*Chapitre 6*

Tandis que les deux vampires sortaient du lycée, Alexandre aperçu Éden au niveau des grilles de la sortie principale. Lorsque son acolyte s'en aperçu aussi, elle courut auprès de la jeune humaine. Alexandre sentait qu'elle avait un bon fond, et après lui avoir parlé durant le repas, il pensait pouvoir lui faire confiance. Les deux filles se connaissaient depuis longtemps, alors il n'avait aucune raison de craindre quoi que ce soit. Cependant, il allait tout de même les surveiller de près. Comme disait Christophe : ''Il faut mieux prévenir que guérir !'' Et il n'avait pas tord. Elizabeth était certes -miraculeusement- remise, il ne fallait pas relâcher sa vigilance pour autant, les vampires transformés étant instables.

Les trois adolescents se mirent en route, et Eden demanda :

- Dis Alexandre, t'habites loin du lycée ?

- Non je suis à un quart d'heure à pied.

- D'accord. Ça va, c'est pas trop long.

- Oui.

Les discussions n'avait jamais été son fort. Que devait-il dire maintenant ? Parler de la pluie, du beau temps ? Des cours ? Alexandre préféra se taire, les filles discutaient déjà de leur journées respectives.

- En plus il était insupportable à se mettre devant le tableau alors qu'on écrivait le cours ! Puis à la fin de l'heure il se plaignait que nous n'avions pas terminé de copier !

- Tu as quand même réussi à terminer ton travail ou pas, du coup ?

- Oui, mais je dois réécrire tout au propre... Je ferai ça ce soir.

Les deux filles s'arrêtèrent à un arrêt de bus, près d'un passage pour piétons. Alexandre déclara :

- Je vous laisse ici. À plus tard !

Les adolescentes lui répondirent d'un geste de la main alors qu'il traversait le passage piéton.

Elizabeth regardait le vampire marcher puis disparaître au loin. Pourquoi ne lui avait-il pas dit que, lui aussi, il habitait au manoir Blackstone ? Étrange. Elle n'en parla pas à Éden car il devait avoir des raisons. Mais cela méritait quelques explications lorsqu'elle le reverrait plus tard dans la soirée. 

Après être rentrées, les filles se mirent au travail. Elizabeth avait encore des cours à rattraper et des devoirs à faire. Lorsque Eden eut terminé, elle déclara qu'elle allait prendre une douche. Pensant qu'Elizabeth allait continuer ses exercices, elle ne l'attendit pas. La vampire en profita quelques minutes plus tard pour monter à l'étage et rentrer dans le bureau de Christophe. Celui-ci parlait avec Noah et Alexandre :

- Cela m'intrigue au plus au point... Oh, mais voilà Elizabeth. Approche toi, nous devons discuter.

- Il y a un problème ?

Même si elle tentait de ne rien faire paraître, Elizabeth savait qu'elle avait des choses à cacher. La pulsion qu'elle avait eu la veille était le parfait exemple. Christophe allait-il lui poser des questions de ce genre ? Ou peut-être allait-il simplement lui demander comment sa journée s'était passée ? Il n'eut pas l'air d'avoir vu l'angoisse de la vampire car il aborda un tout autre sujet :

- J'ai reçu aujourd'hui une lettre de la famille Goldenheart. Ce n'est pas rare d'en avoir une tous les mois, car ils nous surveillent de loin. Mais ce n'est pas pour cette raison que cette lettre a été envoyée. Connais-tu le bal annuel ?

- Il me semble que vous m'aviez parlé d'une sorte de fête organisée tous les ans en été par les Goldenheart...

- En effet, c'est assez bien résumé. Les Goldenheart invitent toutes les familles vampiriques, importantes ou non au début de l'été pour savoir comment elles se comportent, mais aussi pour faire un recensement. Ils contrôlent en partie les mariages entre familles, et surveilles les nouvelles transformations d'humains en vampires.

- Quel est le rapport entre cette lettre et la fête ? Ils vous ont envoyées les invitations, c'est ça ?

- Bon, je ne vais pas tourner autour du pot plus longtemps. Le  bal se déroule le trente et un décembre. 

- Mais... Ce n'est pas au début de l'été normalement ?!

- Si c'est bien ça qui m'intrigue. Les Goldenheart n'aiment pas troubler leurs habitudes. ''Ce qui est doit être, et ce qui doit être est.'' Comme ils aiment le dire souvent. Des changements étranges sont déjà arrivés, mais ce sont des exceptions dans notre histoire.

