*Chapitre 5*
Elizabeth s'habilla pour cette nouvelle journée au lycée. Ce n'était pas une première, le lycée elle connaissait. Mais en tant que vampire, tout était à revoir. Quelqu'un tapa à la porte donnant sur le couloir. Elle mit son sweat-shirt avant de déclarer :
- Entrez !
Christophe entra, vêtu d'une chemise et d'un jean. Apparemment, il ne l'accompagnait pas, vu la pluie qui tombait dehors.
- Avant de partir, je voulais te donner ceci.
Il lui tendit un petit flacon en verre, rempli d'un liquide rouge. Il n'eut pas le besoin de dire quelle était la contenance de cette petite bouteille, Elizabeth l'avait deviné.
- Utilise le uniquement en cas d'urgences, quand il n'y a plus d'autres moyens, et bien entendu, pas en plein milieu de la classe.
- D'accord. Merci.
- De rien, allons-y.
Elizabeth attrapa son sac pour ranger la fiole puis ils s'engagèrent dans le couloir. Lorsqu'ils arrivèrent à l'escalier, Chris s'arrêta :
- Bonne chance.
La nouvelle vampire sourit :
- A voir ta tête, j'ai l'impression que c'est une expédition. Ne t'en fait pas, tout va rentrer dans l'ordre.
- Je l'espère.
- À ce soir !
Elle se détourna du vieux vampire pour descendre les escaliers, et ne retourna pas avant de disparaître. Elle n'aperçut pas l'expression de stupeur qui venait de surgir sur le visage de Chris.
- C'est impossible... chuchota-t-il.
- Toi aussi tu as cette impression ?
La voix d'Alexandre dans son dos le fit sursauter. Il ne l'avait pas entendu. Le brun portait comme son acolyte une tenue simple et légère.
- De quoi veux tu parler ?
- Ne fais pas l'innocent, je n'ai pas eu besoin de voir ton visage pour savoir le sentiment qui t'as parcouru.
- As-tu lu dans mes pensées ?
- Peut-être, ou peut-être pas...
Le médecin se dirigea vers son bureau, suivit de son camarade.
- Bon, laissons tomber. Tu ne devrais pas partir au lycée avec Elizabeth ?
- Vaut mieux pas que les humains sachent que nous nous connaissons. Cette agression me laisse encore méfiant, je préfère ne pas prendre de risque. Et puis je ne rentre qu'à dix heures, donc j'ai le temps.
- En parlant de l'agression, j'ai commencé à réfléchir...
* * *
Dans le hall de l'entrée, Eden attendait déjà. Elle était emmitouflée dans un gros manteau pour se protéger de la pluie, son sac accroché à son dos et un autre manteau noir dans ses bras :
- Te voilà ! Enfile ça, je pense que tu n'apprécieras pas d'être trempée dès le matin.
- Merci !
Elle prit le manteau et s'exécuta. Elles sortirent ensemble, le soleil était encore couché, et la ville illuminée uniquement grâce aux lumières artificielles. Une petite bruine tombait, semblable à de la neige. Le vent froid pénétrait sous les manteaux des deux filles, malgré l'épaisseur de leurs vêtements. Elizabeth détestait ce type de froid, humide jusqu'aux os.
Elles marchèrent d'un pas rapide, leurs ombres s'étalaient au fur et à mesure des lampadaires qu'elles dépassaient. Un calme presque lugubre les entourait, comme si toute vie s'était éteinte dans les environs. Cela rappelait à la jeune vampire cette solitude lors de son agression. Ses yeux se tournèrent légèrement dans la direction de son amie. Elle fut rassurée d'avoir une figure de confiance à ses côtés. Même si Eden n'était pas en mesure de se défendre contre de nombreux agresseurs, elle était assez intelligente pour pouvoir partir avertir quelqu'un. Connaissant ses capacités de vitesse à la course, Elizabeth savait que son amie avait toutes ses chances de s'en sortir. Et puis, elle était une humaine... les vampires n'oseraient jamais s'attaquer à elle en présence d'humains. Elles arrivèrent à leur arrêt de bus. Cela aussi était plus rassurant. Même si elle appréciait parfois rentrer à pied pour pouvoir prendre du bon temps, le bus était maintenant une option obligatoire pour sa sécurité. Ils n'oseraient encore moins s'attaquer à elle dans un bus bondé d'humains...
