Chapitre 20 : Mission
— On ne s’en sortira jamais !
— Du calme, Konoha nous a envoyé des renforts, ça ne devrait plus trop tarder maintenant, raisonna Yatogo.
— Il nous faudrait une armée entière pour réussir à vaincre ces fous furieux, gamin. Avec les effectifs qu’on a perdu pendant l’invasion, je doute que le village ait pu nous envoyer tant de renforts que ça.
Yatogo soupira. Son chef d’escouade n’avait pas tort. Ils étaient vraiment en mauvaise position, et ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes pour s’en sortir. Sa main se serra sur le kunaï qu’il tenait. Les jointures de ses doigts devenaient aussi blanches que son visage. Jamais il n’avait imaginé mourir dans de pareilles conditions. Loin de tout, et surtout, loin de la gloire. Il n’avait que quinze ans. Il n’était pas prêt pour ça. Jamais il n’abandonnerait aussi vite.
Il se leva, prêt à repartir à l’assaut.
— Qu’est-ce que tu fais ? Remets-toi à l’abri sombre imbécile !
Son chef d’escouade tira sur sa manche, le forçant à se cacher de nouveau derrière leur abri de fortune. Ils étaient faits comme des rats. Ils avaient beau réfléchir à des stratégies diverses, aucun d’eux ne parvenait à trouver une solution pour les sortir de ce guêpier.
Comment pouvaient-ils rivaliser alors que leurs adversaires n’avaient plus rien d’humain ?
Le jeune ninja ferma les yeux, désespéré. Abandonner ne faisait pas partie de son vocabulaire. Il était hors de question qu’il meurt en lâche. Son nom devait traverser les générations, on devait se souvenir de lui comme un héros.
Il se dégagea de la poigne de son chef d’escouade, résolu à affronter la mort. Il se dressa, fier comme un ninja, prêt à accueillir son prochain adversaire.
Un monstre à l’apparence d’homme fonça sur lui. Ou alors était-ce un homme à l’apparence de monstre ? Il ne savait plus vraiment.
Il se prépara à l’impact, tenant fermement son kunaï dans les mains.
Ce doux matin d’été signerait sa mort. Il le savait.
Il ne se relèverait pas après cet affrontement.
L’impact ne vint pas. L’homme gisait sur le sol, à un mètre de lui. Une ombre venait de l’égorger en un battement de cil.
— Tu n’es pas un peu jeune pour avoir des pulsions suicidaires de ce genre ?
Une voix douce et éraillée qu’il connaissait déjà. Un sourire narquois. Une aura rassurante.
— N ? Qu’est-ce que tu fais là ? s’exclama le jeune ninja, abasourdi.
— À ce qu’il paraît vous avez besoin d’aide par ici, répondit la kunoichi en haussant les épaules.
— Tu es venue nous aider ?
— C’est moi où il n’a d’yeux que pour N, fit une voix derrière lui.
Il sursauta. Trois ninjas se tenaient près d’eux, tous bien plus âgés que lui. Bien plus expérimentés aussi. Il se sentit soudainement insignifiant à leur côté.
— Yatogo, je te présente Iwashi, Raido et Genma, fit N en désignant ses coéquipiers tour à tour.
— T’as vu, elle t’a cité en dernier.
Raido adressait un sourire narquois à Genma, heureux de pouvoir le provoquer.
— Le meilleur pour la fin, vieux.
Genma s’amusa de l’air blasé que prenaient ses coéquipiers. Ça lui avait tellement manqué. Cette bonne ambiance qui régnait entre eux. Cette amitié qui les liait, et parfois bien plus.
— Quand vous aurez fini de discuter, peut-être qu’on pourra se mettre à l’abri.
Yatogo grimaça. Son chef d’escouade semblait tout sauf ravi par les renforts qui venaient d’arriver.
— On vient de sauver la vie de ton coéquipier pendant que tu te cachais comme un lâche, pourquoi tu viens grogner ? Tu n’es pas censé être le chef d’escouade toi ? Pourquoi c’est un enfant qui se dresse en première ligne à ta place ?
Si la situation n’avait pas été aussi dangereuse, Genma se serait fait un plaisir de laisser N continuer. C’était toujours plaisant de la voir dire à voix haute ce que tout le monde pensait tout bas. Même si c’était souvent à lui de ramasser les pots cassés par la suite.
— N, on discutera de ce point plus tard. Pour l'instant, on doit se charger de ces bêtes, expliqua le jonin au senbon.
Le regard qu’adressait l’autre chef d’escouade à la jeune femme ne valait rien de bon.
— Où sont les autres membres de votre escouade ? demanda Raido, bien plus sérieux.
— Ils se cachent dans un buisson là-bas – l’homme montra un amas de feuilles un peu plus loin – ils sont tous les deux blessés, ajouta-t-il.
— Gravement ?
L’homme hésita quelques secondes avant de répondre à la kunoichi. L’envie de l’étrangler sur place était encore très forte.
— Leurs jours ne sont pas en danger, mais on doit absolument les évacuer au plus vite.
— Très bien. Iwashi, tu t’occupes de mettre tout le monde à l’abri, je ne veux personne autour de nous. Raido, tu couvres leur retraite. Vous avez cinq minutes.
— Mais…
— Ferme-la et obéis Yatogo, on n’a pas de temps à perdre, rappela N.
Le regard de la jeune femme croisa celui de son chef d’escouade. Jamais elle n’avait pensé qu’il lui serait aussi difficile de faire comme si de rien était devant les autres. Comme s’ils n’étaient que de simples coéquipiers. Partir de nouveau ensemble soulevait de nouvelles problématiques. Comment devait-elle gérer l’inquiétude qu’elle ressentait en permanence ? Cette horrible impression que le pire pouvait arriver à tout instant, et ce, sans qu’elle puisse rien n’y faire.
Elle s’était attachée à Genma dès leur première rencontre, et les blessures qu’il avait subi pendant leur première mission l’avaient déjà tourmentée à l’époque. Maintenant qu’ils s’étaient enfin avoués leurs sentiments, sa seule préoccupation était de tout faire pour qu’il sorte indemne de chacune de leur mission.
— Détends-toi Naori.
Il ne l’appelait par son prénom que lorsqu’ils étaient seuls.
— Tu t’inquiètes pour moi ? lui demanda-t-elle avec un sourire narquois, cherchant à tout prix à lui dissimuler ses propres sentiments.
Que dirait son chef d’escouade s’il apprenait qu’elle était terrorisée à l’idée qu’il subisse la moindre écorchure ?
— Bien plus que je ne le devrais.
— Comment ça ?
— En tant que ton chef d’escouade, c’est normal que je me soucie de toi et que je fasse attention à ce que tu restes aussi indemne que possible. Par contre, je ne devrais pas avoir peur que tu sois blessée. Je ne devrais pas faire de différence entre toi et les autres membres de l’équipe. Et... je ne devrais pas avoir des envies de meurtre envers un gamin qui te regarde avec un peu trop d’admiration, avoua-t-il finalement après une hésitation.
— Je ne te savais pas jaloux.
— Tu es bien trop belle pour que je ne le sois pas.
Le sourire qu’il lui offrit était aussi réconfortant qu’une étreinte. Jamais on ne lui avait fait une telle déclaration. Une vague de chaleur s’empara de la jeune femme. Comment faisait-il pour lui avouer ce genre de chose sans même rougir ?
— Ça fait cinq minutes. À nous de jouer ma belle. Sois prudente.
