Chapitre 13 : Conflits
L'esclave évita de justesse un éclat de verre. Au moins, celui-ci avait des réflexes, songea l'homme. Il se força à respirer lentement. Dire qu'il aimait garder son calme en toute circonstance... Son accès de rage avait été aussi inattendu que violent. Il regarda autour de lui, prenant conscience des dégâts qu'il avait causés. Deux esclaves étaient étendus sur le sol en pierre grise. Morts. Il avait également pulvérisé une quantité considérable de fioles et de flasques, répandant du verre dans toute la salle.
Il claqua des doigts et deux femmes, des esclaves, elles aussi, vinrent nettoyer l'endroit. Les corps étaient emmenés dans la morgue, comme toujours. Un esclave pouvait être bien plus utile mort que vivant dans certains cas. Il ne comptait plus tous ceux qu'il avait tué, il savait néanmoins que son Maître ne lui en tenait jamais rigueur. Des cadavres frais étaient essentiels pour leurs recherches.
Son Maître se montrait cependant bien moins magnanime envers ceux qui échouaient à se montrer à la hauteur de leur mission, et justement, il avait échoué. Plusieurs fois. Deux de ses espions lui avaient confirmé la survie du n°317 et de ses coéquipiers. C'était cette nouvelle qui l'avait mis hors de lui. De quel droit cette sale esclave se permettait-elle de survivre ? Le Maître avait été clair : sa mort était l'un des points les plus importants du plan. C'était pour ça qu'on lui avait confié cette tâche, à lui, et à personne d'autre. Il était le plus puissant des lieutenants, personne ne lui arrivait à la cheville.
Ça ne l'avait pourtant pas empêché d'échouer par deux fois. Le premier échec remontait à six mois, il avait sous-estimé sa cible et n'avait envoyé qu'un sous-fifre pour l'exécuter. Ça avait été une grossière erreur de sa part. Quant au second échec... Il n'en revenait pas. Comment avaient-ils pu lui échapper ? Même s'ils avaient éliminé plusieurs escouades, il était sûr de les avoir eu avec son jutsu Doton ! Les esclaves avaient même fouillé les alentours ! Était-ce ces incapables qui ne les avaient pas repérés, ou étaient-ce eux qui avaient réussi à disparaître sans laisser de traces, et en seulement quelques fractions de secondes ?
Il tenta de se calmer, ne souhaitant pas repartir dans une de ses crises de rage habituelles. Il était essentiel qu'il se trouve une bonne excuse pour expliquer ses échecs consécutifs devant le Maître. Sans cela, il était presque sûr de subir le même sort que tous ceux qui avaient échoué dans les tâches qui leur avaient été confiées. La mort. Il ne se sentait pas prêt à accepter un tel châtiment, et ce, même s'il savait que le jour où il avait confié sa vie à son Maître, il n'avait plus aucune emprise sur elle.
Un homme vint le prévenir que le Maître l'attendait. Déjà. Il souffla, déjà épuisé par ce qui allait suivre. Une entrevue avec le Maître, après un échec, n'était jamais bon signe. Il suivit l'homme, sans prononcer le moindre mot. Ses mains étaient moites. Il mit du temps à comprendre pourquoi. La réponse s'imposa à son esprit, évidente. Il était simplement terrorisé par ce qui allait se passer.
-o-
Raido posa son regard sur son coéquipier. Il ne savait que dire. Genma n'était que le pâle reflet de lui-même depuis qu'ils étaient revenus de mission. Depuis que N avait disparu. Il était rongé par ses regrets. Par son inquiétude aussi. Prostré dans un des fauteuils du salon, c'était tout juste s'il s'était levé plus d'une fois ces derniers jours.
— Gen'... Il faut que tu te ressaisisses...
— Pourquoi ? N n'est plus là de toute façon.
Sa voix était rauque, presque aussi usée que lui. Il ne pleurait pas devant lui, sa fierté l'en empêchait, mais les nuits de Raido étaient rythmés par les sanglots désespérés de son meilleur ami. Il ne savait que faire pour l'aider. Cela faisait presque quinze ans qu'il ne l'avait pas vu dans cet état-là. Ça lui rappelait la pire époque de leurs vies. Ces moments où tout semblait sans espoir, où continuer n'avait plus de sens. Comment avaient-ils pu s'en sortir ? Il se le demanderait toujours. Peut-être était-ce simplement la Volonté du feu qui les avait poussés à continuer ? Ou alors était-ce cette promesse qu'ils avaient tous les deux faite.
