Chapitre 5 : Investigations
Genma tournait en rond dans son salon. Ses pieds retraçaient le même trajet, encore et encore, dessinant un sillon dans le tapis. Il fulminait. Pour la première fois depuis des années, il avait eu l’impression de goûter au bonheur, d'enfin pouvoir découvrir ce que ça faisait d’être heureux. Et il venait de comprendre que ce bonheur ne tenait qu’à un fil. À chaque fois qu’il fermait les yeux, leur visage s’imposait à lui. Il était malade d'inquiétude pour eux, et pourtant, ils n’étaient partis que depuis deux jours… Il espérait de tout son cœur que son mauvais pressentiment, qui l’avait assailli depuis qu’il avait appris leur mission, n’était qu’un mirage. Il espérait ardemment que tout irait bien, qu’ils s’en sortiraient tous les deux indemnes. Raido et N étaient de très bons combattants après tout. Et il connaissait depuis suffisamment longtemps le premier pour savoir qu’on ne le battait pas d’un claquement de doigts. Raido savait faire preuve de prudence et de ténacité. N ne risquait rien à ses côtés, il le savait au fond de lui-même…
Pourtant, il n’arrivait pas à se calmer. Parce qu’il savait aussi que la jeune femme était épuisée, et que Raido n’était pas en pleine forme non plus. Il s'inquiétait parce qu’il savait que la tempête qui faisait rage au-dehors n’avait pas dû les épargner. L’image de ses deux coéquipiers faisant face au vent, trempés jusqu’aux os, se fraya un chemin dans son esprit et le fit frissonner. Il n’aimait pas ça. Il avait passé la nuit à étudier les documents que Raido avait ramené de leur précédente mission. Il y avait cherché le moindre détail qui lui aurait permis d’en apprendre un peu plus sur leur situation. Mais sans la coopération du Hokage, il ne pourrait aller bien loin. Il n’aurait jamais imaginé que ce dernier l’enverrait promener de cette façon. En y pensant, il se remit à bouillonner, furieux.
Il mâchonnait de plus en plus fort son senbon, si bien qu’il finit par s’entailler la langue avec. Il jura alors que du sang dégoulinait de sa bouche. Ce n’était assurément pas son jour… Il alla se rincer la bouche avant de s’affaler sur sa banquette. Il soupira encore, et passa une main dans ses cheveux. Pour une fois, il ne portait pas son bandana. Le goût métallique du sang lui emplissait encore sa bouche, mais il n’avait pas envie de se relever. De toute façon, il alternait entre profonde colère et lassitude extrême depuis qu’il était rentré de chez le Hokage, la veille. Il n’avait même pas réussi à dormir un peu…
En y réfléchissant, cela faisait des années qu’il n’avait pas perdu son calme à ce point-là. Depuis la guerre, il avait pris soin de masquer au maximum ses émotions. Il faisait tout pour paraître calme et serein, au point d’être réputé pour ça dans le village. Pour les autres ninjas, en aucun cas Genma Shiranui ne s’énervait, jamais il ne perdait patience. Il s’était construit cette attitude afin de ne pas passer pour une cible vulnérable. Dans un monde tel que celui des shinobis, ceux qui laissaient libre cours à leur sentiment n’allaient pas bien loin. Les ninjas n’étaient que les instruments de leur village, et les instruments ne pensaient pas. Il n’avait pas le droit de montrer la moindre faiblesse devant les autres. Si bien qu’il ne laissait transparaître ses émotions uniquement devant Raido. Celui-ci ne l’avait jamais jugé pour ça, après tout, il le connaissait comme un frère et savait ce qui le tourmentait chaque jour.
Il ne s’était pas montré aussi émotif depuis des années. Et dire qu’il avait fallu l’arrivée d’une seule personne pour que toutes ses résolutions partent en éclats. En un regard, en un sourire, N avait brisé les barrières qu’il avait dressé autour de lui. Il ne comprenait même pas comment. Il songea à sa longue chevelure blanche et au parfum qu’elle dégageait. Alors que l’odeur boisée de la jeune femme lui revenait en mémoire, sa respiration s’apaisa enfin, comme si la présence de la kunoichi était nécessaire à son bien-être. Il ne lui manquait plus que ça. Il n’avait pas l’habitude de s’attacher et encore moins d’être dépendant de quelqu’un. Il ne vivait que pour lui seul, puisqu’il n’avait personne. Puis il songea à son sourire distant, mais aussi à ses gestes attentionnés, à la douceur dont elle avait fait preuve avec lui. Pendant une après-midi, il s’était senti choyé et apprécié et ses quelques heures avaient suffi pour remettre en doute tout son monde.
Il resta dans cette banquette pendant des heures, perdu dans ses pensées. Son esprit allait et venait d’une réflexion à l’autre. Il ne remarqua pas le soleil qui s’éteignait derrière les nuages, laissant place à l’obscurité sinistre d’une nuit de tempête. Il ne remarqua pas plus la naissance du matin et l’arrêt de cette pluie battante qui persistait depuis leur départ. Finalement, alors qu’il venait d’enchaîner deux nuits blanches sans même s’en rendre compte, et qu’il avait perdu toute notion du temps, se fut son estomac qui le rappela à l’ordre. Le bruit que fit son ventre réussit à lui tirer un sourire. Voilà au moins une chose qui n’avait pas changé : il était toujours incapable de se passer de son bol de céréale matinal. Fatalement, il tourna son regard vers l’horloge. Il devait retourner voir Lyra dans une heure à peine pour la suite de ses soins. L’idée de ne l’emballait pas plus que ça, avec le peu de repos qu’il avait pris, son bras le faisait souffrir et il ne tenait pas vraiment à ce que la médic-nin s’amuse à le manipuler dans tous les sens.
Lorsqu’il toqua à la porte du bureau de la medic-nin, sa voix ensommeillée lui répondit d’entrer. Elle non plus n’avait pas dû dormir beaucoup, comme en témoignait ses cheveux en bataille, sa tenue froissée et ses cernes. Pourtant, à côté de Genma, elle avait plutôt bonne mine, comme elle s’empressa de lui faire remarquer.
— J’ai côtoyé des morts qui avaient l’air plus avenants que toi. Il me semblait pourtant avoir été clair avec toi, non ?
— Comment ça ? lui demanda-t-il, sur ses gardes.
— Il me semblait t’avoir parlé de te ménager. Mais je fais sûrement erreur. Après tout, il est indéniable que ne pas dormir est le meilleur moyen d’être en pleine forme ! fit la medic-nin avec ironie.