Elle hocha la tête concentrée. Genma posa ses mains sur le sol et soudainement, la terre se mit à trembler. Une fissure démarra sa course près des mains du jonin avant de se diriger de plus en plus rapidement vers ses ennemis. Ils étaient une dizaine, tout au plus. Raido avait dû en éliminer déjà quelques-uns en couvrant la retraite de Iwashi et de l’autre escouade.
La fissure devint rapidement un gouffre. Une gueule béante qui promettait une chute vertigineuse dans les entrailles de la terre pour quiconque tombait à travers ses dents acérées.
Aucun des monstres ne tomba cependant. Leurs corps déformés semblaient les doter de prodigieux réflexes. Cela ne gêna pas Genma outre-mesure. Son sourire s’étira lentement alors qu’il diffusait une nouvelle fois du chakra dans le sol. Des murs de terre s’élevèrent alors du sol, créant une monumentale muraille qui encerclait les créatures.
Il n’y allait pas de main morte, songea Naori, tout en attendant silencieusement que son tour vienne.
-o-
— Yatogo, vient te mettre à l’abri, grogna son chef d’escouade.
Trois cents mètres plus loin, Yatogo était grimpé au sommet d’un arbre, curieux d’observer le combat entre les jonins et les hommes monstrueux. Il était rare de pouvoir assister à de tels combats, il ne voulait le rater pour rien au monde.
— C’est toi qui devrais venir voir ça. Ils sont incroyables !
— Je n’ai pas de temps à perdre à regarder des jonins fanfaronner.
— Les deux jonins qui “fanfaronnent” comme tu le dis, sont en train de te sauver la vie. Tu ferais bien de t’en rappeler avant d’insulter mes coéquipiers.
Raido adressa un regard menaçant à l’homme qui lui faisait face.
— N et Genma sont des combattants d’élites, tu devrais prendre un peu exemple sur eux, ajouta le balafré.
Se sentant obligé d’obéir, le chef d’escouade grimpa à son tour au sommet d’un arbre. Là, alors que le vent faisait danser subtilement les feuilles, il posa son regard sur la scène qui se jouait en contrebas.
Le terrain de combat ne ressemblait déjà plus à celui qu’il avait quitté quelques minutes auparavant.
S’approprier le terrain. C’était la base d’un combat maîtrisé.
Soudain, des flammes jaillirent de nulle part, embrasant de mille feux la muraille que Genma avait créée. Le brasier empêchait toute échappatoire.
Acculer ses ennemis ou les séparer. La seconde étape.
Il crut que le brasier allait lentement s’étendre pour brûler leurs ennemis. Pourtant, c’est l’inverse qui se produisit. Une quantité improbable d’eau se mit à jaillir, aspergeant les créatures.
Affaiblir les adversaires. La troisième étape.
Au loin, il vit N faire un bond vertigineux, dégainer son sabre et le planter dans le sol, au milieu des créatures qui se relevaient lentement. Il eut envie de lui crier de dégager et de laisser faire les vrais ninjas. Mais il ne fit rien. Même à cette distance, il pouvait apercevoir le sourire carnassier qu’elle arborait. Elle tenait en équilibre sur la garde de son sabre, impassible, les cheveux au vent. Les monstres s’approchèrent d’elle, dégoulinant d’eau. Une détonation retentit. Fatale.
Toutes les créatures gisaient autour d’elle. Électrocutées. La gamine n’avait même pas bouger, restant les bras croisés sur sa poitrine.
Achever les ennemis. L’ultime étape.
Il venait d’assister à une véritable leçon sur les arts ninjas.
— Je te trouve bien silencieux, le provoqua Yatogo.
— Heureusement que Genma était là pour couvrir cette gamine, répondit l’homme, encore trop fier.
— J’étais sous ses ordres pendant l’invasion. Elle a affronté l’un des serpents géants seule, tout en protégeant une quinzaine de personnes. Sans elle, le bilan aurait été bien plus lourd, tu devrais lui montrer un peu plus de respect.
Yatogo avait raison, mais ça le tuait de l’admettre. Il avait entendu parler de cette kunoichi qui avait réalisé un véritable exploit lors de l’invasion. Cette étrangère récompensée par le Daimyô en personne…
-o-
Naori s’approcha d’un des cadavres, curieuse. Ce genre de mutation lui rappelait son enfance, mais jamais elle n’avait vu de telles déformations.
Un faible gémissement parvint à ses oreilles. Son regard se porta sur un autre monstre, lui aussi au sol.
— Gen’, il y en a un qui n’est pas mort.
— Eh bien, on va en profiter pour l’interroger un petit peu.
Le jonin la rejoignit rapidement. Par réflexe, il eut envie de passer son bras autour de sa taille, comme il avait pris l’habitude de le faire, mais même ce geste anodin pouvait lui coûter cher à présent. Alors, il se contenta de lui offrir un sourire. Il s’intéressa ensuite à la créature qui se trouvait à ses pieds.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda Naori.
— J’ai ma petite idée, mais j’ai besoin de vérifier.
Prudent, il vérifia que l’homme n’était plus en mesure de l’attaquer. Malgré les gémissements qu’il poussait, le reste de son corps restait totalement inerte. Visiblement, il ne lui restait que quelques instants à vivre.
Genma déchira sans hésiter le tissu qui recouvrait le corps difforme.
— Tu cherches quoi ?
— Ça.
Il lui montrait une marque noire, semblable à un sceau, qui se trouvait au niveau de la clavicule de l’homme.
— La marque maudite d’Orochimaru, ajouta-t-il, laconique.
Naori le fixa sans comprendre. Jamais elle n’avait entendu parler d’une telle chose. À vrai dire, même le nom d’Orochimaru ne lui évoquait pas grand-chose. Pour elle, il s’agissait simplement d’un des nombreux nukenin de Konoha, en plus d’être le fou-furieux qui avait tenté d’envahir le village.
— J’oublie souvent que tu n’es pas du village, soupira Genma.
— Tu es bien le seul, lui répondit sa compagne en haussant un sourcil blasé.
Il lui adressa un sourire désolé. Il voyait bien que cela l’affectait bien plus qu’elle ne le laissait paraître. Cela devait être une véritable torture d’être toujours considérée comme une étrangère après autant de temps à Konoha. Pire encore, malgré ses exploits pendant la tentative d’invasion, Naori continuait à être la cible d’une méfiance inexplicable.
— Prends-pas cet air triste, Gen’. C’est comme ça, je ne peux pas y faire grand-chose, et toi non plus.
— Je sais, mais ça ne m’empêche pas d’être désolée pour ce que tu vis. C’est injuste cette manière dont tu es traitée au village.
— Pourquoi tu serais désolé pour ça ? Tu n’es en rien responsable.
Elle voulut saisir sa main, mais se ravisa au dernier moment, consciente que n’importe qui pouvait les voir. Elle ajouta :
— Raido et toi êtes les seuls à m’avoir accepté sans condition depuis que je suis arrivée au village. Même pour Kakashi, ça a été compliqué. Pendant nos premiers mois de mission ensemble, il était persuadé que j’allais tenter de le tuer dans son sommeil. Alors, tu n’imagines pas à quel point cela m’a fait du bien d’intégrer ton escouade. À quel point ça m’a fait du bien de te rencontrer.
Genma regarda sa subordonnée, étonné. Il était rare qu’elle s’épanche autant sur ses sentiments. Elle ne lui parlait jamais de ce qu’elle pouvait ressentir habituellement…
— Je donnerai n’importe quoi pour pouvoir te serrer dans mes bras là, lui avoua-t-il finalement.
— Quand on sera rentré ?
— Quand on sera rentré, répéta-t-il.
