We're coming home
Brève note : Ceci est l'OS que j'ai écrit pour le concours IronDad, sur le thème "J'ai besoin de toi".
We're coming home
Il y avait un étrange sentiment d'appréhension qui s'était installé dans la poitrine de Tony depuis que son mari, Steve, et son fils, Peter, étaient partis en mission, trois jours plus tôt. Objectivement, il n'avait aucune réelle raison de s'inquiéter ; ils n'étaient partis que tous les deux pour s'assurer qu'une des anciennes bases d'Hydra, dans une forêt en Sibérie, était bien désaffectée, inutilisée et inutilisables, et récupérer d'éventuelles armes restées sur place.
Peter avait été intenable quand Steve lui avait proposé de venir avec lui, même si Tony avait été sur la réserve. Il détestait l'idée que son fils soit aussi loin de lui pendant tant de temps. Mais il s'était fait une raison, s'était raisonné ; Peter était avec Steve, ils ne risquaient rien tous les deux.
Cependant, il ne pouvait faire taire cette petite appréhension qui lui grignotait douloureusement la poitrine. Soufflant longuement, Tony posa une main sur son torse et frotta doucement le t-shirt pour essayer de l'apaiser, se concentrant du mieux qu'il pouvait sur les propulseurs qu'il était en train d'améliorer. Il était presque deux heures du matin ici, et ses yeux le brûlaient de fatigue, mais il n'arrivait pas à se résoudre à aller dormir.
Il voulait le retour de sa famille.
Comme s'ils l'avaient entendu, F.R.I.D.A.Y. lui indiqua que Steve était en train de le joindre.
- Je savais que tu dormirais pas, plaisanta Steve quand Tony décrocha.
- Je vois pas de quoi tu parles...
- Mhmh.
Tony sourit à l'entente de la voix de Steve. Même si cela ne faisait que trois jours, il lui avait cruellement manqué. Il détestait cette sensation, tout comme il aimait toujours les retrouvailles qui suivaient toujours ces périodes d'absence.
- Alors, comment s'est passée la mission ? demanda nonchalamment Tony en s'asseyant sur une chaise roulante, comme si la question était anodine.
- Bien. La base était bel et bien vide à notre arrivée, et on a récupéré quelques armes qui restaient là-bas, même si elles semblent inutilisables.
- Oui, on ne sait jamais si quelqu'un les trouve et soit capable de les réparer ou d'en faire autre chose...
- Voilà, acquiesça doucement Steve, semblant fatigué.
Il était plus ou moins dix-neuf heures, en Sibérie, calcula rapidement Tony.
- Vous rentrez, alors ? demanda-t-il de nouveau.
- Oui, on vient tout juste de décoller. On sera là... demain matin, normalement, réfléchit Steve.
Derrière, on entendait le ronronnement tranquille du moteur du Quinjet.
- Bon... comment va Peter ?
- Je te le passe, je vais prendre les commandes.
Il y eut un froissement, dans le téléphone, et Tony attendit patiemment que Peter prenne le téléphone, pour entendre sa voix babiller de façon surexcitée, sans doute.
- Hey, papa ! s'exclama-t-il joyeusement, bien qu'il semblât aussi un peu fatigué.
- Alors, comment ça s'est passé ?
Il écouta donc Peter parler et parler et parler sans s'arrêter, lui racontant le moindre détail de tout ce qu'ils avaient fait, Steve et lui, et Tony écoutait, un sourire aux lèvres. Son fils lui avait manqué plus que de raison, même si ça ne faisait que trois jours. Il détestait ces missions, vraiment, surtout quand elles étaient si loin, et puis, Peter n'avait que seize ans...
Au milieu du monologue du gamin, soudainement, un gros bruit se fit entendre et Peter poussa un petit cri de surprise, et Tony fronça les sourcils.
- Qu'est-ce qui se passe ? ça va ? Peter ?
- Oui, oui, t'inquiète ! papa a dit qu'on passait au milieu d'une grosse tempête de neige, ça secoue un peu, plaisanta-t-il.
Le cœur de Tony se serra légèrement.
- Si c'est trop dangereux –
- Arrête de t'inquiéter, Tony ! le réprimanda Steve, au loin.
Plus facile à dire qu'à faire. Il avait hâte d'avoir son fils et son mari près de lui, c'était la seule façon de le rassurer en cet instant.
- Bon, papa, je vais te laisser, je crois que je vais dormir un peu, dit Peter en bâillant ouvertement, ce qui tira un sourire attendri à Tony. En tout cas c'était génial.
- J'espère que t'en as bien profité parce que la prochaine fois tu restes avec moi, râla faussement Tony – même s'il pensait ces mots.
- Papa a dit que j'avais assuré et que j'aurai le droit de venir la prochaine fois ! protesta Peter d'une voix fatiguée.
- Je vais faire comme si je n'avais rien entendu. On se voit dans huit heures, gamin.
- Je t'aime aussi, papa, bâilla-t-il une nouvelle fois, et il donna le téléphone à Steve avant même qu'il ait eu le temps de répondre.
- Essaie d'aller te coucher, Tones, lui dit doucement son mari. Je t'appelle s'il y a le moindre problème.
A bien y réfléchir, les yeux de Tony étaient lourds et son corps vraiment fatigué. Il dormait toujours assez mal quand Steve n'était pas là, et encore plus quand Peter n'était pas là.
Il finit par raccrocher avec Steve, un peu à contrecœur, et décida d'aller se coucher comme il le lui avait conseillé, avec la certitude qu'à son réveil, enfin, il ne serait plus seul ici. Les Avengers vivaient bien au Complexe, mais dans une aile complètement détachée de ses quartiers personnels, et il avait tendance à s'isoler, en général, ayant passé les quelques derniers jours à travailler sur un nouveau prototype nanorobotique de son armure.
Il lui sembla qu'il n'avait dormi que quelques minutes. Comme s'il avait fermé ses yeux et s'était réveillé immédiatement. Il lui fallut de longues secondes pour savoir ce qui l'avait réveillé.
