Chapitre 40 : Révérences Funèbres
Le temps s'écoule lentement comme si toutes les couches de l'espace s'étaient écrasées encore et encore pour se compresser et emprisonner les mouvements de ceux qui l'occupent.
Première explosion. Les murs tremblent et T/p manque de se faire assommer par une pierre qui s'échappe d'un mur. Des cris résonnent au-dessus d'elle, les servants accourent pour se mettre à l'abri quelque part dans le château. Elle s'extirpe des cachots difficilement, les larmes qui brouillaient sa vue inondent son visage, tellement qu'elle ne voit même pas ou elle met les pieds. Un mélange de colère et de tristesse lui dévore les entrailles. C'est insoutenable.
Deuxième explosion. Elle arrive enfin dans les couloirs du château. Un homme en costume hurle qu'ils se font attaquer. Un petit groupe de soldats arrivent et poussent tout le monde sur leur passage pour rejoindre la salle du trône.
— QUE TOUT LE MONDE SE METTENT À L'ABRIS ! S'égosille une femme de chambre en courant, complétement terrifiée.
Le corps lourd de T/p continue sa marche sans se retourner. On la bouscule, on lui marche sur les pieds, un homme qui devait faire à manger lui donne un coup d'épaule et la dépassant avec un énorme plateau dans les mains. Bientôt, c'est une foule qui fonce vers elle pour se diriger le plus loin possible de l'épicentre des bombardements.
— DÉGAGEZ !
On se pousse, chacun court pour sa vie en oubliant les autres. Les femmes et les enfants d'abord n'est plus qu'un vieux dicton dont on se fout éperdument. Un serviteur se fait étaler au sol par un garde qui prend ses jambes à son coup. L'armure lourde et imposante aplati et réduit son visage à néant, laissant libre court à tous les autres pour lui marcher dessus.
Troisième explosion, la néïde se retrouve propulsée contre un mur. La bombe à dû tomber tout près d'ici. Sa tête est lourde depuis qu'elle à cogné contre la pierre, le sang chaud qui coule sur son front glisse et se mélange dans son œil aux larmes salées. C'est comme si toute la terre avait entendu sa haine et son dégoût pour le monde et qu'elle frappait d'une multitude de rocher les alentours.
— T/P !
La voix de Sunghoon ricoche au loin. Elle se sent secoué, malmené puis porté de force.
— Lâche-moi. dit-elle d'abord dans un murmure.
Mais il s'agrippe encore plus.
— Lâche moi ! crit-elle enfin en se dégageant de sa prise.
Son petit corp perdu dans la masse hurlante et folle qui accourent vers on ne sait où les séparent. Elle entend la voix de Sunghoon qui hurle son prénom, encore et encore, dans les flammes qui commencent à ronger les rideaux rouges, puis à travers les tableaux tachés de crasse et de poussière puis de suie.
— Maman...
Un gamin pleure, elle le voit les bras ballant contre un mur qui observe les fuyards et qui à surement du y voir sa mère le délaisser lui aussi, comme elle. T/p arrive à sa hauteur, elle lui tend la m-
Quatrième bombe.
Cette fois-ci, c'est à à peine quelques mètres d'eux qu'elle est tombée. Le sol s'effondre, les lustres qui bougeaient déjà commencent à tomber les uns après les autres en écrasant d'innocentes âmes au passage qui hurlent de douleur en se sentant transpercer par le fer dur et rouillé.
T/p se redresse après plusieurs minutes d'inconscience, les bras fendus de coupures sanglantes. Le corps du garçon est sur le ventre, les bras écartés, embroché sur un pique de décoration en bois vernis avec le drapeau du royaume qui semble danser au bout, planté sur son cadavre. La scène est immonde, elle manque de vomir et ferme les yeux en passant par-dessus lui.
Un bras contre le mur intérieur, elle avance en clopinant, sans y voir, en ressentant toute la douleur du monde, en entendant toutes les pensées les plus sombres d'horreurs qui se propagent autour d'elle. Des bruits gutturaux, d'agonie, toute sorte de hurlements venus des enfer mais surtout... surtout... les centaines de milliers d'appels à l'aide, de pardons, les regrets, les déclarations jamais dites et tout ce que l'on voudrait dire lorsque l'on se sent mourir.
— Aaah...
Elle voudrait s'arracher les oreilles mais il n'y a rien a faire, c'est dans sa tête. Ils sont tous dans sa tête. Ils sont tous bloqués là. Chaque voix, chaque murmure et chaque souffle s'engouffrent dans son crâne et arrache le peu de clarté qui lui reste.