Elle le dévora des yeux, incapable de se retenir. Cet homme avait vraiment un effet fou sur elle. Plus elle le fréquentait, plus elle s’en rendait compte. Folle était la personne qui pensait pouvoir échapper au sourire de Genma Shiranui.
— Orochimaru ? demanda-t-elle finalement, s’obligeant à penser à autre chose qu’une nuit de folie dans les bras de son coéquipier.
— C’était l’un des trois sennins de Konoha. Il a déserté il y a une dizaine d’années.
— Oui, Raido m’en avait parlé, mais ça n’explique rien sur cette marque et ces créatures.
— Il a une obsession étrange pour l’immortalité et la maîtrise de tous les jutsus possibles. Ça l’a mené à faire des expériences sur les humains et a donné naissance à ce sceau. Ceux qui sont marqués de cette façon accèdent à un pouvoir insoupçonné, une puissance qu’ils n’auraient jamais pu atteindre par eux-mêmes. En contrepartie, le sceau les dévore lentement, leur corps se transforme. Ils prennent cette apparence monstrueuse lorsque la marque les a totalement recouvert. Mais pire que ça, ils perdent totalement leurs esprits, devenant simplement des créatures aux services de ce serpent d’Orochimaru.
— Tout ça ne mènera à rien, elle n’est pas le bon sujet pour la marque. Les aptitudes de son clan l’empêcheront de se propager.
— Que doit-on en faire ?
— Vendez-la au plus offrant. Une esclave aussi jeune devrait en ravir plus d’un.
— Naori ?
La jeune femme secoua la tête, perdue. Pourquoi ces phrases étaient-elles venues hanter son esprit à un tel moment ? C’était comme un souvenir trop lointain pour être rattrapé. Comme un écho de son passé qui ne parvenait plus à résonner en elle.
Elle se força cependant à se ressaisir. Ce n’était pas le moment d’inquiéter Genma pour rien.
— Désolée. Pourquoi il est parti de Konoha ce taré ?
Genma la fixa, suspicieux. Il n’était pas dans les habitudes de Naori de se perdre dans ses pensées de cette façon. Finalement, il reprit tout de même :
— On a fini par découvrir son laboratoire secret, dans une grotte près du village. Ça ressemblait à un véritable charnier. Sarutobi a voulu affronter Orochimaru, mais ce dernier a eu le dessus.
— “On” ?
— Raido et moi, ainsi que deux autres ninjas décédés pendant cette mission. On est tombé sur les prémices de ces créatures. Les transformations n’étaient que partielle à l’époque, et rares étaient les sujets qui ont réussi à dompter la marque et à survivre plus que quelques mois.
— Il y en a eu ?
— Au village, il y a Anko Mitarashi. Elle était chargée de l’organisation de la deuxième épreuve pendant l’examen. C’est aussi l’ancienne disciple d’Orochimaru. La marque a fait des dégâts considérables sur son organisme, mais elle s’en est bien sortie finalement.
— Comment tu sais tout ça ? Tu la connais bien ?
Une pointe de jalousie perçait dans la voix de la kunoichi.
— J’ai participé à la mise au point d’un sceau pour contenir celui d’Orochimaru. Pourquoi cette question ? Tu ne serais pas un petit peu jalouse, par hasard ?
— Chacun son tour, répondit-elle, boudeuse.
-o-
— Vous repartez déjà ?
Yatogo semblait dépité.
— D’ici quelques heures, N doit se reposer un peu maintenant qu'elle a soigné vos coéquipiers.
— Vous pourriez rester jusqu’à demain matin au moins.
— On doit sécuriser toute la frontière au plus vite, plus on reste ici, plus les autres ninjas de Konoha risquent d’être en danger. Si autant d’ennemis sont parvenus jusqu’ici, cela risque d’être pire sur les frontières plus éloignées. Ça sera loin d’être un voyage d’agrément malheureusement, expliqua Iwashi.
— Pourquoi le Conseil n’a pas envoyé plus de ninja en renfort ? demanda le chef d’escouade.
— On était l’escouade la mieux désignée pour cette mission, en nous envoyant nous, on limite les effectifs au maximum.
— Voici encore une occasion d’admirer la légendaire modestie des jonins, lança l’homme en levant les yeux au ciel.
Sa remarque jeta un froid. Pourquoi les chunnins et les jonins avaient tant de difficultés à s’accorder ? Lorsque deux escouades se confrontaient de cette façon, il était toujours compliqué de mener les missions à bien.
— Doit-on se montrer modeste seulement pour ménager ton égo ? C’est un fait que j’énonce, ce n’est pas une quelconque vantardise.
Genma adressa un sourire provocateur au ninja. Son senbon roulait doucement sur ses lèvres alors qu’il se balançait tranquillement sur une des chaises du repaire. Naori l’observait discrètement. Son calme apparent cachait quelque chose.
— Ce n’est pas parce que vous nous avez sauvés qu’on doit se mettre à vous lécher les pieds.
— Et pourquoi pas ? s’amusa à provoquer Genma.
— Gen’... voulut intervenir Raido.
— Quoi ? C’est vrai après tout non ? Si on n’était pas intervenu, vous seriez morts à l’heure qu’il est. Avec un chef d’escouade pareil, pas étonnant que les frontières soient en train de céder.
Raido soupira. Il savait parfaitement ce que voulait faire son meilleur ami, mais cela ne lui plaisait guère. Il n’était pas pour l’humiliation des autres, même si une petite leçon d’humilité ne pouvait faire que du bien à ce chef d’escouade.
— Ça suffit !
L’homme tapa du poing sur la table avant de se lever, menaçant :
— Je n’accepterais pas une insulte de plus ! Tu nous dois un minimum de respect.
Le sourire de Genma s’étira alors qu’il crachait son senbon sur l’homme. L’aiguille vint transpercer la manche de son uniforme, le clouant au mur. D’un bon, le jonin le rejoignit avant de poser ses mains sur le sol. L’homme se retrouva emprisonné par des bras en terre qui ne lui laissaient aucune échappatoire.
— Tu accepteras ce que je te dirais d’accepter. Si j’ai du respect pour le jeune ninja qui t’accompagne et pour tes deux coéquipiers blessés, je n’en ai aucun pour un homme qui a préféré se terrer alors qu’un enfant se sacrifiait sous ses yeux.
Voilà donc où voulait en venir le jonin.
— Tu es un chef d’escouade, les vies de tes subordonnés reposent sur tes épaules, tu n’as pas le droit de te montrer faible et lâche. Comprends-moi bien, si quelqu’un doit mourir en premier ici, c’est toi, pas tes coéquipiers.
Genma se tourna ensuite vers Yatogo, laissant sa colère éclater :
— Quant à toi ! Comment comptes-tu m’expliquer un geste aussi stupide ? Pourquoi n’es-tu pas rester cacher ? Tu as mis ton escouade entière en danger.
Le jeune ninja tressaillit, incapable de faire face à la fureur du jonin.
— Je voulais bien faire… murmura-t-il finalement.
— Bien faire ? Personne ne t’a appris à réfléchir avant d’agir ? Tu étais un homme mort au moment même où tu es sorti de ta cachette. Tu le sais aussi bien que moi, alors donne-moi une raison valable maintenant.
— Je refusais de mourir comme un lâche. Un ninja doit mourir dans la gloire d’un combat.
Pourquoi les jeunes ninjas étaient-ils aussi stupides ?
— Il n’y a aucune gloire à combattre, et encore moins à mourir gamin. La mort n’est pas quelque chose à célébrer.
— Alors je dois la craindre ? fit le chunnin avec un dégoût perceptible.