— Parce qu'on lui a juré de ne jamais faiblir. De ne jamais abandonner.
— Elle est morte depuis presque quinze ans. Cette promesse n'a plus aucun sens maintenant, répondit Genma d'un air blasé.
— Elle en aura tant que je lui en donnerai ! Tu crois qu'elle te laisserait te conduire comme ça si elle était encore là ?
Parler d'elle était risqué. C'était un sujet qu'ils n'abordaient jamais tous les deux. Sans qu'ils ne l'aient jamais évoqué, une sorte de pacte s'était établi entre les deux hommes. Évoquer son souvenir était interdit. La douleur était trop grande.
— Elle est morte bordel ! C'est moi qui ai ramené son corps, c'est moi qui l'ai enterré ! Alors ne parle pas d'elle, parce qu'elle n'est plus là !
— Elle s'est sacrifiée pour que nous puissions vivre Gen'. C'est ton devoir de continuer à avancer sans jamais t'arrêter.
Raido regrettait presque le ton dur qu'il avait employé. Au vu de l'état de Genma, lui rappeler tels souvenirs maintenant n'était peut-être pas une bonne idée. Pourtant, c'était la première fois qu'il arrivait presque à établir un dialogue avec son colocataire depuis que N n'était plus là. Il s'obligea à se radoucir un peu. Le brusquer ne le mènerait à rien.
— Elle ne t'aurait jamais laissé abandonner. Elle n'est peut-être plus parmi nous, mais moi si. Je ne te laisserais pas tomber Gen'. Jamais. Alors, s'il te plait, redeviens toi-même.
C'était presque une supplication. Genma en avait parfaitement conscience. Il savait aussi que Raido avait raison. Il n'avait pas le droit de flancher. Pour elle et pour lui aussi. Ne jamais abandonner, quoiqu'il puisse arriver. C'était comme ça qu'ils avaient réussi à surmonter sa mort. C'était aussi comme ça qu'il allait devoir remonter la pente après le départ de N.
Il n'eut le temps d'y réfléchir plus longtemps. La tignasse argentée de Kakashi apparu à la fenêtre. Raido alla lui ouvrir, alors que Genma se redressa, curieux de savoir ce qui menait le ninja copieur par ici.
— Tu as des nouvelles de N ? lui demanda-t-il alors que Kakashi eût à peine franchi la fenêtre.
— Toujours rien.
— Tu penses qu'elle a osé... lui-même n'osait pas finir sa phrase.
— Déserter ? Non. Tu m'aurais demandé ça il y a huit mois, avant qu'elle vous connaisse, je t'aurais dit "oui" sans hésiter une seule seconde. Sauf qu'elle s'est transformée depuis qu'elle vous a rencontrés. Même si vous vous êtes disputés elle et toi, elle reviendra. J'en suis sûr. En plus, si elle avait vraiment déserté, Danzô en aurait sûrement profité pour la faire éliminer immédiatement. Je soupçonne plutôt le vieux singe de l'avoir éloignée du village pour quelque temps.
— Pourquoi Sarutobi aurait fait ça ? demanda Raido.
— À cause de l'examen. Il y a eu un souci. Orochimaru a refait surface.
Les visages des deux colocataires se fermèrent de la même façon. Si Orochimaru était de retour, ça ne valait rien de bon pour Konoha.
— Quel est le rapport avec N ? Elle a disparu avant qu'Orochimaru ne refasse surface non ? souligna Genma.
— N est en danger à partir du moment où des étrangers sont présents dans le village. Sarutobi a dû remarquer les tensions dans votre équipe, il est vieux, mais pas aveugle. Si aucun de nous trois n'est disponible pour la protéger, alors elle courra moins de risque en dehors du village, en mission secrète, qu'à attendre ici où n'importe qui peut l'atteindre. Quant à Orochimaru... J'imagine que les expériences que N a subies pendant son enfance ne lui sont pas étrangères.
Genma opina. Kakashi avait entièrement raison. L'angoisse qu'il ressentait pour la jeune femme s'en trouva décuplée. Il savait très bien que s'il lui arrivait quelque chose, il n'arriverait jamais à s'en remettre. Elle comptait bien trop pour lui.
