hideux rappelle également d'autres souvenirs plus... agréables !

Enfin bref, pour en revenir à nos moutons, j'ai mis plus de cinq minutes à convaincre Dany de me laisser entrer de nouveau. J'ai tambouriné comme une malade, attirant l'attention de la voisine, qui a dû me prendre pour une folle de me voir dans le hall, vêtue de cet accoutrement. Heureusement, Angie a mis fin à mon calvaire et m'a trainé jusque dans la chambre, en prenant soin de refermer la porte. Et, durant les quelques mètres séparant l'entrée de la pièce de repos que j'ai dû parcourir en trottant — Angie avançait d'un pas très pressé et rageur — j'ai senti la poigne sévère de ma meilleure amie sur mon avant-bras et ses doigts s'enfoncer furieusement dans ma chair. J'en ai déduit qu'elle m'en voulait d'avoir laissé entrer Dany. Bien évidemment, durant son intervention, elle n'a adressé aucun regard vers le rebelle aux boucles brunes.

- Non, mais je peux savoir ce qu'il fout là ? s'écrit-elle en me fusillant du regard et en tendant son bras vers la personne non-désirée se trouvant derrière la porte. Pourquoi tu l'as laissé entrer ?

Je confirme ! Elle est furieuse contre moi...

- Angie, avant que tu t'énerves...

- M'énerver ?! Non, c'est pas de l'énervement, là ! pouffe-t-elle de manière mauvaise, les yeux sur le point de sortir de leurs orbites tant ils sont écarquillés. J'ai des pulsions meurtrières quand je le vois, d'accord ? Vaut mieux pour lui qu'il dégage !

Je savais que ma meilleure amie éprouvait une certaine rancune envers Dany, mais je n'imaginais pas que c'était à ce point-là. J'ai eu beau mettre mon ancien collègue en garde, je crois que j'ai sous-estimé les sentiments belliqueux d'Angie à son égard. Et, malheureusement, quand elle est dans cet état d'irascibilité extrême, il est presque impossible de parlementer avec elle.

Jade s'est trompée d'ennemi lorsqu'elle a parlé de bain de sang...

- Il veut te parler, et même s'excuser, je pense. Laisse-lui une chance, s'il te plait. Et après, s'il ne t'a pas convaincu, tu décideras de son châtiment, d'accord ?

- S'excuser ? répète-t-elle, une grosse pointe d'ironie dans la voix. J'aimerais bien entendre ça, tiens !

Alors qu'elle part dans des délires grotesques, où les mots « rames », « galère », « connard » et « crever » sont prononcés parmi tant d'autres qui ne retiennent pas mon attention, je consulte l'écran de mon portable pour m'assurer que je ne suis pas en retard pour mon rendez-vous avec Hero. Je suis encore dans les temps, mais il ne faudrait pas que je traîne !

- Vous savez que je peux vous entendre, n'est-ce pas ? intervient Dany, sa voix lointaine provenant du couloir.

Ma meilleure amie soupire, en levant les yeux au ciel. Elle bouillonne de l'intérieur, et je pourrais jurer la voir mentalement défoncer cette porte pour fondre sur ce pauvre garçon et enrouler ses mains autour de sa gorge.

- Ecoute, ce n'est pas que je m'ennuie, mais je... sors ce soir et j'aurais besoin d'emprunter une de tes tenues, je lui lance, coupant court à ses rêves de vengeance.

Angie s'arrête dans ses divagations et fixe son regard marron hébété sur moi, interloquée par mes propos. En couple pendant cinq ans, ce n'était pas le genre de phrase que je sortais souvent. En fait, jamais.

- T'as... un rencard ? Toi, June Robbins, tu vas passer la soirée avec un homme ? me demande-t-elle d'une voix plus calme et un sourire plein de sous-entendus.

A mon tour de soupirer en faisant rouler mes yeux, quitte à filer un bon torticolis à mon nerf optique. Elle est obligée d'en faire des caisses, alors qu'il n'y a vraiment rien d'exceptionnel. Au moins, ça aura eu le mérite de calmer la soif de sang de ma colocataire.

- Et... par pitié, dis-moi que l'heureux élu est le magnifique mannequin aux yeux verts hypnotiques qui te dévore du regard à chaque fois qu'il te voit ?

Je plisse les yeux et pince les lèvres. Devant mon silence et, sans se départir de son sourire agaçant, elle s'amuse à hausser ses sourcils de façon comique, pour appuyer encore plus son évidente allusion. Pourquoi confirmer ses insinuations alors qu'elle connait déjà la réponse ?

- Bon, est-ce que tu aurais une tenue à me conseiller ? je m'impatiente.

Une excitation soudaine se lit sur son visage et elle se rue vers son dressing. A une vitesse hallucinante, elle fait défiler des tee-shirts, des débardeurs, des jupes, des shorts, des pantalons... Franchement, avec toutes les fringues qu'elle a, elle pourrait ouvrir un magasin.

Le nez fourré dans sa penderie, elle me pose tout un tas de questions sur le futur déroulement de la soirée et, surtout, sur son dénouement... Soi-disant que ça l'aidera pour sélectionner des vêtements adéquats !

- Eh bien... le but de notre rendez-vous, c'est de... lui et moi... enfin, tu vois, quoi ! je bredouille, rouge comme une pivoine, en faisant des gestes incompréhensibles avec mes mains.

Angie laisse tomber le chemisier et le jean qu'elle tenait dans ses mains, tant mes propos la surprennent. Je décèle tout à coup énormément de fierté dans ses yeux. J'ai l'impression d'avoir gagné une médaille olympique.

- Awww June... murmure-t-elle d'une voix suraigüe, en portant ses mains à ses joues. Tu veux dire que... tu as accepté sa proposition ?

J'apprécie le fait qu'elle ne soit pas trop explicite à propos du sexe, même si ça lui démange la langue. C'est un sujet dont j'ai du mal à parler, même avec ma meilleure amie. Je sais, je suis trop pudique, voire même prude pour certains, mais je ne suis pas du genre à dégainer un « baise », « bite » ou « chatte » à tire-larigot dès qu'on parle de ça. Ceci dit, entendre ce genre de langage fleuri sortir de la bouche de quelqu'un d'autre — comme celle d'Hero, par exemple — surtout à un certain moment, là, c'est une autre histoire...

- Tu ferais mieux de t'assoir avant que je te dise que c'est même moi qui l'ai appelé pour lui proposer... ça, je lâche, attendant impatiemment sa réaction.

Effectivement, la mâchoire d'Angie lui en tomberait presque. Je précise rapidement que Jade a joué un rôle majeur dans cette opération et que, sans elle, j'aurais certainement continué de chiller devant Netflix.

