Chapitre 3 : Confidences

— J’ai eu tellement peur quand j’ai vu que tu ne te relevais pas après l’explosion...

— Et moi, ça m’a rendu fou de voir ton visage recouvert de sang…

Il s’était tourné vers N et avait tendu son bras valide vers elle. Ses doigts effleurèrent délicatement sa joue avant d’attraper une fois encore une de ses mèches de cheveux et de la replacer derrière son oreille. Ce n’était pas la première fois qu’il faisait ça. Pourtant, N se surprit à frissonner au contact de sa main. Elle n’avait pas l’habitude qu’on la touche. En vérité, elle n’aimait pas vraiment ça et elle veillait à entretenir une certaine distance avec tout ceux qu’elle croisait. C’était en partie pour ça qu’elle avait développé ce bouclier, ça lui évitait tous contacts inopportuns. Mais cette fois, ce n’était pas comparable. Elle aimait sentir ses doigts rugueux contre sa joue. Elle ferma les yeux, voulant profiter de cette douce sensation. Lorsqu’elle les rouvrit, son regard doré plongea dans celui noisette de son coéquipier. 

Il sentit son cœur s’emballer quand elle rouvrit ses yeux. Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle réagisse de cette manière. Il savait qu’elle n’aimait pas être approchée et s’était résigné à subir une de ses décharges dès qu’il avait tendu sa main. Mais c’était tout le contraire qui s’était produit. Il ne pouvait qu’être heureux de cette réaction. Pourtant, sa conscience lui hurlait d’arrêter immédiatement. Il ne pouvait pas se permettre de se rapprocher comme ça de la jeune femme, même s’il en mourrait d’envie. Ça impliquait trop de complication pour eux. Il essaya de se résoudre à s’éloigner d'elle. À écouter un peu plus sa conscience. Il pouvait y arriver, il le savait. Il avait l’habitude d’être seul, il avait tout fait pour depuis de nombreuses années. Seuls quelques élus avaient réussi à franchir les barrières qu’il avait lui-même dressé autour de lui, et ça lui suffisaient. 

Puis elle lui sourit. Ses résolutions volèrent en éclats avant même d’avoir pu exister. Ce sourire d’une douceur sans fin… Il était à se damner. C’était la première fois qu’il la voyait comme ça, simplement apaisée. 

— Qu’est-ce qu’on fait alors ? demanda-t-elle. 

— On apprend de nos erreurs. Je ne tenterai plus de te laisser à l’arrière, tant que tu me promets d’être prudente. 

— C’est promis grand chef ! Et de mon côté, j'exécuterai tes ordres sans râler. Enfin… j’essaierai… Mais promets-moi d’être prudent aussi s’il-te-plait Genma.

— Je te le promets gamine ! Je…Il voulut ajouter quelque chose, mais il fut stoppé par une série d’éternuement. 

— Tu devrais te couvrir un peu, c’est pas la saison pour trainer dehors en étant aussi peu habillé... Elle se leva pour récupérer son t-shirt qu’il avait déposé sur un rocher près d’eux. 

— T’aimes pas me voir torse-nu ? lui demanda-t-il, taquin. 

— Au contraire ! Elle se retourna, lui lança son t-shirt et lui fit un clin d’œil. Mais je pense que ton corps a assez souffert ces derniers jours sans que tu lui rajoutes un rhume à gérer en plus.

Il émit un grognement en guise de remerciement. Alors qu’il essayait désespérément d’enfiler son haut – ce qui n’était pas la chose la plus aisée à faire avec un seul bras –, son regard fût attiré par un mouvement derrière lui. N venait d’entamer une série d’étirements, et de là où il était placé, il pouvait observer sans peine le moindre de ses mouvements. Il se plut à imaginer ses muscles se tendre et se détendre sous la veste qu’elle portait… Il n’aurait pas dit non à un entraînement avec elle, mais son corps lui criait déjà qu’il en avait trop fait pour l’instant. Il voulut l'interpeller pour lui demander un peu d’aide, mais une quinte de toux parla à sa place. Il la vit lever son regard vers lui, voir qu’il n’était toujours pas habillé plus chaudement, puis hausser un sourcil sceptique. 

— Hm… Dis, tu veux bien me donner un coup de main ? C’est une vraie galère d’enfiler un t-shirt comme ça… demanda-t-il, gêné. 

— Tu m’expliques comment tu as fait ce matin pour t’habiller ? lui demanda-t-elle en se levant pour venir l’aider. 

— Je dispose d'un homme à tout faire. 

— Je suis sûre que Raido sera ravi d’apprendre que tu le considères comme ton majordome. Je vais me faire un plaisir de lui dire, fit-elle, narquoise. 

— Si tu lui répètes, tu risques de devoir prendre sa place vu qu’il tentera de me tuer et qu’il faudra s’occuper de moi. 

— Dans tes rêves mon vieux ! 

— Tu oserais m’abandonner à mon triste sort ? lui demanda-t-il, les yeux larmoyant. 

Elle se pencha vers lui avec un grand sourire, attendrie devant son air de chien battu. Enfin, c’est ce qu’il pensait jusqu’à ce qu’elle s’arrête près de son oreille et que, d’une voix suave, elle lui chuchote :

— Totalement.

Elle recula légèrement et le fixa un peu plus sérieusement.

— Ils t’ont dit quoi les médic-nin ? 

— Les dégâts sont assez importants… Vu que c’est pas la première blessure que j’ai sur cette épaule, j’ai plus de mal à récupérer et les soins qu’ils m’apportent ne suffisent pas. 

— Ils t’ont donné combien de temps de repos ? 

— Au moins deux semaines… c’est l’horreur, je supporte pas de rester sans rien faire. 

