Chapitre 7


Se relever. Peu à peu. Vivre. A nouveau. Depuis ma rencontre avec Joshua, je dois admettre que je vais beaucoup mieux. Je reprend enfin vraiment vie. Nous avons vite sympathisé tous les deux; il passe souvent me voir à la maison, l'explore avec moi. Il m'a même trouver un surnom, Nessy, en référence au monstre du Loch Ness car je cite: «tu est une créature inconnue et mystérieuse comme elle», ce type est irrécupérable. Enfin c'est plus pratique maintenant, c'est presque comme si j'avais une identité.


 On dessine ensemble parfois et il ne cesse de complimenter mon soi-disant talent mais le seul talent que je remarque c'est indéniablement le sien. Il passe maintenant à la maison chaque jour, son sourire niais et béa aux lèvres, il semble toujours heureux, tellement emplie de joie qu'il en devient agaçant à mon sens. Mais je ne peux pas vraiment lui en vouloir, avec sa bouille angélique et adorable je ne peux lui faire la tête longtemps, même simplement pour l'embêter.

Les jours passent ainsi calmement, sans grande perturbation jusqu'à cet après-midi. Un mois et demi après notre rencontre, il est venu me voir comme d'habitude maintenant. Il est entré mais sans sa mine joyeuse, qui semblait jusqu'à lors ne jamais le quitter, avec un air triste et déprimé. Il s'écrase lourdement sur un fauteuil après m'avoir saluer.

« Ça ne va pas, déclarais-je, aller vas y dis moi que tu as.

- Rien, juste des petites galères quelconques, rien de bien grave, répond-t-il las.

- Aller, vide ton sac, tu m'aide il est donc normal que je t'aide également lorsque tu en as besoin. Vas y, dis moi.

- C'est rien de très important je te dis, juste la routine. Mon propriétaire ne me supporte pas, moi ni le métier que j'exerce donc il me ne me fait pas le moindre cadeau. J'avais seulement un jour de retard pour mon loyer, pour le première fois depuis que j'ai emménager, et bien il me demande de quitter les lieux avant la fin de la semaine, réplique-t-il avant de marquer un pause et de soupirer. Je vais me retrouver à la rue. Mais ce n'est pas tout, c'est aussi l'enfer au salon. Je ne pensais pas que ce serait si dur à gérer. Je ne m'en sors pas tout seul. »

Il paraît épuisé tant physiquement qu'émotionnellement. Je me lève de ma place sans un mot et pars à la cuisine lui préparer un bon chocolat chaud pour lui remonter le moral. Il n'y a rien de tel qu'un bon chocolat pour aller mieux. Je reviens dans le salon, lui tend la tasse fumante et le laisse boire tranquillement avant de lui répondre :

« Pour ton problème d'appartement, tu peux venir t'installer ici, avec moi. La maison est grande surtout pour une seule personne et cela ne me pause aucun soucis de t'avoir ici, au contraire, lui proposais-je. Et pour le salon je pourrais également t'aider, pour gérer tes clients et faire toutes les autres petites tâches, c'est pas comme si je débordais de travail ici. Et puis, tu sais, je suis passionner par le déchiffrage de papiers incompréhensibles, blaguais-je finalement afin de lui arracher un sourire.

- Je ne veux pas t'embêter, je peux...

- Si je te le propose c'est que cela ne me dérange pas, le coupais-je.

- D'accord mais en compensassions je t'apprendrais à tatouer, avec ton coup de crayon se serais dommage de ne pas l'exploiter pleinement, cède-t-il.


- Alors marché conclu. »

Un bref sourire illumine son visage, il paraît plus serein et même un peu plus sur de lui. Mais que prépare-t-il ? Peut-être est-il content de ne pas m'entendre dire que mes dessins sont banals, ou bien est-il satisfait d'avoir enfin pu me convaincre d'apprendre à tatouer. Je ne sais pas vraiment. J'ignore également la raison pour laquelle je fus si réticente à l'idée d'apprendre à tatouer, lorsqu'il a commencé à l'évoquer il y a quelque jours. C'est probablement parce que quand je pense à son métier, je ne peux n'empêcher de ressentir comme une pointe d'amertume que je n'explique pas.

Le lendemain il s'installait dans la maison, dans la seconde chambre d'ami, disant au revoir à son petit appartement sous les toits. Ses adieux avec l'endroit ont été bref, il le quitte sans grand regret ce que je comprend parfaitement. Je dois dire que le déménagement n'a pas été de tout repos entre les aller et retour de son ancien appartement et la maison ainsi que les différents cartons plus ou moins lourd à transporter, je savoure comme il se doit la fin de notre labeur.

Nous sommes en ce moment installés enfin plutôt échoués sur le sofa. Mes paupière se font lourdes et la fatigue s'abat de plus en plus sur moi. Ma nuit a été courte, particulièrement perturbée par une appréhension injustifiée dont j'ignore l'origine exacte.

Joshua ne cesse de parler du salon et d'à quel point il a hâte que je le découvre. Il s'impatiente de m'enseigner son art tandis que je garde mon malaise pour moi. Cette sensation est vraiment stupide, je le connais et c'est mon ami, je n'ai aucune raison d'avoir la moindre peur; mais c'est plus fort que moi, comme si celle venait d'une sorte de traumatisme du passé...