Elles rentrèrent dans le bus, assez vide ce matin. Certes il n'était pas réellement bondé, mais la vampire fut frappée par le mélange d'odeurs humaines. Lorsqu'elle était encore humaine, elle ne se rendait compte uniquement des odeurs fortes, agréables ou non. Celles d'un petit déjeuner, ou d'un parfum, mélangées à celles de transpiration après une longue journée. Pourtant cette fois-ci c'était totalement différent. Toutes celles dont elle avait l'habitude étaient présentes, mais multipliées par dix, ajoutées à certaines odeurs dont elle ne pensait pas avoir affaire. Celles d'essence, de lessive, et de sang. Aucune de ces trois odeurs ne devaient être là !
L'essence à l'intérieur d'un véhicule ? Ou plutôt tellement forte qu'elle s'immisçait dans le bus ?
La lessive ? Elle n'était même pas collée aux vêtements des autres personnes !
Le sang. Personne ne saignait. Ou du moins, ce n'était pas visible.
Cette odeur de sang était certes provocatrice pour la nouvelle vampire, mais toutes les autres la supplantaient. Elle disparut alors dans les mélanges d'odeurs.
Elizabeth dû faire une grimace, car son amie lui demanda, après s'être installée sur un siège :
- Quelque chose ne va pas ? Tu fais une de ces têtes !
La jeune vampire ne souhaitait pas inquiéter son amie avec ses problèmes d'odeurs, alors elle tenta une esquive :
- J'étais un peu barbouillée pendant quelques secondes mais c'est passé aussi vite que c'est venue.
- Oh. Si ça revient tu le dis d'accord ?
- Oui ne t'en fait pas.
Tandis que les deux filles se partageaient une paire d'écouteurs et écoutaient de la musique, Éden se reposa contre la vitre du bus. Elizabeth, elle, observa les personnes présentes devant ses yeux. Un vieil homme sur un siège tout devant, un groupe de jeunes plus au milieu du bus, et quelques adultes au niveau des sièges à l'arrière, près des deux amies. Elle avait senti l'odeur un peu vieillotte lors de son passage près de l'homme au-devant du bus, et plusieurs odeurs de parfum féminins au niveau du groupe d'amis. Un parfum plutôt masculin se dégageait d'un homme avec des écouteurs sur les sièges derrière elle. L'odeur de sang, elle venait d'une des filles du groupe d'amis. Celle-ci devait peut-être avoir ses règles ou une blessure quelconque en train de cicatriser avec un pansement. Chacune des odeurs était plus forte avec la proximité. Celle qu'elle sentait le plus était celle du jeune homme derrière elle, même si celle d'Éden était aussi très forte. Elle n'avait pas de parfum, mais l'odeur de lessive se dégageant de ses vêtements dont les deux amies avaient l'habitude depuis l'enfance était bien présente.
C'était peut-être la seule odeur qui n'était pas désagréable pour elle. Certes les autres n'étaient pas faites pour l'être, mais comme elles étaient décuplées, c'était compliqué de toutes les supporter en même temps.
Elizabeth tapota le bras d'Éden, et elles se levèrent, arrivées à l'arrêt où elles descendaient. Les deux jeunes sortirent du bus, et alors que la vampire pensait être délivrée, les odeurs de la pollution s'infiltrèrent jusqu'à ses sinus. Les effluves d'essence et de gaz d'échappements lui collaient désormais au nez.
C'était si étrange de découvrir à nouveau les odeurs. Il ne lui avait pas semblé être si sensible lorsqu'elle était à l'orphelinat... Pourquoi donc l'était-elle maintenant ? Peut-être Christophe avait-il des solutions mais en attendant elle devait tenir toute la journée en ne laissant rien paraître de son dégoût. Ou peut-être Alexandre savait-il quelque chose... À quelle heure intégrait-il le lycée déjà ?... Chris n'avait pas dû lui dire, car elle ne s'en souvenait pas.
Même si les odeurs de pollution étaient importantes, celles des personnes étaient masquées par la pluie. Ce fut une brève trêve pour Elizabeth avant d'arriver au lycée. Lorsque les deux filles furent dans le hall, elles se collèrent à un radiateur libre pour se réchauffer et discuter sur les cours restant à rattraper pour Elizabeth. La première sonnerie annonça aux élèves l'heure d'aller en cours. Les deux amies se séparèrent pour rejoindre leurs classes respectives. Elizabeth rejoignit des connaissances de sa classe, qui la bombardèrent de questions au sujet de son absence. Elle tenta du mieux qu'elle le put de répondre à celles-ci, avec les parfums féminins et masculins l'agressant à moitié, mais le fait d'évoquer une agression refroidissait l'atmosphère en quelques secondes. Elle ressentait la compassion et parfois la pitié au regard des gens. Le professeur arriva et ouvrit la salle, laissa entrer les élèves et demanda à Elizabeth de rester quelques instants.