— Tu dois apprendre à l’éviter et à l’envisager, mais jamais tu ne dois courir pour rejoindre ses bras. La mort te fauchera bien assez tôt. Nous sommes des ninjas et la plupart d’entre nous mourra sur le terrain, c’est une vérité, mais tu peux être sûr que personne ne cherchera à se sacrifier pour la gloire. La vie est quelque chose que tu dois chérir et protéger, et cela vaut autant pour la tienne que pour celles de ceux qui t’entourent. Compris ?
Yagato hocha la tête d’un air coupable. Lui qui s’était attendu à des félicitations pour son geste, voilà qu’on le rabrouait pour sa stupidité. Genma n’avait pas tort cependant. Son geste avait été irréfléchi en plus d’avoir été motivé par une cause inutile.
— Je prends le premier tour de garde, déclara finalement le jonin, déjà fatigué mentalement par cette mission. Profitez-en pour vous reposer.
Il annula le jutsu qu’il avait utilisé sur le chef d’escouade et récupéra son senbon avant de sortir du repère. Naori s’élança pour le rejoindre, inquiète, mais Raido la stoppa dans son mouvement.
— Laisse-lui un peu de temps seul, il en a besoin, murmura-t-il à sa coéquipière.
— Mais…
— Crois-moi, tu n’arriveras à rien avec lui quand il s’énerve comme ça. Sans compter qu’il vaut mieux que personne ne remarque votre proximité.
— Je vais devoir le fuir pendant chacune de nos missions ? À quoi ça rime alors que la plupart des gens sont déjà au courant de notre relation ?
— Quand on sera en présence d’autres ninjas seulement. Votre relation ne pose pas de problème lorsque vous êtes de repos, mais en mission, elle n’a pas sa place, je peux te le garantir.
— Comment tu sais ça ?
— Parce que j’en ai déjà fait l’amer expérience.
-o-
Tamako frappa du pied, énervée. Pourquoi personne ne la prenait jamais au sérieux ? Était-ce dû à sa grande beauté ? À ses cheveux soyeux ? À ses pupilles d’émeraudes ? À son visage d’ange ? Elle avait toujours considéré son magnifique physique comme sa meilleure arme. Après tout, personne ne pouvait lui résister, et personne ne lui avait jamais résisté.
Personne sauf Genma. Ce foutu ninja. Comment avait-il osé l’ignorer après l’invasion ? Lorsqu’il était apparu sur le champ de bataille, et qu’il avait combattu le serpent, elle s’était prise à espérer qu’il vienne la réconforter. Comme un prince charmant qui l’aurait félicité pour ses actions. Pourtant, il n’avait pas eu un seul regard pour elle. Le jonin s’était contenté de l’ignorer, n’ayant d’yeux que pour ce fantôme qu’était N.
Pourquoi s’obstinait-il à fréquenter cette femme ? Elle avait entendu un ninja avec des lunettes noires parler de leur couple le lendemain de l’invasion, et jamais elle ne s’était sentie aussi en colère.
Tamako ne pouvait nier la puissance de cette kunoichi. Elle l’avait vu à l’œuvre et elle était forcée d’avouer n’avoir jamais rencontré de kunoichi aussi douée. Faire face à un serpent géant presque seule relevait de l’exploit. Tant de ninjas avaient essayé avant elle, sans parvenir à faire autre chose qu’être blessé.
La chunnin en était persuadée : la seule qualité de N résidait dans ses aptitudes aux combats. En dehors de cela, elle était une personne exécrable. Son caractère avait immédiatement créé une scission dans leur escouade pendant le tournoi chunnin. Elle avait osé manquer de respect à Bekkô sans aucun scrupule, lui ravissant la place de chef d’escouade en un claquement de doigts. Un véritable scandale selon la brune.
Elle était d’une laideur incroyable en plus de cela. Par l’ermite Rikudô, comment autant d'hommes pouvaient la dévorer des yeux ? Elle avait vu Yatogo la fixer sans cesse, rougissant comme l’adolescent qu’il était à chaque fois qu’elle lui parlait. C’était d’un ridicule. Elle avait entendu les blessés en parler entre eux, lorsqu’elle les avait accompagnés jusqu’à l’hôpital. L’ange à la chevelure blanche. C’était comme ça qu’ils l’avaient surnommé. Répugnant. Dire qu’ils avaient osé dire ça alors qu’elle se tenait à leur côté à ce moment-là. Étaient-ils tous aveugles pour ne pas comprendre qu’elle était la plus belle femme du village ?
C’était ce qu’on lui avait toujours répété d’ailleurs. Depuis sa plus tendre enfance, elle avait toujours été traitée comme une reine. Combien de fois lui avait-on dit que sa beauté la porterait bien plus loin que n’importe quelle autre qualité ? Combien de fois lui avait-on dit de s’en servir comme une arme ?
Elle aurait dû mettre ces conseils en pratique bien plus souvent. Elle avait voulu vivre comme tout le monde à Konoha. Devenir une kunoichi forte et respectée. Devenir indépendante. Elle avait tout fait pour s’en sortir. Pourtant, personne ne l’a prenait au sérieux.
Elle avait espéré qu’avec sa promotion en tant que chunnin, les choses allaient enfin changer, mais ce n’avait pas été le cas. On avait continué à la considérer comme une simple médic-nin, une kunoichi faible.
Quand on lui avait annoncé qu’elle rejoignait l’escouade de Genma Shiranui et de Raido Namiashi, elle avait cru qu’un nouvel avenir s’ouvrait enfin à elle. Loin de l’ombre dans laquelle on l’avait toujours plongée, elle allait enfin pouvoir entrer sur scène et briller. Elle avait sauté de joie. On lui offrait enfin sa chance. Elle allait intégrer une vraie escouade, celle de son idole. C’était un rêve qui se réalisait.
Sauf que rien ne s’était passé comme elle l’avait imaginé. Les deux jonins avaient fait un scandale lorsqu’on leur avait annoncé qu’elle serait leur nouvelle coéquipière. Genma l’avait regardé de haut, comme une moins que rien. Comme si elle n’était rien à ses yeux. Sur le coup, elle avait eu envie de hurler. De vomir tout ce que son estomac contenait.
Le reste de la mission avait été encore pire. C’était à peine s’ils lui parlaient. Souvent, elle les surprenait en pleine discussion sur une certaine “N”. Elle avait mis du temps pour comprendre qu’il s’agissait de leur ancienne coéquipière. Celle qu’elle remplaçait. Celle que Genma aimait. D’un amour bien trop fort qu’elle puisse espérer rivaliser avec.
Son pire cauchemar se réalisait. L’homme qu’elle vénérait depuis des années, celui qu’elle idolâtrait, courrait après une autre femme.
Tamako se crispa encore plus. On venait de lui annoncer son affectation à l’hôpital. Un véritable scandale. La faire travailler, elle, dans un tel lieu ? Là où personne ne pouvait la voir ? Qui avait pu avoir une telle idée ? Elle était une femme de terrain, pas une enfant qui se cachait à l’arrière. Elle refusait de passer son temps cloitrée dans un endroit rempli de malades et de blessée. Ça la répugnait.
— Tu n’as pas l’air de bonne humeur.
La chunnin releva la tête, sur ses gardes. Elle n’avait pas remarqué que quelqu’un se trouvait près d’elle. Justement, elle avait choisi cette ruelle parce qu’elle était déserte. Parce que personne ne pouvait remarquer qu’elle laissait tomber son masque de femme parfaite lorsqu’elle s’énervait.
— Je ne vois pas de quoi tu parles.
— Bien sûr. Après tout, tu ne grognes pas depuis que tu es entrée dans cette ruelle. Tu n’as pas les poings crispés. D’ailleurs, tu ne fronces pas les sourcils non plus, et tu ne tapes pas du pied !