— J’avais trop de choses en tête…
— Et alors ? Tu n’es pas le seul à avoir des soucis dans ce village, et pourtant, il me semble que tu es l’unique personne qui affiche une telle tête de déterré ! Aux dernières nouvelles, se priver de sommeil, ce n’est pas le meilleur moyen pour résoudre ses problèmes ! Je ne saisis pas l’intérêt de te soigner si c’est pour que tu te ruines la santé à côté ! Tu as besoin de repos bordel !
Sa voix était montée crescendo tout au long de sa tirade. Elle n’aimait pas hausser le ton, mais elle ne se privait pas non plus de le faire lorsque c’était nécessaire. Et vu l’état du ninja, il était plus que temps qu’elle se charge de le rappeler à l’ordre. Elle s’attendait à devoir écouter des protestations, des justifications, comme ils le faisaient tous lorsqu’elle s’énervait, mais rien ne vint. Si bien qu’elle fixa le jeune homme, curieuse. Il n’avait vraiment pas l’air bien, et il semblait en prendre doucement conscience. À vrai dire, en le voyant comme ça, elle eut pitié de son état. Après sa dernière visite, elle s’était un peu renseigné sur lui. De ce qu’elle avait pu apprendre, il n’avait pas mené une vie facile, mais il affichait, tout de même, des états de service irréprochables. Mais à quel prix ? L’homme qui se tenait devant elle était à bout de force et elle ne comprenait pas pourquoi rien n’était fait par les dirigeants de Konoha pour soutenir les soldats comme lui. Surtout que ce n’était pas le premier, ni le dernier qu’elle voyait aussi épuisé…
— Genma, que se passe-t-il ? Sa voix s’était adoucie. Elle ne souhaitait pas le braquer.
— Je suis inquiet et je réfléchis trop. Si bien que je n’ai pas réussi à trouver le sommeil depuis deux jours.
— Et qu’est-ce qui t’inquiète autant ? Excuse-moi si je me trompe, mais tu n’as pas l’air d’être du style à être quelqu’un de nerveux. Donc j’imagine que c’est quelque chose d’important.
— Avant que je ne t’en dise plus, on est bien d’accord que ça ne sortira pas d’ici ?
— Je n’ai pas pour habitude de dévoiler mes conversations avec mes patients jeune homme.
— Jeune homme… grogna le ninja, peu habitué à être appelé de cette façon. J’imagine que je peux te faire confiance, et si ce n’est pas le cas, ça sera tant pis pour moi et je me débrouillerais seul.
— Sage décision. Tu m’expliques alors ? demanda-t-elle, impatiente.
— Je suis inquiet pour N et Raido. Ils ont été envoyés en mission de rang B alors que N se remettait à peine d’un épuisement de chakra. À côté de ça, lors de notre dernière mission, Raido a récupéré des documents classifié sur nous trois. J’en conclus qu’il y a certainement une taupe à Konoha. J’ai aussi pu interroger le ninja qui m’a blessé, seul à seul. Il m’a avoué avoir été spécifiquement envoyé sur cette mission pour s’occuper de N et la capturer. Je me doutais qu’elle était en danger, mais pas à ce point-là…
— Comment ça ?
— Raido et moi avons été gardes du corps du Quatrième. Si N a été placé dans notre unité, c’était nécessairement pour qu’on la protège le plus possible. Jusque-là, ce n’était pas difficile à comprendre. Pourtant, le danger semble venir autant de l’intérieur que de l’extérieur du village. Et par dessus tout, je ne comprends pas à quoi joue le vieux singe qui nous sert de Hokage. La mettre dans notre unité pour l’envoyer dans une mission suicide deux semaines plus tard est parfaitement illogique. Je voulais aussi lui parler du potentiel traître, mais il me refuse toute audience. J’ai l’impression d’être un paria complet dès que je m’approche du bâtiment central… il voulut poursuivre sa tirade, mais Lyra préféra le couper.
— Je t’arrête immédiatement. Je conçois ton inquiétude pour N et je l’apprécie. Mais tu sembles réellement la sous-estimer. Ses jutsus médicaux lui donnent de prodigieuse capacité à survivre en toutes circonstances. Je l’ai vu se tenir ici, à l’endroit même où tu te trouves, après des centaines de missions plus périlleuses les unes que les autres. Et à chaque fois, elle était entière. Ce n’est pas un épuisement de chakra qui l’arrêtera, crois-moi. Cette gamine possède une volonté de survivre hors du commun. Quoiqu’il se passe, elle ne se laissera pas avoir facilement. Sans compter que votre coéquipier – Raido, c’est ça ? – ne doit pas être un bras cassé, j’imagine. Tu es un chef d’équipe, tu dois prendre conscience des capacités de tes subordonnés. Même si tu es attaché à N et que te fais du soucis… Malheureusement, je ne peux rien te dire de plus sur la situation de N. Je ne pourrais pas, en conséquence, t’informer sur d’éventuels complots. Je vais cependant te donner un conseil : les choses ne sont pas forcément ce qu’elles semblent être. Ne remets pas en doute tout ce en quoi tu crois pour un seul évènement. Quant au reste, tu n’arriveras à rien si tu ne lui fais pas confiance. Les agissements du Hokage te sont obscurs aujourd’hui, mais peut-être que d’ici peu, tout s’éclairera sous un nouveau jour. Essaye de voir la situation dans son ensemble avant de porter un quelconque jugement. Penses aussi que tu n’es pas seul dans cette galère. Rapproche-toi de Kakashi, il pourra sûrement t’éclairer un peu plus sur la situation.
— Kakashi ? fit-il, étonné.
— L’ancien coéquipier de N. Je sais qu’ils s’entendent très bien. Si quelqu’un d’autre que N peut t’éclairer, ce sera lui.
— Je vais y réfléchir. Merci d’avoir pris le temps de m’écouter Lyra.
— Je t’en prie. Et une dernière chose avant de commencer les soins : ce n’est pas en te ruinant la santé que tu pourras aider N. Si tu veux prendre soin d’elle, commence par prendre soin de toi !
-o-
Tout se passera bien.
Étonnamment, il ne fallut que ces quelques mots pour détendre le ninja balafré. Il tendit la main vers N et lui ébouriffa les cheveux. Il aimait voir la moue boudeuse qu’elle affichait à chaque fois qu’il lui faisait ça. Il lui murmura un merci avant de se reconcentrer. Cette mission était risquée et il n’avait pas le droit de se montrer distrait. Il savait que la moindre erreur pourrait leur coûter la vie, à lui et à sa coéquipière.
— Je me charge de ces deux-là, lui murmura-t-il. Active ton bouclier en attendant.
