Chapitre 36 : La fin justifie les moyens
"Tout ira bien."
T/p rassura pour la centième fois Heeseung, qui ne voulait pas la laisser seule avec Sunoo.
"Tu dois croire en moi." Dit-elle alors qu'il était arraché par la force. "S'il te plaît, crois en moi !"
"Je crois en toi, c'est l'autre fou qui me fait peur." Il dit, en regardant Sunoo qui lui lançait déjà un regard noir.
Le Némésis fut renvoyée, derrière les portes de la salle du trône, comme une vermine que l'on chasse.
Sunoo, qui n'avait pas perdu une miette de la petite scène que son ami avait faite en tentant de se rebeller, se frotta les mains de la faiblesse qu'il avait montrée à l'égard de sa bien-aimé. Les choses allaient être bien plus faciles ainsi si le monstre n'essayait pas de lui casser la figure.
T/p se tourna vers son frère qui n'avait pas bougé d'un poil.
"Sunoo, qu'est-ce que tu fais ?!"
La voix de sa sœur, pleine de reproches, lui donna un haut-le-cœur, mais il parvint à déglutir.
"Je fais ce que dit la prophétie. Je sauve le royaume !"
Bien sûr, il était l'élu. Le seul Neid capable de régner sur le trône, c'était lui et lui seul.
"Sauver le royaume ? La prophétie ? Mais grand-père a dit que..."
Il la coupa en haussant un sourcil plein de jugement. Elle était trop crédule.
"Non mais franchement T/p.... Nous savons tous les deux que tu n'es pas la bonne. Je coche toutes les cases ! C'est moi qui ai réuni les sept garçons ! C'est moi qui ai décidé que nous devions partir à l'aventure ! De plus, je suis le descendant du roi et de la reine. C'est moi que tout le monde attend."
Bien sûr, c'était logique. Personne sur cette terre ne détestait son père plus que lui. La seule personne qui pouvait prendre sa place à la tête du royaume de Gin était le prince Sunoo.
T/p s'approcha doucement de lui pour essayer de le raisonner. Mais il recula en criant.
"Non ! Je ne te laisserai pas tout gâcher." Il la pointa du doigt. "Toute ma vie, je me suis caché dans une maison pourrie, entouré d'incompétents et de misérables qui ne pouvaient même pas contrôler leurs pouvoirs. J'ai subi la folie de mon père enfermé dans une cage, isolé de mes proches pour finalement perdre la seule personne à laquelle je tenais dans une guerre stupide et sanglante."
Il ferma les yeux, revoyant le visage triste de sa mère.
"Je ne veux plus jamais revivre cela. Je veux que tous ceux qui m'ont fait du mal..." Il bégaya, essayant de donner un sens à ses paroles. "Je veux qu'ils meurent." Il finit par admettre.
Les mains sur la tête, il devait avoir l'air d'un fou. Mais il était fou. Fou de rage et de haine pour tout le monde, pour l'univers entier même.
"Et tous ces innocents là-bas ? Ceux qui t'ont encouragé dans les rues, tous ceux qui t'ont attendu, eux aussi mourront." Dit-elle.
La pièce s'assombrit soudain, comme lorsqu'il s'était emparé du trône par la force. C'était comme si ses émotions avaient un effet direct sur sa magie et qu'il en perdait le contrôle.
"Sunoo, il faut que tu te calmes." T/p essaya en vain, d'une voix douce et compréhensive, alors qu'elle s'éloignait de lui, effrayée.
"Tu veux que je me calme ? Que je me calme ?!" Il dit en la fixant, le visage tendu par la haine. "Il n'y a pas un jour où je ne brûle pas de rancœur T/p. Chaque matin, j'espère que ce monde pourri brûle et nous emmène tous dans l'autre monde. Chaque heure qui passe est un pas de plus vers l'anéantissement, le déclin, "L'enfer absorbera le paradis et le mal troublera la paix" n'est-ce pas ? C'est ce qu'on dit, non ? C'est ce qu'a dit ce foutu druide, non..."
Il laissa planer un silence si lourd de sens que même les soldats, qui avaient écouté tout son discours sans bouger, sentirent venir la fin de sa phrase, la piétinant de leurs bottes de métal.
"Qu'ils meurent dans les entrailles de l'enfer, tous autant qu'ils sont. Je ne ferai rien pour les sauver, cette prophétie restera sur cet arbre de malheur et nous n'en ferons rien." Il serra les dents et attrapa le bras frêle de sa sœur qui n'avait pas su quoi dire en le voyant ainsi. "Et toi aussi."
Il utilisa le pouvoir de Jungwon à pleine puissance, la faisant plier et s'agenouiller devant lui. Elle ne pouvait rien y faire et se crispait de douleur, gémissant pitoyablement. C'était vrai, elle était bien plus faible que lui.
"Me suis-je bien fait comprendre T/p ?"
"Oui, j'ai compris..."