C'était une alarme.
- F.R.I.D.A.Y., qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il d'une voix rauque, peinant à ouvrir ses yeux, mais se redressant malgré tout dans le lit vide.
- Un signal de détresse a été émis par le Quinjet Maria, numéro XSRS-100801.
Cela lui fit ouvrir immédiatement les yeux.
Le Quinjet Maria. Celui que Steve et Peter avaient emprunté pour se rendre en Sibérie...
Il se leva précipitamment de son lit, s'emmêlant dans les couvertures, le cœur battant à toute allure.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-il d'un ton pressé en se dirigeant à toute allure vers l'ascenseur pour se rendre au labo.
- Le message évoquait une panne moteur et la défaillance des tubes Pitot, Patron.
Le sang de Tony se glaça dans ses veines.
Non.
Parce que si c'était ce qu'il croyait... si c'était ce qu'il croyait, ce n'était pas possible...
Non, non, non.
- Où est-ce que ça en est ? qu'est-ce qui s'est passé ?
- L'appareil a cessé d'émettre depuis cinq minutes et vingt-trois secondes, Monsieur. Voici sa dernière position.
Une carte s'afficha immédiatement à l'écran, et la respiration de Tony se bloqua dans sa gorge.
Le Quinjet n'avait plus donné de signal de vie depuis cinq minutes. Il venait de disparaître au-dessus des forêts glaciales de Sibérie.
Tony ne pouvait plus respirer. Son souffle était coincé entre sa poitrine et sa gorge, et il tira sur le col de son t-shirt, en vain.
Steve et Peter venaient de... de disparaître – de disparaître au-dessus de la Sibérie... Il fallait – il fallait qu'il –
Il ne se rendit compte qu'il s'était effondré que lorsque ses genoux percutèrent violemment le sol. Mais il n'en avait cure. Son fils et son mari – sa famille, bordel – venait de disparaître. Et il se trouvait à des milliers de kilomètres. Ils étaient loin. Ils étaient – ils étaient – non. Non.
- Tony ! s'exclama une voix, au loin, avant que deux mains se posent sur son épaule et le secouent violemment pour le faire revenir à lui. Tony ! Qu'est-ce qui se passe ?!
Quand l'homme posa ses yeux agrandis de terreur sur celui qui le secouait, il reconnut Rhodey. Seulement vêtu d'un t-shirt gris et d'un pantalon de survêtement, il avait l'air de s'être réveillé en sursaut. F.R.I.D.A.Y. avait sans doute dû le prévenir, comme tout le reste des Avengers, d'ailleurs.
- Peter – bredouilla Tony en essayant de respirer, mais rien que dire le nom de son fils le replongea dans les affres de son attaque de panique. Peter – Steve – ils – Sibérie – je –
- Respire, Tony, lui ordonna Rhodey en amplifiant les gestes de sa propre respiration. Inspire et expire. Inspire et expire. Concentre-toi sur moi, voilà. Inspire et expire. Ça va aller, je suis là.
Il lui fallut de longues minutes pour retrouver une respiration plus calme, et son esprit fut tout de suite beaucoup plus clair.
Une panne moteur... défaillance des tubes Pitot... L'absence de signal...
Tony expliqua la situation à Rhodey en se concentrant pour ne pas se laisser de nouveau emporter. Il frotta durement sa poitrine pour essayer d'apaiser le nœud qui la comprimait douloureusement.
Rhodey prit immédiatement un air sérieux, celui du Commandant Rhodes. Et Tony savait qu'il prenait les choses en main, soudainement, alors que le reste des Avengers arrivait dans le labo en demandant ce qui se passait.
- Ecoute-moi bien, Tony, dit Rhodey en remettant ses mains sur les épaules de Tony, qui semblait hébété, incapable de réaliser ce que tout ça voulait dire.
Il essaya de se concentrer sur les yeux de son ami.
- On va les retrouver. On va faire tout notre possible, on va les retrouver. D'accord ?
Tony acquiesça d'un air tremblant.
Mais s'ils ne retrouvaient que des corps... ?
Non. Il ne fallait pas qu'il pense à ça. Non. Steve et Peter étaient vivants. C'était à lui d'aller les secourir, maintenant.
- Que tout le monde soit dans le Quinjet dans deux minutes, ordonna Natasha en se mettant en route, rapidement suivie de Clint, Bruce et Rhodey.
- Bruce, l'interpela ce dernier.
Le scientifique se retourna avec un air interrogateur.
- Prépare l'équipement médical et les couvertures thermiques.
Bruce acquiesça et partit dans la direction opposée, tandis que Rhodey aidait Tony, qui se recomposait et reprenait sur lui, avec un air à la fois effrayé et déterminé. La vérité, c'était que jamais il ne s'était senti aussi paralysé de sa vie...
**
Steve ouvrit les yeux sur quelque chose d'infiniment blanc. Cotonneux.
Il cligna plusieurs fois des paupières, sans savoir pourquoi il était allongé, pourquoi il avait aussi froid et aussi mal. Il avait l'impression qu'un train de fret lui était passé dessus, trois fois. Il grimaça et porta une main à sa tête soudainement lancinante. Ses oreilles sifflaient bruyamment, et tout était flou autour de lui.
Où est-ce que... où est-ce qu'il était ?
Steve se redressa en position assise, et soutint sa tête quand le monde se mit à tourner d'un seul coup sous ses pieds. Mon Dieu, mais qu'est-ce que sa tête lui faisait mal...
Qu'est-ce qui s'était passé pour qu'il se retrouve dans cet état ?
Lentement, il se remit en position assise en ignorant les vertiges qui l'assaillaient, se tournant ensuite sur les genoux en gémissant faiblement. A en juger par la douleur qui le mitraillait, il devait aussi avoir l'épaule droite disloquée.
Et le bourdonnement de ses oreilles ne se calmait pas.