Elle se contenta de hocher la tête avant de se concentrer. En moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, son bouclier était activé, formant comme un halo de chakra luisant autour d’elle. Lorsqu’elle releva la tête, deux corps s’effondraient déjà dans l’herbe. Raido était vraiment un ninja redoutable en ce qui concernait les assassinats. Plus elle évoluait avec lui dans cette mission, plus elle comprenait sa réputation de ninja hors pair. Il fit claquer sa langue sur son palais. Le signal pour qu’elle le rejoigne.
Ils se mirent à deux pour cacher les deux corps sans vie dans les fougères. Il ne pouvait pas se permettre de laisser des traces derrière eux. La discrétion et la surprise étaient leurs seuls avantages pour mener à bien cette mission. Une fois cette basse besogne effectuée, ils se mirent à rechercher l’entrée exacte de la grotte. Ce fut N qui la repéra en première, cachée derrière une dalle de pierre. Ils se faufilèrent l’un derrière l’autre dans le tunnel qui était apparu après qu’ils aient déplacé avec difficulté la roche.
La jeune femme frissonna au contact de l’air frais de la grotte. La chaleur d’un bon feu lui manquait déjà.... Le tunnel était à peine éclairé. Quelques torches illuminaient l’endroit çà et là, mais leur lueur ne suffisait pas pour chasser l'inquiétante obscurité dans laquelle le tunnel était plongé. Avec la tempête des précédents jours, l’humidité s’était accumulée sur les parois de la grotte et parfois, une simple goutte venait s’écraser sur le sol. Et dans le silence qui régnait autour d’eux, cette simple goutte semblait produire un fracas assourdissant. Les deux ninjas étaient tendus, concentrés. Leur infiltration était cruciale, si bien qu’ils tendaient tous les deux l’oreille, à l’affût du moindre bruit qui trahirait la présence d’ennemi.
D’après les informations réunies par l’escouade de Hayate, les deux enfants n’étaient pas enfermés au même endroit. Ils allaient devoir fouiller tout le repaire pour les retrouver. Raido espérait les retrouver le plus rapidement possible. Mais surtout, il espérait qu’ils n'étaient pas trop amochés par leur captivité. S’ils étaient encore capables de se déplacer, leur extradition en serait fortement simplifiée. Mais s’ils étaient blessés ou bien simplement trop épuisé, N et lui seraient forcés de les porter.
Enfin, avant de penser à ça, il faudrait déjà retrouver les deux gamins. Raido et sa coéquipière avaient eut une longue discussion avant de se mettre en route pour la grotte. Le balafré avait émis l’idée de capturer l’un des ravisseurs et de le faire parler pour trouver les cellules. La plus jeune avait cependant très vite pointé du doigt les risques d’une telle façon de faire. Outre la possibilité que l’homme capturé leur mente, il y avait peu de chance qu’ils arrivent à l’interroger silencieusement et dans un laps de temps très court. Raido avait fini par entendre raison devant les arguments de sa coéquipière et avait donc décidé de fouiller la grotte de fond en comble pour trouver les deux gamins. Mais cette façon de faire était presque aussi risquée selon lui. À tout moment, ils pourraient ouvrir la mauvaise porte et tomber nez à nez avec un groupe d’ennemi. Les subordonnés de Hayate n’avaient pas réussi à estimer le nombre exact d’ennemis, mais d’après ce qu’ils avaient pu observer, ils étaient au moins une vingtaine à garder l’endroit. Hayate, Raido et N avaient d’ailleurs trouvé ça curieux qu’ils soient aussi nombreux pour un simple kidnapping. En général, ce genre de ravisseurs n’agissait qu’en groupe de deux ou trois.... Cela leur faisait une raison de plus de se méfier pendant cette mission.
Le tunnel semblait être interminable. N n’aurait jamais pensé qu’une telle galerie avait été creusée par ici. Elle se demanda un bref instant si c'était le fait des ravisseurs qui utilisaient l’endroit comme planque depuis longtemps, ou si c’était un lieu qui avait été créé bien avant ça. Elle secoua la tête. Ce n’était pas le moment de se perdre dans des questionnements inutiles. Il fallait qu’elle reste concentrée. Elle nota que le tunnel était en pente douce depuis le départ. Plus ils avançaient, plus ils s’enfonçaient lentement au cœur de la terre. Elle n’aimait pas ça. Pendant ses années de voyage, elle avait pris l’habitude des grands espaces et des forêts. Se retrouver six pieds sous terre ne présageait jamais rien de bon selon elle.
Enfin. Une ouverture se dessinait au loin. Les deux ninjas ralentirent leurs pas. Ils se firent encore plus discrets qu’ils ne l’étaient déjà. Tendant l’oreille, ils ne perçurent aucun bruit. Pas même le murmure d’une discussion. C’était bon signe. Arrivés au bout du tunnel, ils se plaquèrent immédiatement contre les parois. Chacun de leur côté de l’ouverture, caché dans les renforts de la pierre, ils sortirent un petit miroir qu’ils orientèrent vers la pièce qui se trouvait devant eux. De ce que N pouvait observer grâce aux reflets dans son miroir, la pièce était vide. Elle fit un signe à Raido qui hocha la tête. Des caisses en bois empilées un peu partout leur feraient des cachettes de choix. Raido passa en premier, et se cacha derrière l’une d’elle. N le suivit très rapidement, et trouva une place de choix, proche de son coéquipier. De là où elle se trouvait. Elle n’avait qu’à passer la tête pour avoir une vue panoramique sur toute la pièce. Elle vérifia une dernière fois sur son miroir que l’endroit était vide de tout autre présence humaine. Toujours rien. Parfait, songea-t-elle. Elle se risqua donc à se relever légèrement. La pièce était plutôt grande et bien mieux éclairée que le tunnel qu’ils avaient emprunté. Elle fit un signe à Raido et celui-ci se releva. Aucun danger ne les guettait ici.
— D’après toi, il y a quoi dans ces caisses ? demanda-t-elle à son coéquipier.
— Sûrement de la marchandise pour un trafic illégal. Je doute que nos amis ne soient que des kidnappeurs d’enfants…
— Comment ça ?
— Ils sont trop nombreux et trop bien organisés pour de simples kidnappeurs. Regarde cette planque, elle est immense. Je doute qu’ils aient pris la peine d'aménager tout ça pour une si brève période. Au départ, je pensais à du trafic d’enfant, mais je me suis renseigné un peu avant de partir et aux dernières nouvelles, il n’y a pas eu de hausse des disparitions ses derniers temps.
— Du coup tu penses qu’on a mis la main sur un trafic de quel genre ?
— La seule façon de savoir, c’est d’ouvrir ses caisses. Mais j’ai déjà ma petite idée…
— Ah ?
— De ce que j’ai pu apprendre, le père des deux gamins enlevés essaye de faire limiter la vente d’arme dans le pays.
— Elle est déjà limitée non ?