Mais pour qui se prenait-il cet homme ? Tamako lui décocha un regard assassin. Pourquoi venait-il se mêler de ses affaires alors qu’ils ne s’étaient jamais rencontrés ? Elle avait beau chercher dans mémoire, elle était sûre de n’avoir jamais eu affaire à ce ninja. Pourtant, elle n’oubliait jamais rien, mais ce visage taillé à la serpe, ces yeux noirs transperçant, ce sourire foudroyant… Non, ça ne lui disait rien. Pas plus que ces cheveux blonds dans lesquelles il passait une main gantée.
— C’est d’hommage, une aussi jolie femme ne devrait pas s’énerver comme ça.
S’il y avait bien une chose que Tamako détestait, encore plus que le fait qu’on ne remarque pas sa beauté, c’était le fait qu’on ose lui dire ce qu’elle devait faire.
— Excuse-moi, je ne devrais pas te dire comment te comporter. On ne se connait pas après tout. Je ferais mieux de me retirer… Bonne chance pour régler tes problèmes.
Le ninja lui tourna le dos et se dirigea vers la sortie de la ruelle sans lui accorder un autre regard.
— Attends !
Qui était-il pour se comporter de cette façon avec elle ? Comment osait-il lui tourner le dos ? Elle allait lui montrer comment on devait traiter une femme comme elle.
Toujours le dos tourné, l’homme ne put retenir un immense sourire victorieux. Ça avait été d’une facilité déconcertante. Cette gamine était tellement lente d’esprit qu’elle n’avait remarqué le piège qu’il lui tendait. En à peine quelques phrases, il venait de ferrer sa proie.
-o-
— Voilà notre couple préféré !
Genma et Naori lui décochèrent un regard blasé. Aoba était un homme épuisant. Particulièrement le matin, au lever du soleil, après une nuit de combats sanglants.
— Il y aura un moment où tu cesseras de nous emmerder avec ça ?
Naori n’était décidément pas d’humeur. Les blessures qu’elle avait reçues durant les derniers affrontements ne semblaient pas vouloir disparaître et la faisait terriblement souffrir. Depuis quand son corps mettait plusieurs jours à soigner une simple côte cassée ?
— Jamais. Tu ne le sais peut-être pas, ma chère N, mais Genma a toujours été considéré comme un homme inatteignable à Konoha. Beaucoup ont essayé de le séduire, mais personne n’a jamais réussi ! Même moi, je n’ai pas réussi à le faire succomber, et ce n’est pas faute d’avoir essayé.
Genma grogna. Il n’avait pas eu son bol de céréales au réveil. Subir une discussion sur sa vie amoureuse dans ces conditions ne le tentait que peu.
— Tu m’en vois désolée, répondit la kunoichi avec ironie. D’ailleurs, c’est faux ce que tu racontes, il a été fiancé non ?
Elle se tourna vers son compagnon, en quête de réponse.
— On va vraiment parler de mon ex maintenant ?
— Je suis simplement curieuse. Tu n’en parles jamais.
Il soupira. Quand Naori avait quelque chose en tête, il était extrêmement difficile de l’en détourner.
— Oui, c’est vrai ça, tu n’en parles jamais ! Même quand tu t’es séparé d’elle, tu as mis des semaines avant de nous en dire plus ! ajouta Aoba.
Si Aoba s’y mettait lui aussi, c’était peine perdue pour le jonin, il n’avait aucune chance de s’en sortir sans une intervention divine.
— Une conversation sur Kaori alors qu’on vient à peine de se lever ? Tu as un mauvais karma Gen’.
Raido ne semblait pas décidé à lui venir en aide non plus. Il se tourna avec espoir vers Iwashi qui lui adressa simplement un sourire narquois. Pour une fois que ce n’était pas lui la cible de ses coéquipiers, il n’allait pas manquer une occasion de rire de son chef d’escouade !
— Vous êtes des traîtres les gars.
— Tu espérais vraiment du soutien de notre part ? lui demanda Raido. Désolé mec, mais N me fait bien plus peur que toi.
Il adressa un clin d’œil complice à coéquipière. Genma se demanda un instant si c’était vraiment une bonne chose pour lui que son meilleur ami s’entende si bien avec la femme qu’il aimait. Ce genre de situation risquait de se répéter trop souvent pour son propre bien.
— Alors ? le pressa Aoba, tout ouïe.
— Vous voulez savoir quoi ? abandonna Genma en s’écroulant dans l’unique fauteuil du repère.
— Pourquoi tu ne parles jamais d’elle ? lui demanda Naori.
Elle n’avait pas pour habitude de se mêler des affaires des autres, mais Genma était un cas particulier. Il cachait tant de chose sur son passé qu’elle passait son temps à se poser des questions sur lui.
— Parce que je ne vois pas l’intérêt de parler d’une histoire qui n’a jamais fonctionné. Mon histoire avec Kaori était vouée à l’échec dès son commencement. Et si je n’en parle jamais, c’est que cette histoire appartient à mon passé, et que c’est toi mon avenir N.
Comment faisait-il pour lui dire ça sans ciller un seul instant ? Comment faisait-il pour assumer une telle déclaration devant ses amis les plus proches ?
Naori s’approcha de lui, dans l’espoir d’un simple contact. Il n’y avait qu’eux dans le repère après tout, ils ne risquaient rien. Ce n’était certainement pas Aoba qui allait les trahir auprès de la hiérarchie, et ce, malgré sa fâcheuse habitude de se mêler de tout. Ce dernier se fit un plaisir de la retenir.
— Ne tombe pas dans son piège N ! Je sais que c’est dur de lui résister, surtout dans votre situation, mais si tu craques maintenant, on apprendra rien de plus.
Genma prit un air boudeur alors que Naori s’éloignait de lui avec un sourire désolé. Il aurait donné n’importe quoi pour un simple baiser après plus d’une semaine d’abstinence.
— Pourquoi tu t’es fiancé avec elle alors que tu n’avais “aucun sentiment” comme tu le dis ? demanda à son tour Raido.
Genma n’avait jamais abordé sa relation avec Kaori devant lui. Le jonin avait toujours été très silencieux en ce qui concernait son histoire avec la civile.
— J’étais jeune et stupide, fit simplement Genma. Je n’avais aucune idée des conséquences de mes actes et de la galère dans laquelle je me fourrais en acceptant de me fiancer avec elle.
Ce n’était que partiellement un mensonge, mais il n’était pas prêt à assumer certaine partie de sa vie. Surtout devant Naori. Il n’était pas encore prêt à lui dévoiler qui il avait vraiment été.
— Pourquoi tu as décidé de mettre un terme à ces fiançailles alors ? demanda Aoba.
Ils avaient donc décidé de le harceler jusqu’au bout avec cette histoire ?
— Je n’en pouvais plus de faire semblant, et son comportement avait totalement changé. Au début de notre relation, elle était facile à vivre, presque docile, toujours de bonne humeur. C’était un vrai réconfort de la retrouver après des missions difficiles… Mais lorsque j’ai accepté les fiançailles, elle a changé du tout au tout. Elle cherchait constamment à savoir où j’étais, et avec qui. Elle me suivait partout dès que je rentrais au village. Le pire, c’est qu’elle en est même venue à demander mes ordres de mission à Sarutobi. C’est à ce moment-là que j’ai décidé que ça devait cesser.
Le cœur de Naori se serra. Douce, docile, facile à vivre, réconfortante… Elle-même n’était rien de tout ça… Pourtant, c’était tout ce que Genma avait apprécié de Kaori. Un doute lancinant s’installa en elle.