- Je pense qu'il est temps que la « nouvelle June » entre enfin en scène ! je lui annonce. Et, pour débuter, autant aller se faire butiner le pistil par un des plus beaux mecs de Londres, tu ne crois pas ?

La fierté dans les yeux sombres de ma meilleure amie redouble et elle vient me prendre dans ses bras.

- Juste un truc, dit-elle à voix basse. Euh... « se faire butiner le pistil »... Vraiment, June ? Non, ça, c'est bon pour les collégiennes prépubères, pas une femme d'âge mûr comme toi. Si tu veux réellement devenir la nouvelle toi, tu dois adapter ton vocabulaire !

- Je suis d'accord ! proclame Dany, confiné dans le couloir.

- Toi, on t'a rien demandé ! l'engueule Angie, juste à côté de mon oreille.

J'ai un mouvement de recul lorsque les notes aigües de sa voix furibonde viennent assourdir mon tympan, qui se met à siffler. Je mets fin à notre accolade et ma colocataire retourne chercher la tenue qu'il me faut et qui finira, d'une manière ou d'une autre, sur le sol de l'appartement d'Hero. Enfin... si tout se passe bien !

- Au fait, étant donné ton expérience dans ce domaine, tu peux me dire rapidement comment se passe... ce genre de choses ? je lui demande, un peu honteuse, en croisant les bras sur ma poitrine.

Angie se retourne lentement vers moi, la mine perplexe. Elle arque un sourcil interrogateur, peu certaine du sens de ma question.

- Je dois vraiment te faire un dessin ?

- Sérieusement, Ang' ! je rouspète, en décroisant mes bras, les laissant ballant le long de mon corps. Les... plans cul, j'ai jamais fait ça ! Je veux dire... comment je dois me comporter ? Est-ce que je dois partir une fois... qu'on l'a fait ? J'ai vu des films et des séries où il y avait des scènes de ce type mais... toi, qui es une experte, s'il te plait... je n'ai vraiment pas envie de me ridiculiser !

Ma meilleure amie pince ses lèvres tout en arborant un air songeur. Malgré tout, je peux distinguer une certaine fierté découlant de mon « compliment » sur son expérience de femme volage professionnelle.

- Tu sais quoi ? La « nouvelle June » devrait être moins prise de tête, arrêter d'analyser tout et n'importe quoi. Tu devrais être excitée, au lieu d'être toute stressée et contrite !

Sa réponse ne me satisfait pas du tout, et je le lui fais clairement comprendre en l'assassinant du regard. Elle soupire avant de réviser sa réponse :

- Bon, okay... « vieille June » ! commence-t-elle en me faisant des gros yeux. Il n'y a pas vraiment de code de conduite. Tu dois te laisser guider. Chaque situation est différente selon ton partenaire. Dans mon cas, je m'arrange toujours pour diriger les choses. Je suis celle qui décide de la marche à suivre, et le mec n'a plus qu'à suivre. Parfois, je reste dormir chez eux, d'autres, je préfère rentrer dès que j'ai fini de m'amuser... Mais, si tu veux un conseil : arrête de réfléchir et laisse-toi porter !

« Vieille June » ?? Je t'en foutrais de la « vielle moi » !

Mouais... je ne suis pas plus avancée. Je m'attendais à ce qu'elle me délivre un mode d'emploi à appliquer à la lettre. Au lieu de ça...

Ma colocataire se remet à la recherche de ma tenue. Quelques secondes plus tard, le visage radieux, Angie se retourne, tenant une robe rouge avec des petites fleurs jaunes comme s'il s'agissait du Graal.

- Celle-là ! souffle-t-elle solennellement, en me tendant l'habit.

C'est un très joli vêtement au tissu léger et dont les bretelles se nouent au niveau des épaules. Elle est ajustée au niveau du buste et plus ample en dessous de la taille. Le décolleté n'est pas trop exagéré, ce qui me convient parfaitement. J'adresse un sourire à ma conseillère mode avant d'ôter mon pyjama et d'enfiler cette belle robe. Elle est confortable et s'accorde bien avec ce temps printanier.

Faut vraiment que je m'occupe de faire rapatrier mes affaires de chez Matt !

Avant de me laisser partir, Angie insiste pour arranger ma coiffure et m'appliquer un maquillage discret. J'approche de la coiffeuse et mon amie s'attaque d'abord à ma tignasse brune aux frisottis incontrôlables. Elle noue mes cheveux en une queue de cheval mi-haute, laissant dépasser quelques mèches devant mes oreilles et sur les côtés. Pour ce qui est du make-up, elle brosse mes paupières avec du fard doré et allonge mes cils avec un mascara, sans oublier la touche de rouge à lèvres matchant ma tenue. Et, pour compléter l'ensemble, elle me prête une paire de ballerines noires.

Angie fait un pas en arrière et m'examine de la tête aux pieds, en portant sa main devant sa bouche, visiblement émue.

- Hero va tellement craquer en te voyant ! s'exclame-t-elle. Allez, file maintenant... et éclate-toi au pieu comme une bête, sans te triturer les méninges !

Pas besoin de rajouter de blush sur mes joues, elle adoptent une teinte cramoisie naturellement en entendant les propos sans gêne de ma meilleure amie. Malgré mon embarras, je lui adresse un sourire et me dirige vers la porte. Je fonce dans le couloir, où je retrouve Dany, adossé contre le mur, les bras croisés sur sa poitrine.

- Bonne chance avec Angie, je lui lance en passant prestement devant lui.

- Bonne baise, ma grande ! clame mon nouveau copain, alors que j'atteins la porte d'entrée, non sans rougir une seconde fois en l'espace d'une minute.

Je pouvais à présent les laisser s'entretuer. Voilà, pour le premier péril que j'ai dû affronter. Mais comme une tuile n'arrive jamais seule... C'est comme les malheurs, ça !

Pour aller plus vite, ayant accumulé un peu de retard avec les retouches de dernière minute, j'opte pour me rendre chez Hero avec ma voiture. Les transports en commun, c'est bien, mais je n'ai pas envie de me retrouver serrée comme une sardine dans une rame de métro, où les odeurs émanant des corps me frôlant pourraient venir se coller sur mes vêtements et, étant légèrement stressée, le calme ambiant de mon habitacle, diffusant une musique relaxante me parait être la meilleure solution.

Décidément, ce début de soirée ne se déroule pas du tout comme prévu ! Après m'être retrouvée enfermée de force en pyjama dans le couloir de l'immeuble, à la vue curieuse de ma voisine, une autre complication vient s'ajouter à cette fin de journée déjà chaotique : le mauvais temps !