— Pas totalement. En théorie, seul les ninjas peuvent y avoir accès grâce à des armureries mises sous le contrôle de l’Hokage. Dans les faits; beaucoup de clans ont leur propre armurerie depuis des années, et n’importe lequel de leur membre peut s’y approvisionner, sans forcément être un ninja. Et en plus de ça, des armureries illégales sont créées chaque jour dans différentes villes. Elles servent à approvisionner tous les hors-la-loi possibles.
— Et bien, il ne nous reste plus qu’à vérifier ta théorie !
Un kunai à la main, N pris le parti d’ouvrir l’une des caisses au hasard. Celle sur laquelle elle avait jeté son dévolu était scellée sur le dessus par quelques clous. Avec habilité, N glissa la pointe de son kunai dans l’interstice qui séparait le couvercle du reste de la boite et fit sauter un premier clou. Puis un second. Elle continua ainsi de suite avec tous les autres, et en bien moins qu’une minute, la caisse fût ouverte. Raido dévisagea sa coéquipière, épaté par sa rapidité. Elle lui dit un clin d’œil avant de retirer le couvercle de sa caisse. Le ninja avait vu juste avec sa théorie. La caisse était pleine d’arme en tout genre. N plongea précautionneusement sa main à l’intérieur et extirpa plusieurs fumigènes. Elle fouilla davantage et récupéra des parchemins explosifs. Elle sourit à son coéquipier. Ils venaient de trouver le stock d’armes des ravisseurs, et ils n’allaient pas se prier pour se servir. N reposa le couvercle sur la caisse une fois le plein d’arme fait. Elle se tourna vers son coéquipier. Celui-ci tournait autour d’une autre caisse, cherchant un interstice pour l’ouvrir.
— Je ne forcerais pas trop si j’étais toi, fit-elle.
— Pourquoi ?
Elle s’avança vers lui et attira son regard sur l’une des arêtes de la caisse. Une étiquette en papier s’en décollait. Elle la lissa et présenta au ninja le dessin qui y figurait. Une tête-de-mort.
— C’est sûrement rempli de poison. On a pas le temps de s’amuser avec ce genre de truc.
— Bien joué gamine !
— Tu vas pas te mettre à m’appeler comme ça toi aussi ?! s'offusqua la jeune femme.
Il se contenta de lui rire au nez, sans lui répondre. Puis il recouvra son sérieux. Ils n’avaient pas le temps non plus de s’amuser avec ça. Il se glissa un peu plus silencieusement jusqu’à la porte qui permettait de sortir de la grotte. Il ne voulait pas prendre le risque de l’ouvrir et de tomber sur des ennemis, si bien qu’il créa l’un de ses clones d’ombre pour se glisser à derrière. Il se tourna prestement vers sa coéquipière et elle pu discerner sur ses lèvres les mots qu’il formait silencieusement : Quelqu’un vient. Sans demander plus de précision, N se mit en position, prête à se débarrasser de l’intrus. Raido ne lui laissa cependant pas le temps d’agir. À peine l’homme était-il rentré dans la pièce que déjà le balafré s’était glissé dans son dos. Son sabre suivit la courbure de sa gorge avant même que l’homme n’ait eu le temps de réagir. À l’image des deux autres soldats qui se trouvaient à l’entrée de leur planque, il s’effondra sur le sol dans un bruit sourd. Raido déplaça rapidement son corps, et le cacha derrière plusieures caisses. Moins vite il serait découvert, mieux ça serait pour eux.
N et lui se remirent en route, parcourant un second couloir, vide de toute présence à présent. Ils ne communiquaient que par des signes afin de rester silencieux quoiqu’il arrive. Ils furent rapidement arrivés à une intersection. Après avoir examiner l’endroit, ils optèrent pour le chemin de gauche. Avec la terre battue qui recouvraient le sol, il était aisé pour eux de repérer les traces de pas. Le chemin de gauche était celui où il y en avait le moins. Ils s'étaient dit qu’avec un peu de chance, ça les mènerait tout droit aux geôles des enfants. Leur progression dans le repaire des ravisseurs était rapide.
À chaque nouvelle pièce ou intersection, Raido utilisait son ombre pour savoir ce qui les attendait. La plupart du temps, les pièces étaient désertes, et personne ne se baladait dans les couloirs. Ils ne croisèrent que trois fois des ennemis, et à chaque fois, ces-derniers n’avaient pas le temps de réagir. N et Raido formait un duo redoutable sur le terrain. Avant même que les ravisseurs ne comprennent ce qu’il se passait, ils leur tombaient dessus avec une facilité déconcertante. C’en était même à se demander comment ils avaient réussis à enlever les deux enfants sous le nez de plusieurs gardes expérimentés… Jusque-là, ils n’avaient rien vu qui puissent s’apparenter à des cellules de détention. Ils avaient pu entrer dans chacune des pièces et fouiller sans aucun soucis. Mais Raido se doutait qu’ils n’étaient plus très loin de leur but. Ils s’étaient enfoncé loin dans la grotte, descendant toujours plus sous terre. Il observa discrètement N. Elle semblait pouvoir tenir le rythme vit-il avec soulagement. Il avait eu peur qu’elle s’épuise vu les derniers jours qu’elle avait passé. Le repos qu’ils avaient pris au repère de Hayate avait dû lui suffire pour l’instant.
Après une bonne heure à parcourir le repère, ils se mirent à désespérer. Ils n’avaient trouvé aucun indice sur le lieu de détention des deux enfants. Ils avaient fouillé chaque pièces de fond en comble pourtant. Raido commençait à se dire qu’ils auraient du prendre une autre direction à la première intersection. Cette partie de leur planque semblait très peu utilisé. Même là où ils se trouvaient, il n’y avait que quelques une de ses caisses remplies d’armes. Il était d’ailleurs étonnant de voir la quantité de stock militaires que ces hommes avaient amassés. Ils auraient pu fournir une bonne partie des ninjas de Konoha avec tout ça. Il secoua la tête. Ce n’était pas le moment de penser à ce trafic. Il n’était pas là pour ça. Une fois de plus, le regard de Raido dériva sur N. La jeune femme tournait autour d’une caisse, le regard fixé sur le sol. Son attitude lui évoquait celle d’un chat qui avait flairé sa proie..
— Qu’est-ce-qu’il y a ? lui murmura-t-il.
— Viens voir. Les traces au sol sont étranges.
— Comment ça ? fit-il en s’approchant.
— Regarde, on dirait que cette caisse à été déplacée plusieurs fois. Et il y a beaucoup de traces de pas autour. Elle lui montra le sol. On devrait essayer de la déplacer non ?
— On va voir ça.
