19 BIS.
[ANGIE]
Quelques heures plus tôt...
Dans le taxi qui nous conduit à notre quartier général -- oui, nous n'allons pas prendre le métro pour fêter le succès de Jade, quand même ! Nous avons un certain prestige... et du champagne ! -- cette dernière, June et moi chantons à tue-tête la chanson diffusée à la radio. Il s'agit de "chateau" de Blackbear, un tube parfait pour commencer une bonne soirée. Même si nous ne connaissons pas toutes les paroles, les fois où l'on invente des mots ou bafouille sur les couplets nous plongent dans de magistrales fous rires. La bouteille de champagne que Jade nous a ramenée circulent entre nos bouches plus ou moins maquillées et, je dois dire que le niveau du liquide pétillant doré au prix parfois exorbitant descend assez vite.
A croire que nous étions assoiffées !
Je lance un regard au chauffeur, au travers du rétroviseur intérieur et, lui aussi, semble contaminé par notre bonne humeur. J'aperçois ses doigts tapoter contre le volant au rythme de la musique.
Lorsque la voiture noire s'arrête devant notre pub préféré, nous payons notre conducteur, en lui laissant un supplément pour avoir supporté nos voix de crécelle, surtout la mienne. Nous entrons dans le Barney's qui, comme à son habitude, est bondé. Nous sommes heureuses de la popularité grandissante de ce petit pub de quartier qui ne paie pas de mine au premier abord, mais l'ambiance chaleureuse que l'on y retrouve à l'intérieur vaut tous les autres pubs du pays. Et rien que pour cette raison, nous en avons fait notre QG et notre allégeance à ce bar est éternelle ! Même notre descendance, et la descendance de notre descendance, et la descendance de la descendance de notre descendance adoptera cet endroit comme un lieu d'asile.
Ouh ! Ouh ! Les bulles de champagne ont atteint mes pauvres neurones... Calmos sur l'alcool, ma grande !
Mes deux amies arrivent à dénicher une table de libre tandis que je m'avance vers le bar. Heureusement pour moi, aucune soirée foot de prévue. Malgré le nombre important de personnes agglutinées au point boisson, j'arrive à me faufiler jusqu'au comptoir. Je joue des bras et des coudes mais j'atteins mon but en peu de temps, non sans me faire bousculer au passage. Ce pays doit vraiment battre des records en matière de beuverie !
Les deux barmen, derrière le comptoir, ne comptent plus le nombre d'allers-retours qu'ils effectuent, passant aisément d'une commande à l'autre. L'un des deux me repère assez rapidement. C'est la première fois que je le vois travailler ici. Il a l'air très agréable et sympathique, au vu du sourire permanent et éclatant plaqué sur son visage, dès qu'il s'adresse à un client. En dépit du bruit et de la proximité gênante des corps qui me frôlent involontairement, le regarder s'affairer est une distraction amusante.
- Que désirez-vous, mademoiselle ? me demande le nouvel employé, à l'accent gallois.
Ah... l'accent chez un homme est un critère très important pour moi. Si certains trouvent notre manière de parler irrésistible, je dois avouer que je suis assez sensible aux accents français et italien. Il y a une sorte de romantisme qui se dégage de leur langue. Quant au Pays de Galles, je ne m'y suis jamais vraiment penché dessus, mais peut-être que mon nouvel ami ici présent va m'aider à me faire un avis sur le sujet.
- Trois pintes, monsieur le gallois ! je m'exclame en lui décochant mon sourire charmeur.
L'homme, qui a quelques années de plus que moi au compteur, au vu des pattes d'oie qui apparaissent au coin de ses yeux d'un noir intense, se met à rire et je dois dire que ce son est du miel pour mes oreilles.
- Coupable ! reconnait-il, faussement défaitiste, avant de se pencher vers moi. Ça s'entend tant que ça ?
Son charme ne cesse de décupler au fur et à mesure que les minutes s'écoulent. Il porte une chemise noire, dont les deux premiers boutons sont ouverts, laissant deviner un torse hâlé et musclé en dessous. Ses manches, relevées jusqu'aux coudes, révèlent des avant-bras puissants. C'est un sportif, à coup sûr.
Pas footeux, j'espère...
Il parait un peu embarrassé, ce qui ne fait qu'appuyer ma première impression. La distance entre nous s'amenuise encore plus lorsque je m'approche de lui :
- Ça change des accents que j'entends tous les jours... et j'ai toujours trouvé l'accent gallois très séduisant...