— Enfin bref, si je suis ici, ce n'est pas pour parler de N, mais parce que j'ai besoin de ton aide Genma, enchaîna Kakashi.
— Mon aide ? répondit-il, étonné.
— Tu es le ninja le plus doué en matière de scellement et de fûinjutsu dans le village. J'ai besoin de ton expertise, l'un de mes genins a été attaqué par Orochimaru... Il lui a apposé la marque maudite.
— Naruto ?
— Sasuke Uchiha. Il s'agit de la même marque que celle que ce serpent avait fait à Anko.
Genma grogna. Il avait vu le calvaire qu'Anko avait subi dans sa jeunesse. La jeune femme avait été l'élève d'Orochimaru avant qu'il ne déserte le village. Les traces qu'il avait laissées sur elle étaient encore bien ancrées malgré les années passées.
— Pourquoi ne pas le laisser apprendre à s'en servir ? Anko a bien réussi à maîtriser la marque, un héritier des Uchiha doit en être capable lui aussi.
— Un hériter rongé par la haine et par le besoin de vengeance. Ce gosse est instable avec ce qui est arrivé à sa famille... Si on le laisse utiliser la marque, il deviendra une véritable bombe à retardement ! Tu veux bien me donner un coup de main alors ?
L'homme au senbon ne prit pas très longtemps pour se décider. Malgré son envie de se blottir dans son lit pour le restant de sa vie, il savait qu'il n'était pas capable de laisser Kakashi se débrouiller seul. Minato lui en aurait voulu de ne pas soutenir son ancien élève.
— Laisse-moi le temps de me préparer et je viens t'aider.
Le ninja copieur acquiesça, soulagé, alors que Genma s'éclipsait du salon.
— Il a l'air dans un piteux état, constata Kakashi à voix basse.
— Genma ? Tu ne crois pas si bien dire. Je ne l'avais pas revu comme ça depuis la dernière guerre, lui répondit Raido
— Il ne s'en est jamais remis, n'est-ce-pas ?
— Personne ne s'en est remis. Même pas toi.
— Effectivement, mais je crois que peu ont perdu autant que lui pendant cette guerre... Heureusement que Minato a été là pour le prendre sous son aile après.
— Heureusement qu'il était là pour nous tous... Tu n'as vraiment pas de nouvelle de N ? fit-il en changeant totalement de sujet.
— Rien du tout... Elle a disparu sans laisser le moindre indice, mais Lyra ne semble pas inquiète. D'après elle, c'est habituel pour N de disparaître comme ça. Elle m'a dit qu'elle faisait toujours ça lorsqu'elle est triste. Qu'est-ce qu'il s'est passé entre les deux ?
— Disons qu'il y a eu une avalanche de quiproquo qui a mené N à croire que Genma la manipule depuis qu'ils se connaissent et qu'il n'a jamais rien ressenti pour elle.
— Tu rigoles ? s'exclama Kakashi, plus fort qu'il ne l'aurait voulu. Cette femme est irrécupérable...
— Tu ajoutes à ça Sarutobi qui nous oblige à prendre dans l'escouade une chunnin manipulatrice et allumeuse à la place de N, et N qui nous tombe dessus au moment où elle tente de draguer Genma, et tu as un aperçu de ce qu'il peut se passer dans l'esprit de N.
— Donc tu es en train de me dire qu'elle est persuadée que Genma la déteste, qu'il a demandé à la remplacer dans votre escouade et qu'en plus de ça, il l'a aussi remplacé sentimentalement ? résuma le ninja copieur devant Raido qui opinait. Tu m'étonnes qu'elle ait disparu après ça... J'espère qu'elle reviendra vite.
De son côté, Genma se débarrassa rapidement de ses vêtements avant de se glisser sous l'eau brûlante de la douche. Il en avait bien besoin après des jours entiers passés à déprimer. Avec le retour d'Orochimaru à Konoha, la paix du village était menacée. Il ne pouvait se permettre d'être distrait par ses histoires de cœur.
Des histoires de cœur. Pouvait-il vraiment appeler sa relation avec N de cette façon ? Elle était bien plus qu'une simple histoire. Jamais il n'avait autant eu une femme dans la peau. Il ne se passait pas une minute sans que ses pensées ne se tournent vers elle. Même maintenant, alors que l'eau brûlait son épiderme, seule N comptait.