— Et bah tu auras pas le choix mon vieux, et c’est hors de question que je te reprenne à t’entraîner comme tu le faisais ce matin. T’as besoin de repos, fit-elle en lui mettant une petite tape sur la tête. 

— Aïe! Tu peux pas me soigner toi ? T’es bien meilleur que la plupart des médic-nin.

— Je peux faire en sorte de diminuer la douleur, mais je pourrais pas te soigner complètement. Ton corps a subi un traumatisme et il faut lui laisser le temps de se remettre. Tes muscles doivent se reconstruire, ça ne serait pas bon de trop forcer. Et arrête d’essayer de me faire culpabiliser en faisant cette tête là ! 

En effet, il la fixait de nouveau avec de grands yeux larmoyants. Malheureusement pour lui, elle ne se laissa pas attendrir et se contenta de l’aider à remettre son t-shirt. 

— Dis… On rentre ensemble ? 

Il avait dit ça d’une voix mal assurée, n’osant pas réellement la regarder en face. Après tout, ils se connaissait que depuis peu et avaient une partie de leur temps à s’en vouloir. Il se sentait soulagé d’avoir enfin pu éclaircir la situation et souhaitait rattraper le temps perdu. Sans comprendre pourquoi, il ressentait ce besoin d’être près d’elle et de profiter de sa présence. Quelque chose au plus profond de son être avait été touché par ce regard doré. 

— Comme si j’allais te laisse l’occasion de t’échapper… Bien sûr qu’on rentre ensemble.

Le trajet fut court et silencieux. Une certaine gêne persistait entre eux malgré leur réconciliation. Arrivés près de chez Genma, qui habitait dans un petit immeuble à l'extrême Est de la ville, ils se stoppèrent.

— Tu as du matériel de premier secours chez toi ? lui demanda-t-elle.

— Oui, pourquoi ? 

— Je peux te faire quelques soins sur ton épaule. Histoire de mieux supporter la douleur.

Elle avait remarqué la légère grimace de souffrance imprimé sur son visage alors qu’il marchait. La douleur devait être assez vive pour se déclencher au moindre mouvement. Elle ne voulait pas paraître trop inquiète pour lui, pas après leur différent… Mais elle ne voulait pas non plus le laisser souffrir pour rien. Sa convalescence serait bien plus rapide si elle lui donnait un coup de main de toute façon. 

— Merci N. Merci de t'inquiéter et de prendre soin de moi comme ça, ajouta-t-il dans un murmure, devant son air intrigué. 

Sans réfléchir, il attrapa sa main et l'entraîna jusqu'à son appartement. Ils grimpèrent sans mal les étages, jusqu'à ce que Genma se stoppe devant une porte grise. Le couloir était désert. Il lâcha la main de sa coéquipière et ouvrir la porte. Il entra en premier, enleva ses chaussure et se tourna vers N.  Avec un sourire, il lui fit signe de le rejoindre à l’intérieur avant de refermer la porte. Un long couloir s'étendait devant eux, il s’avança et ouvrit la porte la plus proche.

— Mets toi à l’aise. 

Elle retira ses chaussures et s’avança dans la première pièce. Curieuse, elle regardait partout. La décoration était plutôt sobre. Ils se trouvaient dans un petit salon peu meublé. Une grande fenêtre donnait vu sur la forêt et illuminait la pièce d’une douce lumière. Son attention fut attirée par une grande bibliothèque qui couvrait un mur entier. Son regard caressa les couvertures des différents ouvrages. Elle brûlait d’envie de les feuilleter et de découvrir à quel genre de lecture pouvait s’adonner son ami. Elle prit le temps de déchiffrer quelques titres. Plongée dans sa contemplation, elle ne sentit pas Genma s’approcher d’elle. Elle sursauta lorsqu’il posa doucement sa main dans son dos. Il avait l’air plutôt amusée de voir le regard de sa coéquipière briller devant sa bibliothèque. Par chance, songea-t-il, les ouvrages les moins glorieux étaient rangés dans sa chambre. Il ne manquerait plus que N apprenne qu’il avait dévoré les Icha Icha … 

— Hésite pas à te servir si tu veux en lire, hein ? 

— C’est vrai ? Je peux ? Elle avait l’air d’un enfant à qui l’on offrait un gigantesque cadeau.

— Si je te le dis ! souris-t-il. Tu veux boire un thé ? 

— Avec plaisir. Merci ! 

Il la laissa quelques minutes, la laissant détailler avec soin l'endroit. Outre l'immense bibliothèque, la pièce était meublé de deux fauteuils couleur crème et d'une simple banquette grise. Plusieurs plantes venaient apporter un peu de vie dans cet intérieur simple. Une cheminée occupait un pan de mur. Les hivers n’étaient pas particulièrement rudes à Konoha, mais il restait nécessaire de chauffer un minimum les habitations. Alors qu’elle s'intéressait d’un peu plus près à la bibliothèque, son regard fut attiré par un manuscrit relié de cuir rouge. Elle se hissa sur la pointe des pieds dans l’espoir de réussir à l’attraper. Malheureusement pour elle, elle atteignait à peine le rayonnage avec sa petite taille. Alors qu’elle allait renoncer, une grande main vint se saisir du livre à sa place. Elle se retourna d’un bond, surprise. Genma avait déposés deux tasses de thé fumantes sur une petite table et se tenait à présent derrière elle, le livre dans sa main gauche. Il arborait un sourire narquoi, auquel elle s’empressa de couper court : 

— Un commentaire sur ma taille peut-être ? lui demanda-t-elle.

— Voyons, tu sais très bien que c’est pas mon genre de faire des petits commentaires…

— Pourquoi ce grand sourire benêt alors ?