# Flash-back # ~ Souvenir 4 ~

Je me revois assise sur un lit de camp écrivant sur le même journal que dans mon dernier souvenir,en larme, j'ai aux alentours de 18 ans.

- Je me souviens de cette époque déjà révolue d'au moins six ans, où je souhaitais plus que tout faire de ma vie une œuvre d'art sans fin. Encrer des chef d'œuvres à tous ceux qui viendrait me voir. Tatoueuse. Tel était mon rêve, tel serais ma vie selon moi. Faire sourire les gens ou les faire pleurer de joie grâce à mes tatouages et aux souvenirs liés à ceux-ci, les rendre heureux tout simplement. Ma vie serais le tatouage, le tatouage deviendrait ma vie, mon oxygène. Je n'aurais qu'une crainte : décevoir mes clients, ne pas parvenir à les satisfaire. La vie serait simple, sans encombre, riche en histoire et en souvenirs. Vivre à cent à l'heure, ne jamais rester de marbre, toujours rester ouvert et imaginatif, voilà ce que je voulais faire, voilà ce que je voulais être.

Peut-être garderai-je mon prénom, peut-être prendrais-je un surnom en guise de pseudonyme. Ou bien peut-être me nommera-t-on malgré moi, grâce à une touche reconnaissable de mon style. J'imaginais déjà mon book, je voyais déjà sa forme, son style, son organisation. Mais hélas, tout n'est pas toujours tout rose, nous ne vivons pas dans le monde parfait des bissousnours. La réalité finit toujours par resurgir notamment par le biais de nos parents qui nous font vite revenir sur terre.


Je me remémore leur réaction lorsque je leur est fait part de mes ambitions futurs. Je revois mon père me clamer: «Tatoueuse! Mais soit raisonnable enfin! Ce n'est pas un métier ça, dessiner sur des gens. Tu as conscience que tu vas devoir te battre pour vivre ou plutôt survivre. Non, ma fille, tu ne perdras pas ton temps avec de tels chimères et puis c'est une activité de voyous! »

Ainsi que ma réponse: «Comment cela une activité de voyous? C'est de l'art sauf qu'ici la toile est une personne qui a choisi de le devenir. Je te parle de réaliser des tatouages intelligents, subtils, pas des gribouillis sans âme ni signification, présent sur la peau que sous le joug d'une mode ridiculement éphémère et qui sont voué à être regrettés.»

Ce qui fut suivie d'un: «Si tu étais vraiment intelligente, tu choisirais une voie simple et sans prétention. C'est encore ta mère et son amour de l'art qui t'ont mis ça en tête. Soit, admettons que je te laisse faire sans rien dire; explique-moi comment tu vas t'en sortir, toi qui sais certes plus ou moins dessiner mais qui serais incapable de te servir d'une aiguille pour tatouer. Toi qui ne supporte pas la douleur et qui est incapable de l'infliger à qui que ce soit, tu veux me persuader que tu envisages sérieusement d'être tatoueuse.»

Il s'est ensuite tût tout en continuant à me fixer, droit dans les yeux. Depuis le début, ma mère était là, présente et silencieuse comme à son habitude. Elle acquiesce d'un signe de tête les paroles de mon paternel, elle semble approuver ses mots sans s'offusquer du reproche pourtant évident qui lui est fait. Ils me font pitié parfois, étroit d'esprit et prisonnier des mœurs d'une autre époque : lui, l'homme de la maison, le patriarche, machiste et réactionnaire et elle, la gentille femme au foyer, faible et dévouée, soumise au connard précédemment cité.

Ces mots avait à jamais marquer l'enfant que j'étais. Ils étaient certes fondés mais un peu trop cru pour une enfant. Il avait en quelques mots briser un rêve de perfection, d'idéal, briser un rêve d'enfant, laissant désormais place au doute.

Les années ont passé et je repense à cette histoire avec amertume. Et quand je la narre aujourd'hui, c'est avec ironie, essayant d'oublier le mal ressenti à l'époque.

Il est vrai que l'enfance est ouverte à toutes les chimères et que parfois un retour à la réalité s'impose. Mais il est quand même beau d'imaginer un avenir parfait dans un monde utopique, le tout est de rester un minimum réaliste.

Peut-être qu'un jour je deviendrais tatoueuse, ou peut-être pas, mais au final peu importe. Il faut savoir que le plus important dans la vie c'est de ne jamais rien regretter. -

# Flash-back #


Enfin des réponses, ce souvenir rend les précédents tellement plus clairs. La raison de mes larmes, la raison de ma fugue, mon démon intérieur et bien sur l'absence de signalement de ma disparition. Mon premier souvenir doit avoir eu lieu peu de temps après l'incident décrit, ma grand-mère s'est démenée pour que je garde espoir et que je vive la vie que je rêvais. Le pourquoi de l'absence de recherche parait s'explique de lui même, ma famille ne semblait pas réellement aimante et mon père à du être satisfait de perdre le boulet que j'étais vraisemblablement pour lui. Finalement, ce n'est pas plus mal que je ne les ai pas retrouvé puisque que si je les ai fuis c'est pour une bonne raison et non juste pour partir à l'aventure...

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