Après la dernière bombe, de multiples pans de murs se sont effondrés, s'ouvrant béant sur la ville qui s'étale en dessous du château. T/p s'approche en entendant le son d'une corne qui s'élève par delà les enceintes du royaume. Quand elle découvre dehors, ce n'est plus une ville, les maisons sont incendiées. Les ennemis rasent les tours, tuent et pillent les habitants sans aucune once de pitié. Les remparts de l'est se sont effondrés sous les coups des assaillants et encore plus loin, dans ce qui lui semble être une marée immense et noire, une armé gigantesque approche sans s'arrêter.
— Les rebelles.
Ils arrivent, comme une bête assoiffée de sang et de chair fraîche. Il faut qu'elle prévienne Sunoo. Il faut que quelqu'un sache et qu'il se prépare à être envahie par l'ennemi. T/p se recule, elle ne sais plus quoi penser. Les ennemies ? Les rebelles... Tout tourne très vite dans sa tête. Le Roi est mort. Sunoo est au pouvoir et rien ne le protège. Sunoo est...
— Tuez tous les survivants ! Ordonne un homme encapuchonné sous une longue robe brune.
Il tend les mains et invoque un long jet de flamme qui brûle les corps à sa proximité. D'autres arrivent et font de même en s'acharnant sur la foule depuis la porte qui mène à la salle du trône.
Des partisans de l'armée des Rebelles ? Heeseung disait qu'il y en avait toujours parmi les civils. T/p se glisse contre un mur et esquive de justesse ces hommes qui regroupent les autres habitants du château dans un coin et les massacre un à un. Pour l'instant, pas la moindre trace de ses amis, elle espère qu'il ne sont pas mort durant les bombardements.
Devant elle se dresse la grande porte en bois massif de la salle du trône. Fracturée, explosée en son centre, T/p ne sait même pas comment elle tient encore dans l'encadrement en pierre. Elle jette un coup d'œil à l'intérieur et se précipite.
— Sunoo !
Sa voix résonne dans la grande pièce et les deux hommes qui s'y tiennent se tournent vers elle.
— T/p, qu'est ce que-
La voix de son demi-frère s'estompe dans un crachat de sang qui s'étale au sol et sur son menton.
— Enfin ! J'ai bien cru que tu étais morte sous une pierre. soupire un homme en la lorgnant d'un œil avant de retirer son bras de l'intérieur du ventre de son demi-frère.
T/p se fige, elle sait très bien qui est cette présence tellement puissante qu'elle ne peut plus bouger. Le némésis au visage griffé d'une cicatrice de haut en bas de son œil gauche lève un sourcil en la voyant immobile. Ses yeux d'un vert émeraude profond sonde également la pièce, jonché de cadavres de soldats et il plonge ses mains recouvertes de sang dans ses poches.
— Les retrouvailles ne sont pas joyeuses on dirait. Il se penche vers Sunoo et mime un regard désolé. C'était pas contre toi, promis. Mais tu étais tellement... Comment dire ...? il esquisse un sourire. Arrogant ? Pénible ? Non plutôt foutrement détestable.
Le néïde se contracte mais rien ne se passe, il sera mort d'ici quelques minutes en s'étant vidé de son sang comme un mouton qu'on égorge. T/p amorce un coup, son interlocuteur ne bouge même pas d'un pouce et arrête l'attaque d'un coup de main maîtrisé et rapide.
— T/p voyons... Ce n'est pas comme ça qu'on dit bonjour à son papounet d'amour.
La voix rocailleuse du Némésis s'adoucit, il admire les contours du visage de sa fille bien aimée. Le tortionnaire avait raison. Elle lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Il à la peau aussi pâle qu'elle et les cheveux aussi noir qui ne laisse pas passer la lumière. Ses yeux verts sont le reflet parfait au détail près des siens.
— Vous avez tué mon frère ! Espèce de monstre. Lui crache-t-elle à la figure en se dégageant de sa main.
— Ton, ton frère ? Ahahha. Il rigole à gorge déployée en s'avançant vers elle. Ce morveux n'était même pas capable d'éprouver la moindre compassion pour ses compagnons et tu crois qu'il te voyait comme sa sœur ? Réfléchi bien et regarde autour de toi T/p.
Il montre les alentours du doigt.
— Dit moi ou sont tes petits amis pendant qu'il se cache tout en haut de sa tour d'ivoire ? Montre moi, non, laisse moi apercevoir la simple traînée d'un de leur potentiel magique et je lui laisse la vie sauve. dit-il en la regardant se décomposer devant lui.
