Chapitre 41 : La deuxième Grande Guerre

Dans les méandres les plus captivants et mystérieux de l'histoire s'inscrivent les scènes épiques de guerres acharnées, de rébellions enflammées, d'inventions révolutionnaires qui tordent inéluctablement le fil du temps. Les moments où tout échappe à tout contrôle. Émergent également les grandes figures, celles que l'on glorifie fièrement, érigées sur leurs destriers, crinières au vent, à la tête d'une armée de fidèles prêts à sacrifier leur existence pour une cause qui transcende leur être.

Puis, vient le mal, l'infâme criminel, cet être dégageant la puanteur et la répulsion de l'existence, les yeux endurcis par la haine, brandissant son arme de prédilection, hurlant pour amorcer la bataille.

T/p se dresse avec détermination en franchissant l'ultime porte pour atteindre les sentiers des remparts. La vue s'ouvre sur la vallée de Gin, où elle croit distinguer la forêt de Manyeo et les tours imprenables de Gyodosdoso. Le vent fouette sauvagement la plaine, emportant avec lui la moindre trace de doute. Les souvenirs de son épopée sont lointains, remplis de nostalgie et d'une amertume d'avoir perdu l'innocence des jours heureux.

Devant elle se tient l'armée des Rebelles, aux portes du royaume, comme cela s'est déjà produit par le passé. C'est une histoire qui se répète, inlassablement et sans fin. Des hommes et des femmes, dépossédés de leur pouvoir et poussés par la peur se dressent pour récupérer ce qui leur est dû. Il n'y aura pas de vainqueur, tout comme il n'y en a pas eu la première fois.

Seulement, cette fois-ci, une seule femme se tient seule face à une marée de corps et d'esprits enragés.

Sa voix, chargée d'urgence, s'engouffre dans le vide entre elle et le sol, traversant les ruelles dévastées, frôlant les sbires de son père, contournant la grille du château avant de frapper de plein fouet l'armée qui s'immobilise, l'espace d'une seconde. Elle les supplie de s'arrêter, de réfléchir, de reprendre leur esprits.

— Vous ne comprenez pas... Vous ne savez pas qui est votre véritable ennemi...

Le cœur brisé, elle reprend son souffle, tentant de réfréner les larmes de honte qui menacent de trahir sa fierté. Ce n'est pas à cause du peuple, ni des Némésis. Non. Cela ne relève en aucun cas d'une lutte pour la survie. C'est simplement une histoire d'ego démesuré, une fierté mal placée que les Néïdes ont amassée pendant des années, prêts à la vomir sur les autres. Il fallait être les plus forts, les plus beaux, les seuls et uniques êtres parfaits.

— T/p !

La voix désespérée de Sunghoon résonne, perçant l'air comme le feu déchirant les couloirs enflammés du château, désormais répercuté sur les remparts. Elle se retourne, apercevant le reste de son équipe se précipitant à toute allure pour la rejoindre. Ils ont dû entendre son cri, son appel à l'aide empreint de désespoir. Ils ont répondu à l'unisson. Elle ne se battra jamais seule.

À ses côtés, Jake la serre dans ses bras. Les cinq membres de l'équipe sont réunis. T/p jette un regard rapide mais le Némésis est introuvable.

— T/p, bon sang, qu'est-ce qui s'est passé ?!

Dans le tourbillon chaotique qui les englobe, la seule femme se trouve face à une multitude de défis à relever, de mystères à percer, de trahisons à surmonter et de révélations à assimiler. La lettre qu'elle a trouvée, le comportement énigmatique d'Heeseung, les bombardements soudains, l'apparition fugace de son père et la trahison de son demi-frère semblent former un puzzle complexe en un temps record.

— Si vous voulez mon avis, on ferait mieux d'en reparler plus tard, s'exclame Niki en jetant un regard vers l'immensité de l'océan noir qui fonce droit sur le château. Finies les petites retrouvailles.

— On a besoin de toi T/p, implore Sunghoon, tentant de la remettre sur pied alors qu'elle lutte pour contenir ses émotions.

Elle hésite, cherchant désespérément les mots justes. Affronter les assaillants dehors ou fuir à toute allure et se terrer dans un trou pour l'éternité ? Elle n'est pas une héroïne des livres d'histoire. Juste une femme perchée sur le sommet de son rocher, confrontée au monde qui s'effondre autour d'elle. Le temps s'écoule inexorablement avant que tout ne vole en éclats, et elle sent le poids écrasant des responsabilités qui reposent sur ses épaules.