Clignant rapidement des yeux, il regarda autour de lui avec incompréhension. Il était entouré par des arbres et tout était d'un blanc vif atténué par une nuit tombante. Il apercevait de nombreux débris métalliques autour de lui, ainsi que de petits feux sans importance, qui mouraient rapidement.
Qu'est-ce que...
Il cligna de nouveau les yeux en essayant de s'éclaircir l'esprit.
Et tout lui revint d'un seul coup, avec une telle brutalité qu'il retomba lourdement sur le sol froid.
Peter... le Quinjet... le crash... la tempête de neige... Peter... Peter !
- Peter ! s'écria-t-il quand il se rendit compte qu'il avait perdu son fils.
Steve se redressa d'un seul coup, comme électrocuté. Il fallait qu'il le retrouve, il était là, avec lui, il était là, il –
L'homme grimaça douloureusement quand le mal de tête lancinant qui pulsait contre ses tempes s'intensifia lorsqu'il se retrouva enfin debout. Il s'appuya contre un arbre en essayant de juguler sa panique grandissante et son vertige qui semblait vouloir le propulser au sol. Les arbres sombres tournaient autour de lui à une vitesse ahurissante, lui donnant la nausée.
Pendant une longue minute, il oublia de nouveau ce qu'il faisait là.
Il s'accrocha à l'arbre de toutes ses forces, attendant de retrouver un semblant d'équilibre, et quand enfin il put marcher, ce fut d'un pas tremblant et chancelant. Il escalada et enjamba les débris métalliques fumants qui l'entouraient, à la recherche de quelque chose... ou de... ou de quelqu'un ?
Le Quinjet... le Quinjet semblait avoir été pulvérisé en s'écrasant au sol.
Et puis il le vit. C'était à peine visible, et étant donné la confusion bourdonnante qui embrumait la tête de Steve, il aurait très certainement pu le manquer si ses yeux ne s'étaient pas exactement posés dessus.
Là, sous deux larges plaques métalliques éventrées, Steve aperçu le bras de Peter, qui semblait tordu dans une position peu naturelle.
- Peter, souffla-t-il en se précipitant vers lui, manquant de tomber à plusieurs reprises. Peter !
Son cri fut étouffé rapidement, absorbé par la neige épaisse au sol, les gros flocons qui tombaient sans relâche depuis qu'il s'était réveillé, et la forêt dense qui l'entourait.
- Peter ! répéta-t-il, et il se laissa tomber près de la pièce métallique qui était enfoncée dans le sol.
Le cœur de Steve tambourinait violemment dans sa poitrine, et sa vision était obscurcie par du sang qui s'écoulait d'une vilaine blessure provenant de son front. Il passa le dos de sa main sur son œil pour essuyer le sang, et appela de nouveau son fils, qui ne bougeait pas.
Ses yeux se remplirent de larmes et, tant bien que mal, il se redressa, titubant à cause du monde qui tournait toujours autour de lui, de son corps en souffrance et de son mal de tête, et il repoussa la large pièce métallique qui écrasait son fils, la rejetant au loin.
L'effort que cela lui demanda le fit retomber à genoux, près du visage pâle de Peter, inconscient.
- Peter ? appela doucement Steve en se penchant sur lui, luttant contre la nausée qui remontait dans sa gorge. Peter !
Il avait l'air en mauvais état, et le cœur de Steve se comprima dans sa poitrine quand il vit la profonde coupure qui entaillait son torse, déchirant son costume de Spider-Man, et faillit réellement vomir lorsque son regard se posa sur une large pièce en métal, acérée, qui avait transpercé sa cuisse. Du sang maculait la neige autour de lui.
- Peter, réveille-toi, gémit-t-il en glissant une main sur sa joue puis dans ses cheveux, de peur de trop le bouger et aggraver d'éventuelles blessures internes.
Dans un élan de lucidité, il porta une main au cou de son enfant, y sentit la chaleur, et attendit, jusqu'à sentir un pouls. Faible, mais présent.
- Peter, continua-t-il à chuchoter en essayant de réprimer ses larmes, complètement paniqué à l'idée que le petit ne se réveille pas.
La neige tombait à gros flocons mais ne recouvraient pas encore les débris fumants du Quinjet qui s'était écrasé au milieu des arbres, et la nuit commençait à tomber, assombrissant l'atmosphère.
Steve essaya de d'installer Peter plus confortablement, faisant attention à la façon dont il bougeait sa tête et son dos, et grimaça quand il vit que son bras était sans doute cassé, à en juger par la position dans laquelle il se trouvait. Avec la rapidité de sa guérison, si on lui remettait pas en place rapidement, il faudrait sans doute le lui casser à nouveau...
Mais ce n'était pas le moment de penser à ça. Il fallait déjà qu'il se réveille et qu'ils... qu'ils trouvent une solution pour rentrer chez eux, auprès de Tony...
Après ce qui lui sembla une éternité, et alors qu'il faisait si sombre maintenant qu'il ne voyait presque plus le visage pâle de Peter, ce dernier gémit faiblement et papillonna des yeux, fronçant les sourcils avant de porter une main à sa tête, qui devait sans doute être aussi douloureuse que celle de Steve.
- Oh mon Dieu, Peter, souffla ce dernier en sentant un sanglot se former dans sa gorge quand il vit que son fils était enfin réveillé et conscient. Mon Dieu, Peter, tu vas bien ?
- Pa... Papa ? murmura-t-il en posant des yeux troubles et confus sur lui, essayant de s'adapter à la faible luminosité environnante.
Steve sourit à travers ses larmes, et repoussa une mèche mouillée de sang qui retombait sur le front de Peter.
- Oui, c'est moi... Comment tu te sens, mon cœur ?
Il caressa doucement sa joue, en faisant attention à ne pas toucher les endroits contusionnés.
- J'ai la tête qui tourne... qu'est-ce que... qu'est-ce qu'on fait là ? demanda-t-il en essayant de regarder autour de lui, avant de fermer douloureusement les yeux, réprimant un gémissement.
- On rentrait à la maison et le Quinjet s'est crashé...