Quelques larmes se mêlèrent à l'eau de la douche. Il devait vraiment se ressaisir.
Cinq minutes plus tard, il se retrouva devant le miroir de la salle de bain, l'air épuisé, ses cheveux châtains tombant devant son visage, une serviette enroulée autour de sa taille. Il se sécha rapidement avant d'enfiler sa tenue de jonin et d'attacher son bandana sur son crâne. Il s'entraîna à reprendre son expression habituelle de ninja blasé par les événements. Montrer ses sentiments à d'autres que Raido n'était pas concevable. Il devait rester le ninja nonchalant que tous connaissaient. Enfin, alors qu'il était satisfait de son expression, il attrapa un senbon qu'il glissa entre ses lèvres. Il était prêt à rejoindre Kakashi et à s'atteler aux recherches sur la marque maudite.
-o-
N observait distraitement le tableau qui s'animait devant elle. Cette mission d'espionnage était d'un ennui profond, et à ce rythme-là elle n'était pas près de remettre un pied à Konoha. Elle songea amèrement à la date du jour. Le 17 juillet. L'anniversaire de Genma. Ses trente ans. Elle qui avait pensé être à ses côtés pour ce jour si particulier, c'était loupé. La douleur qu'elle ressentait constamment dans sa poitrine depuis leur dernière entrevue se raviva. Elle ne disparaissait jamais véritablement, malheureusement pour la médic-nin. Mais parfois, elle réussissait à faire suffisamment le vide dans son esprit pour oublier le jonin au senbon. Ça ne durait jamais longtemps. Une petite voix sans sa tête semblait prendre un malin plaisir à lui rappeler l'existence de ses anciens coéquipiers.
Elle n'avait pu se résoudre à jeter son cadeau pour son ex-chef d'escouade. Ce geste aurait marqué la véritable fin de sa relation avec Genma. Malgré toute la rancœur qu'elle ressentait, elle n'avait pas été capable de faire ça. Elle avait confié son présent à Yûgao. Elle savait qu'elle pouvait faire confiance à la jeune femme pour lui remettre discrètement. Même si celle-ci avait tenté de la dissuader de partir en mission seule, elle ne la trahirait pas, N en était persuadé.
Elle aurait pu confier cette tâche à Lyra, mais elle n'avait pas osé l'affronter. Voir une fois de plus la déception dans le regard de la rousse l'aurait détruit. Elle savait pertinemment que son amie l'aurait regardé avec mépris si elle lui avait expliqué les raisons de son départ. Réfléchir avant d'agir. C'était ce que lui répétait Lyra à longueur de journée depuis qu'elles s'étaient rencontrées. C'était aussi tout le contraire de N. Si elle avait réfléchi un peu plus longtemps, elle aurait laissé Genma s'expliquer au lieu de l'attaquer et de le laisser assommer sur un toit.
À croire que faire des mauvais choix était son crédo. Elle aurait aussi dû tenter de parler avec Raido. Il était la voix de la raison après tout. Si quelqu'un avait assez de légitimité pour la remettre sur le droit chemin, c'était bien lui. Sauf que lui aussi avait été déçu plusieurs fois par son comportement.
Restait Kakashi. Celui qu'elle considérait comme un frère. Elle se sentait terriblement coupable d'être partie de cette façon, sans lui donner la moindre nouvelle. Quelle amie était-elle pour faire ce genre de chose ? Elle avait mis des mois à apprivoiser le ninja copieur, et voilà qu'elle risquait son amitié en disparaissant du jour au lendemain sans lui laisser la moindre piste.
Sa propre lâcheté l'écœurait.
Dire qu'elle faisait tout ça seulement pour ne pas être jugée par les gens qu'elle aimait.
Perchée en haut d'un poteau, éclairée par la pleine lune, les cheveux agités par des bourrasques, elle se sentait plus seule que jamais.
-o-
— Essaye de faire semblant d'apprécier, cette fête est pour toi je te rappelle, murmura Raido.
— Est-ce qu'un jour, ils finiront par comprendre que je déteste fêter mon anniversaire ? protesta Genma.
— Non. Et puis, c'est Gai qui a organisé ça. Tu sais aussi bien que moi qu'il est un peu lent d'esprit quand il le décide. En plus c'est tes trente ans, il n'allait pas passer à côté de l'occasion de faire la fête, surtout après ce qu'il s'est passé pendant la seconde phase de l'examen chunnin.