— Je vais prendre un peu l’air, prévint-elle, soudainement. angoissée.
Un long silence suivit sa sortie. Finalement, Aoba reprit la parole :
— C’est peut-être pas plus mal que je n’ai jamais réussi à te séduire mec, t’es vraiment pas doué pour les relations.
— Qu’est-ce que j’ai fait encore ? s’emporta Genma, perdu.
— Tu viens de déclarer devant la femme qui t’aime que tu appréciais le caractère docile de ton ex, le fait qu’elle soit facile à vivre, et le réconfort qu’elle t’apportait après tes missions. Je ne sais pas si tu as déjà remarqué, mais N est loin d’être une femme docile et facile à vivre. C’est tout le contraire d’ailleurs, lui expliqua philosophiquement Iwashi.
Et merde. Il le savait, cette conversation ne pouvait que mal tourner. Parler d’une ex avec la femme qu’il aimait ne pouvait rien amener de bon. Pire que ça, il avait certainement blessé Naori sans même s’en rendre compte.
— Bordel… Vous faites chier aussi à vouloir me faire parler de ça ! Je dois faire quoi maintenant moi ?
— Aller la réconforter ! déclarèrent en cœur ses trois amis.
Au moins, ils étaient tous sur la même longueur d’onde. Il avait tendance à douter des conseils amoureux de Raido, qui était aussi mal placé que lui en ce qui concernait les relations. Cependant, Aoba était réputé pour être un véritable tombeur auprès de la gent masculine, et Iwashi avait réussi l’exploit de se marier. Rien ne lui paraissait plus logique que d’appliquer leur conseil dans ce cas-là.
Il sortit en trombe du repère, vérifiant tout de même qu’aucun danger n’était présent aux alentours. Il se dirigea vers l’un des coéquipiers d’Aoba, qui était de garde pendant cette matinée nuageuse.
— Tu n’aurais pas vu passer N ?
— Elle m’a dit qu’elle se rendait à la rivière.
— Merci.
Il se précipita à sa suite, espérant qu’elle ne s’était pas trop éloignée. Le repère se trouvait en haut d’une montagne, surplombant une vaste forêt comme il y en avait tant dans le pays du feu. Il n’était que rarement venu par ici, c’était l’une des frontières les plus éloignées de Konoha. Une des plus dangereuses aussi. Il fallait constamment deux hommes pendant les tours de garde, afin de surveiller les deux versants de la montagne.
La rivière, elle, se dessinait en contrebas. Elle se prélassait timidement dans un lit confortable, ne se réveillant que lorsque de terrifiants orages se déclenchaient. Dans ces moments-là, elle renonçait à son sommeil pour se transformer en un torrent indomptable. Son clapotis rassurant enflait aussi rapidement qu’une rumeur pour devenir un grondement qui résonnait dans toute la vallée. Il valait mieux ne pas être aux alentours lorsqu’elle sortait de son lit, ravageant tout sur son passage.
Ça avait dû être le cas peu avant leur arrivée. Le chemin était jonché de branches brisées, la terre était encore humide, les nuages présents dans le ciel ne l'aidant pas à s'assecher.
Genma fit attention à ne pas trébucher malgré tous les obstacles qui se dressaient sur son chemin. Naori ne pouvait pas être très loin, elle n’avait que quelques minutes d’avance sur lui, ses empreintes encore fraiches étaient facilement repérables dans la boue.
Il la trouva finalement assise sur un rocher, au bord de l’eau. Presque recroquevillé sur elle-même.
— Ce n’est pas prudent de t’éloigner autant, constata-t-il pour lui signaler sa présence.
Elle ne sursauta pas. Après tout, il n’avait pas cherché à cacher son arrivée, elle avait dû l’entendre écraser des feuilles sur son passage.
— J’avais besoin de me retrouver un peu seule.
Genma vint s’assoir près d’elle, jouant avec son senbon, sans savoir par quoi commencer.
— Je t’ai blessée ? lui demanda-t-il timidement.
— Non. Je ne suis pas si sensible que ça. C’est simplement que j’ai peur. Je me rends compte que je ne corresponds absolument pas à ce que tu recherches.
— Qui t’a dit que c’est ce que je recherche vraiment ?
— Tu l’as dit toi-même Gen. Tu aimais le fait qu’elle soit douce et docile.
— J’ai aussi dit que j’étais jeune et stupide. Ce que je voulais à l’époque n’a plus rien à voir avec ce que je cherche aujourd’hui. Tu es complètement différente d’elle, tu es même complètement différente de toutes les femmes que j’ai pu fréquenter, et c’est ce qui me plaît autant chez toi.
— Le fait que je sois une marginale ?
Naori haussa un sourcil sceptique. Espérait-il vraiment la rassurer en lui disant ça ? Genma soupira. S’exprimer sur ce genre de chose n’était pas son fort. Le faire avec Naori, dont les capacités relationnelles étaient assez limitées sur certains points, représentait un véritable défi.
— Le fait que tu sois unique. J’aime ton sale caractère, j’aime ton manque de patience, j’aime ta façon de t’emporter pour rien. J’aime aussi ton côté sauvage. Surtout, j’aime ton intelligence et ta détermination, autant que la douceur et la gentillesse dont tu peux faire preuve. En fait, j’aime autant tes défauts que tes qualités, et c’est ce qui te différencie de toutes les autres à mes yeux. J’ai beau avoir été fiancé avec cette folle de Kaori, ce que je ressens pour toi est mille fois plus important et fort à mes yeux.
— Alors tu ne regrettes pas que je t’apporte aucun réconfort après tes missions ?
Il ne pouvait nier que son manque de compassion chronique pouvait être handicapant dans certain cas, pourtant…
— Je n’ai pas besoin de réconfort après mes missions, puisque tu es à mes côtés pendant.
C’était entièrement vrai. Depuis qu’elle avait intégré leur escouade, il n’envisageait plus ses retours à Konoha de la même manière. Il n’avait plus ce sentiment pesant de perdre un peu plus son humanité à chaque fois. Il n’était plus hanté par les hurlements de ses victimes qu’il entendait chaque nuit depuis des années. Naori l’apaisait bien plus que n’importe quel traitement médicamenteux. Et pourtant, il en avait essayé un bon nombre.
— Je ne comprends pas, déclara finalement la kunoichi.
— Qu’est-ce que tu ne comprends pas ?
— Pourquoi tu m’influences autant. Comment tu fais pour me terrifier, en à peine quelques secondes, pour ensuite me rendre plus heureuse que n’importe qui ? Dès que ça te concerne, je surréagis sans réfléchir.
Il lui adressa un sourire ravi. Naori était bien pire que lui en ce qui concernait l’expression de ses sentiments. Elle ne lui faisait jamais de déclaration. Elle ne mettait jamais de mots sur ce qu’elle pouvait ressentir. À vrai dire, il s’était parfois demandé ce qu’elle éprouvait pour lui. Sauf que tout ça n’avait aucune importance. Bien plus que ses mots, c’était ses actions qui lui prouvaient l’importance de leur relation. Qui lui prouvait l’importance qu’il avait à ses yeux.
Naori n’était pas une femme à surréagir pour une romance quelconque. Elle n’était pas du genre à être affectée par des paroles stupides, et encore moins à avoir peur du passé. Qu’elle s’inquiète autant pour ce qu’il pouvait penser d’elle le charmait encore plus.
— Te rendre heureuse est la seule chose que je souhaite, ma belle.