- Cr-crashé ?! paniqua Peter en essayant de se redresser, mais il abandonna en sentant la pression qui étreignait sa poitrine, et il préféra se blottir contre son père.
La douleur commençait à se réveiller dans tout son corps, et son bras gauche ainsi que sa cuisse lui faisaient atrocement mal. Il essaya de le cacher à Steve.
- Oui, je sais plus ce qui s'est passé, mais je te promets qu'on va s'en sortir, d'accord ?
- J'te fais confiance, murmura Peter en fermant les yeux, devenant plus pâle à cause de la douleur.
Puis il rouvrit subitement les yeux, paniqué, et regarda son père.
- Tu vas bien, toi ?
- Oui, ne t'inquiète pas pour moi, j'ai sans doute l'épaule disloquée, mais je suis en meilleur état que toi...
Continuant à caresser doucement la joue froide de son fils, Steve regarda autour de lui en se demandant ce qu'il devait faire. Ses yeux se posèrent ensuite la cuisse de Peter, et il retint une nouvelle nausée qui lui remua l'estomac.
- Reste là, je vais voir s'il reste de quoi communiquer dans les débris...
Il déposa Peter au sol délicatement, mais cela ne l'empêcha pas de gémir de douleur. Steve voyait bien la souffrance qui déformait ses traits et les violents tremblements qui le secouaient.
Ses recherches furent infructueuses, mais c'était sans doute à cause de l'obscurité. Ses yeux s'y étaient ajustés, désormais, et ils ne voyaient plus que grâce à la lueur de la lune, qui perçait à peine derrière les épais nuages, lesquels continuaient à déverser leurs gros flocons de neige sur la tête.
Steve jura dans sa barbe.
S'ils ne pouvaient contacter Tony, ils n'avaient plus qu'à espérer que ce dernier se rende compte de quelque chose... mais il ne savait pas bien si le transpondeur avait transmis leurs coordonnées, ou si tout le moteur avait été défectueux...
Dans tous les cas, il fallait qu'ils bougent et trouvent un abri, ils ne pouvaient pas rester là. Il devait y avoir des cabanes de retranchement ou un endroit où ils pourraient s'abriter du froid environnant ; Peter finirait sinon par mourir de froid.
Quand il retourna vers lui, son état s'était empiré. Il tenait sa jambe de sa main valide et gémissait douloureusement, des larmes roulant sur ses joues. Le cœur de Steve se serra alors qu'il se laissait tomber à côté de lui.
- Papa, pleura Peter en le voyant près de lui, soudainement, soulagé. T'as trouvé – t'as trouvé quelque chose ?
Il y avait de l'espoir dans ses yeux.
- Non, on n'y voit rien, et tout est complètement détruit...
Un sanglot passa la barrière des lèvres de Peter, alors qu'un nouveau tremblement violent le secouait. Steve crut qu'il allait vomir et se mettre à pleurer lui aussi, sa propre souffrance oubliée en voyant celle de son fils.
- Ka – Karen ne répond pas non – non plus, bredouilla-t-il, et Steve avisa son masque déchiré qui reposait à côté de lui. Pas de... pas de réseau ici...
- Je te promets qu'on va s'en sortir... Ton père... ton père va nous retrouver, dit-il en retenant ses larmes, reprenant son fils dans ses bras pour essayer de le soulager.
Peter hocha la tête, essayant de se montrer courageux face à son père. Mais il avait trop mal. Tout son corps n'était que souffrance, il avait l'impression que sa tête allait exploser et qu'on le tirait de part en part pour l'écarteler. Le froid mordant qui les entourait n'arrangeait rien.
- Je... je veux rentrer à la maison, papa, s'te-plait, j'veux... j'veux rentrer à la maison, sanglota-t-il, se blottissant du mieux qu'il pouvait contre Steve, gémissant de douleur quand il bougea son bras blessé.
- Je sais, chéri, je sais... ça va aller...
Ils restèrent dans les bras l'un de l'autre pendant un moment. Tout était trop silencieux autour d'eux, les sons étouffés par la neige épaisse qui tombait en continu et commençait à recouvrir les débris du Quinjet qui s'étaient refroidis.
Il fallait qu'ils bougent d'ici et trouvent un abri.
Steve inspira profondément, sachant que ce qui allait suivre n'allait pas être une partie de plaisir...
- Peter... il va falloir qu'on bouge d'ici.
- Mais... mais si papa nous cherche, il va... il va venir ici !
- On ne sait même pas s'il a reçu un quelconque signal, argumenta Steve, et on ne peut pas rester ici avec le froid qu'il fait, tu vas finir gelé...
Peter acquiesça, un nouveau tremblement s'emparant de son corps, et Steve le serra un peu plus contre lui.
- Il va falloir que je stabilise ta jambe...
- Non... non, gémit Peter en le regardant avec des yeux suppliants. Non, ça fait trop mal.
- Je sais, Pete, mais si on doit marcher –
- D'accord, le coupa-t-il.
Il savait que c'était la chose à faire, il savait que son père avait raison, que ça lui brisait sans doute le cœur de le voir souffrir comme ça, mais il fallait qu'ils avancent et qu'ils trouvent un abri s'ils souhaitaient survivre à cette nuit et jusqu'à ce que Tony les retrouve.
Il fallait qu'il soit fort, qu'il montre qu'il était digne d'être un Avenger. Il était Spider-Man, ou pas ?
- Fais-le.
Steve l'observa un moment, une douleur sans nom dans le regard, avant d'acquiescer.
Ils n'avaient pas le choix.
**
- Toujours pas de nouvelles ? demanda Natasha en s'asseyant auprès de Tony, dans le Quinjet qui les conduisait en Sibérie.
Tony secoua la tête, l'estomac retourné.
- L'appareil n'a pas émis de nouveau signal, et le costume de Peter est injoignable...
Natasha ne répondit rien, mais elle était aussi inquiète que Tony. Steve était son ami depuis longtemps, Peter son neveu. Elle voulait autant que lui les retrouver vivants, et espérait qu'il ne serait pas trop tard quand ils arriveraient sur place...