T/p n'en croit pas ses oreilles. Rien de tout cela ne fait sens et pourtant personne n'est ici. Les garçons ne sont pas là. Sunoo, qui commence à nager au milieu de son sang, lui jette un regard sombre.
— C'est pas vrai Sunoo... c'est pas vrai hein ? Tu nous as pas abandonné ?
Le visage de son frère qui agonise se plante dans le sien.
— Vas crever sale garce.
La main chaude de son paternel se pose sur son épaule.
— Ça a toujours été toi qui devait monter sur le trône, et personne d'autre. murmura-t-il dans le creux de son oreille.
Elle sentit de l'excitation quand il pu poser sa main sur elle. Quelque chose comme du relâchement et une appréhension qui s'évanouissait enfin. Son père l'a pris dans ses bras. Là, au milieu de tous ses corps et devant la dépouille de son frère. C'était effarant de tristesse et de douleur.
— Comment ? ... Comment pouvez-vous vous réjouir alors que les habitants sont tous en train de mourir là, sous nos pieds, en bas des remparts du château. Alors que vos hommes sont en train de brûler les serviteurs du palais en les tuant coups sur coups.
T/p aurait pu se mettre en boule sur le sol et pleurer toutes les larmes de son corps si elle n'avait pas épuisé sont corps de celles-ci quelques minutes avant. Elle aurait crié si elle n'avait pas déjà la gorge nouée et elle aurait frappé s' il lui restait encore de la force.
— T/p ?
Son père avait arrêté de la câliner et se tenait droit devant-elle.
— Oui ?
Le nemesis remonta deux marches et trempa ses doigts dans la flaque de sang de Sunoo qui avait fermé les yeux et arreté de bouger depuis un moment.
— Il faut que tu saches quelque chose sur les néïdes. Tu sais que leur pouvoir utilise le pouvoir d'un autre potentiel magique et le réplique, n'est ce pas ?
— Oui.
C'est Sunoo qui le lui avait appris...
— Sais tu ce qu'il se passe quand plusieurs personnes on se pouvoir ? A tu une idée de la puissance qu'ils ont et de la peur et la fascination qu'ils entraînent ?
— Oui je le sais. Je sais que les Néïdes était la famille royale parce qu'il était vénéré comme des dieux par le peuple. Mais c'est aussi ça qui les a mené à la Grande Guerre et à se faire chasser du trône.
— Bien, alors dis moi... Que se passe-t-il quand ce pouvoir n'est plus un groupe mais une seule personne ? Qu'est ce qu'il se passe quand une seule personne possède le pouvoir le plus puissant de tous les pouvoirs ? Il trace quelque chose au sol, similaire au tatouage des habitants de Manyeo. Le pouvoir des néïdes est très puissant il est vrai, mais il perd de sa valeur lorsqu'il est utilisé par plusieurs personnes. En revanche, il est divin si il n'est plus que dans les mains d'une seule.
— Jamais je ne ferais de mal aux habitants du royaume comme Yeonjun !
Sa main se pose sur les signes et une grande sphère s'ouvre. Un portail, de la taille d'une personne lambda. Le némésis y passe une main puis un bras et se retourne vers sa fille une dernière fois.
— Peut-être, sûrement que tu seras une bien meilleure souveraine que lui. Mais ses gens, ce que tu veux protéger, est-ce qu'il penserons comme ça eux aussi ? Et l'armée des Rebelles ? Crois-tu qu'elle arrêtera son massacre aussi facilement ? Viens avec moi, je t'apprendrais comment utiliser ton pouvoir et tu sera assez fortes pour devenir l'être le plus fort du monde.
T/p le regarde. Elle observe les contours de son visage. Elle regarde avec attention celui dont-elle a tant rêvé, celui qui devait venir la sauver elle et ses amis. Le mystérieux Némésis n'en est pas moins impressionnant ni sombre. Mais il y a une part d'elle qui s'est attachée et qui a évolué avec les garçons. Si elle part maintenant, peut-être ne les reverra-t-elle plus jamais. Et Heeseung ? Est-il revenu dans les cachots ? Et sunghoon, à-t-il réussi à éviter les hommes sous leurs capuches ? Et les autres, sont-ils au moins en lieux sûr ?
— Je ne peux pas. Dit-elle. Ma vie, mes amis, tout est ici. Mon monde c'est celui-là.
— Si c'est ce que tu veux, alors qu'il en soit ainsi...
Le reste de son corps disparut dans le tourbillon violacé et il glissa une dernière fois sa main sur le visage glacé de sa fille et il glissa ces quelques mots dans un souffle tellement chaud qu'elle cru qu'il ne partirait jamais.
— Le roi est mort, vive la reine.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top