Lourde comme elle était, ils durent se mettre à deux pour réussir à bouger la caisse en bois. Après l’avoir décalé d’une bonne vingtaines de centimètre, ils virent qu’elle reposait en fait sur une planche en bois. Dans un dernier effort, ils réussirent à dégager complètement la charge. Couverte de poussière, N s’agenouilla. Elle examina quelques instants la planche de bois. Une fois de plus, elle sortit un kunai et entreprit de la décoller du sol avec. Après plusieurs tentatives, elle parvint enfin à son but. Avec un sourire, elle constata que c’était en réalité une trappe. Raido la souleva complètement. Ils purent regarder ensemble vers où elle menait. Une échelle faite dans un vieux fer rouillé menait au fond du trou. Il faisait cependant trop sombre pour pouvoir voir plus loin.
— Bingo ! murmura la jeune femme.
-o-
Genma se rendait une fois de plus chez l’Hokage. Sa discussion avec Lyra lui avait remis les idées en place. Ça ne lui servait à rien de continuer à se morfondre ainsi. Il fallait qu’il agisse et qu’il trouve des informations sur ce qu’il se passait. C’était le seul moyen qu’il avait pour aider ses deux coéquipiers. Il était rentré dormir un peu, pour ne pas se présenter devant Hiruzen avec des cernes plus grandes que ses yeux. Les soins de Lyra avait nettement diminué la douleur qu’il ressentait, et pour la première fois depuis Raido et N étaient partis, il se sentait relativement bien. Il espérait seulement qu’il ne refaisait pas le trajet qui séparait son appartement du bâtiment principal pour rien. Arrivé devant, il ne prit pas la peine de saluer les ninjas qui discutait autour de lui. Il n’avait pas envie de discuter aujourd’hui. Il voulait seulement parler au Hokage. Alors qu’il pénétrait dans le bâtiment, son regard fut attiré par un petit groupe de personne qui discutait à voix basse. Intriguant. Il s’approcha discrètement avant de se rendre compte qu’il s’agissait des anciens. Danzô, Homura et Koharu semblaient se disputer. Genma ne parvint pas à saisir le sujet de leur querelle. Il n’osait pas s’approcher plus d’eux, ne souhaitant pas se faire repérer.
En tant que ninja de Konoha, il n’aurait jamais dû songer à espionner ses trois là. Pourtant, vu ce qui se passait autour de lui, il avait développé une certaines méfiance envers les élites du village. Si quelqu’un le voyait faire, il risquait gros. Il fit donc mine d’attendre quelqu’un, regardant par l’une des fenêtres alors que son esprit restait concentré sur les trois. Il réfléchissait à toute vitesse. Du temps où il avait été le garde du corps de Yondaime, il avait pu assister au réunion du conseil de Konoha. Et ce qu’il avait entendu lors de ces réunions lui avait rarement plu. Lui qui avait toujours cherché à éviter les arcanes du pouvoir avait du mal à comprendre les intérêts des anciens. Mais avec l’âge, il avait fini par se dire que le village n’était pas toujours la priorité de ses trois là. Comme toute personne au sommet, ils souhaitaient y rester le plus longtemps possible. Minato était souvent rentré en conflit avec eux à l’époque. Il n’avait jamais aimé leur façon de comploter à longueur de journée et Genma ne pouvait que le comprendre. Si seulement il avait pu diriger le village plus longtemps…
Leur querelle sembla cesser après d’interminables minutes. Aucun d’eux n’avait haussé le ton, de ce fait Genma n’avait rien pu entendre d’intéressant. Il joua son jeu de ninja bien dressé et obéissant et les salua lorsqu’ils passèrent devant lui. Comme il s’y attendait, ils lui répondirent à peine et Danzô lui lança un regard méfiant. De tout les ninjas qu’il connaissait, Danzô était certainement celui qui lui inspirait le moins de confiance. Son statut de dirigeant de la Racine, une force d’opposition dans le gouvernement du village, l’avait souvent mis en lumière pour des missions et comportement peu honorables. Danzô représentait la face sombre du de Konoha, il s’occupait des affaires les moins nobles qu’on pouvait leur confier. Genma n’avait jamais compris pourquoi un homme comme lui avait tant d’importance au sein de leur village. De ce que Yondaime lui avait appris à l’époque, Danzô avait toujours jalousé le troisième Hokage et avait tout fait pour prendre sa place. Il n’avait d’ailleurs pas apprécié que Hiruzen reprenne son poste de Hokage à la mort de Minato. Genma n’avait jamais réellement été en contact avec lui, mais il savait depuis longtemps que ce n’était pas le genre d’homme qu’il souhaitait avoir pour chef. Quelque chose dans sa façon d’être le répugnait au plus profond de lui.
Alors que les trois anciens s’éloignaient de lui, Genma se rappela la raison de sa venue ici. Il devait absolument convaincre le Hokage de lui laisser une entrevue. Il refusait de se faire éconduire une nouvelle fois par le vieux singe. Comme la dernière fois qu’il était venue, il emprunta le chemin qui menait à son bureau sans faire attention à ce qui se passait autour de lui. C’est au détour d’un couloir de premier étage qu’il passa devant Kakashi et ses trois élèves, sans même les remarquer, plongé dans ses pensées.
Le ninja copieur, lui, avait bien noté l’air soucieux de son aîné. Après avec soigneusement inspecté les alentours, il congédia Naruto, Sasuke et Sakura. Il attendit que ses trois genins aient disparus de son champs de visions pour rattraper Genma. Celui-ci se retourna vivement quand il sentit une main agripper son épaule blessée. Il s'apprêtait à râler, mais il fut trop étonné de voir le ninja copieur se tenir devant lui. Genma et Kakashi ne se connaissaient que vaguement. Ils n’étaient jamais partis en mission ensemble et ne se fréquentaient pas dans le village. Mais ils avaient tous les deux entendus parler de leur exploits mutuels, si bien qu’ils se respectaient profondément. Genma ne fit donc pas cas de la douleur que venait de lui infliger le ninja aux cheveux blancs, et attendit, curieux, que ce dernier prenne la parole.
— Ne va pas voir le Hokage aujourd’hui Genma.
— Et en quelle honneur je devrais faire ça ? répondit-il, agressif. Sa sérénité avait disparue dès que Kakashi avait ouvert la bouche.
— Tu vas finir par mettre N et toute ton équipe en danger en te comportant de cette façon.
— Comment ça ? Le fait que Kakashi évoque N avait attisé sa curiosité.
— Je ne peux rien te dire de plus maintenant. Mais je peux te proposer de me rejoindre cette nuit, aux alentours de deux heures, sur les portraits du Hokage. Je t’y expliquerais tout ce que je sais, alors fait en sorte de ne pas être suivi quand tu viendras.