- On arrive dans deux minutes, annonça Clint d'une voix grave, tandis que le Quinjet amorçait sa descente.
Le jour commençait à se lever. Le trajet leur avait pris environ sept heures. Et c'était long. C'était trop long pour Tony, qui ne savait pas comment il pourrait supporter de ne retrouver que deux corps sans vie, sur place... Rhodey l'avait presque menacé de l'assommer s'il ne se calmait pas, et c'était tout ce dont Tony avait besoin : qu'on s'assure qu'il reste debout et lucide.
Mais il était terrifié. Il voulait serrer Steve et Peter dans ses bras, rentrer chez eux et oublier tout ça. Ça n'aurait jamais dû se passer comme ça... il aurait dû se réveiller et trouver son mari et son fils endormis à ses côtés, comme à chaque retour de mission...
La forêt qui s'étalait au-dessous d'eux était vaste et étendue et blanche. Une neige épaisse recouvrait le sol et les arbres, et de gros flocons tombaient durement, si bien qu'en contrebas, les débris du Quinjet qui s'était écrasé n'était presque plus visible, et l'estomac de Tony se retourna.
Si Steve et Peter... non... non, non, non...
Ses mains recommençaient à trembler et il les serra en poings pour le cacher, déglutissant pour chasser la gêne qui lui écrasait la gorge et menaçait de l'étouffer. Il se concentra sur sa respiration pour que la panique ne l'assaille pas de nouveau. A côté de lui, Rhodey ne dit rien mais posa simplement sa main sur son épaule, et c'était chaud, et lourd, et ça l'empêchait de s'effondrer.
Le Quinjet se posa dans un endroit tout proche de l'impact, là où les arbres formaient une sorte d'alcôve dégagée dans laquelle ils pouvaient atterrir. Tony ne perdit pas de temps, et l'armure se forma autour de lui, d'une part pour le protéger du froid glacial qui les engloutit au moment où la rampe s'ouvrit, et d'autre part pour avoir accès à toute la force et à tous les outils nécessaires pour retrouver sa famille.
Saine et sauve, par pitié.
Tony ne savait pas ce qu'il ferait si...
Il ne pouvait même pas y penser.
Il allait sortir du Quinjet quand une main se posa de nouveau sur son épaule, et il rétracta son casque pour faire face à Clint, qui le regardait gravement.
- Quoi qu'on trouve, Tony... respire, d'accord ?
- Ils sont vivants, dit Tony avec une conviction qu'il était loin de ressentir. Je refuse de croire le contraire.
Clint l'observa un moment, et finit par acquiescer. Ils sortirent du Quinjet rapidement pour rejoindre le lieu de l'impact. Les arbres alentours avaient été détruits par l'atterrissage, et l'appareil était littéralement pulvérisé au sol. Il n'y avait aucun gros débris, tout était éclaté et recouvert de neige, désormais.
Ils commencèrent ainsi à déblayer les morceaux de métal gelés, soulevant, repoussant comme ils pouvaient, pour trouver le moindre signe de Steve et Peter. Et quelque part, Tony ne savait pas s'il souhaitait les trouver ici ou non... parce qu'il y avait plusieurs hypothèses possibles, étant donné l'état de l'appareil... soit ils avaient survécu et avaient quitté les lieux, soit ils étaient encore bloqués sous les débris et leurs chances de survie étaient minces voire inexistantes, soit... soit...
- Hé, j'ai trouvé quelque chose, les appela Rhodey, plus loin, et le cœur de Tony sembla s'arrêter dans sa poitrine.
Il se précipita à ses côtés, et il crut qu'il allait vomir.
A moitié enfoui sous la neige se trouvait le masque de Spider-Man de Peter, des morceaux de vêtements déchirés... et beaucoup de sang. Cela maculait la neige blanche de flocons carmin qui donnaient la nausée à Tony, et au reste des Avengers présents.
A côté de lui, Bruce enroula ses bras autour de lui et frissonna violemment.
- Dans tous les cas, ils ne sont pas ici, mais on sait que... on sait qu'un des deux est blessé.
Ça n'avait rien de rassurant. Parce qu'où étaient-ils passés, dans ce cas ?
Tony se pencha lentement pour ramasser le masque déchiré de Peter, et ses lèvres tremblèrent. Son poing se serra autour du tissu rouge.
- Qu'est-ce qu'on fait ? demanda-t-il d'une voix qu'il essaya de maitriser.
S'ils le remarquèrent, ils ne firent aucun commentaire.
- On va se séparer. Ils ne sont pas ici, ils ont dû bouger, ce qui veut dire qu'ils étaient conscients, mais il faut se dépêcher de les retrouver. Avec ce froid glacial...
Rhodey laissa sa phrase en suspens, mais ils savaient tous ce que cela impliquait.
- Et Peter n'est pas capable... il ne peut pas réguler la température de son corps, depuis qu'il...
- On va les retrouver, Tony, lui assura Natasha.
Ils se séparèrent alors après avoir établi un quadrillage stratégique. Cela faisait huit heures qu'ils s'étaient écrasés ici, au milieu de nulle part. S'ils s'étaient effectivement déplacés, peut-être pour essayer de trouver un abri, ils ne devraient pas être allés très loin.
Tony espérait juste que ce ne serait pas trop tard quand ils les retrouveraient...
- F.R.I.D.A.Y., ordonna-t-il en se dirigeant vers l'est, scanne les lieux, le plus loin possible, et cherche des signatures thermiques.
- Bien, Patron.
**
- P-p-papa..., grelotta Peter, serré dans les bras de Steve, qui lui apportaient pas autant de chaleur qu'ils auraient dû.
Ses lèvres étaient bleues, ses cheveux incrustés de glace que Steve essayait tant bien que mal de chasser, et il tremblait violemment sans discontinuer. Steve savait que c'était les signes de l'hypothermie qui le gagnait, mais il ne savait pas quoi faire de plus. Il était épuisé.