- Je suppose que nous devrons tous y assister, moi y comprise ?

- Je le crains. Cela est rapide par rapport à une transformation brutale, mai il est stipulé que tous les vampires du groupe familiale, clan ou de la famille -proche et éloignée- doivent être présents, transformés ou natifs. 

- Dans ce cas je viendrai.

Noah prit la parole :

- Tu m'as l'air bien sûre de toi ! Ça se voit que tu ne les as pas encore fréquentés. Ils sont...

Alexandre termina sa phrase :

- Insupportables.

Elizabeth se tourna vers les deux garçons. Elle se rappela de ses doutes à propos d'Alexandre :

- Toi ! Dit-elle en le pointant du doigt. Pourquoi tu as mentit à Eden ? Tu n'habites pas à un quart d'heure à pied du lycée à ce que je sache !

Le garçon attrapa son doigt et rétorqua :

- Et à ce que je sache, il est impoli de montrer quelqu'un du doigt.

Elle retira sa main de la sienne pour continuer :

- Tu n'as pas répondu à ma question. Il faut au moins vingt-cinq minutes de marche entre le manoir et le lycée. Pourquoi as-tu menti ? 

- Je n'ai pas menti. Si on passe sur les toits, cela fait un quart d'heure, chrono en main. Et puis ce n'est pas ma faute si tu as des petites jambes.

Il la surplomba de toute sa hauteur pour illustrer son propos. 

- Excusez-moi monsieur, pour le temps que j'ai et que vous n'avez pas, et pour la banalité de ma manière de vivre. Marcher sur les trottoirs est dépassé aujourd'hui.

Elle fit une petite révérence ironique. Alexandre allait répondre à sa provocation mais Noah les interrompit, les sourcils froncés :

- Vous avez fini vous chamailleries là ?

Christophe s'incrusta à son tour :

- Ne vous disputez pas, c'est inutile. Si Alexandre n'a pas dit l'entière vérité, c'est pour se protéger. Cependant, ça fait plusieurs fois que je te demande d'éviter les toits.

Le vampire soupira :

- Très bien... J'essayerai de ne plus le faire.

- Et toi Elizabeth... Souhaites-tu reprendre les affaires que tu as laissées et les redescendre dans ta chambre ?

La jeune femme avait complètement oublié ces affaires, et maintenant que Chris lui en parlait, elle se rua dans la pièce voisine :

- C'est vrai ça ! Je vais récupérer tout ce que j'ai laissé ici. Normalement il ne reste plus que des vêtements, donc je devrais à peu près pouvoir les transporter.

Elle fit plusieurs aller et retour pour tout ramener à la buanderie qui se trouvait au rez-de-chaussée. Avant son dernier passage, Christophe entra dans la petite pièce pour ranger quelques livres et lui parler :

- Je suis heureux que tu ailles mieux Elizabeth, et que tu puisses retrouver Eden en toute sécurité. C'est très rarement le cas pour des humains transformés. On pourrait presque dire que c'est un miracle.

- Ne raconte pas n'importe quoi, c'est aussi grâce à toi que j'ai pu m'en sortir. Tu es l'un des meilleures médecins que je connaisse.

Le vampire eut un sourire en coin :

- Mais connais-tu de nombreux médecins ?

Elizabeth soupira.

- Non, c'est vrai...

- Alors je ne suis peut-être pas si bon que ça, qui sait ?

- Rooh, c'est bon tu as gagné. Laisse moi passer que je puisse terminer de ranger.

Elle le poussa gentiment, un petit sourire sur les lèvres, pour prendre les derniers vêtements qui traînaient sur le lit et sortir de la pièce. Avant qu'elle n'ouvre la porte du bureau, le vampire l'intercepta :

- Ton apprentissage à propos des vampires n'est pas terminé non plus. Je sais qu'avec tes cours cela risque d'être plus compliqué que prévu, mais essayer de travailler dessus quand tu en as le temps d'accord ?

- Pas de soucis !

Elle se retourna vers la porte, mais celle-ci s'ouvrit avant qu'elle ne touche la poignée. Elle n'eut pas le temps de reculer et se la prit en plein milieu du visage.

- Aouch !

Une tête passa au travers de l'encadrement de la porte à moitié ouverte ;

- Je suis désolé Chris, je ne savais pas que-

Alexandre s'arrêta net lorsqu'il vu Elizabeth. Elle était presque sonnée. Plusieurs secondes s'écoulèrent avant que l'un ou l'autre ne réagisse. Alexandre fut le premier :

- Mais tu saignes du nez !