***
Alors qu'elle franchit la porte de sa chambre, deux bras l'entourent aussi rapidement qu'ils ont claqué la porte. Elle sent un souffle dans son cou qui veut s'assurer que c'est bien elle. Heeseung la serre si fort que leurs corps pourraient se confondre. Elle veut qu'ils fusionnent pour toujours. Qu'elle soit lui et qu'il soit elle.
En l'espace de quelques heures, c'est comme si elle avait vécu plusieurs vies sans lui.
"Je ne veux pas te perdre." Il l'affirme en glissant une main rassurante dans son dos.
"Tout va bien. Il ne s'est rien passé, je te le promets."
Ce n'est pas vrai, tout est arrivé et elle ne pouvait rien y faire. Elle comprend qu'il parle de l'incident dans la salle du trône.
Heeseung place son visage devant le sien et la regarde. Elle y voit la peur, l'angoisse permanente, mais surtout l'amour.
"Je t'aime." Il avoue.
Son cœur se serre. Elle regrette d'avoir dû lui mentir et lui cacher la vérité. Qu'elle a promis à Sunoo de ne rien faire. Elle admire son visage, sachant que c'est peut-être la dernière fois.
"Je sais, moi aussi."
Puis ses lèvres se fondent sur les siennes. C'est chaud bouillant, passionné et ardent. Il faudrait des centaines de pages pour décrire la sensation de son corps contre le sien. Elle n'arrive même pas à imaginer le goût de sa bouche, son estomac se serre sous l'effet de la nouveauté.
Elle aime la façon dont il se délecte de chaque parcelle de peau qu'il touche comme si c'était la dernière fois qu'il pouvait le faire. Si seulement il savait... Il la saisit fermement, puis la caresse. Parfois, sans s'en rendre compte, il promène ses doigts sur les parties qu'il préfère. Elle le sent car il soupire doucement dans son cou. Comme si sa simple silhouette était déjà pour lui le plus grand des plaisirs.
Heeseung enlève sa chemise et la lui fait passer par-dessus sa tête. Il l'admire dans la lumière épaisse des rideaux. Il la bloque contre la porte et trace de longues lignes interminables entre ses seins, le long de son ventre et sur ses épaules nues.
"Tu es magnifique." Il murmure, mordille une de ses clavicules en enlevant à son tour son haut.
Elle a envie de le détailler elle aussi. Il est beau dans les tenues les plus simples. Sa peau mate reflète son état d'esprit autant que les pupilles noires de ses yeux. Les cicatrices de ses peines, un vieux suçon d'amour, ses blessures de haine.
Elle trace le contour d'anciennes cicatrices de combat. Bien qu'elle l'ait déjà remarqué, Heeseung se bat comme il aime, de tout son être.
"Je ne pourrai pas me retenir si tu me touches." Il l'avertit tandis que ses yeux noirs s'assombrissent encore plus sous l'effet du désir.
"Très bien." Elle s'éloigne en souriant.
Il la regarde surpris et la suit, créant un moment de suspense où ils ne sont que tous les deux, seuls au monde.
"T/p reviens ici tout de suite". Sa voix autoritaire n'a pas l'effet escompté et elle lui jette un oreiller au visage.
"Ne joue pas à la princesse", ordonne-t-il en l'intimidant.
Il disparaît soudain et réapparaît quelques mètres plus loin, un air félin sur le visage.
"C'est de la triche". Elle se plaint en le regardant disparaître à nouveau.
Mais elle ne le voit pas réapparaître. Elle est seule dans la pièce, incapable de savoir où il se trouve. Est-ce le début d'un futur proche ? Ses yeux le cherchent à travers la pièce, dans chaque recoin, et l'idée que sa vie pourrait être ainsi, sans lui, sans eux, lui donne envie de vomir. Elle sent ses mains trembler.
"Heeseung ?" demande-t-elle à bout de souffle.
Puis un torse se colle à son dos, des mains glissent délicieusement sur ses hanches et viennent soulever ses mains devant elle.
"Je serai toujours là. Même si tu ne me vois pas, je serai toujours derrière toi, caché dans ton ombre. " Il la rassure.
Elle se sent pleurer. Il ne sait pas quel effet ses mots ont sur elle. Ou peut-être est-ce une promesse qu'il lui fait lorsqu'ils scellent leurs lèvres.
Il ne sait pas à quel point c'est vrai. Le monde est injuste, et elle a envie de crier, de hurler, de le serrer si fort qu'elle puisse respirer en lui.
***
T/p serre Heeseung contre elle alors qu'il s'endort à ses côtés après une nuit mouvementée, le visage enfoui dans son cou, comme si elle craignait qu'il ne disparaisse en minuscules particules de poussière.
Parce qu'elle sait ce qui les attend maintenant, et que la peur lui broie l'estomac.
Parce qu'ils ne sont plus seuls au monde, mais seuls contre le monde.
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