Il avait d'abord enlevé le morceau de métal qui s'était logé dans la cuisse de Peter, et avait immédiatement fait un garrot pour éviter qu'il se vide de son sang, et puisse récupérer un peu. Il avait arraché ensuite des morceaux de vêtements qu'il avait trouvés éparpillés dans les débris du vaisseau, et s'était arrangé pour mettre son bras cassé en écharpe, pour éviter qu'il bouge et ne le fasse trop souffrir.
Steve ne pourrait jamais oublier les hurlements de douleur de son fils et les larmes qui dévalaient ses joues quand il avait déplacé son bras et serré la ceinture autour de sa jambe blessée. Il s'était senti comme si c'était lui qui le poignardait, et il ne voulait plus jamais vivre ça.
Suite à cela, il avait agrippé Peter pour l'aider à marcher, ce qui était difficile avec sa jambe et la neige épaisse dans laquelle ils s'enfonçaient jusqu'aux genoux. Tant bien que mal, ils avaient marché, longtemps, à la recherche d'un quelconque abri, quoi que ce soit qui puisse les abriter du vent glacial et mordant qui s'abattait sur eux.
Mais il leur était difficile de réfléchir avec le choc qu'ils avaient subi.
Et puis, Peter n'était plus parvenu à marcher. L'aube se levait sur l'horizon, et ils commençaient à y voir plus clair, mais le garçon était glacé. Steve savait que son fils était plus sensible que lui à l'hypothermie, dans la mesure où son corps ne savait plus réguler sa température, et sa jambe lui faisait beaucoup trop mal. Steve l'avait donc porté, et même si Peter était léger, l'épaule disloquée et l'épuisement qui avait gagné le Captain ralentissait leur marche.
Peter n'avait pas arrêté de s'excuser, lui avait dit de le laisser et de chercher un abri pour lui. Steve lui avait simplement dit qu'il était hors de question qu'il l'abandonne et qu'ils allaient s'en sortir, et il avait marché.
Mais l'épaisseur de neige était traitre, et même si Steve faisait attention où il mettait les pieds, il n'était plus vraiment conscient de ce qu'il faisait ; la seule chose sur laquelle il se focalisait, c'était Peter et l'urgence de trouver un endroit où s'abriter. Alors non, il n'avait pas vu, pas même imaginé qu'il puisse y avoir un grand talus avec rien derrière, et il avait trébuché. Ils étaient tombés tous les deux, Peter gémissant de douleur quand son bras blessé entra durement en contact avec la neige glacée, et c'est en se relevant que Steve avait vu un potentiel abri, dans un creux formé par les rochers.
Il s'était dépêché d'y asseoir Peter, et même si le sol était aussi froid que l'atmosphère, au moins, ils étaient à l'abri du vent et de la neige qui tombait.
Ils étaient restés là depuis, et le soleil s'était définitivement levé.
- J'veux... j'veux r-r-rentrer à-à la m-m-maison, murmura Peter, son visage caché dans le cou de son père qui le serrait contre lui du mieux qu'il pouvait, espérant pouvoir lui insuffler le plus de chaleur possible.
- J-je sais, répondit Steve, dont les lèvres étaient aussi bleues que celles de son fils, et il réajusta sa prise sur son petit corps.
Mais il lui était devenu difficile de bouger. Le froid les engourdissait trop.
- Tu... t-t-tu crois que... que p-papa va nous r-r-retrouver ?
- J'en s-suis sûr. Il doit – il doit d-déjà être en ch-chemin...
En tout cas, Steve l'espérait. Parce que Peter ne tiendrait pas une nuit de plus, il le savait. Les températures étaient trop froides, et il était trop blessé. Malgré le garrot qu'il avait fait à sa jambe, il perdait toujours du sang et plus on attendait, plus la blessure risquait de mettre du temps à guérir... L'hypothermie dont le garçon souffrait ralentissait considérablement sa guérison pourtant rapide.
S'appuyant contre la paroi, Steve ferma les yeux. Il était tellement fatigué. Il ne se rappelait plus de la dernière fois qu'il s'était senti aussi faible... Il allait juste... juste fermer les yeux quelques secondes...
Sauf que les secondes se changèrent en minutes et les minutes en heures... Quand Peter se rendit compte que son père ne parlait plus, lui qui faisait l'effort de le faire parler constamment pour éviter qu'il ne s'endorme, il commença à le secouer doucement, mais lui aussi se sentait très faible.
- P-papa... papa, r-réveille-toi !
Une gêne se bloqua dans sa gorge, lui coupant la respiration, et il continua à le secouer un peu plus fort, cette fois, mais son père ne bougeait plus du tout. Sa tête dodelinait sur le côté, et ses lèvres bleues le terrifiaient.
Peter posa un doigt sur son cou, les yeux remplis de larmes qui lui brûlaient les yeux d'autant plus à cause du froid glacial environnant, appelant toujours son père inconscient, en vain.
Là. Un pouls. C'était faible, mais bien présent.
Sauf qu'ils ne pouvaient pas rester là sans rien faire, à attendre que quelqu'un – s'il y avait quelqu'un – vienne les secourir.
Alors, doucement, il se retira des bras de son père à grands regrets, serrant fortement les dents pour endiguer la brûlure intense qui provenait de sa jambe. Haletant à cause de la douleur, il jeta un œil dehors, où il voyait la neige continuer de tomber à gros flocons, en silence, et se concentra pour voir s'il entendait quelque chose.
Mais il n'y avait rien d'autre que le sifflement aigu du vent dans les arbres.
Aucune vie, rien...
Quelqu'un viendrait-il réellement les chercher ? est-ce que son père était au courant qu'ils avaient disparu ? Peut-être... peut-être qu'il les croyait morts... peut-être qu'il ne viendrait pas maintenant, peut-être qu'il ne s'était même pas rendu compte de leur disparition...