— Parce que même un marchepied ne te suffira pas, il va falloire que j’investisse dans une grande échelle pour toi ! lui fit-il, hilare. 

Son rire s’accentua alors qu’elle lui tirait la langue en faisant semblant d’être vexée. Elle aimait bien le voir comme ça. Son sourire illuminait son visage, ses cheveux remuaient au rythme de ses éclats de rire. Le son grave de sa voix raisonnait en elle. Elle ne put faire semblant plus longtemps. Voir Genma aussi heureux la soulageait d’un poids. Ces derniers jours n’avaient pas dû être agréables pour lui, et elle s’en sentait coupable.

Alors que son rire se calmait enfin, elle lui proposa de commencer les soins pour son épaule. Il récupéra sa trousse de premier secours, il retira – non sans difficulté – son t-shirt, et s’installa dans la banquette. N commença par retirer les bandages qui maintenaient son bras immobile. Elle détailla son torse et fut rassurée de voir qu’il ne restait quasiment aucune trace de ses blessures. Elle avaient toutes relativement bien cicatrisées. Elle s’attela à les faire disparaître intégralement. Une fois que son bras serait parfaitement guéri, il n’aurait plus de souvenirs de l’explosion sur son corps. Genma la laissa faire sans poser de question. Il lui faisait entièrement confiance pour les soins médicaux. Et puis, il aimait bien la voir avec cet air sérieux et concentré sur le visage. Ça la vieillissait un peu tout en renforçant son côté insaisissable qui lui plaisait tant. Ses yeux dorés semblaient analyser la moindre parcelle de sa peau. Ses mains fines luisaient de cette étrange lueur qui caractérisait ses jutsus de soin. Il avait déjà noté cette particularité, normalement les jutsus des medic-nin dégageait une lumière verte alors que les siens dégageaient une lueur bleue, tirant sur un violet très foncé. D’où lui venait cette particularité ? Il observa sa longue chevelure s’agiter à chacun de ses mouvements, puis s’arrêta sur ses lèvres. Elle avait ce petit tic de se les mordre dès qu’elle se concentrait. Il l’avait remarqué très vite et s’en délectait à chaque fois. Au bout d’une vingtaine de minutes, elle stoppa ses soins et releva la tête. Son regard croisa celui de son coéquipier. Elle lui adressa un grand sourire avant de lui expliquer les prochaines étapes. Avec les plantes qu’elle avait récupéré dans son kit de premiers soins, elle allait fabriquer un baume qui allègerait ses douleurs. Elle utiliserait par la suite son chakra pour le faire pénétrer au plus profond de ses muscles. Il acquiesça, serein. Elle débuta immédiatement la préparation du baume. Ses mains s'activaient rapidement. Parfois, elle prenait une petite gorgée de thé avant de retourner à son ouvrage. Après avoir découpé et pilé plusieurs racines, elle les rassembla dans un petit pot. Elle revint enfin vers Genma. Il s’était levé et observait l’agitation extérieur par la fenêtre. Elle vint se poster près de lui et chercha ce qui pouvait susciter son attention. Les seules personnes présentes dans cette rue étaient un couple de cinquantenaires et une jeune femme qui s’agitait en riant devant eux. Elle devait être leur fille. N fut attendri par le sourire doux que l’homme avait lorsqu’il regardait la jeune fille leur parler. Elle remarqua le bandeau ninja accroché autour du cou de cette dernière. À tous les coups, elle venait de rentrer de mission et s’était empressée d’aller rassurer ses parents. Cette scène la captivait. Si bien qu’il lui fallût plusieurs minutes avant de se rendre compte que Genma avait reporté son attention sur elle. Fatalement, elle ne put s’empêcher de rougir lorsqu’elle le remarqua. Elle s'attendait à une petite remarque narquoise de la part du châtain, mais il se contenta de lui offrir un pâle sourire, teinté de tristesse. La scène familiale l’avait touché aussi… N se demanda si son coéquipier avait une famille. En deux semaines, elle n’en avait pas entendu parler, et la seule personne proche de lui semblait être Raido. Elle se promit d’aborder ce sujet avec Genma un jour ou l’autre. Aujourd’hui, aucun d’eux ne paraissaient être près à se plonger dans un tel sujet. 

— C’est parti ? lui demanda-t-il. 

— Oui, le baume est prêt. 

Elle lui demanda de s'asseoir, et commença à appliquer le baume sur son épaule. Il frissonna à son contact. La crème était froide et un peu granuleuse. Rien de très agréable en somme. N recouvra l’immense bleu qui couvrait son épaule en le massant le plus délicatement possible. Mais malgré ses efforts pour ne pas lui faire mal, il pâlissait à vue d’oeil. Elle lui adressa un sourire encourageant avant de lui expliquer qu’elle allait à présent passer à la seconde étape. Elle s’essuya rapidement les mains avant de s’asseoir en tailleur, face à lui. Elle ferma les yeux, et fit le vide en elle. Les soins qu’elle allait faire étaient compliqués et elle ne pouvait pas se permettre d’être distraite par de quelconques pensées. Une fois totalement calmée, elle concentra son chakra dans ses paumes. Elle le sentait affluer dans ses mains, chaud et puissant. Elle aimait cette sensation, ce fait de ne pas se sentir impuissante. Déterminée, elle rouvrit les yeux et fixa Genma. Il regardait ses mains avec une certaine appréhension. 

— T’es prêt ? lui demanda-t-elle.

— Ça va être douloureux ?

— Pas réellement. Normalement, ça va plus s’apparenter à une sensation de bourdonnement dans l’épaule. Tu vas te sentir comme engourdi. Le baume va agir sur tes muscles, tendons et ligaments pour les réparer et les consolider. 