Il s'introduit dans la pièce pour chercher des mouchoirs, tandis que la jeune vampire baissa la tête pour observer un peu trop tard les taches de sang sur les vêtements sales qu'elle tenait.

- AAAH ! Mes vêtements !

Elle les posa sur le bureau de Christophe, et avant qu'elle ne court plus loin, Alexandre l'attrapa par le bras.

- Viens là !

Il l'assit sur une chaise et se rapprocha d'elle après avoir pris quelques mouchoirs. Tandis que les deux adolescents nettoyaient du mieux qu'ils pouvaient les tâches sur les vêtements que portait Elizabeth, Christophe qui était encore dans l'autre pièce déclara :

- Tu devrais plutôt retirer ce T-shirt et le faire tout de suite tremper, vous allez incruster la tache plus qu'autre chose en frottant.

- Vous avez raison, je vais tout de suite aller me changer.

Elizabeth se leva pour se diriger vers le couloir. Elle descendit les escaliers, et plusieurs enfants étaient présents dans le couloir des dortoirs. Certains ricanèrent, d'autres étaient interloquées face à cette ''grande'' avec un mouchoir dans le nez. Elle arriva dans sa chambre, et Eden était sur son lit. Les yeux grands ouverts, elle demanda :

- Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? Tu t'es battue ? C'est quoi tout ce sang ? 

Pendant que la vampire se déshabillait, elle expliqua :

Je débarrassais la chambre à côté du bureau de Chris de toutes mes affaires quand je me suis mise à saigner du nez ! 

Elle se rhabilla en vitesse avant d'ouvrir la porte et de s'échapper en courant. Son amie la rattrapa :

- Tu vas où encore ?

Déjà dans les escaliers, Elizabeth se tourna :

- Je vais ranger les dernières choses encore en haut !

Eden soupira : 

- Très bien, mais fais vite d'accord ? C'est bientôt l'heure du repas et tu n'as toujours pas pris ta douche.

- Ne t'en fais pas je reviens tout de suite !

Elle s'échappa avant même que l'humaine n'eut le temps de dire ouf. Elle avait totalement oublié que sa cicatrice avait été visible, et Eden l'avait remarqué. Elle ne s'était pas imaginé quelque chose de tel. Qu'est-ce que son amie avait vécu, pour avoir été si blessée ? Était-ce normal d'être en pleine forme si rapidement après ce genre d'accident ?

En passant par le bureau de Christophe, Elizabeth prît ses vêtements sales et tachés pour les faire tremper dans un lavabo de la salle de bain commune. Lorsqu'elle remua les habits dans l'eau, celle-ci devint d'un rose pâle. Une odeur qu'elle connaissait bien -peut-être trop  bien- s'infiltra dans ses narines. Le sang lui donnait soif. Elle ne s'en rendit compte que trop tard, lorsqu'elle s'observa dans le miroir en face d'elle. Ses yeux étaient d'un rouge carmin. Elle détourna le regard, et resta sur le qui vive. Il n'y avait personne dans la salle de bain, et les douches ne fonctionnaient pas. Les enfants s'étaient déjà lavés bien plus tôt. Elle se regarda de nouveau, cette fois plus longtemps, dans les yeux avec son double. Ces pupilles d'un rouge étrange semblaient irréelles. Peut-être était-elle dans un rêve ? Non, tout semblait réel, normal. Ses cours au lycée n'avaient pas changés, elle avait simplement pris du retard sur ses camarades lors de sa convalescence. Sa convalescence. Sa blessure. Elle rentra dans la douche pour se déshabiller, et observa sa cicatrice. Elle était réelle. Si fine mais réelle. Eden l'avait vue c'était certain, quelques minutes auparavant mais n'avait rien dit. Son agression, sa transformation, tout ça était bien réel. Son désir de sang et de chair humaine l'était bel et bien. Elle n'était plus une humaine à présent, mais une vampire. Elle faisait partie d'un autre monde. Ses yeux lui brûlaient, sans savoir si c'était à cause de l'eau de la douche qui ruisselait ou ses larmes. 

***

Le soir, après le repas, Elizabeth termina ses devoirs à la lueur de sa lampe de chevet. Elle avait réussi à ranger toutes ses affaires, et été épuisée. Eden, sur le lit d'à côté, lisait un roman. Sentant son amie tomber de fatigue, elle insista pour que la vampire dorme. Après plusieurs minutes de débat peu fructueux, Elizabeth abandonna et se coucha. L'humaine l'imita, et éteignit sa lampe. Les deux filles s'endormirent rapidement, dans un calme presque anormal. 