- Oui Monsieur ?
Il attendit que les derniers élèves entrent pour continuer :
- Ton tuteur m'a expliqué ce qu'il s'est passé. Si jamais tu ne te sens pas bien n'hésites pas à aller à l'infirmerie d'accord ?
Elle hocha de la tête :
- Oui.
Ils rentrèrent dans la salle et Elizabeth partit s'assoir à sa place habituelle. Son voisin ne lui posa pas trop de questions, peut-être savait-il que cela allait gêner la jeune femme plus qu'autre chose. Elle lui demanda tout au long du cours de lui expliquer les notions qu'elle n'avait pas eu le temps de rattraper, et demanda au professeur les polycopiés manquants. Après les deux heures du cours de philosophie, elle rejoignit Éden pour la récréation, cette fois-ci au CDI pour essayer de rattraper le plus de cours possibles. Malheureusement, elles n'étaient pas le meilleur duo pour le travail, car elles ne firent que discuter du début de la matinée. Elles se séparèrent à la hâte pour retrouver de nouveaux leurs classes respectives, et après être entrée dans la salle de sa professeure d'histoire-géographie, Elizabeth s'installa en vitesse. Alors qu'elle sortait ses affaires et demandait à sa voisine de gauche de l'aider avec les cours et que la professeure faisait l'appel, quelqu'un frappa à la porte.
-Oui entrez !
Le CPE entra, accompagné d'une silhouette masculine assez grande derrière lui. Elizabeth essaya de ne pas s'en préoccuper, plutôt concentrée sur les feuilles et les exercices qu'elle avait raté et qu'elle devait rattraper. Elle remarqua sa camarade de table et ceux de devant se retourner, alors que le CPE prenait la parole :
- Je ne sais pas si l'on vous a prévenu, mais votre classe accueil un nouvel élève à partir d'aujourd'hui.
Il se retourna, et laissa le nouvel élève entrer.
- Viens ici Alexandre.
Le nom de celui-ci et sa voix firent Elizabeth se retourner pour de bon.
- Bonjour.
Simple, froid, Alexandre avait un regard indifférent. Elle avait totalement oublié qu'il allait rentrer au lycée ! Peut-être essayait-il d'effrayer les autres élèves pour qu'on le laisse tranquille plus tard avec cet air dur et froid ? Il était vrai que les nouveaux élèves étaient souvent le centre d'une attention toute particulière dans certaines écoles. Tel des animaux sauvages, qu'on tentait d'apprivoiser ou de comprendre, voire parfois de se moquer. En tout cas, il faisait bien semblant de ne pas la voir, ni même de la connaître.
Le CPE se rapprocha de la professeure, lui expliquant qu'il allait rajouter le nom du garçon sur les listes du site de l'école pour que tous ses professeurs puissent faire l'appel. Il sortit ensuite de la salle après avoir salué une dernière fois les élèves. La professeure prît de nouveau la parole, le garçon étant toujours debout près de la porte :
- Assis-toi au dernier rang, à côté des filles il y a une place de libre. Elizabeth, Aurore n'hésitez pas à l'aider pour rattraper les précédents chapitres. Je te donnerai aussi des polys la prochaine fois.
Les deux filles se retournèrent et se regardèrent en même temps. C'était tombé sur leur pomme ! Elizabeth chuchota :
- Comment veut-t-elle que je rattrape mes cours si en plus je dois m'occuper de quelqu'un d'autre !
Le grincement de la chaise au sol, juste à droite d'elle eut raison de ses paroles. Elle ne tenta pas de regarder le garçon, sentant déjà son regard dans son dos.
- Bah écoute, on va bien se débrouiller je pense... Lui murmura sa camarade, regardant derrière le dos de la jeune vampire.
Alexandre ne dit rien, et pendant presque toute l'heure il ne pipa mot. Elizabeth elle était à moitié perdue. Sa voisine, Aurore, essayait de l'aider, mais elle prenait ses notes en même temps et s'embrouillait plus qu'autre chose.
- Je ne comprends pas ce qu'on doit faire ! La prof' va beaucoup trop vite ! Rouspéta Elizabeth à voix basse, pour ne pas se faire entendre.
Alexandre s'incrusta :
- Tu dois faire les exercices page deux cent quarante-cinq et l'analyse des images de propagande sur la page d'à côté.