— C’est risqué ? 

— Oui. Mais je te promets que tout ira bien. J’ai déjà fait ça plusieurs fois, et je ne me suis jamais loupé.

— Et...ça sera la dernière étape ? hésita-t-il.

— Non. Je vais te préparer un cataplasme que j’appliquerais sur ta peau après. Il permettra d’endormir la douleur au maximum. Il ne restera plus qu’à remettre le bandage et ça sera fini. 

Il ferma les yeux quelques instants avant de répondre :

— Ok. C’est parti. 

— Allonge-toi et reste le plus immobile possible. Calme ta respiration. Voilà, comme ça c’est parfait. Détends-toi. Relâche tes muscles. Plus que ça. Tout vas bien se passer Genma, tu peux me faire confiance. Souffle tranquillement. Continue comme ça, c’est parfait !

Sa respiration s’était enfin apaisée. Il avait l’air presque endormi comme ça, les yeux fermés, le souffle calme. Ses mèches châtain dépassaient de son bandana et s’éparpillaient autour de son visage. Elle remarqua une longue cicatrice blanche qui partait de son oreille gauche et qui descendait jusqu’à sa clavicule. Comment s’était-il fait ça ? Elle avait auparavant vu que son corps était marqué à divers endroits. C’était la trace de nombreuses années de combats. Il avait dû risquer sa vie des centaines de fois au cours de mission, et c’était un miracle qu’il en ressorte sans plus de traces que ça. Elle secoua la tête. Ce n’était pas le moment de songer à ce genre de chose. Elle se concentra à nouveau. Le chakra revint se loger dans ses mains. Elle se mit en action. 

Il fut surpris par la sensation de chaleur qui émanait des mains de sa coéquipière. Il s’efforça pourtant de ne pas esquisser le moindre mouvement, de peur de la déconcentrer. Il sentait son souffle sur lui, si bien qu’il préféra garder les yeux fermés. Ce n’était pas le moment d'être assailli de pensées déplacées. Et il savait qu’avoir la jeune femme aussi proche de lui était une terrible tentation. Il respira doucement, et tenta de refouler ses pensées. Le temps s’égrainait lentement. Il ne savait pas depuis quand ils avaient commencé, mais il sentait la fatigue prendre le dessus. La douleur de son épaule laissait peu à peu place à une sensation de bourdonnement, comme N lui avait expliqué. Les minutes passèrent. Encore et encore. Le temps était rythmé par leur respiration. N lâcha un soupir. Enfin.

— C’est fini. 

Il rouvrit les yeux et se releva en s’aidant de son bras gauche. Son regard se posa sur N. Elle avait l’air épuisée. Sa poitrine se soulevait rapidement, sa respiration avait un rythme saccadée. Le jutsu qu’elle avait utilisé sur lui devait vraiment être gourmand en chakra…

— Ça va aller ? lui demanda-t-il.

— C’est plutôt à moi de te demander ça tu sais… sourit-elle.

— T’es une médic-nin incroyable, y a pas à s’inquiéter de mon état ! Par contre toi, t’as vraiment l’air à bout de force. Tu veux que j’aille te chercher un truc à grignoter ? 

— Ahah, t’es adorable, mais ça va aller, t’inquiètes pas ! Autant continuer les soins maintenant, au moins ça sera fait. Je soufflerais un peu après, ajouta-t-elle devant son regard inquiet. 

Elle se leva rapidement et farfouilla dans son sac. Elle se revint vers Genma quelques secondes plus tard, un pot dans la main. Sans un mot, elle appliqua le cataplasme de manière à recouvrir toute son épaule puis entoura son épaule d’un épais bandage, de manière à ce qu’il puisse le bouger le moins possible. Son ouvrage enfina terminé, elle lâcha un profond soupir avant de se laisser tomber sur la banquette, près de Genma. Elle n’avait pas encore récupéré toutes ses forces depuis son réveil à l’hôpital et pratiquer de tels soins l’avait complètement lessivée. Avachie sur les coussins, elle savoura quelques instants de répit, les yeux clos. Elle ne remarqua pas que Genma s’était levé. Pas plus qu’elle ne se rendit compte qu’elle sombrait doucement dans le sommeil.

Lorsqu’il revint dans son salon, il vit la jeune femme presque endormie. Il l’observa avec un sourire. Elle était adorable, comme ça. Recroquevillée sur elle même, ses cheveux en bataille lui formant un coussin blanc. Il partit chercher une couverture après avoir déposer de quoi manger près de la banquette. Il s’efforça d’être le plus discret possible en s’approchant d’elle pour la couvrir. Mais elle était trop habitué à être sur ses gardes pour ne pas se réveiller directement. Ses pupilles s’ouvrirent sur son coéquipier. 

— Je crois que tu avais raison, ce jutsu m’a épuisé…

— J’ai toujours raison Gamine. Tu peux dormir ici si tu veux, je t’ai apporté de quoi manger et une couverture, ajouta-t-il. 

— C’est gentil mais ça ira, je dormirai cette nuit plutôt… Tu m’autorise à rester ici pour lire ce bouquin quand même ? plaisanta-t-elle en se redressant sur la banquette après avoir attraper le livre. 

— Seulement si tu me laisse une place pour que je puisse bouquiner avec toi !

Elle se contenta de se décaler sans lui répondre, le laissant s’installer près d’elle. Il étala la couverture sur eux. Il fut surpris de sentir N se blottir contre lui, laissant sa tête reposer sur son épaule valide. Il passa un bras dans son dos et la serra contre lui. La sentir aussi proche l’apaisait. 

— Pourquoi tu voulais lire ce livre en particulier ? 