A cette pensée, Peter sentit sa respiration s'accélérer alors que la détresse s'emparait de lui. Il ne voulait pas mourir. Pas ici, pas maintenant. Et son père... il fallait qu'il sauve Steve, il ne pouvait pas laisser le froid les dévorer comme ça...
Tony... Tony ne s'en remettrait jamais, si Steve disparaissait... Lui, il n'était... il n'était pas aussi important que son père...
Regardant une dernière fois en direction de Steve qui n'avait toujours pas bougé, Peter se pencha vers lui tant bien que mal et déposa un baiser glacé sur sa joue, se retenant de pleurer.
- Un jour... u-un jour tu m'as dit, sanglota-t-il sans larmes, que de g-g-grands pouvoirs im-impliquaient une g-g-grande res-responsab-b-bilité...
Il appuya sa joue froide contre l'épaule dure de son père.
- Alors je vais... je vais te sauver, p-p-papa... je vais... je vais prendre mes r-responsabilit-t-és...
Il se devait de bouger. Il fallait qu'il se lève et qu'il marche. Il pouvait le faire. Il était fort, il était Spider-Man. Il ne se laisserait pas abattre, il sauverait son père. Il ne pouvait pas le laisser là et ne pas bouger.
Peter se détacha de Steve une dernière fois et, bien que difficilement, se répétant sans cesse que c'était dans sa tête, qu'il ne souffrait pas, qu'il pouvait le faire, il sortit de l'abri qui les protégeait du vent et de la neige, et s'enfonça dans le froid glacial qui lui mordit les joues.
Il crut qu'il allait mourir. Il crut qu'il ne pourrait jamais faire un pas tant sa jambe pulsait douloureusement, irradiant de sa cuisse jusqu'à ses hanches, rendant le moindre mouvement difficile, et il avait du mal à se stabiliser à cause de son bras – qu'il ne sentait plus – mis en écharpe par son père, de longues heures plus tôt.
Il avait l'impression que cela faisait des jours qu'ils étaient là, une éternité.
Il essaya de se repérer mais, à vrai dire, il ne reconnaissait rien. Tout était blanc autour de lui, et les flocons de neige, accompagnés d'un vent glacé qui claquait contre ses cuisses et ses joues, rendaient la visibilité impossible. Il ne voyait pas à deux mètres devant lui. Il n'y avait que des arbres et du blanc.
Alors il avança. Sans direction précise.
Il allait faire rentrer son père à la maison. Ils allaient rentrer tous les deux, ils allaient retrouver Tony.
Mon Dieu, il voulait tellement retrouver Tony...
**
Clint n'était pas vraiment sûr de savoir depuis combien de temps il cherchait Steve et Peter, mais ce qu'il savait pour sûr, c'était qu'il gelait. Pourtant, il était bien vêtu en conséquence avec des vêtements thermiques spécialement conçus par Stark Industries.
Alors il osait à peine imaginer l'état de Steve et Peter – si jamais ils étaient vraiment en vie.
Pour tout dire, Clint commençait un peu à désespérer de les retrouver un jour. Il le voulait sincèrement, mais l'état du Quinjet et le temps ne le rendaient pas optimiste. Il n'y voyait rien, en plus, malgré les lunettes spéciales qu'il portait.
Il avançait en faisant attention à l'endroit où il mettait les pieds, appelant les noms de Peter et Steve, au cas où, puis il plissa soudainement les yeux, mettant sa main en visière pour mieux voir devant lui.
Il marcha rapidement ; face à lui, il avait cru voir une forme mouvante, mais il n'était pas vraiment sûr, à cause des arbres qui étaient secoués par le vent, et de la tempête qui s'abattait sur lui.
- Peter ? Steve ? appela-t-il fortement en continuant d'avancer, marchant plus vite encore.
Et puis il le reconnut.
- Oh, mon Dieu, Peter ! s'exclama-t-il en se précipitant vers la forme tremblante et visiblement blessée, qui s'effondra aussitôt qu'elle entendît la voix.
Clint le rattrapa à temps, et ce qu'il vit le glaça d'effroi. Il regarda autour de lui, appela Steve, parce que si Peter était là, son père ne devait pas se trouver bien loin.
Ne voyant rien, il se concentra sur Peter dans ses bras, qui était pâle comme la mort et qui ne bougeait plus.
- Peter ! Peter, réveille-toi, reste avec moi, bonhomme !
Clint le hissa dans ses bras, ignorant la protestation de ses genoux, et se retourna en direction de l'endroit où il venait, vérifiant la carte électronique accrochée à son poignet pour savoir s'il allait au bon endroit. Immédiatement après, il mit un doigt sur son oreille droite, activant l'oreillette qui le reliait aux autres.
- J'ai trouvé Peter, dit-il de but en blanc, essoufflé. Il est blessé, il est à peine conscient, il marchait dans la neige, Stark, il faut que tu viennes le chercher. Les autres, il faut retrouver Steve, il n'était pas avec lui.
Le cœur de Tony rata un battement.
Son fils. Ils avaient retrouvé son fils, et Steve ne devait pas être loin.
- Bien reçu, répondit-il tout de suite en changeant de direction, F.R.I.D.A.Y. lui indiquant la position de Clint. Reste où tu es, Barton, j'arrive.
Les autres Avengers lui répondirent la même chose, et Tony demanda à Banner de retourner au Quinjet et de préparer les équipements médicaux. Ils allaient en avoir besoin.
- Allez, petit, dit Clint en serrant Peter contre lui, lequel gémit légèrement, sa tête retombant contre son épaule, alors que ses yeux papillonnaient. Ton père va venir te récupérer, on rentre à la maison.
- La... m-m-maison ? marmonna Peter en levant les yeux vers Clint, sans avoir l'air de le reconnaitre.
- T'endors pas, gamin, reste avec moi.
Il essaya de le tenir réveillé le plus longtemps possible, jusqu'à ce qu'il entende le bruit caractéristique des propulseurs de l'armure d'Iron Man, lequel se posa juste à côté de lui.