Les pensées des deux jonins se tournèrent vers Gai et son genin favori, Lee. Le pauvre s'était fait massacrer par l'un des genins venant de Suna. Le contre-coup avait dû être dur pour son senseï.
Leur propre examen chunnin remontait à longtemps maintenant. Leur épreuve avait également eu lieu dans la forêt de la mort et Genma se rappelait très bien son affrontement contre l'escouade de Kakashi. Rin et Obito, ses coéquipiers, étaient encore vivants en ce temps-là. Il avait pu dominer Obito sans trop de problème, mais Ebisu peinait à tenir face à Rin. Quant à Kakashi et Gai, le combat avait fait tellement de dégât que les deux escouades avaient fini par décider d'une trêve.
Tout le monde était là, constata Genma en entrant dans le bar. Tout le monde, ou presque. N et Kakashi brillait par leur absence. Pourtant, il se força à sourire, comme chaque année. Il se força à remercier chacun de ses amis pour leur présence. Faire semblant était devenu une seconde nature chez lui.
Il fut étonné de voir que Lyra s'était jointe à eux. La rousse restait dans son coin, sans trop se mêler aux ninjas qui l'entouraient, mais gardait quand même le sourire. Le jonin remarqua que c'était la première fois qu'il la voyait en dehors de l'hôpital de Konoha. À force de la croiser là-bas, il en était presque venu à croire qu'elle y vivait toute l'année.
La médic-nin remarqua son regard et leva son verre dans sa direction, accompagnant son geste d'un clin d'œil. Il prit ça comme une invitation à venir la rejoindre, faussant discrètement compagnie à Hayate et Raido.
— T'as pris un sacré coup de vieux pour tes trente ans, commença Lyra alors que le jonin venait s'asseoir près d'elle.
— Toujours aussi agréable de te voir, rétorqua-t-il avec un sourire.
— Je sais, je sais. Sans blague, t'as vraiment une sale tête. Je ne t'ai pas déjà dit de te ménager un peu ?
— Je pense que tu sais pourquoi j'ai le sommeil agité en ce moment non ?
— Arrête de te faire du souci pour N. Elle disparait souvent comme ça, mais elle revient toujours. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre vous deux, mais vous mettrez ça à plat quand elle repointera le bout de son nez. En attendant, s'user la santé pour elle ne sert à rien.
— Tu ne t'inquiètes pas pour elle ?
— Non. Elle est assez grande pour se débrouiller seule. D'ailleurs, si j'avais dû m'inquiéter à chacune de ses disparitions, j'aurais plus de cheveux blancs que roux, ajouta la médic-nin.
La remarque eut le mérite de faire sourire le jonin. Il aimait bien la compagnie de Lyra, bien plus apaisante que celle des ninjas. Son côté maternaliste lui rappelait d'ailleurs le côté paternaliste de Raido. À croire que N et lui-même avaient le droit à leur propre ange-gardien pour veiller sur eux.
— Qu'est-ce qui te fais sourire comme ça ? demanda la médic-nin.
— Rien de particulier, je me disais juste que tu tenais pour N le même rôle que celui que Raido tient pour moi.
— Celui du parent chiant qui vous rappelle à l'ordre ?
— Exactement.
— Ça voudrait dire que pour N, je suis ce qui se rapproche le plus d'une famille. J'en doute...
— Ce n'est pas parce qu'elle ne te le montre pas que ce n'est pas le cas.
Lyra regarda avec attention le ninja. Elle le savait perspicace, mais elle était loin d'imaginer qu'il comprenait aussi bien la relation qui la liait à N. Comment pouvait-il analyser aussi finement les choses, et de l'autre côté, être totalement incapable de gérer sa relation avec la jeune femme ? Les ninjas étaient décidément une espèce à part.
— J'ai l'impression que tu attires le regard de pas mal d'homme ce soir... nota Genma avec un sourire taquin.
— Les ninjas sont toujours attirés par les civils.
— Peut-on vraiment considérer les médic-nin comme des civils ? J'en doute, personnellement. D'ailleurs on peut aussi dire que les civils sont toujours attirés par les ninjas, non ?
— Sûrement...
— Alors, il y en a un qui te plait dans ce flot d'hommes qui se tiennent prêts à se jeter à tes pieds ?