Oui, je sais... mais c'est juste un petit mensonge... de rien du tout !
Je recule, jaugeant la réaction du nouvel employé. Il sourit, laissant même échappé un petit rire, certainement flatté par mon petit commentaire sur ses origines. Il passe une main dans ses cheveux noirs et courts, coiffés en bataille. Serait-ce de la gêne ? Je croirais presque qu'il rougit à cause de mon compliment.
- Et ça fait longtemps que vous habitez ici ? je lui demande.
- Je suis arrivé en Angleterre, il y a un peu moins d'un mois. Je suis musicien de formation et, dans mon pays, il n'y a pas d'aussi grandes opportunités qu'ici. Donc, j'ai débarqué à Londres avec ma petite valise et des rêves plein la tête.
Un musicien... tiens donc ! Mon regard bifurque vers ses mains, plaquées sur ses coudes, alors qu'il est appuyé sur le comptoir. Elles paraissent douces et délicates. Je glisse la mienne sous mon menton pour soutenir ma tête et être plus attentive à son discours. En plus d'être très agréable physiquement, il semble être passionnant.
Et, c'est un artiste... ce qui ne gâche rien !
- Et sur quels instruments vos doigts experts exercent-ils leur talent ? je continue mon interrogatoire, sans détourner mon regard du sien.
Ses joues rougissent pour sûr, cette fois-ci, sous le coup de ma flatterie. Qui aurait-cru qu'un homme de son âge pouvait encore être embarrassé ? Je ne saurais me prononcer exactement, mais, à première vue, je dirais qu'il ne doit pas être loin de la quarantaine. Quelques cheveux blancs parsèment son cuir chevelu couleur de jais.
- Je joue du piano, mais je suis loin d'être un virtuose, précise-t-il en se redressant pour saisir les trois chopines de ma commande, sans oublier d'en glisser une sous la tireuse.
- Je ne dirais pas non à un concert privé, pour me faire une idée de vos capacités pianistiques, je propose en esquissant un sourire en coin pour ponctuer ma suggestion.
Mon nouvel ami celtique, dont l'identité m'est encore inconnue, affiche à son tour un rictus, me laissant penser qu'il réfléchit sérieusement à mon offre. Il pose les deux premières pintes prêtes à la consommation tandis que la dernière se remplit, puis se dirige vers la caisse enregistreuse et en sort un bout de papier vierge sur lequel il griffonne rapidement. La troisième chope rejoint les deux autres sur le comptoir et il me tend le ticket. Je m'en empare et y lis son prénom avec une petite note de musique sur le côté et son numéro de téléphone.
Tom.
- Et les bières, c'est cadeau ? je demande, surprise qu'il ne me demande pas de payer.
En guise de réponse, il me fait un clin d'oeil avant de se diriger vers les clients suivants. Il commence à dévoiler son mordant. J'aime. Se serait-il joué de moi ? Voulait-il me faire croire que j'avais l'avantage dans cette partie ? Non pas que je sois vexé de m'être autant méprise.
Au contraire.
Saisissant ma commande, je lui adresse un petit signe de tête et m'éloigne pour rejoindre mes amies. Je remarque qu'il ne me quitte pas des yeux. Quelque chose me dit que l'on va se revoir très bientôt... Tom.
Je rejoins Jade et June, que j'entends se marrer comme des baleines depuis l'autre bout du pub et ce, malgré toutes les autres discussions bruyantes autour de moi. Lorsqu'elles m'aperçoivent, elles lâchent à l'unisson un cri de soulagement.
- C'est pas trop tôt ! s'exclame Jade, en s'emparant de son verre, encore dans mes mains.
Je pose le second devant June avant de prendre place en face de mes amies. Immédiatement, je sens leurs deux paires d'yeux braquées sur moi. J'avale une gorgée de ma boisson en les toisant à mon tour. Devant moi, elles ressemblent à deux inspecteurs de police prêtes à dégainer toute une série de questions.
Alors, c'est ça qu'elles ressentent lorsque je les cuisine ? Intéressant...
Comme je ne suis pas du genre à "faire ma June" -- c'est-à-dire, me faire tirer les vers du nez -- je préfère passer directement aux aveux. Je leur déballe le curriculum du fameux Tom le celte, jusqu'à leur montrer le ticket où son numéro de téléphone est inscrit.