Elle caressa la couverture avant de lui répondre. Ses doigts suivirent le relief créer par les lettres qui composait le titre : L’histoire Sanglante de Konoha.

— Sa couverture m’a intriguée. Et son titre aussi. Tous les livres que j’ai pu lire sur l’histoire du village reflètent des points de vue largement en faveur des différentes politiques qui ont pu être appliqué ici. Il n’y aucune objectivité…

— Pourquoi tu t’intéresse à ça ? lui demanda-t-il, étonné. 

— Ça fait deux ans que je suis à Konoha maintenant, mais j’ai encore beaucoup de lacunes sur le fonctionnement du village. Certaine chose, qui sont des automatismes pour vous, sont complètements absurdes pour moi. Alors j’essaye de comprendre vos coutumes à travers ces ouvrages.

— Tu peux demander au gens autour de toi aussi non ?

— On ne se connait pas depuis assez longtemps pour que tu t’en rendes compte, mais les gens ont plutôt tendance à me fuir ici. Je ne suis qu’une déserteuse…  fit-elle, amer. Exceptés Raido, Iwashi et toi, Kakashi est le seul ninja dont je suis proche. Et tu dois savoir que c’est pas l’homme le plus loquace…

— En vérité, je ne le connais que très peu tu sais…

— Comment ça ?

— Je ne suis jamais partie en mission avec lui, il ne faisait pas partie de la même promotion que moi, et même en dehors de tout ça, je ne le connais que par Gai. Et pour tout te dire, je le trouve presque flippant dans son génie.

— Pourtant vous vous ressemblez beaucoup, je suis sûre que vous pourriez bien vous entendre… 

— Et en quoi on se ressemble ? 

— Vous avez ce même côté nonchalant, ce même calme détaché. On a l’impression que rien ne peut vous atteindre quand on vous voit comme ça, comme si rien rien ne vous importait. Et dès qu’on creuse un peu plus, on se rend compte que c’est totalement le contraire…

— On fait parti de la génération forgée par la troisième grande guerre, c’est peut être pour ça qu’on a des points communs, tenta-t-il d’analyser.

— Peut-être. Après je dois avouer que c’est quand même beaucoup plus facile d’être sous tes ordres que sous ceux de Kakashi. Il a une certaine tendance à être... “Kakashi”, plaisanta-t-elle. 

— Et moi je dois avouer que je suis content que tu ne sois plus dans son escouade mais plutôt dans la mienne, lui avoua-t-il, rougissant légèrement.

Sans répondre, elle se blottit encore plus contre lui alors qu’il resserrait son étreinte. Elle lui proposa de commencer le livre, et ils se plongèrent dans leur lecture. S’ils avaient agrémenter les premiers chapitres de quelques commentaires, Genma ajoutant souvent des anecdotes tirées de sa mémoire pour compléter les dires de l’auteur, leur voix se tarirent au fur et à mesures des pages parcourues. N sentait ses yeux crier grâce, et plusieures fois, elle se surprit à piquer du nez. Elle renonça à son combat contre le sommeil dès lors qu’elle s’aperçut que Genma s’était endormie contre elle, épuisé. Elle ramena correctement la couverture sur eux, déposa le livre près d’elle et se laissa emporter dans les bras de Morphée. 

-o-

Raido passa la porte de l’appartement, soucieux. Ce qu’il allait devoir annoncer à Genma ne lui plaisait pas plus que ça, et il y avait de grande chance que ça ne plaise pas non plus à son cadet. Il ne comprenait pas à quoi jouait les anciens et le Hokage. L’envoyer en mission seul avec N alors qu’elle venait tout juste de sortir de l’hôpital était totalement inconscient. Mais il eut beau protester devant ses supérieurs, personne ne sembla prendre la mesure de leur imprudence. Il soupira puis referma doucement la porte, se déchaussa et entra dans le salon, à la recherche de son colocataire. 

Le spectacle qui s’offrit à lui eut le mérite de le faire sourire. Blottis l’un contre l’autre, le sourire aux lèvres, Genma et N dormaient à poings fermés sur la banquette. Ils s’étaient enfin réconcilier apparemment. Il aurait bien voulu les laisser en paix, mais il n’avait pas le temps pour ça. Au moins, il n’aurait pas à courir dans tout le village pour retrouver sa coéquipière. Il s’avança à pas de loup vers  eux, et posa une main douce sur l’épaule de N. Celle ci ouvrit les yeux immédiatement, un peu perdue. Il lui fit signe de faire le moins de bruit possible, en désignant leur chef qui était encore en train de dormir et lui demanda à voix basse de le rejoindre dans la cuisine. Celle-ci acquiesça avant de se dégager à regret de l’étreinte de Genma. Elle l’allongea le plus délicatement possible sur la banquette avant de le recouvrir de sa couverture. Vu son état, il fallait qu’il se repose le plus possible. Elle rejoignit Raido dans la cuisine, et sans attendre elle lui demanda : 

— Qu’est ce qu’il se passe ? Qu’est-ce que tu fais ici d’ailleurs ? 

— J’habite ici ma belle, sourit-il. Puis il ajouta, devant son air effaré : Genma et moi, on est colocs depuis quelques années déjà. 

— Oh! Il ne m’avait pas dit, désolée. Et du coup qu’est-ce qu’il se passe ? Je dormais plutôt bien je te signale…

— On part en mission toi et moi. Il faut qu’on soit prêt pour 23h00. À la base, je comptais venir me préparer ici avant d’aller te prévenir, mais t’es déjà là, c’est pas plus mal.

— Ils ont conscience qu’ils nous envoient directement à la mort là ? Je suis sortie de l’hôpital hier ! Et j’ai utilisé les trois quarts de mon chakra pour soigner Genma aujourd’hui, partir en mission maintenant c’est du suicide. 