Je suis en voiture... en quoi la pluie battante — il a fait si beau pourtant aujourd'hui ! — typique de la météo londonienne pourrait venir contrecarrer mes plans, peut-on se demander ? J'y arrive...

Je repère facilement le lotissement résidentiel où l'immeuble d'Hero est situé, alors que « Feel Good Inc » de Gorillaz passe à la radio, tout en marmonnant les paroles du bout des lèvres. C'est déjà une victoire en soi, South London n'étant, ni plus ni moins qu'un dédale de rues où toutes les demeures se suivent et se ressemblent. Malheureusement ce petit triomphe est de courte durée, car je ne trouve aucune place pour me garer. C'est bien ma veine !

Je fais deux fois le tour du pâté de maison, à la recherche d'un petit espace où caler ma Mini. Elle ne prend pas beaucoup de place, pourtant ! C'est vraiment un enfer pour se garer ici. Je commence à désespérer lorsque je vois une voiture déboiter pour s'insérer dans la faible circulation. Enfin ! Je me rue dans le petit espace vide afin d'y parquer mon véhicule. Les gouttes d'eau s'écrasent bruyamment avec violence sur mon pare-brise et l'averse n'a pas l'air de vouloir se calmer. Je regarde rapidement à quelle distance je me trouve du domicile d'Hero.

Six-cent cinquante mètres ?! C'est une blague, j'espère, Google Maps !?

En soi, ce n'est pas loin, je le conçois mais, vêtue d'une robe d'été sans parapluie ni veste pour me protéger, je vais faire face à un ouragan ! J'imagine déjà l'état dans lequel il va me trouver... Non, il ne peut pas me voir trempée jusqu'à l'os, le maquillage coulant sur mes joues, mes cheveux aplatis par l'eau.

Ai-je d'autres choix, vraiment ? L'heure ne joue pas en ma faveur, et je n'ai pas envie de lui poser un lapin pour cause d'intempéries...  Que ferait la « nouvelle June » ? Je dois arrêter de me poser des questions et foncer !

Peut-être en courant assez vite... je n'éviterais pas les gouttes, ça, c'est clair, mais j'aurais le mérite de diminuer les dégâts !

Je prends une profonde inspiration et ouvre la portière. En même pas une seconde, mon bras est déjà dégoulinant, mais qu'à cela ne tienne ! Ce n'est pas une petite ondée qui va me faire peur !

Je m'extirpe de l'habitacle et fonce dans la rue, sous le déluge qui s'abat sur moi. Je peux le faire ! Je peux le faire ! Je cours de toutes mes forces et arrive bientôt à bout de souffle, à peine cent mètres plus loin. J'ai toujours eu horreur de courir, et les séances d'athlétisme en cours de sport à l'école ont été un vrai traumatisme pour moi !

Pour arranger mon cas, le vent vient se joindre à la partie et se déchaine, m'empêchant d'avancer plus vite. Tous les éléments se liguent contre moi ! C'est une conspiration cosmique, c'est ça ? Manquerait que l'orage et la grêle, et là, ce serait le pompon !

Foutu pour foutu, j'arrête de courir et marche comme une âme en peine le long du trottoir, histoire de calmer ma respiration, mes poumons brûlant de cet excès d'efforts physiques. J'arrive finalement devant les marches de l'immeuble de Hero, que je gravis sans grande conviction, à présent...

C'est bon, nous sommes à jour...

Je suis devant la porte de l'appartement d'Hero, dans le quartier de South London... trempée comme une soupe. Avant de monter, j'ai pu constater le désastre ambulant que je suis dans un miroir se trouvant au rez-de-chaussée. Pour la faire courte, autant dire que ma mise en beauté a tourné à une mise en laideur. Je ne veux pas me présenter comme ça devant lui, mais je n'ai pas vraiment le choix. Dans le meilleur des cas, il rira de mes malheurs... Et dans le pire...

La  « nouvelle June » doit penser positif !

Je secoue la tête et des gouttes giclent de la pointe de ma queue de cheval, pour venir s'écraser contre le mur et la porte blanche. Même ma robe, collante, perle sur le tapis posé devant l'entrée. Je ne vais quand même pas rester plantée là, à inonder le couloir !

Je prends une grande inspiration avant d'appuyer sur le bouton de la sonnette. Dès qu'il ouvrira, je serais face à mon destin. Impossible de faire marche arrière !

Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvre et, lorsqu'il me voit, Hero écarquille les yeux, en détaillant mon état calamiteux de la tête aux pieds. Ce date commence de la pire des manières. Honnêtement, j'ai envie de prendre mes jambes à mon cou et de me barrer le plus vite possible. Je préfère une nouvelle fois me prendre des litres d'eau dans la tronche plutôt que de m'infliger une humiliation non nécessaire.

La « nouvelle June » ne fuit pas ! Elle se frotte à toutes les situations, même les plus inconfortables !

Les bras croisés contre ma poitrine, la tête rentrée dans mes épaules, je lui adresse un sourire timide et gêné.

- Wow, entre ! m'invite Hero hâtivement.

Je m'exécute sans me faire prier. Il referme la porte derrière moi, tandis que je continue de conserver le peu de chaleur qu'il me reste avec mon armure de bras. Je sens la chair de poule se former sur la surface de ma peau, et je commence à claquer des dents. Chat noir comme je suis, je vais choper une crève d'enfer !

- Si tu veux, je peux faire sécher tes vêtements, me propose Hero, et te prêter des fringues, en attendant.

J'accepte rapidement sa proposition, préférant éviter la pneumonie. Il me demande de le suivre jusqu'à la salle de bain, ce que j'apprécie. Je ne me voyais pas me déshabiller, comme ça, devant lui. Oui, je sais, il m'a déjà vue complètement nue, mais c'était dans d'autres circonstances.

Alors que j'attends devant la porte de la salle d'eau, il revient, quelques secondes plus tard, des habits dans la main, qu'il me tend. Je le remercie et m'en empare, tandis que je m'engouffre dans la pièce, en prenant soin de fermer la porte. Je déplie le tissu blanc, qui se trouve être un immense tee-shirt, trois fois trop grand pour moi. J'ôte mes vêtements et m'éponge avec une serviette. Je l'enfile sans mal et, comme je le pressentais, il m'arrive à mi-cuisse, à l'image de la robe que je portais. Si le short est du même gabarit, je vais pouvoir m'en faire un pantalon. L'essai n'étant pas concluant, je laisse tomber le bas. On dirait une mini joueuse de basketball portant des vêtements surdimensionnés. Non, ça ne va pas le faire...