- Les filles, il est vraiment trop canon, je leur confesse avec excitation. Et son accent... argh ! Je n'avais jamais fait gaffe à l'accent gallois, mais c'est super sexy, en fait ! Et je vais avoir droit à un concert privé !
June plisse les yeux, alors que Jade arque un sourcil circonspect.
- "Concert privé"... on doit y avoir une métaphore ou...
- Non ! je m'exclame, levant les yeux au ciel. Tout ne se rapporte pas au sexe, Jade ! Il est pianiste. Il m'a proposé de l'écouter... euh, non, en fait. C'est moi qui ai eu l'idée du concert...
- Mais ça va quand même finir en partie de jambes en l'air, cette histoire, non ? me demande June.
Elles me connaissent bien !
Mais je commence déjà à entendre leurs mises en gardes et leur réprobation quant à mon comportement... volage.
- Je sais ce que vous allez dire... surtout toi, June ! Mais, je suis une grande fille. Je veux m'éclater, je veux m'amuser ! Et si ça doit être avec le bazar de mon ami gallois entre mes cuisses, que la volonté de Dieu soit faite !
Jade se retourne vers June, un peu dérangée par mes propos.
- Je ne crois pas que Dieu...
June pose une main sur son épaule, pour lui signaler qu'elle prend le relais. Elle se penche vers moi, la mine concernée.
- Angie, la dernière fois que tu as tenu un discours pareil, tu te rappelles comment ça a fini ? me demande-t-elle, sans jugement dans la voix. Je ne veux pas que tu revives ça, et je ne pense pas que c'est ce que tu souhaites.
Je pourrais la traiter de rabat-joie, mais pas cette fois. Je sais qu'elle s'inquiète pour moi. Même si Jade ne connait pas tous les détails de mon passé, June les a vécus avec moi. Sans son soutien à travers cette sale période, je ne sais pas si j'aurais tenu.
- La situation n'était pas la même. Je ne suis plus la même, June. Je m'en suis sortie. J'ai grandi, j'ai évolué. J'ai mûri. Rien ne me fera replonger dans les tourments de l'enfer, crois-moi ! Même pas les beaux yeux ou les belles paroles d'un mec ! J'ai appris ma leçon de la plus dure des manières. Mais... j'ai besoin de vivre ma vie.
- On veut seulement que tu sois prudente, lui assure Jade en posant une main sur la sienne. On a toutes eu une adolescence de merde, alors notre vie d'adulte doit casser la baraque !
Je suis entièrement d'accord avec elle. Leur inquiétude et leur affection me touchent au-delà des mots. Je ne sais vraiment pas ce que j'ai fait pour mériter deux amies pareilles, mais je remercie la personne ou la force supérieure qui les a placées sur mon chemin.
June ne tarde pas à plaquer sa paume sur notre tas de doigts et nous nous mettons à rire.
- N'oublions pas que nous sommes là pour fêter la réussite scolaire de Jade, qui passe quand même en seconde année avec un an d'avance, nous rappelle June, en regardant notre cadette avec fierté. Tu as réussi à tirer ton épingle du jeu avec brio et nous sommes tellement heureuses pour toi.
Tour à tour, Jade nous regarde, les larmes aux yeux. Elle pose sa main libre devant sa bouche pour étouffer un sanglot, qui se transforme en petit éclat de rire.
- Et nous sommes aussi là pour célébrer June. Décider de reprendre sa vie en main après une journée pareille, il faut du courage ! Je suis certaine que tu vas déchirer demain avec tes photos. Veronica n'aura pas d'autres choix que de t'embaucher ! Et comme tu verras de nouveau Hero...
- Hero ? demande Jade, en nous regardant, tout en buvant.
June lui explique alors que l'inconnu de la boite se trouve être le mannequin avec qui elle risque de travailler dans moins de deux jours. Évidemment, je ne manque pas de rajouter la soirée qu'ils ont passé ensemble pour la séance photo et la proposition plus qu'intéressante de Hero.
Jade manque de s'étouffer en entendant mes paroles. Elle repose son verre, tout en recrachant quelques gouttes de sa boisson sur la table, non sans nous éclabousser au passage. Elle s'essuie grossièrement la bouche, sous le choc de la nouvelle. June, les joues cramoisies, se cache derrière ses mains.
- ... et elle serait vraiment bête de refuser, parce que le mec est une bombe atomique ! je renchéris.
Une fois que Jade a repris ses esprits et son souffle, sans manquer de mourir à chaque fois qu'elle respire, elle lui ordonne de lui montrer les photos pour juger du physique de son futur plan cul.