— Je sais… j’ai essayé de refuser, mais on a pas le choix. C’est une mission urgente et on est les seuls disponibles. 

— Elle est de quel rang cette mission ? 

— De rang A. Il va falloir qu’on soit vraiment prudent si on veut s’en sortir d’accord ? 

— Ne t’inquiète pas pour ça, je ne compte pas courir après le danger… Et du coup elle consiste en quoi ? demanda N avec curiosité.

— Les enfants d’un proche du daimyō ont été enlevé il y a deux jours. Par chance, une de nos escouades a repéré l’endroit où les ravisseurs se sont terrés au cours d’une mission de protection des frontières. 

— Pourquoi ils ne s’en occupent pas alors ? Ça serait beaucoup plus rapide. 

— Il ne s’agit que d’une équipe de jeunes chunin. Ils n’ont pas les capacités pour ce genre de mission. L’Hokage a préféré nous nommer nous pour nous en occuper. 

— Donc si je comprends bien, au lieu d’envoyer une équipe complète de ninja pour donner un coup de main aux chunins, le vieux préfère nous envoyer seulement nous deux, alors que je sors de l’hôpital, et sans renfort ? Il s’arrange pas avec la vieillesse lui…

— Et la mission durera une bonne semaine en plus, dans l’optique où les ravisseurs ont été vus à trois jours de marche du village. 

— Et qu’est-ce qui nous garantie que les gamins ne seront pas morts d’ici là ? 

— La demande de rançon j’imagine. C’est pour ça qu’il faut qu’on parte aussi vite, on doit absolument arriver sur place avant la fin du délai. 

— Il me reste plus qu’à filer chez moi prendre mes affaires j’imagine… soupira N. 

— Exactement. On se retrouve à l’entrée du village dans une heure. 

— Je croyais qu’on partait à 23h00 ? 

— Et d’après toi, il est quelle heure ? 

Pour la première fois depuis qu’elle s’était réveillée, elle jeta un coup d’oeil par la fenêtre. La nuit avait laissé tomber son épais manteau noir sur Konoha depuis longtemps déjà. Les lampadaires allumés diffusaient un halo doré au-dessus de la ville. L’appartement de Genma et Raido, situé sur une colline qui surplombait la plupart des quartiers, lui offrait une vue splendide sur les alentours. Elle ne pensait pas avoir dormi aussi longuement… Soudain, son ventre la fit revenir à la réalité. Elle n’avait rien mangé de toute la journée si on exceptait la collation que Genma lui avait ramené après ses soins. En pensant à lui d’ailleurs…

— T’aurais une feuille et un crayon ? Il faut que je laisse des indications à Gen’ pour la suite de ses soins. 

— Juste derrière toi. Il lui désigna un petit meuble en bois. 

— Merci ! Je note ça, et je file ! 

En entrouvrant le premier tiroir, elle y découvrit un calepin et plusieurs crayons. Elle rédigea à la hâte toutes ses instructions pour son chef et déposa le calepin bien en vue dans le salon. Enfin, elle salua Raido et sortit de l’appartement. Si elle se dépêchait, elle aurait le temps de passer manger chez Ichiraku après s’être rendue chez elle et s’être préparée. Elle traversa la ville par les toits, pour éviter la foule des dernières soirées d’automne. Pas de chance pour elle, elle habitait à l’opposé de chez ses coéquipiers. Elle accéléra le rythme pour enfin déboulé en trombe dans son immeuble. Tout était désert, comme d’habitude…. Elle entra dans son minuscule appartement, se déshabilla à peine la porte passée et fila sous sa douche. Autant savourer un dernier moment de détente avant de repartir en mission. Elle ne s’y attarda pas cependant. Elle s'accorda à peine le temps de se sécher avant d’enfiler ses vêtements. Elle n’avait jamais réussi à s’habituer à l’uniforme standard des ninjas de Konoha et préférait largement sa propre tenue de combat. Elle finit d’enrouler les bandages qui recouvraient ses mains et ses poignets avant de farfouiller dans un coffre dissimulé dans un placard. Elle y récupéra diverses armes – heureusement qu’elle avait refait son stock la veille avec Kakashi – qu’elle rangea dans plusieurs sacoches. Une fois les bombes fumigènes, kunaïs et parchemins explosifs placés correctement, elle fixa les sacoches à sa jambes droites et à sa ceinture. Elle prépara ensuite son paquetage auquel elle ajouta quelques rations de survie et sangla son sac de couchage. Enfin, tout était prêt ! Elle jeta un coup d’œil au réveil qui traînait près de son lit. Parfait. Il lui restait encore trente bonnes minutes avant de rejoindre Raido. Elle attrapa sa veste, son paquetage puis se dirigea chez Ichiraku. 

À cette heure de la nuit, il y avait peu de monde attablé au comptoir de l’échoppe. Elle en profita pour s’isoler à l’extrémité de celui-ci, évitant de regarder les deux autres ninjas installés. Elle salua le patron et sa fille et attrapa la carte que cette dernière lui tendait. Elle avait l’habitude de la parcourir, elle venait ici entre chaque mission. Après tout, les ramens de Teuchi et Ayame étaient les meilleurs de Konoha et N était vite tombée sous le charme de la petite échoppe. 

— Tu repars déjà en mission jeune fille ? lui-demanda le chef. 

— Pas le choix, j’ai à peine le temps de manger… 

— Tu devrais te ménager un peu N. Enchaîner les missions comme ça, ce n’est pas très bon pour la santé, sermonna Ayame.