— J'ai besoin de temps, lâche-t-elle sans réfléchir, les mots portés par la force de sa détermination, emportés par le vent dans les creux de leurs oreilles.

La petite troupe se met en marche, opérant à une vitesse effrénée. Ils sont les mains les plus habiles, les esprits les plus aguerris, la force motrice de son esprit embrumé. Ensemble, ils incarnent sa puissance et son courage. Ils sont l'ultime rempart contre les forces de l'obscurité.

— Jake, lance ton sort, ça les ralentira un minimum. Tu sais ce qu'on dit d'une armée plongée dans le noir, c'est comme un nourrisson sur le dos, conseille Jay tout en s'élançant dans les airs. Moi, je vais aller retenir ceux qui sont déjà là.

Son corps s'agrippe au mur de pierre, il plante d'un coup sec ses griffes et se laisse descendre dans une grimace douloureuse jusqu'en bas de la muraille. Dans le même temps, une main chaleureuse attrape celle de la Néïde et l'enserre généreusement.

— Ne me lâche pas ! crie le télépathe en s'approchant du bord du rempart. Avec la tempête, impossible de parler normalement. Ses pensées entrent et sortent de sa tête, amplifiées par le pouvoir de la Néïde qui peut l'exercer elle aussi, sans le moindre obstacle.

Comme ça, tout devrait être plus simple.

— Je ne sais pas quoi faire... Elle s'égare. Comment puis-je sauver qui que ce soit ? Qui voudrait vivre traîné dans la boue, rejeté, trahi par celui en qui ils avaient le plus confiance... Je ne serai jamais à la hauteur.

Niki saisit son visage, conscient que sa compagne de cavalerie commence à perdre pied.

Le peuple a besoin de toi. Nous avons tous besoin de toi, T/p. Il faut que tu reprennes le contrôle et que tu ouvres les yeux. C'est maintenant ou jamais. C'est toi qui dois nous sauver. C'est toi qui est dans la prophétie. C'est toi qui nous a guidés jusqu'ici, alors c'est toi qui va nous sortir de là !

Dans l'esprit de la Néïde, le tumulte intérieur fait rage. Ce n'est pas le néant de la vacuité, mais plutôt le fracas de sa vie passée, déchirée prématurément lorsque son père a ôté la vie à son demi-frère sous ses yeux. À cet instant, elle a compris que son destin était scellé, inscrit dans les annales immuables, et que, où qu'elle aille, les mains du destin la ramèneraient inéluctablement sur sa trajectoire. S'opposer, c'est s'élancer tête baissée vers une mort certaine. Ian en a fait les frais, tout comme Sunoo, et probablement l'Ancien Roi.

— Tu dois te battre...

La voix grave de Jungwon résonne puissamment et la fait vibrer, rappelant sa présence qu'elle avait oubliée. Le fidèle ami de son frère pose une main glaciale sur sa nuque, sa respiration pesante emplissant l'air. Une énergie nouvelle l'envahit, ses racines se plongent profondément dans le sol alors qu'elle absorbe avec férocité le pouvoir de la transe cataleptique, ses membres frémissant sous l'impact.

— Regarde droit devant toi, ordonne-t-il d'une voix impérieuse.

La fusion de pouvoirs, inhérente à la nature de la Néïde, est un combat en soi. Elle puise sans relâche dans la magie environnante, la redistribuant avec une fureur égale. Le pouvoir de Niki grandit en parallèle, jusqu'à ce que tout le groupe soit baigné dans les pensées de la nouvelle Reine.

— Concentre-toi uniquement sur ce que tu désires toucher, insiste-t-il. Imagine que chaque instant de ton existence n'a été que préparation pour cet instant. Sa prise se resserre. Respire. Nul ne gagnera si tu défaillis.

Un regard noir de Niki à Jungwon ne suffit pas à détourner l'attention. Jungwon n'est pas un ami ; il est une épée de plus dans ce combat inégal.

T/p obéit, inhalant profondément avant de fixer son regard vers l'horizon lointain, là où les soldats franchissent les plaines, là où son destin l'attend.

— Maintenant, libère-le. Accepte mon pouvoir et tue-les.