Sans attendre sa réponse, Kakashi s’éloigna. Genma mis quelques secondes avant de reprendre ses esprits. Il ne comprenait pas vraiment le ninja copieur, mais il décida que ça ne lui coûterait rien d’attendre une journée de plus avant de retourner voir Sarutobi. Il ne connaissait que peu Kakashi, mais il avait décidé de lui faire confiance cette fois-ci. Il était le plus proche ami de N après tout. Avec un peu de chance, il pourrait en apprendre un peu plus sur elle et sa situation cette nuit.
Il sortit sa montre à gousset de sa poche et consulta l’heure. Il attendait Kakashi depuis plus de trente minutes maintenant. Il soupira. Soit le ninja lui avait fait faux bond, soit il avait eu un empêchement. Alors qu’il s’apprêtait à rentrer chez lui, une conversation avec N lui revint en mémoire. Elle lui avait raconté comment se passait les missions avec Kakashi. Parmis toutes les informations qu’elle avait pu lui donner, il se souvint que le ninja copieur était constamment en retard. Super. Il ne lui restait plus qu’à attendre jusqu’à ce qu’il daigne se montrer. Et il lui fallut attendre encore une bonne heure avant que la tignasse blanche de Kakashi apparaisse dans son champ de vision.
— Yo !
— Une heure et demi de retard Kakashi…
— Héhé, j’ai fais bien pire crois moi !
— Quel talent tu dois avoir dis donc… fit Genma, ironique.
— Tu n’imagines même pas. Enfin, trêve de bavardage, on doit faire ça vite avant que quelqu’un nous remarque.
— Tu penses vraiment que quelqu’un aura envie d’espionner nos conversations ?
— Les hommes de Danzô sont partout.
— Danzô ? Mais qu’est-ce qu’il a à voir avec tout ça ? C’est un horrible type, et il est sûrement responsable de la plupart des soucis que Konoha peut rencontrer, je suis d’accord. Mais quel est son rapport avec N ?
— Elle ne t’as vraiment rien expliqué ? Il faut réellement qu’elle arrête d’être aussi secrète bordel !
— Ah… bah sur ça, je ne peux que t’approuver, plaisanta amèrement Genma.
— Malheureusement, si elle ne t’a rien dit, je ne suis pas vraiment en position de tout te dévoiler. Et par “tout”, j’entends le peu que je sais sur sa situation.
— T’sais Kakashi, le moindre renseignement pourrait m’aider je pense. Mets-toi à ma place deux minutes. Comment tu réagirais si deux de tes hommes étaient envoyés sur une mission suicide sans que tu puisses rien n’y faire ?
— Je comprends ce que tu ressens, mais je refuse de trahir les secrets de N. Sa confiance est importante à mes yeux et je refuse de risquer son amitié…
Alors qu’il allait répondre, Genma fut interrompu par une voix qui s’éleva derrière eux.
— Sans compter que quiconque diffusera des informations sur N serait considéré comme traître, n’est-ce pas messieurs ?
-o-
— Raido ! Par ici !
N se tenait devant un mur, éclairant le couloir à la lueur d’une torche qu’elle avait trouvé en bas de l’échelle. L’endroit était totalement désert, le couloir était en vérité un cul-de-sac. Pourtant N fixait l’un des murs et passait sa main dessus, lentement.
— Qu’est-ce-qu’il se passe avec ce mur ?
— Il n’a pas la même texture partout. Regarde, elle pris sa main et lui fit tâter la terre qui le composait.
— Tu crois que ces enflures les ont emmurés ?
— C’est quasiment sûr même, pas besoin de garde comme ça ! Si tu regardes attentivement, la terre de ce côté-ci a été retourné il y a peu de temps, elle n’est pas encore totalement solidifié. Il nous faudrait quelque chose pour creuser… Dommage que Genma soit pas là, il aurait pu bien nous aider.
— Tsss. Je vais finir par croire que tu le penses meilleur que moi Gamine.
— Totalement, vieille peau.
— Aucun respect les jeunes de maintenant… grogna le balafré. Pousse-toi et regarde comment les grands font !
N se décala avec un sourire. Elle aimait bien les joutes verbales qui s’installaient souvent entre eux. Ça mettait un peu de piment dans leur mission. Elle l’observa se concentrer, les deux mains posé sur le mur. Il rassemblait son chakra et peu à peu, la terre se déplaça, laissant une grande entrée à sa place.
— Et voilà le travail !
— Mais quel talent ! elle lui fit un clin d’œil et s’avança dans la pièce qui venait de se dévoiler sous leur yeux.
N avait vu juste. Le plus petit des enfants était là, dans un coin, couvert de terre. Sans réfléchir, elle se précipita vers lui et chercha son pouls. Elle soupira de soulagement quand elle sentit sa respiration. Il devait juste être évanoui. Elle l’allongea sur le dos, et l’examina. L’enfant était à bout de force, mais il n’avait pas de grosse blessure heureusement. Elle lui prodigua les premiers soins sans tarder. Après plusieurs minutes, il ouvrit enfin les yeux, à peine conscient de ce qu’il se passait autour de lui. Il lui fallut davantage de temps pour assimiler la situation. Il se leva d’un bond et tenta de s’enfuir le plus loin possible des deux ninjas. Il avait l’air complètement terrorisé.
— Hé ! Du calme, on est là pour t’aider ! Haku c’est ça ? fit Raido en s’approchant.
Le petit hocha la tête, mais ne parla pas. Il était encore méfiant. Raido alla s’accroupir devant lui, de façon à se retrouver à sa hauteur.
— Tiens tu vois ça ? il lui désigna son bandeau et le petit hocha une nouvelle fois la tête. Tu sais ce que c’est n’est-ce pas ?
— Le bandeau des ninjas de Konoha. Il avait répondu avec une voix peu assurée et craintive.
— Exactement. Ça veut dire qu’on est de ton côté. C’est ton père qui nous a demandé de venir ici te sauver, alors tu n’as rien à craindre de nous d’accord ?
— Mais la dame elle a pas de bandeau elle…
— Et la dame n’a pas de temps à perdre avec ce genre de connerie, donc on bouge maintenant, on discutera plus tard ! fit remarquer N, acerbe.
— N ! protesta Raido. Il a besoin d’être réconforté, et de toute façon, on ne peut pas s’en aller pour l’instant…
— Et pourquoi ça ?
— Regarde, il est enchaîné.
N approcha la torche qu’elle tenait et constata qu’en effet, la cheville de l’enfant était entravé par une lourde chaîne en fer. Il ne manquait plus que ça.
— J’ai peut-être une idée pour la briser, mais ça va faire du bruit et c’est potentiellement dangereux, murmura-t-elle à son coéquipier.