Elle le fixa une nouvelle fois, surprise. Son air joueur venait rajeunir son visage fatigué et une étincelle malicieuse illuminait son regard. C'était la première fois qu'elle le voyait ainsi. Soudain, elle comprit la passion que N ressentait pour cet homme. Les multiples facettes de sa personnalité étaient captivantes pour quiconque prenait la peine de s'y intéresser.
Cette fois-ci, elle savait pertinemment que le jonin avait une idée derrière la tête, mais elle ne parvenait pas à comprendre laquelle.
Genma gardait son sourire taquin imprimé sur son visage. Un détail avait attiré son attention. Comment avait-il fait pour ne jamais remarquer le regard que posait son meilleur ami sur la médic-nin ? Un regard fasciné, emprunt d'admiration. Il n'avait pas le souvenir d'avoir vu Raido regarder qui que ce soit comme ça, et pourtant, il le connaissait depuis de nombreuses années. Était-ce son imagination qui le faisait voir ça, ou y avait-il vraiment quelque chose de cacher derrière les œillades envieuses, tout sauf discrètes, que leur lançait le balafré depuis qu'ils discutaient ?
Il n'avait pas menti à Lyra en soulignant qu'elle attirait de nombreux regards, et non pas uniquement celui de son colocataire. Depuis qu'il s'était assis à ses côtés, il avait senti sur lui une atmosphère lourde de menaces venant d'hommes persuadés d'être en chasse. Il admirait le calme dont elle faisait preuve face à cela, à sa place, beaucoup se seraient emportés depuis longtemps. Elle, elle se contentait de les ignorer superbement, sirotant tranquillement son cocktail.
— On rejoint les autres ? finit-elle par lui demander.
— Je te suis.
Cette courte discussion avait au moins eu le mérite de lui changer un peu les idées. D'ailleurs, lorsqu'il vit un Gai fortement alcoolisé entraîner dans une danse endiablée Aoba, un autre jonin, il songea que la soirée n'allait peut-être pas être aussi horrible que ça...
Alors que la nuit était déjà bien avancée, et que la fête battait son plein dans la taverne, Genma se décida à aller prendre l'air. L'alcool commençait à lui montait à la tête, il avait grand besoin d'un bol d'air frais. Il alla s'avachir sur un banc face à la taverne, jouant sans cesse avec son senbon entre ses lèvres.
Une dizaine de minutes après lui, un couple s'éclipsa aussi de la fête, venant le rejoindre sur son banc dans une rue déserte.
— Vous partez déjà ? demanda Genma à Hayate et Yûgao.
— Je suis de mission de surveillance demain, j'ai besoin de repos, expliqua Hayate.
— Et toi Yûgao ? Bientôt de nouvelles missions de prévues ?
— Tu sais bien qu'on peut rien dire dans l'Anbu... En vérité, je suis sortie pour raccompagner Hayate, mais aussi pour te donner quelque chose.
— Un cadeau ? Tu sais que ce n'était pas la peine !
Recevoir des présents l'avait toujours gêné.
— Ce n'est pas de ma part, souligna la kunoichi aux cheveux violets.
— De qui alors ?
— De N. Elle me l'a remis avant de partir en mission, mais je n'avais rien le droit de te dire avant ce soir. Je suis désolée.
Pourquoi s'excusait-elle ? Pour avoir garde un secret ? Ou parce qu'une profonde détresse venait d'envahir son visage à la vue du paquet qu'elle lui tendait.
— On va te laisser l'ouvrir tranquillement. Bonne nuit Genma.
Yûgao lui offrit un sourire aussi doux que la lune avant d'attraper Hayate par la main et de s'enfoncer dans la nuit.
Genma ne savait que faire, seul sur son banc, ce petit paquet entre ses doigts. Un cadeau de N. Son cœur rata un battement, puis un second. Son cerveau ne put s'empêcher de faire un lien avec leur dernière rencontre. Ce n'était pas pour rien qu'elle se trouvait dans la rue marchande de Konoha, elle qui n'y m'était d'ordinaire jamais les pieds. Elle venait sûrement de lui acheter son cadeau au moment où elle leur était tombée dessus. Il chercha à se mettre à sa place, mais il ne pouvait imaginer ce qu'elle avait pu ressentir en voyant cette sale gamine de Tamako pendu à son cou alors qu'elle-même se décarcassait pour lui trouver un cadeau...