Après avoir revêtu le tee-shirt d'Hero, je m'attarde devant le miroir. A l'aide d'une lingette, j'efface le surplus de maquillage étalé ailleurs que sur mes yeux et prends la peine de me recoiffer. Je défais ma queue de cheval et essore mes longs cheveux dans la serviette avant de les réunir en un chignon au-dessus de ma tête. Je suis beaucoup moins classe que prévu, mais ça fera l'affaire. La prochaine fois, je prendrai un équipement complet waterproof !

Quelques minutes plus tard, je ressors et regagne le salon, où Hero m'attend sur le canapé. Devant lui, une tasse fumante posée sur la table basse. Pieds nus sur le carrelage blanc, j'approche de lui, et aperçois ma robe étendue sur le radiateur et mes ballerines retournées sur le côté chauffant. Timidement, je prends place sur le canapé, à une distance raisonnable. Il me tend gentiment la tasse, autour de laquelle j'enroule mes doigts. Le contact de ma peau fraîche avec l'objet chaud me provoque des frissons.

- Je t'ai préparée un thé, m'annonce-t-il avec un léger sourire. Tu te sens mieux ?

Tout en sirotant une gorgée de la boisson à la menthe, je hoche la tête avant de préciser :

- Pour être honnête, je ne pensais pas porter tes vêtements aussi rapidement ! je m'esclaffe. Oui, parce qu'en général, la fille... elle met les habits du gars après... tu sais !

J'essaie de me la jouer désinvolte mais, au fur et à mesure que ces débilités sortent de ma bouche, je me sens rougir et j'aimerais me faire toute petite et disparaître. Il doit vraiment penser que je suis dingue. Je me désespère tellement, à cet instant !

Bois ton thé et arrête de dire des conneries... Mon dieu !

- Ouais, mais depuis le début, on ne peut pas dire qu'on ait fait les choses dans l'ordre, toi et moi... murmure-t-il en s'appuyant de côté contre le dossier du canapé, son regard émeraude rivé sur mon visage et un sourire plus que suggestif plaqué sur ses belles lèvres charnues.

Ça, c'est sûr ! Dès notre rencontre, il avait déjà envie de « me prendre », pour citer les termes exacts... Et, par la suite, une espèce de connexion s'est établie entre nous, sans que j'en comprenne la raison... Mais, au fond, y'a-t-il quelque chose à comprendre ?

- Je peux te poser une question ? me demande-t-il en fronçant légèrement les sourcils.

- Bien sûr.

- Qu'est-ce qui t'a décidé à... venir me voir, ce soir ?

Sa magnifique et douce voix est empreinte de curiosité. Accoudé contre le dossier du canapé, le poing collé contre sa tempe, il continue de me fixer intensément, ce qui a le don de me déstabiliser.

- Eh bien... pour une fois depuis un long moment, tout va bien dans ma vie, je confesse avec un sourire. J'ai deux supers amies à qui je confierais jusqu'à ma vie et qui m'ont témoigné leur soutien après une semaine plutôt compliquée, j'ai pu exercer le métier de mes rêves... en partie, grâce à toi et, cerise sur le gâteau... Dany est sorti de prison cet après-midi ! Je ne sais pas par quel miracle c'est arrivé, mais Matt a retiré sa plainte ! Tu le vis, ça ? Enfin, c'est pas comme si tu le connaissais mais... une once d'humanité bien enfouie en lui a dû le pousser à agir correctement !

A ce moment-là, Hero passe la main dans ses cheveux et se gratte la tête, l'air embarrassé. Oh... mais je suis trop bête ! Parler de son ex, alors qu'on est en rencard, c'est vraiment la dernière chose à faire !

Change de sujet ! Vite !

- Oh, euh... Et puis, même si je le clame depuis quelques temps déjà, j'ai envie que la « nouvelle June » fasse enfin son apparition, et laisser l'ancienne version au placard, fermé à double tours. Et, quoi de mieux pour sauter le pas que...

... de se faire sauter par le plus beau mec qu'il m'ait été donné de voir ?!

- que de... que de... je bafouille, ma conscience m'embrouillant avec des pensées impures. Que de... le faire en bonne compagnie ?

Je ne trouve rien de mieux pour conclure ma tirade pourtant si bien partie. Il a fallu que mes hormones aillent corrompre le peu de raison qui me reste lorsqu'il s'agit d'Hero. D'ailleurs, devant mon échec cuisant, ce dernier lâche un petit rire et, une nuée de papillons s'envole immédiatement dans mon ventre. Tout en cachant mes yeux d'une main, je ne tarde pas à me joindre à lui, tant la situation est ridicule.

- Je ne suis vraiment pas douée pour ce genre de choses, j'admets, toujours en pouffant. Ça n'aurait pas dû se passer comme ça... Tu sais que j'ai failli débarquer en pyjama ? En plus, je portais ce joli short rose que tu aimes tant... et ensuite la pluie ! Y'a tout qui va de travers...

Hero se met de nouveau à rire à l'évocation du short. Il avait tellement insulté et maltraité ce bout de tissu qu'à chaque fois que je le vois ou le porte, je ne peux m'empêcher de penser à lui.

- Tu n'aurais JAMAIS passé la porte de cet appart' avec cette monstruosité dessus ! se moque-t-il, ses deux billes vertes rondes braquées sur moi. Fais brûler cette horreur, par pitié !

Mes rires redoublent en voyant son expression faussement horrifiée, ce qui a le don de me détendre. Petit à petit, il retrouve son sérieux, et je fais de même.

- Et, d'après toi... comment aurait dû se dérouler ce début de soirée ? me demande-t-il, sa voix ayant pris une timbre plus grave et rauque.

Il me tend une perche, là... IL ME TEND UNE PUTAIN DE PERCHE !

Je crois que c'est le top départ pour l'entrée officielle de la « nouvelle June » dans ce monde. Je respire un bon coup, adopte la même position que lui pour lui faire face et me donner plus d'assurance, et finit par me racler la gorge avant de me lancer :

- Tout d'abord, j'aurais laissé la pluie de côté, parce qu'elle a clairement ruiné mon maquillage et cette jolie robe que j'avais enfilé spécialement pour toi.

Je suis surprise par le calme dont je fais preuve. Malgré mon cœur qui martèle comme un fou dans ma poitrine — et, pour une fois, ce n'est pas du stress... mais de l'excitation — ma voix ne tremble pas, au contraire, elle a un petit côté suave, ce qui m'étonne grandement. Je fais preuve d'une soudaine assurance qui me désarçonne. J'ai l'impression de me la jouer un peu « femme fatale ».