Sans la moindre hésitation, elle déchaîne immédiatement tout son potentiel magique, le projetant sur les dernières lignes de l'armée ennemie. Un cri strident s'échappe de ses lèvres, mais c'est trop tard ; l'onde de destruction se propage tel le crépuscule engloutit le jour à l'horizon.

T/p hurle en réalisant son acte et la douleur incommensurable qui va s'abattre sur ses gens.

Un gémissement lugubre et désespéré envahit les rangs de l'armé, les mettant à genoux. Sans répit, la chair se déchire, le sang bouillonne et se répand, cherchant une échappatoire par n'importe quelle sortie. Les yeux s'emplissent de souffrance, le choc est si brutal qu'il ne faut qu'une seconde pour que les cris cessent, remplacés par un silence funeste. Le coup est porté, les dernières lignes ennemies jonchent le sol comme une mer de pourpre, se mêlant à l'herbe verte dans un tableau d'horreur. Ce pouvoir elle l'à déjà vu, elle l'a déjà sentit dans l'air. Cette odeur de sang, ce gout de fer, c'est la même attaque que le Tortionnaire.

La voix sinistre de Jungwon résonne encore et il murmure sinistrement dans la tête de tous ses compagnons et jusqu'au derniers rangs des montagnes de Gin.

— Longue vie à la Reine.

Il se retire, relâchant sa prise sur sa victime. Un vide s'ouvre dans la poitrine de T/p, emplissant l'air de sa lourdeur. Même Sunghoon, debout plus loin, sent l'immense douleur qui consume la Nouvelle Reine. Jungwon et elle viennent de faucher des centaines de vies, des innocents. Y avait-il des enfants parmi eux ? Des êtres qui attendaient patiemment à la maison le retour d'un être cher ? T/p se prend la tête.

— Non, non, non ! Ce n'est pas ce que je veux !

Au fond de son esprit, une voix épuisée, étranglée par les sanglots et les cris, s'élève.

— Putain, T/p, tais-toi !

Elle ouvre les yeux, surprise.

— Jay ?

— Tu penses qu'il n'y a pas d'enfants dans le royaume ? Sa voix se perd alors qu'il esquive un coup de pied. Tu crois que tous ceux derrière ces murs sont responsables et méritent de mourir ? On ne peut pas sauver tout le monde ! La vie n'est pas juste, et les guerres ne distinguent pas toujours les bons des méchants. Il assomme un rebelle et lui arrache le bras pour le jeter sur un autre qui hurle de peur. Elles n'épargnent pas tous ceux qui le méritent, c'est vrai... Mais si nous voulons sauver la couronne et mettre fin à ce massacre, tu dois te battre. Pas seulement pour remporter la victoire, mais pour restaurer la foi, pour que chacun croie en toi comme tu crois en eux.

Les paroles du vampire résonnent dans son esprit. Le monde est injuste, c'est ce qu'il faut retenir. Il n'y aura pas de gagnant. Seulement des victimes. Les livres d'histoires avaient tout faux.

Les pas de T/p se précipitent vers Jake. Elle saisit sa main et se concentre à nouveau, comme Jungwon le lui a dit. Les derniers rayons récalcitrants disparaissent soudain, plongeant le monde entier dans l'obscurité totale.

— Alors, il n'y a rien à faire sinon tout détruire... C'est ironique, pensa-t-elle. Heeseung l'avait prédit. Il avait été le précurseur de cette rage qui embrase désormais le royaume, et personne n'est à l'abri.

Sa tête se redresse dans l'obscurité. Il n'y aura pas de retour en arrière, plus maintenant. Avec le pouvoir de Jake elle redresse les cadavres de la plaine et les envoie têtes et poignards les premiers pour s'en prendre à leur propres compagnons.

— Sunghoon, Niki, vous allez chercher Sunoo dans la salle du trône et vous l'amenez en bas, près de la herse.

— Pourquoi on doit... ? tente l'Eobs-Aeda pour comprendre le plan de son énigme aux cheveux noir.

T/p coupe court à toute question.

— Maintenant.

Niki la relâche et se met en marche en direction de l'intérieur du château, entraînant Sunghoon qui ne veut pas s'éloigner de T/p. La Néïde fait signe au reste de la troupe et s'élance dans les escaliers des remparts pour descendre sur le champ de bataille.

— Jake, combien de temps durera ton sort ? demande-t-elle.