Outre le fait que les ramens étaient délicieux ici, il fallait avouer que ce qui faisait tout le charme de l’endroit était ces deux-là. Ayame et son père étaient la gentillesse incarnée dans ce monde de brute… N avait très rapidement sympathisé avec eux en arrivant dans le village. Ils faisaient partis des rares habitants à ne pas l’avoir fuit comme une pestiférée depuis qu’elle était arrivée. Elle eut l’eau à la bouche en voyant Ayame préparer sa commande. Rien ne valait un bon bol de ramen avant de partir en mission. Elle profita pour regarder l’ordre de mission que Raido lui avait transmis. Peu d’information avait été retranscrite dessus. Normal, pour ce genre de mission, il fallait faire au plus vite et éviter tout risque de fuite.

Une photographie des deux enfants étaient jointe aux documents, ainsi qu’une description des vêtement qu’ils portaient lors de leur enlèvement. N secoua la tête. La fille devait avoir dans les sept ans, tout au plus, et le garçon était encore plus jeune… Il fallait vraiment être dérangé pour faire subir ça à des enfants quand la seul raison était de dérober de l’argent. Elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi de simples billets rendaient les hommes aussi fous. D’un autre côté, ce n’était pas plus mal que l’argent soit la motivation principale des ravisseurs. La demande d’une rançon impliquait généralement que les otages soient toujours vivants et en bonne santé tant que le délais ne s’était pas écoulé. Les enlèvements politiques étaient bien plus compliqués et dangereux à gérer… Affronter des mercenaires en manque d’argent, c’était autre chose que d’affronter des ninjas envoyés en mission, après tout. Et malgré les accords de paix entre la plupart des pays, ce genre d’enlèvements restaient bien trop courants…N se sentait soulagée de ne pas être dans ce cas de figure là. Si tout se passait correctement, Raido et elle pourraient s’en sortir sans trop de dégâts. Rares étaient les mercenaires capables de rivaliser avec des ninjas bien entraînés. Le plus difficile de la mission consisterait sans doute dans le fait d’arriver à tout régler discrètement et avant la fin du délai imposée. 

    Elle replia son ordre de mission. Sa commande venait d’être servie et elle tenait à déguster tranquillement son dernier vrai repas avant une bonne semaine. Une fois son bol de ramen terminé,  elle salua Teuchi et Ayame et se dirigea enfin vers la grande porte du village. Elle avait cinq bonnes minutes d’avance, mais Raido était déjà présent. Il avait déposé son paquetage sur le sol et jouait avec un kunai en l’attendant. Il s’était installé sous un arbre, et comme toujours, il est tellement discret dans ses mouvements que N aurait pu passer à côté de lui sans s’en rendre compte. Cet homme avait vraiment un don pour passer inaperçu. Il lui fit un signe de tête et ils se mirent en route en silence.

    La lune leur procurait un éclairage assez fort pour pouvoir avancer sur la route sans risquer de tomber. Raido ouvrait la marche sans faire le moindre de bruit. À sa manière de mouvoir, N compris que quelque chose clochait. Il n’était pas le plus bavard des compagnons ni même le plus chaleureux, mais il n’était pas non plus du genre à se renfermer sur lui-même comme il le faisait actuellement. Qu’est-ce qui avait bien pu se passer pour que son comportement change comme ça en l’espace d’une petite heure ? Ou alors il s’agissait juste d’un trait de caractère qu’elle ne lui connaissait pas encore. Elle ne savait pas trop comment aborder la question avec lui et préféra ne rien dire. S’il avait quelque chose à lui reprocher, il le ferait certainement durant leur mission. Elle avait juste à espérer que ça ne soit rien de trop grave. Elle fouilla dans sa mémoire pour essayer de retrouver ce qui aurait pu lui déplaire, mais rien ne lui vint. 

    L’obscurité s’intensifiait au fur et à mesure de leur marche. Le ciel se couvrait de nuage. Bientôt, la lune fut totalement cachée, rendant impossible leur progression. N fut surprise de voir que cela n’affectait nullement Raido. Son coéquipier avançait à bonne allure, comme s’il se déplaçait en plein jour tandis qu’elle peinait à chacun de ses pas. L’air s’était rafraîchi et le vent s’était mis à souffler de plus en plus fort. Avec la chance qu’ils avaient, une tempête n’allait pas tarder à se déclencher… Voyant que N n’arrivait plus à soutenir son allure, le ninja ralenti l’allure, et se replaça à sa hauteur. Il consulta une montre à gousset qu’il avait sortie de sa poche. 

— On a bien avancé, décréta-t-il. On va se chercher un abri pour le reste de la nuit, la pluie ne devrait pas tarder à arriver. Essaye de rester dans mes pas pour te perdre dans la forêt. 

Il ne guetta pas sa réponse et se remit directement en route. Il progressait plus lentement qu’auparavant et vérifiait plusieurs fois que N suivait le rythme. La pluie commença à tomber de plus en plus fort, il devenait urgent de trouver un abri. Finalement, après plusieurs minutes à patauger dans la forêt, il rectifia brusquement sa direction. Quelques mètres plus loin se révélait une minuscule maison, cachée sous les branchages des arbres. Le lieu était impossible à trouver si on ne le connaissait pas auparavant. Raido s’approcha de la porte, mais elle semblait totalement impossible à ouvrir. Pourtant, il ne sembla pas s’en soucier et posa simplement sa main sur le battant en bois. N le sentit concentrer son chakra. Elle observa de plus près la porte et remarqua qu’un sceau se dessinait dessus. L’entrée avait dû être protégée par les anciens occupants. La porte s’ouvrit dans un grincement, leur permettant enfin de se mettre à l’abri. Les deux ninjas étaient trempés jusqu’aux os et épuisés par leur combat contre les éléments. N tourna sur elle-même pour observer l’endroit où elle se trouvait. Il n’y avait ni meuble ni une quelconque trace de confort. La bâtisse était entièrement vide si l’on exceptait le tas de bois posé sous une des deux fenêtres. Le sol était poussiéreux et sale, mais ça serait toujours plus agréable de dormir dessus, au sec, que dans la forêt sous la tempête. Raido récupéra du bois et le déposa au milieu d’un petit cercle de pierre. L’endroit devait être prévu pour allumer un feu de camp. Elle le vit chercher dans ses poches de quoi l’allumer et se décida à intervenir. Elle posa une main sur son épaule pour le retenir, s’approcha du tas de bois, concentra son chakra, et souffla. Le bois s’embrasa directement sous l’effet des flammes qu’elle cracha. Elle sentit la chaleur se répandre en elle avec plaisir. Elle récupéra son paquetage qu’elle avait laissé à l’entrée avant de s’asseoir près du feu. Raido fit de même. Il semblait toujours perturbé. La patience de N s’était effritée tout au long de leur marche, si bien qu’elle craqua : 