- Ensuite, je poursuis, on aurait bu un verre, histoire de se mettre dans l'ambiance, échanger quelques banalités... puis tes doigts seraient venus titiller les nœuds de mes bretelles sur mes épaules, que tu n'aurais pas tarder à défaire d'une main de maitre. Ma robe aurait glissé le long de mon corps, mis à nu. Et... à partir de là, je te laisse décider de la suite du programme...

Oh, putain ! C'est vraiment moi qui ai dit ça ???!!!

La bouche pulpeuse d'Hero s'entrouvre et ses yeux s'assombrissent. Il déglutit avec difficulté, ses joues prenant une teinte légèrement rosée, une sensation qu'il m'a fait vivre plus d'une fois depuis que je le connais. Je ne peux réprimer un sourire devant sa réaction. Ce qui me fait penser... aurais-je le contrôle de la situation, Mister Fiennes-Tiffin ?

En une fraction de seconde, il reprend contenance et s'approche de moi, sans quitter sa position, réduisant l'espace entre nous. Les yeux rivés sur mon épaule, il y pose délicatement le bout de son index et de son majeur, tout en prenant un air songeur.

- Déjà, je trouve que les robes, c'est surfait, commence-t-il, en entamant une lente descente de sa main vers mon bras. Ne te méprends pas, cette tenue t'allait à ravir et, contrairement à toi, je remercie la pluie de m'avoir offert une magnifique vue sur ton corps, sans avoir besoin de te déshabiller.

Un petit sourire en coin nait sur son visage, creusant la petite fossette dans sa joue, qui me fait tellement craquer.

- Mais, te voir dans mon tee-shirt... je trouve ça plus... sexy, murmure-t-il, insistant bien sur le dernier mot. Et, je suis encore plus heureux que tu n'aies pas mis le short.

Sa main continue de descendre et atteint la peau nue de mon bras. Immédiatement, des frissons apparaissent, comme si mon épiderme savait à l'avance comment réagir à son toucher. Il le sait, il le sent. Je le vois à son sourire, qui s'étire un peu plus. Il relève ses yeux et les ancre dans les miens, la bouche toujours légèrement entrouverte. Si mon cœur jouait déjà au pivert sous Red Bull auparavant, il s'est désormais mis en mode marteau-piqueur. Sans compter l'énorme boule dans le ventre qui vrille tout mon système digestif.

- Et... en-ensuite ? je bafouille, tant l'intensité de son regard me perturbe.

Hero s'avance encore plus vers moi, et le peu d'espace qui nous séparait est définitivement réduit à néant. J'ai chaud, très très chaud, malgré la chair de poule sur mes bras, et le reste de mon corps. Nos genoux se touchent, tandis que ses doigts, qui finissent par atteindre ma main, s'entremêlent aux miens.

- Ensuite... je te donnerai du plaisir jusqu'à ce que tu en tombes d'épuisement, je te ferais crier mon prénom jusqu'à ce que tu n'aies plus de voix. Je vais te baiser comme jamais personne ne l'a fait avant, m'assure-t-il d'une voix rauque et sensuelle.

PUTAIN. DE. MERDE ! A mon tour d'ouvrir la bouche pour essayer de capter un peu d'oxygène avant de faire une syncope. Il m'a achevé, et juste avec des mots !

Hero se penche vers moi, collant ses lèvres à mon oreille, et rien que ce frôlement fait de nouveau naitre une série de frissons, couplée à une décharge électrique se répercutant directement dans la région sud de mon anatomie. Il retire sa main de la mienne pour venir en poser le dos au-dessus de ma poitrine.

- Et, je peux dire d'avance que ce programme semble te plaire, murmure le jeune mannequin d'un ton sûr, tandis que sa main entreprend une lente descente. Même si le tee-shirt est ample, je sais que tes seins sont dressés, prêts à être torturés sous mes caresses. En plus, ma tâche est facilitée puisque tu es venue ici sans soutien-gorge.

Au même moment, ses doigts s'arrêtent sur la région sensible de ma poitrine et en pincent l'extrémité, ce qui me fait sursauter tout en lâchant un petit cri, mêlant surprise et plaisir. Je suis obligée de soutenir le poids de mon corps, qui se transforme de plus en plus en guimauve, à l'aide de mes bras, appuyés sur l'assise du canapé, de part et d'autre de mes hanches.

- Je me souviens que tu aimes bien être touchée à cet endroit, continue-t-il de susurrer, alors que sa main s'attarde sur mon téton.

Je ferme les yeux, sentant les ondes de plaisir se décharger à travers mon corps. Je mords ma lèvre pour éviter de crier de nouveau. Il délaisse rapidement cette zone pour poursuivre sa course toujours plus bas, ses doigts glissant avec lenteur, creusant un sillon de tressaillements. Il soulève un peu l'ourlet du tee-shirt pour accéder à l'élastique de ma culotte, sous lequel il faufile son majeur, s'amusant à caresser la peau de mon bas-ventre. Cette sensation est plus qu'enivrante. La chair de poule est une nouvelle fois au rendez-vous.

- Et là... juste , un torrent doit être en train d'inonder tes dessous, continue-t-il de m'allumer, un sourire dans la voix, en faisant claquer la bande étirable de ma lingerie.

Je lâche un gémissement, ce qui satisfait mon partenaire. Effectivement, une moiteur inconfortable est déjà bien présente dans mon entrejambe. Et encore... moiteur est un mot faible. Les chutes du Niagara ne sont que des petits filets d'eau, à côté de ce qui se passe entre mes cuisses. Franchement, il sait y faire. Je ne crois pas avoir été allumée comme ça de toute ma vie. Et dire qu'il a à peine vingt piges ! Il est le digne descendant de Casanova... mais en british !

- C'est... c'est de ta... fauuuute, j'arrive à bredouiller, mes sens complètement retournés par ses propos salaces.

- Et je plaide totalement coupable, bordel ! pouffe-t-il.

Je souris en entendant cette douce mélodie dont je suis plus que friande. Je crois qu'après le sexe, c'est ce qui me fait le plus planer chez lui. Je pourrais l'écouter rire toute la journée. Toute ma vie, même.

- Putain, June... dis-moi que tu veux, murmure Hero, dont le souffle chaud s'écrase contre mon oreille, sa main s'aventurant de plus en plus vers mon intimité. Dis-moi que tu veux que je te baise jusqu'à plus soif...

Sa voix n'est plus que supplique, tandis que sa main atteint ma région chaude et humide. Ses doigts ne tardent pas à caresser délicatement mon clitoris et un gémissement s'échappe de ma bouche. Hero enfouit son visage dans mon cou et je sens ses lèvres suçoter la peau fine de ma nuque.