— Environ une trentaine de minutes, à peu près, hésite-t-il, manquant de rater une marche. Avec ton amplification, je n'ai aucune foutue idée.

— On fera avec, répond-elle. T/p se tourne vers Jungwon qui les suit de loin. Toi, tu vas par la droite. Jake, prends la gauche. Jay prendra la tête. Dites-le-lui et faites en sorte de neutraliser autant de soldats que possible. Nous avons besoin que l'armée soit la plus compacte possible, comme un troupeau de moutons qui voudrait entrer dans un enclos trop petit.

— Et toi, qu'est ce que tu vas faire ? demande la voix sombre de Jungwon alors qu'ils atteignent le bas de l'escalier.

— Je vais faire ce que je sais faire de mieux, attendre et gagner du temps. Avec un peu de chance, il sera là et vous arriverez à temps.

— De la chance ?! Tu te bases sur de la chance ?! s'écrie Jake en fracassant la porte en bois.

— Je me fie à lui, c'est ce que j'aurai dû faire depuis le début... chuchote-t-elle, laissant les ténèbres avaler son âme alors qu'elle les laisse passer pour exécuter ses sombres ordres.

Son corps frêle, moins endurci que les autres, serpente le long des remparts, évitant de justesse le cadavre d'un soldat transpercé par une fourche. Elle a besoin d'un homme, un être d'horreur que nul n'attendait, un être dont elle n'aura aucun remords à voir périr sous ses yeux. Pas de pitié, pas la moindre once d'empathie. Si les dieux le désirent, il ne saura jamais qui elle est et viendra de lui-même à elle.

La brute apparaît plus rapidement que prévu. Le visage maculé de sang, les mains enfoncées dans la bouche d'une pauvre poissonnière tentant de protéger ses enfants, il arrache une dent en or et s'esclaffe alors qu'il fourre l'os dans sa poche. T/p avance alors. Sous le couvert de la nuit forcée, elle compte jusqu'à trois, puis se jette sur lui, tel un démon surgissant de l'obscurité. Le colosse hurle de rage en sentant ses ongles se planter dans son dos, tentant de se débattre, mais elle tient bon, s'enfonçant dans sa chair. Elle réussit à le faire chanceler, mais sa force surhumaine la projette à plusieurs mètres, le choc lui brise une côte.

— Une femme ? ricane le monstre en s'approchant d'elle. Tu croyais pouvoir me tuer ? Je t'ai à peine sentie me monter dessus, plaisante-t-il en dégainant son épée.

Il aurait dû être là depuis longtemps. Avait-elle été abandonnée, réduite à néant dans son esprit ? Elle crache du sang, se redresse péniblement, soutenant le regard de son adversaire. Au loin, elle aperçoit Jay qui éclaire l'obscurité d'une lueur meurtrière. Il est temps d'agir, avant que les autres ne finissent en lambeaux.

— Ba alors quoi ? T'as perdu ton courage ? crache-t-elle, sa voix résonnant comme un écho des abysses. Tu te bats contre une femme, armé d'une lame ? Sale lâche.

Aller ma chérie, juste un dernier effort.

Elle le sait, il est là, tapi dans les ombres. Si le rebelle l'attaque avec son épée, tout est perdu. Il faut que le combat se prolonge encore un peu. Le malfrat lâche son arme et avance d'un pas déterminé.

— Viens là salope.

Un coup de poing foudroyant s'abat avant même qu'elle ait pu réagir. D'une rapidité, d'une force telle, qu'elle pourrait rivaliser avec celle de Jay. Son corps s'écrase sur l'herbe, étourdi par la violence du choc. Il la domine avec plaisir et commence à lui asséner une série de coups de pied dans le ventre et le dos, se délectant de la voir agoniser comme la faible créature qu'elle est. Au loin, elle entend les cris de Sunghoon. Eux, au moins, ont réussi. Un sourire amer s'étire sur son visage. Elle se recroqueville sur elle-même. C'est la fin. Tout se termine ici.

— Ça suffit, résonne soudain la voix de Heeseung, surgissant de nulle part, tout comme son corps qui se téléporte derrière le colosse, attrapant ses cheveux pour le tirer en arrière avant de plaquer une main sur son front et ses yeux. Ses globes oculaires roulent dans leurs orbites, menaçant de se pulvériser, tandis qu'il se débat en tentant d'arracher la peau de ses propres mains, convaincu qu'il ne ressentira plus cette atroce douleur.