- Peter ! souffla-t-il en se penchant immédiatement vers l'adolescent, rétractant son casque pour mieux voir son fils, des larmes se logeant dans le coin de ses yeux.
- P-p-papa...
- Donne-le-moi, Barton, je le ramène au Quinjet, Banner va s'occuper de lui.
Son fils était là, avec lui. Ils l'avaient retrouvé. Il était là.
Dès qu'il l'eut dans ses bras, il se dit qu'il ne le lâcherait plus jamais, alors qu'un sanglot passait la barrière de ses lèvres avant qu'il ait pu le retenir. Il avait tellement cru le perdre, toutes ces heures à se demander s'il n'allait pas retrouver qu'un corps sans vie...
- P-papa...
- Je suis là, bébé, je te ramène à la maison...
Le serrant contre lui en faisant attention aux blessures qu'il pouvait voir, Tony enclencha les propulseurs et le ramena au Quinjet aussi vite qu'il le put, protégeant le petit de ses bras.
Banner était prêt, quand ils arrivèrent, et c'est frénétiquement que Tony déposa Peter sur le lit médical qu'ils avaient emporté avec eux. Bruce fit de son mieux pour stabiliser sa jambe, et lui fit passer une rapide radio du bras pour voir s'il avait commencé à guérir. Selon lui, il aurait besoin d'une opération lorsqu'ils seraient de retour au Complexe, afin de remettre l'os en place et lui permettre de guérir de façon optimale.
Il lui injecta des solutés chauds dans le sang pour commencer à faire remonter sa température, l'enroulant dans une couverture thermique et le reliant à plusieurs machines.
Tony le regardait faire, impuissant, avec cette douloureuse impression qu'il allait exploser. Il ne savait pas comment son fils avait réussi à survivre au crash, mais il était là, il était devant lui. Gravement blessé, et souffrant d'une hypothermie sévère, mais rien que Bruce ne saurait pas réparer.
Il était là.
S'asseyant près de lui, il passa doucement son pouce sur le front froid de son garçon, des larmes roulant sur ses joues alors qu'il essayait tant bien que mal de retenir les sanglots qui se pressaient contre ses lèvres.
Il se pencha vers lui, déposa un baiser sur sa tempe, laissant ensuite reposer son front contre les siens, et les larmes salées qui débordaient de ses yeux glissèrent le long des joues pâles et froides de Peter.
- Tony, on a retrouvé Steve aussi, le prévint Natasha dans l'oreillette, et Tony se redressa d'un seul coup.
Il essuya ses larmes avec le dos de sa main, vit que Bruce ne s'occupait que de l'état de Peter, et il appuya sur le réacteur au milieu de sa poitrine, l'armure se constituant autour de lui.
Il jeta un dernier coup d'œil en direction de son fils, hésitant. Il n'avait pas envie de le quitter, mais il fallait qu'il ramène son mari à la maison également. Bruce hocha la tête dans sa direction.
- Je m'inquiète de Peter, ne t'inquiète pas. Occupe-toi de Steve.
Tony hocha la tête en retour et rejoignit Natasha et Clint, qui portaient un Steve conscient et alerte, ses yeux grands ouverts qui regardaient partout autour de lui. Quand Tony se posa devant lui, Steve relâcha les épaules de ses amis et trébucha dans sa direction, le regard terrifié.
- T-Tony, Peter il a... il a disparu, il faut – il faut que tu le retrouves – je –
- Peter est avec Bruce au Quinjet, chéri, il va bien, on s'occupe de lui.
- Il – il va bien ? demandant Steve d'une voix tremblante, en se détendant légèrement dans les bras de Tony, et ce dernier hocha la tête, souriant à travers ses larmes.
Son mari était là, dans ses bras, lui aussi.
Sa famille était là.
- Oh mon Dieu, Tony, gémit Steve en appuyant son front contre le plastron de l'armure, tremblant de tous ses membres, alors que ses épaules étaient secouées par de violents sanglots.
- Viens, je te ramène à la maison, le rassura Tony, en le serrant contre lui pour l'empêcher de s'effondrer. On va retrouver notre fils et te soigner, d'accord ?
Steve hocha frénétiquement la tête, et Tony ne lui avait jamais vu un air aussi désespéré. Il n'imaginait que trop bien ce qu'il avait vécu, faisant tout ce qu'il pouvait pour sauver Peter, le garder en vie, tout en cherchant comme s'en sortir alors que lui-même devait être suffisamment sonné par la violence du crash.
Il le serra plus fortement contre lui, et comme il l'avait fait pour Peter, le ramena vers le Quinjet, laissant Clint et Natasha rentrer seuls – mais il ne se faisait aucun souci pour eux pour cela. Sa priorité était sa famille.
C'était tout ce qui comptait en cet instant...
Ramener sa famille à la maison.
Tenant la main de Steve, enroulé dans une couverture thermique, sur le chemin du retour, Tony caressait doucement le front de Peter, déposant de légers baisers sur ses tempes. Il ne pouvait s'empêcher de le toucher, de le sentir vivant contre lui.
Bruce lui avait assuré qu'il faudrait du temps pour que sa température revienne à la normale, mais qu'il irait bien. Il soignerait sa jambe et son bras, et il lui faudrait aussi du temps pour se remettre de sa commotion cérébrale, tout comme Steve, mais tous les deux iraient bien.
Sa famille irait bien.
Lorsque Peter ouvrit les yeux, à mi-chemin, il sembla perdu.
- Papa ? demanda-t-il faiblement en essayant de se redresser, et Tony s'empressa de l'aider à se recoucher.
- Je suis là, Peter..., murmura-t-il doucement contre son oreille, reprenant ses caresses sur son front, ramenant ses cheveux désormais secs vers l'arrière. On rentre à la maison.
Les yeux de l'adolescent se plongèrent dans ceux de son père, et ne les quittèrent plus, jusqu'à ce que ses paupières se ferment.
Il pouvait dormir, maintenant.
Ils rentraient tous à la maison.
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