— Dans ce cas, il faut qu’on trouve sa grande sœur avant de prendre des risques. Une fois qu’il sera libéré, tu penses qu’il sera en état de marcher et de nous suivre ?
— J’espère, sinon on sera vraiment dans la merde…
Raido passa une main las dans ses cheveux. Il allait devoir faire confiance à N pour ce coup là. La jeune femme semblait assez confiante de son coup pour qu’il la laisse faire. De toute façon, il n’avait aucune solution pour se sortir de là. Si Genma avait été là, ç’aurait été bien plus simple pour eux, sa maîtrise du fûton lui aurait permis de couper la chaîne sans aucune difficulté… Il regrettait de plus en plus que son ami ne soit pas de la partie pendant cette mission. Il n’était pas habitué à diriger après tout, et il n’aimait pas particulièrement ce rôle.
— Trouvons la petite alors. Haku c’est ça ? demanda-t-il à l’enfant qui acquiesça. As-tu une idée de où est enfermé ta sœur ?
— Pas vraiment, je n’ai pas revu Sen depuis qu’on a été enlevé. Il fouilla quelques secondes dans sa mémoire : par contre j’ai entendu deux hommes discuter. Ils qu’ils devaient “descendre de la nourriture à la gamine”.
N se tourna vers Raido. Il approuva sa question silencieuse d’un signe de tête et elle sortit de la pièce. De nouveau dans le couloir elle approcha sa torche du sol. Elle l’observa attentivement, cherchant un endroit où la terre avait été fraîchement retournée. Elle soupira, ces kidnappeurs étaient vraiment trop bien organisés. Elle avait déjà effectué d’autre mission du même genre, mais jamais ça n’avait été aussi compliqué. À l'accoutumée, les “otages” étaient retenus dans de simple cellule, et il lui avait seulement fallu liquider tous ses ennemis pour les sauver. Emmurer des gamins vivants, c’était s’assurer qu’ils ne s’en sortiraient pas s’il quelque chose venait à mal tourner. C’était bien plus vicieux de fonctionner comme ça, et ça ne présageait rien de bon pour la suite de la mission. Si les estimations de l’escouade de Hayate s'avéraient exactes, et avec ceux qu’ils avaient déjà éliminés pour parvenir jusqu'ici, il restait à peu près une quinzaine de ravisseurs à affronter, et ils n’étaient que deux. Qui plus est, ils devraient faire attention à protéger les gamins d’éventuels assauts. Le pire restait donc à venir. Finalement, son regard fut attiré par un creux dans la terre au fond du couloir. Elle passa sa main sur le sol pour vérifier que c’était bien ce qu’elle cherchait. Elle se leva finalement et alla retrouver Raido et Haku dans la cellule.
— Je pense avoir localiser le bon endroit Raido. Tu viens voir ?
— J’arrive. Il se tourna vers l’enfant : on revient tout de suite d’accord ?
Alors que Haku acquiesçait, Raido et N sortirent de la cellule et elle le mena jusqu’au bout du couloir. Il remarqua immédiatement le creux. Comme il l’avait fait la première fois, il posa ses deux mains sur le sol et se concentra. Alors que son chakra luisait dans ses mains, la terre se rétracta lentement, laissant apparaître un grand puit. N descendit la première en sautant directement. Avec sa torche, elle éclaira l’endroit. Elle soupira une nouvelle fois de soulagement quand elle vit la gamine dans un coin de la pièce. Elle la regardait avec des yeux brillants et déterminés, mais elle semblait avoir du mal à tenir debout.
— Ne t’inquiète pas, on est là pour t’aider.
— Qui êtes-vous ? Une ninja ? Mais vous n’avez pas de bandeau… sa voix avait du mal à sortir, elle n’avait pas dû parler depuis qu’elle avait été enlevée.
— Si ça peut te rassurer, mon coéquipier en a un, répondit N, agacée.
— Vous êtes de Konoha ? C’est mon père qui vous envoie ?
— Yep.
— Vous avez trouvez mon petit frère aussi ? elle s’était tendue en formulant cette question. Elle devait redouter la réponse.
— Oui, et il va bien.
Les épaules de la petite se relâchèrent. Elle avait dû se ronger les sangs depuis qu’ils avaient été kidnappés. Alors que N pensait qu’elle allait pouvoir s’occuper de ses blessures, la petite se mit à pleurer.
— Je suis désolée… Je pensais pas que ça allait finir comme ça… On voulait simplement se balader dans la ville… Ses larmes coulaient de plus en plus, tirant un soupir à N.
— Tu pleureras plus tard. On a pas le temps pour ça ok ?
Sen se calma, inquiète devant le ton qu’avait pris N. Pour la petite, cette kunoichi était terrifiante, et ses cheveux blancs lui donnaient l’air d’être un fantôme. Elle ravala difficilement sa salive lorsque N s’approcha d’elle. Cette dernière l’examina rapidement. Sen n’avait que des blessures superficielles. Elle n’aurait pas besoin de soin pour l’instant.
— Je reviens.
N grimpa par le trou par lequel elle était descendu et retrouva Raido.
— Alors ? lui demanda-t-il.
— Elle est là, elle est va bien. Mais elle est aussi enchaînée.
— Qu’est-ce que tu proposes alors ?
— On va faire sauter leur chaîne; tout simplement.
— Tu as quand même conscience qu’on est censé les ramener vivant ? Et non pas en mille morceaux… remarqua le balafré.
— Relax, je vais étendre mon bouclier sur eux, il ne leur arrivera rien. Et une petite charge d’explosif suffira, les chaînes ne sont pas si épaisses que ça.
— Tu penses vraiment que ton bouclier suffira pour vous protéger ?
— Normalement oui. Et puis, nous n’avons pas vraiment le choix hein… Le problème c’est qu’on va devoir agir vite, parce que les ravisseurs risquent d’entendre les explosions.
Raido hésita quelques instants avant de prendre sa décision.
— Ok je te fais confiance. Qu’est ce que je dois faire ?
— Poste toi à l’entrée du tunnel et surveille la. Moi, je me charge du reste.
Il approuva et retourna à l’entrée alors que N créait un clone. Elle se rendit dans la cellule de Sen alors que son double rejoignait celle de Haku. Et d’une même voix, elle et son double expliquèrent aux enfants la marches à suivre.
— Tu vas rester près de moi, fermer les yeux, et te boucher les oreilles compris ?