Alors que June s'apprête à répliquer, elle est interrompue par la sonnerie de son téléphone. En parlant du loup, on en voit le bout de la queue...
Mes espoirs sont tués dans l'œuf lorsque je vois le visage de mon amie se refermer comme une huître.
- C'est Matt, annonce-t-elle d'une voix peu assurée, sans quitter l'écran de son portable des yeux.
Pourquoi cet enfoiré l'appelle-t-il à cette heure-ci ? Pour remuer le couteau dans la plaie ? J'aperçois des larmes menacer de couler des yeux de June. La colère monte instantanément en moi. Ça me tue de la voir souffrir à cause de ce connard !
Sans qu'elle s'y attende, je lui saisis le mobile des mains et décroche, sous les yeux médusés de l'ex de mon interlocuteur.
- Quoi ? je le salue froidement, les sourcils froncés.
J'entends de l'hésitation au bout du fil.
- Angie ? demande-t-il, étonné de m'avoir à l'appareil.
- Fais vite, parce que mes copines et moi, on est en train de passer une super soirée et t'es un peu en train de tout gâcher alors... va droit au but, qu'on en finisse !
Mon ton est sec et intransigeant, comme la lame du couteau que j'imagine en train d'enfoncer dans son cœur... enfin, s'il en a un, ce dont je doute, fortement !
- Je dois parler à June, rétorque-t-il, agacé.
- Certainement pas ! T'as perdu ce droit à la seconde où t'as enfoncé ta bite dans la chatte de la salope avec qui t'as trompé ma meilleure amie ! je m'emporte.
June et Jade écarquillent les yeux, et se retournent pour être sûres que personne n'a entendu mes propos déplacés. Franchement, je suis tellement énervée que je me fiche de choquer les oreilles puritaines qui pourraient traîner.
- Putain, passe-la moi, Angie ! s'enflamme le trader. Cette histoire ne te regarde en rien !
- Oh que si, ça me regarde ! June, c'est ma sœur. Tu l'as trahie de la façon la plus exécrable qui soit ! Mais, franchement, quelque part, elle peut te remercier : si tu ne l'avais pas trompée, elle n'aurait jamais trouvé mieux...
- Mieux ? Tu parles de qui, là ? beugle Matt. C'est celui qui lui a bouffé le cou, c'est ça ?
Un mec, on ne l'atteint pas en visant le cœur. On le met à terre en ciblant son égo. Et là, celui de Matt vient d'être pulvérisé.
- T'as perdu le droit de connaitre des infos sur la vie privée de June à la seconde où t'as enfoncé ta b...
- Ça va, ça va, j'ai compris ! m'interrompt-il en gueulant. Dis-lui simplement qu'elle peut passer prendre ses affaires demain à l'appartement. J'y serais.
Il raccroche sans que j'ai le temps de répondre quoi que ce soit. Je lui transmets le message de Matt. June soupire avant de prendre sa tête entre ses mains. Jade et moi essayons de la réconforter.
- Mais quel connard ! maugrée Jade. Y'a quelques heures encore, il voulait t'épouser et là, il est prêt à tourner la page en te rendant tes affaires... Putain de mec ! Comme si les cinq années que vous avez vécu ensemble n'avaient jamais compté ! Franchement, je vais lui faire la peau !
June tourne la tête vers celle-ci, avec un sourire triste. Jade l'attire vers elle pour la réconforter.
- Demain, je viens avec toi et il va prendre tellement cher ! s'enflamme la blondinette. Il est hors de question que tu l'affrontes toute seule !
- Je dois finir un article et le rendre absolument dans l'après-midi, je déplore. Mais, vous n'y allez pas toutes les deux. Je n'ai aucune confiance en Matt et, si ça partait en sucette, je préfère que vous ayez une présence masculine avec vous.
Ayant toujours le portable de June dans les mains, une idée me vient alors en tête. Je clique sur l'icône de contacts et trouve rapidement celui qui m'intéresse. Je commence à taper mon message, sous l'œil intrigué de mes amies :
"Salut, bouclette ! J'aurais un gros service à te demander. Demain, il faudrait que tu accompagnes June chez son connard d'ex pour qu'elle récupère ses affaires. Si tu acceptes, en plus du verre que je t'ai promis (si tu as bien tenu la boutique, bien sûr), tu auras droit à mon prénom et mon numéro de téléphone. Ce marché te convient-il ?"