Cependant, vers le milieu de la nuit, Elizabeth se réveilla après un sommeil agité. Il était trois heure quarante-trois sur son réveil. Une soif inextinguible lui asséchait la gorge, et elle avait terriblement mal aux dents. Par pur réflexe, elle attrapa sa bouteille d'eau, à quelques centimètres d'elle. Elle en but tout le contenant, mais rien ne changea. Elle partît remplir sa bouteille dans la salle de bain commune, et alors qu'elle se regardait dans le miroir, elle comprit. Ses yeux étaient redevenus rouges, et ses dents s'étaient allongées. Comment ses dents avaient-elles réussies à s'allonger de cette manière ? Elle n'eut pas le temps de se poser plus de questions et ne se l'autorisa pas. Elle monta quatre à quatre les marches pour aller dans le bureau de Christophe. Celui-ci était vide, uniquement éclairé par les lumières de l'ordinateur portable encore en veille. Elle alluma le plafonnier, et fonça dans la pièce servant de réserve, où les garçons lui avaient indiqué le stock de poches de sang.

Cette pulsion n'avait rien à voir à ce qu'elle avait ressenti avant de prendre sa douche. Ça avait été une simple attirance, comme une pâtisserie dans une vitrine de boulangerie, une odeur appétissante. Cette fois-ci c'était bien plus. C'était un besoin, comme si le corps lui-même le demandais, l'imposait. Sa survie semblait en dépendre. Elle ne préféra pas partir se recoucher ou encore attendre plus longtemps, et prit une poche dans un petit réfrigérateur. Elle ne chercha même pas de quoi l'ouvrir proprement, et mordit dedans avec ses canines. Elle sentit le sang gicler dans sa bouche fermée, qui coula le long de sa gorge quand elle déglutit, puis rafraîchir le reste de son buste. Elle continua à aspirer à grandes gorgées le sang et s'assit au sol, le dos contre le réfrigérateur. Elle se sentait revivre. La douleur avait été presque insoutenable. Elle entendit du bruit dans le bureau. Quelqu'un avait ouvert la porte.

- Il y a quelqu'un ?

C'était la voix d'Alexandre. Que faisait-il réveillé à presque quatre heures du matin ? Et pourquoi venait-il ici ? La lumière. La lumière était restée allumée. Si il passait par là, il allait vérifier si... Il approchait de la réserve. Il ne fallait pas qu'il la voit. La porte était entrouverte. Il ne fallait pas qu'il la voit. Pas dans cet état. Elizabeth se cacha derrière le frigo, où il y avait un espace vide près du mur. Il ne fallait pas qu'il la voit. La porte s'ouvrit en plus grand, et une ombre se dessina sur le sol. Elizabeth arrêta de boire et de respirer. Il ne fallait pas qu'il la voit. Une goutte de sang coula le long de ses lèvres. Il ne fallait pas qu'il la voit. L'ombre se rapprocha d'elle, pour masquer presque entièrement la lumière qui pénétrait dans la pièce.

- Elizabeth ? Que fais-tu là ?

La vampire sursauta presque. Il l'avait vue. Il se rapprocha encore d'elle, pour se trouver à sa hauteur. Il s'accroupit à son côté, mais elle détourna la tête vers le mur. Elle avait si honte d'avoir dû boire du sang.

- Hé, qu'est-ce...

Il ne termina pas sa phrase lorsqu'il l'attrapa par la main et qu'il toucha la poche de sang.  Il comprit alors pourquoi elle se sentait mal. Accepter d'être un vampire n'était pas une mince affaire pour les anciens humains. Il prit Elizabeth doucement dans ses bras, même si elle tentait de s'écarter. Il n'y eut aucune parole de prononcée, et ils restèrent ainsi pendant que la vampire terminait de boire la poche de sang. Avant de se relever, elle murmura :

- Merci.

Le garçon ne répondit rien, et se leva. Elizabeth l'imita, et s'essuya le visage avec des serviettes en papier trouvées dans la pièce. Lorsqu'ils sortirent, ils se souhaitèrent bonne nuit et se séparèrent. Elizabeth prit sa bouteille d'eau, complètement oubliée. Elle s'allongea plus tard dans ses draps, écoutant la pluie tomber, au dehors. Pourquoi avait-elle eut à changer de cette façon ?

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