- Je... veux, j'essaie de formuler alors que je me perds dans le tourbillon de sensations qu'il fait naitre en moi.

- June...

Je tente de regagner le peu de raison qui me reste quelque part, tant la majorité de mon corps est corrompu par ses caresses et ses promesses d'une nuit inoubliable.

- B-Baise-moi, Hero, j'arrive enfin à gémir entre deux vagues de plaisir.

Sans plus tarder, mon partenaire s'éloigne pour se repositionner au-dessus de moi, me dominant complètement. Il m'attrape par les cuisses, un sourire satisfait sur le visage, et me tire jusqu'à être allongée sur le canapé. Dans le processus, le tee-shirt est remonté, dévoilant ma culotte rouge — initialement assortie à la robe — ainsi qu'une bonne partie de mon ventre, le reste du tissu recouvrant encore ma poitrine.

Pas pour longtemps...

Comme prévu, Hero me débarrasse rapidement de mon sous-vêtement, me retrouvant totalement exposée à sa vue. Il se délecte du spectacle, tout en retirant son tee-shirt noir, dévoilant son torse mince. A mon tour de me régaler les pupilles. Il ôte également son pantalon, ne portant plus qu'un boxer noir. Se faufilant entre mes jambes, il ne me quitte pas du regard. Un de ses mains retourne se nicher entre mes cuisses, pour reprendre son rituel, pour mon plus grand bonheur. Je suis complètement à sa merci.

Ma tête bascule en arrière, me concentrant sur le mouvement circulaire de ses doigts sur mon clitoris. Je me tortille sous cette lente agonie qu'il m'inflige. Alors qu'Hero se penche, allongeant son corps sur le mien, il enfonce un doigt en moi, mon corps s'arc-boutant sous cette pression. Il entame un lent va-et-vient, qui m'arrache quelques gémissements. Il pose son autre main sur ma joue, me forçant à le regarder.

- T'en veux encore ? me demande-t-il, à voix basse.

Son visage est à quelques centimètres du mien et je n'attends qu'une chose : qu'il m'embrasse. Au lieu de cela, il se contente de me dévisager. Pourquoi ne m'embrasse-t-il pas ?

J'arrive à peine à marmonner un « hmm », qu'il prend pour un oui. J'agrippe un des coussins, que je manque de perforer quand il cale un second doigt dans mon vagin. Je le gratifie d'un son mêlant grognement et gémissement. Il accélère la cadence, et ma respiration se synchronise sur le rythme de ses mouvements. Son visage s'approche un peu plus, et je suis prête à recevoir ses lèvres sur les miennes. Je ferme les yeux, savourant d'avance le doux contact de sa bouche. Au lieu de ça, je la sens se poser dans mon cou, inondant ma peau de baisers humides descendant vers ma clavicule. Malgré ses doigts en moi, continuant de me pénétrer encore et encore, et sa bouche sur ma nuque, je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe de frustration.

Arrête de cogiter et laisse-toi porter !

Dès que les lèvres d'Hero atterrissent sur mon clitoris, tout sentiment d'insatisfaction disparait dans un cri de délectation. La combinaison des deux est un pur délice. Je glisse une de mes mains dans ses cheveux pour appuyer sa tête contre mon sexe le réclamant à corps et à cris. Je tire légèrement sur ses cheveux et un râle s'échappe de sa gorge. J'aime entendre ce son.

- Haaaan, Hero...

Je redresse la tête, tant bien que mal et j'aperçois ses deux billes vertes sombres fixées sur moi, où une lueur obscène brille au fond de ses pupilles, tandis qu'il continue de diffuser des ondes de plaisir dans tout mon corps, faisant grimper ma libido un peu plus de seconde en seconde.

- Regarde-moi, June, dit-il, sa bouche luisante de mon nectar.

Je m'exécute immédiatement. Le voir faire m'excite encore plus. Je peux imaginer sa langue sur mon bouton de rose, sa bouche en train de l'aspirer, le faisant gonfler de désir. Sans oublier ses doigts s'affairant de plus en plus vite dans mon vagin.

Gigotant toujours sous les caresses d'Hero, mon visage commence à se contracter, tout comme les muscles de mon bas-ventre. Et le regarder me donner du plaisir va m'y conduire encore plus rapidement.

- Tu mouilles tellement, putain, souffle-t-il contre mon entrejambe.

- Herooooo...

Et sur ses « saintes » paroles, mon corps relâche toute la tension accumulée en un orgasme bruyant, où le prénom de mon partenaire résonne entre les quatre murs blancs de la pièce. Les doigts d'Hero se retirent alors qu'il se relève pour me surplomber de toute sa longueur.

- Prête pour la suite ? me demande-t-il, un sourire suggestif en coin.

- Ah bon, y'a une suite ? je réponds, en essayant de reprendre mon souffle après cette mise-en-bouche.

- Je te l'ai dit, tant que tu ne seras pas morte d'épuisement et que tu pourras donner de la voix pour informer les voisins et même le quartier de l'identité de celui qui te donne autant d'orgasmes, y'a pas de raison qu'on arrête !

Hero me tend la main pour m'aider à me redresser. Je me retrouve en position assise, tandis que le jeune homme reste debout à côté de moi. Son petit speech m'a ragaillardi et, j'y pense... pourquoi devrais-je être la seule à gueuler son prénom ?

Je me lève à mon tour, rivant mon regard sombre plein de défi dans le sien. Il esquisse un léger sourire en fronçant les sourcils, visiblement intrigué par mon soudain aplomb.

- Assieds-toi, je lui demande en désignant la banquette d'un geste de la main.

Il jette un rapide coup d'oeil au canapé avant de reporter son regard sur moi. Je hausse les sourcils en signe d'insistance et, quelques secondes plus tard, les jolies fesses bombées du mannequin se retrouvent enfoncées dans l'assise du divan. Toujours vêtu de son boxer — dont son membre en érection en déforme le tissu — les mains posées sur ses cuisses, il attend la suite inattendue du programme.

Me plantant devant lui, je retire lascivement mon tee-shirt, dernier rempart contre ma nudité totale. Les yeux d'Hero suivent chacun de mes mouvements avec avidité. Je me faufile entre ses jambes et m'assois à califourchon sur lui. Ses mains viennent immédiatement se poser sur le haut de mes cuisses. Sa bouche pulpeuse toujours entrouverte, il bouffe littéralement chaque parcelle de ma peau du regard. Et, en le voyant dévorer mon corps de cette manière, je me sens belle et désirée.

- T'es vraiment surprenante ! lâche-t-il, abasourdi.