— Personne ne la touche à par moi c'est clair.

— Je le savais, murmure T/p alors que Niki la redresse. Je savais que tu viendrais.

Elle appelle Jungwon par télépathie, sans rien laisser transparaître à l'amour de sa vie, qui reste immobile, observant son adversaire s'effondrer lentement sur le sol.

Maintenant, c'est le moment. Amène Jungwon et le corps de Sunoo.

T/p se jette dans les bras de Heeseung qui l'accueille d'abord timidement puis l'enlace à son tour.

— Je croyais que tu m'avais abandonné.

Heeseung soupire longuement en sentant son parfum. Il tuerait n'importe qui ce met en travers de son chemin. Elle se grandit et l'embrasse tendrement en resserrant ses mains sur ses bras. Il ne fallait pas qu'il disparaisse encore une fois. Elle était si près du but.

— Heeseung ! Jake hurla en voyant son ami au loin, ce qui eut le don de le faire reculer.

— Je suis désolée. Murmura T/p en continuant de le tenir tellement fermement qu'elle aurait pu lui couper la circulation du sang. Je suis tellement désolée. C'était pour nous sauver. Tu me comprend pas vrai ? Demande-t-elle en fouillant au fond de ses yeux qui ne comprennent pas ce qui est en train de se passer.

— Je t'aime. avoue la jeune femme avant de fermer les yeux et de concentrer leur deux pouvoir de Nemesis à l'unisson.

— T/p... Il essaie de la faire lâcher alors que son potentiel magique s'étant déjà autour de lui. T/p lâche-moi, lâche-moi, bordel lâche-moi maintenant LÂCHE-MOI !

La Néïde hurle à l'Eobs-Aeda de ne pas lâcher le bras d'un soldat, agrippant désespérément sa main. Leur étreinte évoque leurs premiers instants ensemble, mais cette fois-ci, le rôle est inversé. Ce n'est plus lui qui la sauve, mais elle qui le condamne à une souffrance insoutenable. T/p inspire une dernière fois, avant de libérer tout son pouvoir sur Heeseung, qui hurle sous le poids écrasant de la douleur, sentant chaque once de chagrin qu'il a accumulé au fil des années être aspirée hors de lui, absorbée par la jeune femme. C'est une cruelle ironie du destin : rien n'est plus dangereux, plus implacable, que la haine et la tristesse emprisonnées dans un seul corps. Les souvenirs défilent en boucle, taquinant son esprit torturé : sa rencontre avec Sunoo, les coups infligés par son père, la trahison de ses parents, la mort de la Reine Yeji, et tous ces moments passés, seul, en proie aux démons qui hantent son esprit.

Au milieu de la cacophonie magique qui engloutit la foule, se dessine le visage désemparé de Heeseung, son sourire fragile. Est-il possible qu'elle soit prête à sacrifier des milliers de vies en gardant le silence ? Chaque seconde s'étire alors qu'elle s'approche de lui, serrant les dents. Peut-elle vraiment se permettre de l'aimer encore ? Elle pourrait le lui dire mille fois sans jamais se lasser. Le lâcher ? Jamais. C'est aussi inconcevable que d'arrêter de respirer juste avant de mourir. L'amour pour lui est naturel, profondément ancré dans son être, gravé dans chaque fibre de son être.

La destinée avait raison, comme toujours. Bien sûr qu'il pouvait voler mon ange.

Le lien entre Sunghoon et les soldats, agglutinés les uns contre les autres, émet un ultime éclat avant de se briser comme une vague noire s'abattant sur l'océan des combattants, les terrassant en un instant.

Le coup est fatal. Personne ne sortira indemne de cette tragédie.

Les pages des livres d'histoire parleront-elles d'eux ? Y aura-t-il un chapitre consacré à leur amitié, aux soirées passées sous une tente sans fond, à l'arbre majestueux, à la créature des plaines, au manoir du grand-père ? Comment décrire cet éclat lumineux qui a traversé la nuit et l'éternité, s'immisçant dans les regards, les échanges silencieux ? Les historiens chercheront en vain, car la vérité ne se plie pas aux fables incroyables. Il n'y aura ni bons ni méchants, car en vérité, les gentils ont tué et les méchants ont souffert, eux aussi.

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