— Tu comptes m’expliquer ce qu’il se passe où je vais être en mission avec un croque-mort pendant une semaine entière ? 

Raido releva subitement la tête. Elle se sentit transpercée par son regard glaçant. Il semblait hésiter sur le comportement à adopter avec sa coéquipière. Au bout de quelques secondes de réflexion qui parurent une éternité à N, sa voix s'éleva au-dessus du crépitement du feu. 

— Qui es-tu réellement N ? Quel est ton rapport avec les hautes sphères de Konoha ? Et surtout, pourquoi des gens cherchent-ils autant à t’éliminer ?! Sa voix s’était faite plus forte sur la fin de sa tirade.

Voilà donc pourquoi il était aussi distant avec elle… 

— Je ne peux rien te dire de plus sur mon identité que ce que tu sais déjà Raido. 

— Alors raconte-moi pourquoi tu es à Konoha. 

— Je ne peux pas t’en parler non plus, désolée… Ce que je peux t’expliquer, c’est que les anciens du village ont besoin de moi autant qu’ils cherchent à me liquider. 

— Comment ça ? 

— Danzo, Koharu et Homura savent que je représente un atout politique pour diverses raisons. Pourtant, je représente également beaucoup de risque pour eux, et ils savent qu’il est dangereux de m’utiliser. Depuis que je suis arrivée à Konoha, ils n’ont cessé de chercher des moyens de me faire disparaître discrètement. 

— Ils ne peuvent pas faire ça à une kunoichi du village ! protesta-t-il. 

— Regarde moi Raido, tu ne constates une différence entre moi et les autres ninjas du village ?

— Tu n'arbores aucun bandeau frontale. Il avait à peine hésité avant de répondre. 

— Exactement, je ne suis pas une ninja de Konoha. Considère-moi plutôt comme une mercenaire qui s’est mise au service du plus offrant. Je n’ai absolument pas la même valeur que toi ou Genma à leurs yeux, je corresponds plutôt à du bétail à envoyer en première ligne.

— S’ils t’en veulent autant, pourquoi ils ne cherchent pas à t’éliminer directement ? 

— Tu penses réellement que l’un d’eux va prendre le risque de provoquer des incidents diplomatiques en m’éliminant ? Leur but est de protéger Konoha autant que leur petite place bien agréable au pouvoir. Vos anciens sont bien trop intelligents pour agir à découvert. Leur meilleur moyen de se débarrasser de moi sans faire de vague, c’est que je meurs au cours d’une mission…

— Tu veux dire que… ? 

— Exactement, et je suis désolée que vous soyez mêlé à ça. Je vis ce genre de mission, qui ressemble plus à des tentatives d’assassinat qu’autre chose, depuis deux ans. Le seul truc que je ne comprends pas dans cette histoire, c’est pourquoi ils vous y mêlent, vous trois, comme Kakashi. En vous sacrifiant comme ça, ils perdent d’énormes atouts en terme de guerrier…

Raido ne lui répondit pas toute de suite. Il semblait analyser tout ce qu’elle venait de lui avouer. Il savait que la situation de la jeune femme était compliquée, mais il ne pensait pas que c’était à ce point là. Le fait qu’elle ne réagisse pas plus que ça lorsqu’il lui avait annoncé cette “mission-suicide” l’avait rendu méfiant. N’importe qui d’autre se serait révolté en entendant ça. Pourtant, elle, elle avait juste râlé, comme si c’était tout à fait courant. Maintenant qu’elle lui avait expliqué tout ça, il voyait les choses d’un autre œil. 

— C’est simple pourtant. Nous ne sommes pas là pour être sacrifiés mais pour te protéger. 

— T’es sûr d’avoir bien compris ce que je viens de t’expliquer ? fit-elle, sceptique. 

— Réfléchis deux minutes. T’envoyer en mission, c’est absolument pas discret comme moyen de t’assassiner. Le plus logique, dans ce cas là, c’est de t’envoyer avec des ninjas de bas étage. Pourtant, tu as fais équipe avec Kakashi, puis tu es arrivée dans notre escouade. Vu son génie, Kakashi est un plus que désigné pour te protéger. Maintenant qu’il est occupé, il a fallu le remplacer. Genma et moi sommes le choix le plus logique en matière de protection à Konoha. 

— Et pourquoi ça ? 

— Nous étions les gardes du corps du quatrième… C’est le vieux singe qui a constitué notre escouade, et en faisant ça, il cherchait à te protéger des trois anciens ! 

 
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C'est fou, je peux pas m'empêcher de verser un peu dans la guimauve bien coulante quand je fais interagir Genma et N... Mais je les trouve trop mignons ensembles, c'est plus fort que moi ><

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