Je ne peux m'empêcher de sourire devant ce compliment. J'ai décidé d'être spontanée et de faire ce qui me passait par la tête. Et là, en cet instant, j'ai seulement envie de lui donner du plaisir, comme lui m'en a procuré quelques minutes auparavant.

Les mains posées sur ses côtes, je me penche vers lui et commence à embrasser la peau fine de son cou. Je le sens se détendre sous mes assauts. Celles d'Hero entreprennent de caresser le bas de mon dos avant de s'emparer de mes seins, dont il emprisonne les bouts entre ses doigts, me faisant de nouveau gémir. Tout ça pour que je tortille mon bassin contre lui !

Je ne tarde pas à atteindre sa clavicule, que je m'amuse à mordiller, ce qui provoque un grognement de sa part. Tout en continuant de répandre une pluie de baisers sur son corps, je quitte ma position pour me retrouver à genoux entre ses jambes. A mon tour de m'attarder sur sa poitrine, et plus précisément ses tétons qui, comme les miens, réagissent vivement à ma petite morsure. Hero lâche un petit cri et, je lui adresse alors un haussement de sourcil entendu. Il secoue la tête en souriant.

Je continue ma descente, toujours plus au sud avant d'être stoppée par l'élastique de son boxer. Comme lui auparavant, je glisse un doigt en dessous et caresse son bas-ventre. Sa respiration accélère, et je crois même sentir des petits frissons naître sous sa peau, ce qui me réjouit.

Il sait qu'il a une totale emprise sur moi. Mais, à présent, je sais aussi que j'ai un peu de pouvoir sur lui. Un partout, balle au centre !

A l'aide de mes deux mains, je m'empare de l'ourlet du sous-vêtement pour le lui ôter. Hero me facilite la tâche en relevant son bassin. Je le libère rapidement de ce bout de tissu et me saisit de son membre tendu comme un piquet. Hero lâche un soupir lorsque je commence un lent mouvement de va-et-vient, sans le quitter des yeux. La tête en arrière, appuyée contre l'assise du canapé, il se laisse complètement aller sous la légère pression que j'exerce sur son entrejambe.

- Juuuuune...

Je décide de faire monter les enchères en passant un léger coup de langue sur son gland. Sa réaction ne se fait pas attendre et un nouveau grognement de plaisir s'échappe de sa bouche. Plus qu'heureuse du résultat, je continue cette petite torture qui le fait se tendre avant de le prendre entièrement dans ma bouche.

- Oh bordel, c'est trop bon...

Ses petits encouragements me donnent envie de le prendre plus profondément et d'accélérer la cadence. Ses commentaires salaces, accompagnés de bruits tous plus bestiaux les uns que les autres me motivent à donner le meilleur de moi-même dans cette performance. Étant donné que c'est la première fois que je m'adonne à ce genre de pratique — pas la fellation, bien sûr, mais les plans cul — je veux que ce soit mémorable, autant pour lui que pour moi !

Alors que je sens qu'il est sur le point d'éjaculer, il me fait signe d'arrêter et se lève sans que je comprenne quoi que ce soit. Il disparait rapidement, au détour d'un couloir. Je me retrouve à genoux, entièrement nue, les lèvres gonflées de l'avoir sucé comme une malade... et tout ça pour qu'il se barre avant le grand final ?

J'ai fait quelque chose qui fallait pas ? Peut-être que je me suis montrée trop entreprenante et qu'il n'aime pas ça ?  Qu'est-ce qui m'a pris de vouloir prendre le contrôle ? Il doit préférer les soumises...

La frustration qui était née en moi tout à l'heure fait un retour fracassant, tout comme l'ancienne June et ses insécurités. Oh, non ! J'avais réussi à calmer son flot de questions incessant et la revoilà, plus stressée que jamais...

Et je fais quoi, maintenant ? Je devrais me barrer avant qu'il revienne ? S'il me voit toujours dans la même position et que lui est déjà passé à autre chose, je vais faire tellement pitié !

Je me relève, me sentant légèrement humiliée. Je me dirige vers le radiateur pour prendre mes affaires encore humides. A ce moment-là, Hero réapparait, toujours nu, un peu confus de me retrouver avec mes vêtements à la main.

- Tu fais quoi ? me demande-t-il.

Comprenant alors qu'il ne m'avait pas abandonné pour quelque raison que ce soit, je dois rapidement trouver une excuse pour ne pas me ridiculiser.

- Euh... en fait... je voulais juste vérifier qu'ils séchaient bien, je prétexte, toute gênée avec un grand sourire forcé.

Mon partenaire ne relève pas et m'invite à le suivre. Je m'exécute en trottinant, le carrelage étant très froid sous mes pieds. En m'approchant, je remarque un petit sachet carré brillant dans sa main, ce qui me rassure immédiatement sur sa soudaine fuite. Lorsque j'arrive à sa hauteur, Hero prend ma main et je le suis à l'étage, en montant l'escalier en colimaçon. Nous pénétrons dans une petite chambre, où se trouve un lit et une commode en guise d'aménagement. Plongée dans la pénombre, la pièce est simplement éclairée par les lampadaires de la rue, dont la lumière s'infiltre par la fenêtre. Malgré la pénombre ambiante, j'arrive à percevoir ce qui semblerait être des chaussettes trainer sur le sol, ainsi que d'autres vêtements, mais je ne me formalise pas dessus.

Sans me lâcher la main, Hero m'entraine vers le lit. Je m'assois sur le bord avant de m'y allonger dessus. Le jeune homme ne tarde pas à me rejoindre, s'immisçant entre mes jambes. Ses yeux verts perçants scrutent chaque centimètre de mon visage. Je le regarde avec la même intensité. Son corps au-dessus du mien, il plonge sa tête dans mon cou tandis que sa main vient caresser ma joue. Je ferme les yeux pour mieux apprécier le doux contact de sa bouche sur ma peau. Je gémis lorsque je sens ses dents mordiller la petite peau fine sous mon oreille.

Va-t-il me laisser un nouveau suçon ?

Hero continue de déposer quelques baisers jusqu'à la naissance de ma poitrine avant de me faire face de nouveau. Avec un sourire en coin, il porte le petit sachet à ses lèvres et, d'un coup de dents habile, en déchire la partie supérieure pour en extirper le préservatif. Il l'enfile d'une main de maitre sur son sexe avant de venir se frotter à moi.