Il lui ouvrit son livre d'histoire à la page correspondante et Aurore, qui avait suivi l'échange, fit de même avec son livre. Ils commencèrent les exercices mais la sonnerie annonça la fin du cours. La professeure intervint :
- Vous me terminerez ces exercices pour la prochaine fois, vous pouvez y aller !
Les élèves qui n'avaient pas terminé les exercices ronchonnèrent et tous se hâtèrent de ranger leurs affaires pour rejoindre leur prochain cours ou partir déjeuner. Aurore partît pour son cours de théâtre, tandis qu'Elizabeth sortait de la salle pour se diriger vers son cours d'anglais. Elle était l'une des dernières à sortir. Alexandre lui emboîta le pas :
- Quel est ton prochain cours ?
- J'ai anglais...
Le couloir dans lequel ils étaient était plutôt vide. Ils se dirigèrent vers un escalier de secours, peu emprunté, loin de l'escalier principal de l'établissement, qui leur permettrait de monter les étages plus vite.
Elle baissa la voix et continua :
- Pourquoi tu m'as ignoré tout du long ?
Il lui répondit sur le même ton :
- Tu croyais que j'allais te sauter dans les bras ? Je te signale que je suis censé être nouveau ici. Je n'ai pas envie qu'on nous pose des questions sur le pourquoi ni le comment de nos rencontre ou encore de notre passé. Sinon nous devrions inventer tout un mensonge.
Ils commençaient à monter les escaliers, leurs pas résonnaient, et ils se turent. Pourtant Elizabeth entendit une voix résonner dans sa tête et sursauta :
Je ne préférerais pas que tu mentes à tes amis, encore moins aux professeurs.
Elizabeth se rendit compte que c'était le jeune vampire qui s'adressait à elle, puis se tourna vers lui et elle s'exclama :
- Tu es télépa-
Ne parles pas à voix haute ! Pense. C'est simple, ne t'en fais pas, je suis dans ta tête.
Comment ça tu es dans ma tête ? Tu ne lis pas mes pensées j'espère !
Mais non ! Pourquoi tout le monde croit ça ! Je suis simplement dans l'espace conscient de tes pensées, c'est tout. J'entendrai uniquement ce que tu cherches à dire.
Ouf...
Pourquoi, tu as des choses à cacher ?
Quoi ?! Non !
Tout le monde à quelque chose à cacher, même sans le vouloir réellement. Mais mon but n'est pas de percer les secrets des autres, ne t'en fait pas.
Ils étaient arrivés devant une salle, où plusieurs élèves attendaient. Ils terminèrent leur discussion :
En tout cas, ne parle à personne de la télépathie, même si je pense que tu le sais déjà.
Oui, ne t'inquiète pas. Faisons comme si nous venions de nous rencontrer.
Si tu souhaites qu'on se parle à l'école, ça ne me dérange pas. Déclara Alexandre. Créons une amitié.
C'est parti alors !
Ils rompirent le contact télépathique alors qu'un garçon s'approchait d'eux.
- Mais... Tu es nouveau, non ?
* * *
Les deux vampires firent en sorte de commencer à se connaître en cours d'anglais. Quelques connaissances d'Elizabeth se lièrent d'amitié à Alexandre, qui leur décrivit brièvement qu'il prenait auparavant des cours particuliers, seul, et n'avait jamais intégré une école comme les enfants normaux l'imaginaient mais qu'il avait eu une envie d'essayer de s'intégrer une école publique et se faire des amis. Cela avait suffi à un grand nombre de personnes, qui ne demandaient pas plus d'informations. Il expliqua plus tard à Elizabeth par télépathie que cela n'avait rien d'un mensonge, puisque lorsqu'il vivait encore avec sa famille il prenait des leçons seul, avec un précepteur. Aujourd'hui encore, il étudiait encore seul dans sa chambre, dans les appartements de Chris. Elizabeth avait de la peine pour lui.
Tu ne t'es jamais senti... Seul ? En manque de quelque chose, de relations sociales ?
Les deux vampires étaient désormais au CDI, attendant la prochaine sonnerie et Éden. Elizabeth n'avait que très peu de moments durant les cours où elle pouvait voir son amie, et l'heure du repas était l'un d'eux. Alexandre n'avait pas refusé.
Si, quand j'étais petit je voulais sortir, voir des enfants qui jouaient dans le jardin de mes parents, l'été. Mais on m'enfermait, puis on me disait que ces enfants étaient de simples humains, servant mes parents. À quoi, je te laisse supposer...