Les deux enfants hochèrent la tête, chacun de leur côté. N plaça un parchemin explosif sur les chaînes avant de revenir près des deux gamins. Comme son double, elle plaça sa main sur l’épaule de la petite et se concentra. Rapidement son bouclier s’étendit et recouvrit le corps de l’enfant. Elle allait devoir agir vite, étendre son bouclier comme ça l’épuisait. Elle ferma les yeux, espéra que son plan fonctionne et activa son chakra pour déclencher les parchemins. Deux détonations se firent entendre et les murs de la grotte tremblèrent. N rouvrit les yeux. Elle et Sen étaient indemne. Parfait. Elle laissa sortir un soupir de soulagement, et agrippa l’enfant avant de sortir du puit. Son clone les rejoignit et les deux gamins s'étreignirent, heureux de se retrouver.
— On a pas le temps pour ça. Maintenant, vous allez faire exactement ce qu’on vous dit avec Raido compris ? Les deux enfants approuvèrent.
— Sen, tu grimpes sur mon dos, Haku, tu grimpes sur le dos de N. Quoiqu’il arrive, vous ne faites aucun bruit.
Alors que son clone disparaissait, N pris s’agenouilla pour laisser Haku grimper. Elle empoigna ensuite les barreaux de l’échelle et l’escalada rapidement. Ils n’avaient pu le temps de trainer. Elle eu du mal à progresser dans le noir, ayant lâché sa torche dans le tunnel, mais elle finit par rejoindre la salle remplie de caisse, Raido à sa suite.
— Cachez vous ici tous les deux. N, je vais jeter un coups d’œil pour voir si on a de la visite.
Elle hocha la tête, et son coéquipiers créa un clone d’ombre qui se faufila derrière la porte.
— Personne, on peut y aller.
— Attend.
N recréa un clone et fit signe aux enfants de s’approcher.
— Tenez lui la main vous deux, et vous ne la lâchez sous aucun prétexte. Ils effectuèrent ce qu’elle leur demandait sans protester, et très vite, un hâlo de chakra les entoura. Son clone avait étendu leur bouclier sur eux trois.
— Et toi ? demanda Raido.
— Je ferais sans, je ne peux pas maintenir autant de bouclier longtemps.
— Très bien, mais soit prudente, Genma me tuerait s’il t’arrivait quelque chose. Compris ?
— Oui chef, fit-elle avec un sourire.
— Alors maintenant on fonce !
Ils passèrent les premiers couloirs sans aucun problème. Si bien que N se prit à espérer que personne n’avait entendu les explosions. Mais comme à chacune de ses missions, les choses se compliquèrent rapidement.
— Et merde, soupira Raido. On a été repéré, il arrive, tiens toi prête.
— Yep.
Par chance, leurs opposants n’étaient pas réellement préparé à subir ce genre d’assaut. Et Raido et N étaient bien plus fort qu’eux. Ils éliminèrent la première vague sans aucun problème, et au rythme où ils allaient, ils auraient bientôt rejoint la sortie. Raido lança un regard à sa coéquipière et remarqua qu’elle s'essoufflait légèrement. Le bouclier qui protégeait les deux gamins l’épuisait. Ils n’avaient pas beaucoup de temps devant eux. Il se tendit d’un coup lorsqu’il sentit que d’autre hommes étaient à leur trousses. Il risqua un coup d’œil en arrière. Il était bien plus nombreux cette fois-ci, et ils semblaient bien plus puissant que ceux qu’ils avaient affrontés jusque là. Enfin ils déboulèrent dans la première salle. Ils n’avaient que peu d’avance sur leur assaillant et Raido compris qu’ils ne pourraient jamais les distancer. Les deux petits les ralentissaient trop. N semblait être arrivée à la même conclusion lorsqu’elle croisa son regard.
— Raido, avance avec les gamins, je me charge de les ralentir.
— Je refuse de te laisser te sacrifier N !
— Crois-moi ce n’est pas mon intention, rit la jeune femme. Je vous rejoins très vite, ne t’inquiète pas.
Voyant que la jeune femme ne changerait pas d’avis, il se retourna et avança dans le tunnel qui menait à la sortie, les deux enfants et le clone de N à sa suite. De son côté N, qui peinait à retrouver son souffle, chercha la caisse que Raido avait voulu ouvrir deux heures auparavant. Elle la repéra facilement et sortit un tas de parchemins explosifs de sa sacoches. Elle aurait peu de temps pour agir, mais elle devait tenter le coup. Elle les disposa sur les murs de la pièces ainsi que sur la caisse. Elle prit son écharpe et la noua autour de son nez et de sa bouche par précaution, puis elle se remit à courir pour rejoindre son coéquipier. Elle entendit les hommes arriver dans la pièce alors qu’elle n’était qu’à mi-chemin. Tant pis, certain s’en sortirait sûrement. Elle attendit d’apercevoir le bout du couloir et la lumière du jour pour activer son chakra. La première détonation fit trembler les murs, puis d’autre suivirent, et N compris que l’endroit s’écroulait. Elle devait vite atteindre le bout du tunnel. C’est avec un immense soulagement qu’elle rejoignit Raido et les enfants à l’extérieur. Elle était à bout de souffle.
— Bien joué Gamine ! Il faut qu’on bouge maintenant !
Malheureusement pour eux, six des hommes venaient de sortir du tunnel à la suite de N. Cette dernière lança un regard à Raido. Ils ne pourraient pas fuir cette fois là, ils allaient devoir les affronter… Elle ordonna aux enfants de s’éloigner d’eux.
Les coups pleuvaient sur les deux ninjas. Quatre des hommes s’en prenaient à Raido tandis que N s’occupait des deux autres. Ils étaient bien plus entraînés que ceux qu’ils avaient déjà affrontés, si bien qu’ils peinaient à s’en sortir. Ils évitaient et encaissaient des coups, bien plus qu’ils n’en rendaient. Pourtant, ils n’abandonnèrent pas, et après plusieurs minutes de combats, N et Raido semblaient réussir à prendre l’avantage sur leur ennemis. Raido arriva à en éliminer un premier, puis un second. Son sabre fendait le vent à une vitesse impressionnante. Si bien que le balafré se mit à espérer s’en sortir.
Mais N fut déconcentrée. Alors qu’elle évitait un coup de barre de fer qui venait de sa droite, son regard fut attiré par une ombre s’approchant des gamins. Ses prodigieux réflexes lui permirent de dégainer rapidement un kunai et de le projeter vers cette ombre. Alors qu’elle entendit l’homme s’effondrer, la voix de Raido s’éleva derrière elle.
— N ! Attention !
La barre de fer lui transperça le ventre, lui arrachant un râle de douleur.
_____
Je crois que la situation a un peu dégénérée ^^"
Promis, les chapitres suivant sont un peu plus calmes ! (Ne désespère pas sweetysamaa)
J'arrive bientôt à la fin de mon stock de chapitre déjà écrit d'ailleurs... je sais pas si je ralentis le rythme tout de suite, vous en pensez quoi ?
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