Avant qu'il ne fasse quoi que ce soit, je pose une main sur sa joue pour le forcer à me regarder. Je veux lui faire comprendre que ce qu'on s'apprête à faire va marquer un tournant dans notre... relation. Je n'arrive pas encore à réaliser que je vais coucher pour la première fois avec un mec pour qui je n'ai aucun sentiment. Je n'avais jamais trouvé cet aspect de l'acte sexuel attrayant... jusqu'à Hero. Durant mon adolescence, on m'a toujours appris qu'il ne fallait pas se donner à un homme « à la légère », que cela devait être un geste réfléchi. C'est pour cette raison que, jusqu'à maintenant, je n'ai jamais fait l'amour avec un inconnu. Et, aujourd'hui, je suis sur le point de faire l'exact contraire avec Hero... et j'en suis plus que ravie !

- Tout va bien ? me demande le mannequin.

Je hoche la tête avec un léger sourire, prête pour le round final. Hero continue de masser mon intimité toujours trempée à l'aide de son pénis, sans cesser de me regarder. Ses yeux verts semblent sonder mon âme, à la recherche de quelque réticence. Mon regard, quant à lui, se porte sur ses belles lèvres rosées, que j'ai une folle envie d'embrasser. Mais, je me retiens, essayant de ne pas penser à ce petit détail qui me perturbe tant.

Hero m'assaille de petits baisers chastes sur la joue avant de me pénétrer avec force. Je lâche un cri, mêlant encore une fois surprise et plaisir. Ma tête bascule en arrière et mon corps s'arc-boute sous les coups de bassins répétés à cadence modérée de mon partenaire. Ma respiration s'accélère, tout comme celle d'Hero.

- Regarde-moi, June, m'ordonne-t-il gentiment.

Je m'exécute, toute forme de résistance ayant quitté mon corps. Je suis totalement soumise au maelstrom de sensations qu'il me fait éprouver. Je ne me suis jamais sentie aussi bien de toute ma vie.

La lubricité dans son regard fait monter l'excitation d'un cran. S'il me le demandait, je pourrais jouir sur commande. Il sait ce qu'il fait, y'a pas à dire. Malgré son jeune âge, je peux attester qu'il a acquis une sacrée expérience !

Ses coups de reins se font de plus en plus pressant. Des gouttes de sueur commencent à apparaitre sur son front. Je ne dois pas être en reste. La chaleur qui émane de son corps me contamine fiévreusement. Mes ongles s'enfoncent dans la chair de son dos, dont je sens les muscles se contracter à chaque poussée. Un son grave se forme dans sa gorge. J'aime l'entendre grogner de désir pour moi.

Soudain, il se retire et prend mes mains pour m'aider à me redresser. Je ne cherche pas à comprendre et suis le mouvement. Je le vois s'allonger à son tour, m'invitant à prendre les rênes de notre « interaction ». Avec joie, je me positionne sur lui, me frottant outrageusement sur sa verge avant de m'emboîter dessus. J'entame de lents va-et-vient, qui nous arrachent des gémissements, à tous les deux. Mes mains posées à plat sur ses pectoraux, je sens son bassin se soulever pour me pilonner, tandis que ses doigts creusent la peau de mes hanches. Ses iris couleur jade ne quittent les miens, ce qui renforce ce lien qui est en train de se créer entre nous.

Il me prend plus profondément et je ne peux réprimer un cri. Je ferme les yeux tant je suis submergée par tout ce que je ressens. Je suis à deux doigts d'imploser. La main d'Hero vient se poser sur ma joue, ce qui me ramène à la réalité.

- June... murmure-t-il, à bout de souffle. Je veux te voir jouir...

Est-ce un ordre, chef ?

Son autre main rejoint rapidement mon clitoris, qu'il décide de malmener pour me faire arriver à la jouissance plus rapidement. La combinaison des deux causera ma perte. Celle sur ma joue dérive lentement vers ma bouche, où il passe son pouce sur ma lèvre inférieure. Je sors ma langue pour caresser le bout de son doigt.

- T'es trop bonne, putain !

Quand il me parle comme ça, cela accroît encore plus le désir que je ressens pour lui. J'ai honte de l'avouer, mais j'aime ça. J'adore, même ! Mes geignements sont de plus en plus récurrents, tout comme les coups de burin qu'il m'assène. J'y arrive, j'y suis presque... et pourtant, j'aimerais que ça ne se termine pas. Cet état d'avant orgasme, juste quand tout est sur le point d'exploser, je voudrais qu'il ne s'arrête jamais.

Surtout avec un expert comme Hero !

Une dernière pression sur mon clitoris, une ultime poussée de la part d'Hero, et je me libère dans un orgasme détonant. Hero ne tarde pas à me rejoindre dans l'extase en prononçant mon prénom suivi, comme à son habitude, par une petite vulgarité, que je traduis maintenant comme un signe d'appréciation.

Je me relève pour qu'il puisse se retirer, et finit par m'écrouler sur lui, ma tête venant se poser sur son épaule. Ses mains, dans mon dos, me caressent doucement, tandis que nous essayons de calmer nos respirations. Je finis par me décaler sur le côté pour ne pas l'écraser.

Pendant quelques minutes, nous nous contentons de fixer le plafond en silence, le bruit de nos souffles se répercutant dans notre bulle. Je ne sais pas ce qu'il peut bien penser à cet instant. Pour ma part, c'est le vide intersidéral dans ma tête. Je suis bien, très bien même et je profite de chaque seconde de cet état de sérénité.

Une fois que le calme est complètement revenu dans la chambre, je tourne la tête vers Hero et constate qu'il s'est endormi. Il a l'air si paisible, et il parait encore plus jeune. Je me lève discrètement, pour ne pas le réveiller. Alors que mes fesses sont sur le point de se décoller du matelas, une main me retient. Je me retourne et constate que mon camarade de jeux a les yeux grand ouverts. Je peux distinguer la clarté des lampadaires dans ses iris ténébreuses.

- Tu comptes t'échapper ? me demande-t-il, d'une voix rauque.

Je me sens comme une souris prise au piège entre les griffes d'un chat.

- Euh... bah, disons que... comme on a... je bafouille, horriblement gênée par la situation. Et tu... dormais, donc...

Il se redresse, s'appuyant sur un coude, sans me lâcher.

- Premièrement, je ne dormais pas, clarifie-t-il, non sans une pointe d'humour dans la voix. Je faisais une pause. Après nos petites folies, j'avais bien droit à un peu de répit. Et, deuxièmement, je ne crois pas que tu sois épuisée, et tu peux encore parler, ce qui veut dire que je ne t'ai pas faite assez crier, donc...

Il ne finit pas sa phrase et m'attire de nouveau vers lui, un sourire coquin plaqué sur le visage. Quelque chose me dit que la nuit n'est pas prête de se terminer...

________________________________________________________________________________

******

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top