Genma ne prit pas la peine de jeter un coup d’œil aux alentours. Il se moquait qu’on l’observe et que l’on surprenne son acte. Il était prêt à l’assumer sans ciller. Ses mains entourèrent le visage de subordonnée, la forçant à le regarder dans les yeux. Il voulait qu’elle lise dans ses pupilles tout ce qu’il pouvait ressentir pour elle. Qu’elle se rende compte qu’elle n’avait aucune inquiétude à avoir.
Quand il vit la tempête qui hantait son regard doré s’apaiser enfin, il vint sceller leurs lèvres dans un baiser aux mille promesses. Un baiser si passionné qu’il les laissa essoufflés alors que leurs corps se séparaient à regret
— Moi aussi, lui murmura simplement Naori en mordillant sa lèvre inférieure.
Cette femme aurait sa perte. Il en était persuadé.
Ils restèrent l’un à côté de l’autre pendant quelques minutes encore, silencieux, les mains unies. Ils avaient besoin de ce moment rien qu’à eux.
— Vous devriez revenir les gars, les hommes de Aoba ont repéré du mouvement à l’Est.
Raido se tenait dans leur dos, l’air inquiet, les bras croisés. Aucun d’eux ne l’avait entendu arriver.
— Merde, se contenta de répondre Genma.
Un nouvel affrontement ne le tentait pas plus que ça. Il se leva, avant de tendre la main à sa coéquipière pour l’aider.
— Tu ne nous fais aucun reproche Rai’ ? demanda Naori.
Il était celui qui leur avait répété, tout au long de leur mission, l’importance de ne pas se montrer trop proche.
— Tu sais déjà ce que j’en pense. Vous le savez tous les deux. Vous vous mettez en danger lorsque vous vous affichez à la vue de tous. N’importe qui d’autre aurait pu vous surprendre ici… Après… J’aimerais bien vous sermonner un peu plus longuement, mais je sais que ça ne servirait à rien. Vous aviez besoin de ce moment ensemble, et fou aurait été celui qui aurait voulu vous en priver.
Il ne put s’empêcher de passer sa main sur sa cicatrice. Voir Naori et Genma ensemble pendant une mission lui rappelait tant de souvenir. Il se revoyait, jeune et stupide, faire de même avec Hotaru. Il se revoyait la tenir dans ses bras, l’embrasser, la chérir comme il n’avait jamais chéri qui que ce soit.
Ils atteignirent le repère en quelques minutes à peine. Les autres se préparaient déjà au combat, une tension manifeste se dégageant de leurs corps.
— Combien sont-ils ? demanda Genma à Aoba en resserrant son bandana.
— Une quinzaine. Tous atteints par le sceau maudit. Le combat va être rude.
— J’ai confiance en nos hommes. Tout se passera bien, et d’ici demain, on reprendra la route.
Aoba le fixa, bien plus sérieux que d’habitude.
— Tu as changé ces derniers mois, tu es bien plus confiant qu’avant. L’arrivée de N dans ta vie est une bonne chose, lui confia-t-il à voix basse.
— Tu n’es pas trop jaloux ?
L’homme à lunettes n’avait jamais caché l’attirance qu’il avait pour le ninja au senbon. Il avait tenté bien des fois de le séduire, sans jamais réussir.
— Non, j’ai fini par me faire à l’idée que je ne t’attirais pas. Sans compter que N te rend bien plus heureux que je ne pourrais jamais le faire. Je préfère te savoir avec elle.
— Quand vous aurez fini de discuter amourettes, vous pourriez nous annoncer votre plan, intervint peu subtilement Raido.
— On fait comme toujours : on élimine tout le monde et on s’arrange pour en ressortir avec le moins de blessures possibles. Ça te va comme plan ?
Genma, en tant que plus haut gradé, lui avait annoncé ceci avec un immense sourire. Le balafré soupira, dépité. Ce combat s’annonçait encore une fois épuisant.
-o-
— On s’en est plutôt bien sorti pendant cette mission non ?
— Plutôt oui, aussi peu de blessures sérieuses, c’est rare dans des missions de rang S.
— Gen’, tu dis ça alors que tu portes sur ton dos N, qui ne peut plus marcher. Techniquement, j’appellerai ça une blessure sérieuse.
En soit, Raido n’avait pas tort. La jeune femme s’était foulé le pied durant leur dernier combat. Elle ne s’en était pas particulièrement inquiétée jusqu’à ce qu’elle se rende compte que son jutsu n’agissait plus. Elle ne parvenait plus à poser son pied au sol, pour son plus grand désarroi.
— Comment expliques- tu le fait que ton corps ne se soigne pas tout seul d’ailleurs ? s’inquiéta Iwashi.
— Aucune idée, j’imagine que je manque de chakra…
Elle ne pouvait rien faire si ce n’était éluder la question. Elle ne lui mentait pas réellement, elle ne savait absolument pas ce qui clochait… Son corps ne lui avait jamais fait défaut jusqu’ici, elle ne comprenait pas pourquoi elle ne parvenait plus à se soigner. Sans compter qu’elle était loin d’être à court de chakra.
Genma devait s’en douter puisqu’il resserra sa poigne sur elle. Il la connaissait mieux que quiconque et savait très bien qu’elle était loin d’avoir atteint ses limites.
— Voyons le bon côté des choses, lui murmura la jeune femme. J’ai presque l’impression de te faire un câlin en étant comme ça.
— Avec un peu de chance, on pourra s’en faire un vrai dans très peu de temps.
Il n’avait pas tort. Les contours de Konoha se dessinaient enfin sous leurs yeux fatigués après plus de deux semaines de combats intenses.
Il leur fallut une bonne heure de marche avant d’arriver dans l’hôpital de Konoha. Le changement leur sauta aux yeux. Il n’y régnait plus l’agitation qu’ils avaient connus après l’invasion. Personne ne hurlait ou ne courrait dans tous les sens. Personne ne pleurait non plus. Il y régnait la douce quiétude des jours de paix.
Si loin de la réalité… songea Genma.
— Iwashi, tu peux rentrer voir ta famille, autant que tu profites un peu avant de repartir en mission.
— Merci Gen’.
Le chunnin disparut en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire alors que ces coéquipiers se contentaient de l’envier. Il n’était pas un grand guerrier, loin de là. Il était même parfois un poids mort pour leur escouade, pourtant, aucun d’eux ne souhaitait un autre coéquipier. Iwashi s’accordait à merveille avec eux, obéissant aux ordres sans discuter et apportant une légèreté bienvenue lors des pires moments. Son rôle de père dans la vie civile se répercutait souvent sur l’escouade, au plus grand bonheur des trois jonins qui se sentaint choyés malgré les combats constants.
— On ne devrait pas faire notre rapport avant de faire soigner N, demanda Raido.
— Tu n’es pas pressé de voir Lyra ? Elle va être déçue… s’amusa Genma.
— Gen’...
Le jonin au senbon se stoppa dans l’escalier qu’il grimpait. Il était bien plus sérieux lorsqu’il reprit :
— La santé de N passe avant tout.
— Ça me touche, mais Raido a raison, on devrait faire notre rapport avant de s’occuper de ça.
— Ton jutsu ne fonctionne plus alors que tu n’es aucunement en rupture de chakra, je veux l’avis de Lyra avant de faire quoi que ce soit.
Ils arrivèrent dans le bureau de la rousse en quelques minutes. Genma ne prit pas la peine de frapper avant d’y entrer.
Lyra était plongée dans les rapports de soin lorsqu’elle entendit sa porte s’ouvrir. Elle ne chercha pas à relever la tête pour vérifier l’identité des intrus. Seuls certains rustres de sa connaissance rentraient chez les gens sans s’être annoncés ou sans y avoir été invités.