J'envoie mon offre à Daniel. J'attends évidemment la réponse avant de leur dévoiler mon plan. Réponse, d'ailleurs qui ne tarde pas à apparaitre sur l'écran.
"Bien le bonsoir, jolie prune. C'est avec plaisir que j'accepte ton marché. Le magasin est toujours debout et mon père ne sait rien de l'escapade de ta copiné. Au fait, j'ai déjà soif... serais-tu libre ce soir pour honorer ta part du contrat ?"
Je ne peux m'empêcher de sourire face au texto du collègue de June. Décidément, il ne perd pas le nord. Mais je sais me faire désirer.
"J'ai déjà étanché ma soif avec mes amies. Désolée... mais demain soir, une fois que June sera débarrassée de son putain d'ex pour toujours, je ne vois pas ce qui nous empêcherait de nous retrouver. Je te communiquerais l'endroit et l'heure de notre rendez-vous."
J'expédie ma réponse. La sienne arrive quelques secondes après.
"Tu es intraitable en affaires... et je suis obligé de me plier à tes conditions, à mon grand regrets. J'espère que l'attente en vaudra la peine !"
"Avec moi, les hommes se sont jamais déçus. Je peux te l'assurer. A demain, Daniel."
Je rends le portable à June, satisfaite de mon petit échange. Cette dernière s'empresse de vérifier ce que je trafiquais sur son téléphone et relève la tête vers moi, une fois qu'elle a connaissance de ma correspondance avec le fils de son patron.
- Daniel ? Tu es sérieuse, là ? me demande-t-elle, passablement agacée. La journée de demain va être assez pénible comme ça et il a fallu que tu me mettes cette plaie dans les pattes ?
Je n'apprécie pas trop qu'elle le traite de la sorte, mais je ne relèverai pas, surtout dans l'état où elle est.
- Tu aurais préféré que je demande à Hero ? je rétorque, en levant un sourcil interrogateur, connaissant déjà sa réponse.
Ma meilleure amie garde le silence. J'ai conscience qu'elle va passer un sale quart d'heure avec Matt, mais je serais plus tranquille si Daniel est avec elle et Jade demain.
- Je... je vais rentrer, lance tristement June, en se levant pour enfiler sa veste.
L'appel de Matt a complètement gâché sa soirée, et je le maudis encore plus en sachant que je ne pourrais pas être là pour lui envoyer ses quatre vérités dans la tronche. Mais un jour, je me vengerai et je ne voudrais pas être à la place de cette enflure !
- Quoi ? Mais non, reste, June, la supplie Jade, peinée. Ne le laisse pas t'atteindre. Il n'en vaut vraiment pas la peine.
- Je suis fatiguée, en plus du reste et... je dois développer mes photos donc... je ferais mieux de...
- On va rentrer avec toi, je la coupe en me levant à mon tour, Jade m'imitant. Les sorties, c'est à trois ou rien du tout !
- Non, honnêtement, restez. Allez en boite, profitez de la vie. On se voit dans quelques heures. Je vous assure que ça va aller, insiste notre aînée en se dirigeant vers la sortie du pub, ne nous laissant pas trop le choix.
*
Après la désertion de June, Jade et moi avons décidé de quitter le Barney's, voulant prolonger la soirée en boite. Sans notre amie, notre virée n'a plus exactement la même saveur, mais je préfère respecter son choix. J'espère seulement qu'elle ne va pas trop broyer du noir, seule, à l'appartement.
Nous nous arrêtons devant le premier nightclub qui se trouve sur notre chemin. En consultant mon portable, je remarque que June m'a envoyé un message, nous intimant d'être prudente. Même à distance, elle reste bienveillante. Je relève également les yeux vers l'heure, indiquant qu'il est plus de trois heures du matin.
Jade entre en premier, histoire de nous trouver une bonne place, le temps que je finis ma cigarette dans la rue. Quelques personnes sont à l'extérieur du club en train de rire et de parler. Je ne m'éternise pas et écrase mon mégot dans la poubelle près de l'entrée.
Je m'engouffre dans le couloir très peu éclairé menant à la boite. Je peux déjà entendre la musique résonner dans les baffles. Soudain, je heurte un corps.
- Oh, excusez-moi ! Je ne regardais pas à j'allais, je pouffe.
En relevant ma tête, je n'en crois pas mes yeux. Lui non plus d'ailleurs, au vu de l'expression horrifiée qu'il arbore.
- Oh, mon dieu ! Hero !
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