Mais c'est horrible ! Ils suçaient- buvaient le sang de ces enfants ?
Tu n'as pas à cacher tes pensées, en particulier des mots que tu ne veux pas employer. Au contraire, vaut mieux être franc avec soi-même. Enfin, oui, ils buvaient le sang de ces enfants. Je l'ai découvert un jour, lorsque je suis sorti.
Tu avais réussi ?
Oui. Mon précepteur faisait tous les jours une sieste, après le repas. Durant sa sieste je devais apprendre mon solfège, mais un jour j'avais entendu du bruit dehors. Les enfants riaient ensembles, et se couraient après. J'en ai profité pour les rejoindre en cachette.
Il marqua une pause, comme pour se souvenir.
C'était une journée chaude, les gens restaient cloîtrés à l'intérieur, ou se cachaient sous l'ombre des arbres. Mais pas les enfants. Même en plein soleil, ils étaient infatigables. Nous jouions ensembles cet après-midi, et nous courions partout. A un moment j'étais essoufflée, comme tout le monde, mais l'un des garçons m'avait demandé le plus simplement du monde...
Les mots d'Alexandre furent coupés par un petit rire télépathique. Il riait de lui-même, peut-être de sa naïveté enfantine qu'il possédait auparavant.
Ce garçon m'avait demandé tout gentiment si je voulais de son sang pour me désaltérer. Il me montrait son cou comme si s'était la chose la plus normal qu'il ait faite.
Le vampire se passa une main dans les cheveux. Elizabeth le sentait presque hors de lui.
Mon père est arrivé pile à ce moment-là. Bien entendu, il voulait réprimander ces enfants pour m'avoir parlé, tu comprends ? Nous n'étions pas du même rang, pas du même monde. Ils étaient inférieurs à moi. Pensa-t-il, ironique.
Pourtant, sur le coup il ne dit rien. Il attendit simplement, et se rapprochait de notre petit groupe, tous innocents que nous étions. Il attendait que j'accepte cette offre, que je morde cet enfant que je considérais comme l'un de mes premiers amis.
Il marqua une autre petite pause, et Elizabeth était tendue près de lui. Elle était subjuguée par son histoire, et avait oublié qu'elle devait travailler. Alexandre aussi d'ailleurs.
J'étais tétanisé. Je ne pouvais pas accepter ce qu'il me proposait. Pourtant j'avais le regard de mon père, derrière lui, qui m'imposait de le faire. Je savais que j'allais être réprimandé si je ne faisais pas mon devoir de vampire. Il me regardait d'un œil suppliant, lui aussi, ce gamin. Je pense qu'il savait que nous avions tous beaucoup de pression, à cause de mon père.
Il soupira, l'air déprimé.
J'ai fini par le mordre, comme tous le souhaitaient. Je pleurais, je n'arrivais pas à distinguer le sang des larmes sur mes jours. Peut-être les deux étaient mélangés. Je m'étais excusé au moins cent fois, après, mais il m'avait simplement répondu, le cou et les vêtements plein de sang ''Ne vous en faites pas, c'est un honneur pour moi, maître.'' Mon père m'avait tout de même reproché d'avoir pleuré, que de boire le sang des humains était tout à fait normal.
Il marqua une dernière pause.
Enfin bref, tout ça pour t'expliquer que, non je ne préfère pas entrer au contact des humains, et même des vampires. Les uns se prennent pour des inférieurs, les autres pour des supérieurs. Tout est artificiel, et lorsque tu crois les gens honnêtes, ils ne le sont pas.
Ici personne ne te prendra de haut, ou encore se croira inférieur à toi, crois-moi. Je suis ici depuis deux ans. Je n'ai jamais vu ça, et si ça arrive, tu leur cloue le bec !
Merci... Mais bon, on ne peut pas changer le passé.
La sonnerie signala l'heure du déjeuner pour les deux vampires, qui se dirigèrent à la hâte vers la cantine du lycée. Ils retrouvèrent Éden en chemin, qui sortait en courant du bâtiment principal. Elle les accosta :
- J'ai réussi à sortir en première, et le prof' nous a laisser partir deux minutes en avance !
- Super on y va alors !
Ils coururent jusqu'à la file d'attente du self, à trois, et Elizabeth présenta sa meilleure amie au vampire, et le vampire à sa meilleure amie.
Aucun des deux filles ne se doutait qu'Alexandre les connaissaient déjà en partie, de vue, mais surtout grâces aux informations que Christophe lui avait données avec leurs différents dossiers administratifs.
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