— Lequel de vous trois ? demanda froidement la médic-nin.
— Moi, s’amusa Naori.
La rousse releva la tête, intriguée. Naori n’avait jamais de blessure légère. Lorsqu’elle se retrouvait à l’hôpital, s’était pour des blessures qui auraient coûté la vie à n’importe quel autre ninja. Son corps se chargeait de soigner le reste.
Genma déposa sa subordonnée sur la table d’analyse avant de s’écrouler sur un des fauteuils, épuisé.
— Depuis quand tu as besoin de soin toi ? grogna Lyra.
— Mon jutsu ne fonctionne plus.
— Tu débordes de chakra pourtant…
— Tu comptes me soigner ou tu vas continuer à m’expliquer des choses que je sais déjà ?
Lyra leva les yeux au ciel avant de sortir de son fauteuil pour analyser les blessures de la kunoichi.
— La prochaine fois qu’elle ne peut plus marcher, abandonne-la sur le bord de la route, ça nous fera un peu de vacances… fit-elle en passant près de Genma.
Raido, sagement resté dans un coin de la pièce, ne put s’empêcher de sourire. Le sale caractère de leur amie lui avait manqué. Autant que son regard gris perçant qui le fixait à présent.
— Rai’ peut rester, il est au courant pour les sceaux.
C’était donc ça. Pendant un instant, il avait espéré qu’elle le dévisageait pour autre chose. Parce qu’il lui avait manqué, par exemple. Sauf que ce n’était pas le cas. Il s’appliqua à masquer sa déception, en vain.
— Tu les as ouverts pendant votre mission ?
— Non. Je n’ai rien fait depuis que je t’ai aidé à soigner les blessés de l’invasion.
Lyra grogna. Cela n’était pas bon signe. Il ne lui fallut pourtant que peu de temps pour soigner les blessures de la jonin avant de l’analyser rapidement.
— Ce n’est pas que ton jutsu ne fonctionne pas, c’est qu’il fonctionne au ralentit. Comme si ton corps le forçait à disparaître. Je ne pourrais pas en connaître la cause sans de plus longues analyses, malheureusement. Vous avez un peu de temps pour rester ?
— Non, on doit faire notre rapport de mission. Si N peut marcher, on a plus le choix d’y aller maintenant, avoua à regret Genma.
Il jouait avec les limites de ses ordres en emmenant Naori à l’hôpital au lieu de faire son rapport.
Lyra hocha la tête avant de fouiller dans un tiroir de son bureau. Elle en sortit une seringue qu’elle planta dans le bras de Naori après l’avoir désinfecté. Elle la retira et la plaça dans un sachet après avoir retiré suffisamment de sang.
— Fais pas cette tête-là Gen’, c’est même pas toi qu’elle a piqué, s’amusa Naori.
— Ça me répugne. Enfin, si tu as fini, Lyr’, on va te laisser. À plus tard !
Il aida sa subordonnée à se relever avant de sortir du bureau avec elle.
— Raido.
Le balafré se retourna alors qu’il s’apprêtait lui aussi à franchir la porte.
— Oui ?
La rousse s’était dangereusement approchée de lui, faisant battre son cœur bien trop rapidement.
— Je suis contente que tu sois rentré sain et sauf.
Il connaissait assez la médic-nin pour savoir combien lui coûtait une telle déclaration. Il lui accorda un immense sourire soulagé.
— Et moi, je suis content de te revoir, lui avoua-t-il à son tour. On se voit plus tard ?
— Avec plaisir.
-o-
— Félicitations pour le succès de votre mission !
Recevoir des félicitations des Anciens et de Danzô relevait de l’exploit. Genma les fixait, étonné. Cela cachait forcément quelque chose.
— Vous pourrez récupérer votre solde au bureau des comptes….
“Vous pouvez disposer”. C’était la phrase qui devait suivre. Ça avait toujours été le cas, depuis qu’il était devenu un ninja.
— Voici votre prochain ordre de mission, de rang A. Vous partirez dès que vous serez prêts.
Genma fronça les sourcils.
— Nous n’avons pas le droit à des jours de récupération après une aussi longue mission de rang S ?
— Nous sommes en temps de guerre Shiranui. Êtes-vous devenu ninja pour vous reposer ou pour protéger votre pays ? provoqua Danzô.
— Ça va vous bien de dire ça, depuis combien de temps vous n’avez pas combattu Shimura ? Votre vieux corps est-il encore capable de ne lancer ne serait-ce qu’un kunaï ? s’emporta N.
— On ne devrait pas autoriser un être comme vous à s’exprimer. Sale engeance.
Le chakra de Naori explosa dans la pièce, terrifiant de puissance.
— Ça suffit ! s’énerva Homura. Commandant Shiranui, veuillez tenir vos hommes, vous n’êtes pas sur le terrain ici.
Genma grogna. Il se retenait à grande peine lui aussi. L’envie de pulvériser Danzô contre un mur était forte. Il se calma cependant, avant de saisir le rouleau de parchemin que lui tendait l’Ancien.
Raido observait son meilleur ami alors qu’il lisait les ordres de mission. Il s’inquiéta lorsqu’il le vit pâlir. Genma était plus blanc qu’un cadavre lorsqu’il reprit parole :
— Nous refusons cette mission.
Comment ça ? Depuis quand Genma refusait des missions ? À moins que…
— Vous n’en avez pas la possibilité. Le village est en manque d’effectif, nous n’acceptons plus les refus de missions.
Le jonin lui décocha un regard tueur.
— Je n’en serais pas le commandant dans ce cas-là. N s’en chargera.
N ? Raido le fixa, intrigué. Pourquoi ne le désignait-il pas comme commandant à sa place ? Cela ne pouvait vouloir dire qu’une chose… Du coin de l’œil, il aperçut le sourire victorieux de Danzô. Cet enfoiré avait osé.
— Cette jeune femme nous a montré le peu de qualité qu’elle a en tant que chef d’escouade pendant l’invasion. Elle n’a pas les épaules pour assurer ce rôle pendant une telle mission. Ce sera vous, ou Namiashi.
Naori ne prit pas la peine de s’énerver une nouvelle fois. Homura avait raison, elle faisait une piètre leadeuse.
Genma ferma les yeux, paniqué. Il ne pouvait imposer une telle chose à son meilleur ami.
— Je m’en chargerai.
Raido l’avait devancé.
Ils sortirent de la demeure quelques instants plus tard, silencieux. Par habitude, ils grimpèrent sur les toits afin de se mettre à l’abri des regards.
— Vous comptez m’expliquer ce qu’il se passe ?
Jamais Naori n’avait vu ses coéquipiers dans un tel état de détresse. Genma semblait être en proie à une peur sans fondement alors que Raido avait l’air plus perdu que jamais. Ce dernier lui tendit le parchemin sur lequel étaient notés les détails de la mission. Naori, fixa l’intitulé sans comprendre.
“ Protection de la demeure du seigneur Shiranui”
Elle lâcha le parchemin sur le sol.
______
Qui c'est qui a encore écrit un pavé beaucoup trop long ? C'est moi \o/
C'est fou, ce chapitre ne m'inspirait absolument pas la base, mais le fait de pouvoir faire interagir autant de personnages, c'était particulièrement cool !
J'ai un gros coup de cœur sur le passage avec Aoba d'ailleurs *-*
J'ai hâte d'avoir vos avis en tout cas !
J'en profite aussi pour vous montrer ce sublime Fan art de -PierreDeLune-
J'en suis totalement fan et ça me touche tellement, alors un immense merci à toi ❤️
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top