Le poids de la culpabilité revint l'écraser, bien plus lourd qu'avant. Il savait que N n'était pas du genre à penser aux cadeaux et autres petites attentions. Il n'avait même pas le souvenir d'avoir déjà mentionné la date de son anniversaire devant elle. Comment avait-elle su ?
Raido et Lyra possédaient définitivement un sixième sens puisqu'ils sortirent de la taverne pour le rejoindre au moment où il sentait la panique l'envahir.
— Genma ? s'inquiéta Raido.
Il s'était précipité aux côtés de son meilleur ami lorsqu'il avait vu l'inquiétante pâleur de son visage.
— C'est quoi ce paquet ? demanda Lyra, curieuse.
— Un cadeau de N. Yûgao vient de me le remettre.
— Tu ne l'ouvres pas ?
— Je crois que j'ai besoin d'être seul pour le faire... Je vais rentrer.
Lyra et Raido échangèrent un regard inquiet.
— Tu veux qu'on te raccompagne ? demanda Lyra.
— Non, continuez à profiter de la soirée tous les deux. Dites aux autres que je suis rentré parce que j'avais trop bu.
— Compris. Sois prudent sur le chemin du retour, lui rappela le ninja à la balafre.
— T'inquiète pas. Bonne soirée.
Il se retira sans jeter un regard en arrière. Il voulait rejoindre au plus vite le doux cocon de son appartement. Le seul endroit où il se sentait vraiment bien et libre d'être lui-même. Il ne lui fallut pas longtemps pour l'atteindre, plongé dans ses pensées, il ne s'était même pas rendu compte qu'il avait presque couru pour le rejoindre.
Arrivé dans sa chambre, dans son antre, comme le disait souvent Raido, il se débarrassa de ses vêtements avant de s'écrouler dans son lit. Là, les doigts tremblant, l'esprit alerte, il se décida enfin à ouvrir ce paquet qui le mettait dans tous ses états.
Un sourire aussi tendre que triste vint envahir son visage lorsqu'il vit le cadeau que N lui avait déniché. Une fois encore, il se demanda comment avait-elle pu savoir ? Il avait pris soin de toujours lui caché sa passion dévorante pour les Icha-Icha. Il avait tellement lu et relu ses exemplaires qu'ils étaient dans un état pitoyable, au point que certaines pages se détachaient de la reliure.
Dans ses mains trônait un magnifique coffret finement ouvragé, contenant les deux premiers tomes de la série qu'il aimait tant. Chacun des livres contenait les commentaires de l'auteur, le légendaire sannin, Jiraya.
Il réalisa qu'il aurait pu donner n'importe quoi pour pouvoir tenir N dans ses bras en cet instant, dans l'intimité de la nuit.
-o-
N sauta de son perchoir. Encore une nuit de plus où elle n'avait rien appris de nouveau. Cette mission d'espionnage était décidément un véritable calvaire. Depuis combien de temps suivait-elle ce couple ? Elle n'en avait plus aucune idée, elle avait seulement l'impression que cette nuit ne se terminerait jamais. Pourtant, l'aube se levait déjà dans son dos, alors qu'elle se redressait légèrement pour détendre ses muscles endoloris.
Lorsqu'elle sentit les premières chaleur du soleil d'été se répandre sur peau, son esprit se réveilla. Le matin, déjà. Genma avait dû recevoir son cadeau à présent, elle savait que Yûgao n'aurait jamais oublié de lui donner. Qu'en avait-il pensé ? Peut-être l'avait-il jeté sans l'ouvrir. Après tout, elle l'avait laissé assommé sur un toit la dernière fois qu'ils s'étaient vu. Il y avait peu de chance qu'il souhaite renouer avec elle, vu le comportement qu'elle avait eu.
Elle retint un sanglot. Ce n'était pas le moment de se laisser aller. L'important, c'était sa mission et rien d'autre. C'était comme ça qu'elle avait toujours réussi à avancer : en restant fixée sur ses objectifs, sans se laisser distraire par tout ce qu'il se passait autour d'elle. Alors même si sa mission ne déclenchait qu'un profond ennui en elle, elle refusait de laisser son esprit s'alourdir par des pensées parasite.
Ses regrets et Genma pouvaient bien attendre.
Le couple qu'elle suivait depuis plusieurs jours sembla enfin décidé à se lever de leur banc. Pourquoi avaient-ils passé la nuit dehors ? Elle n'en avait pas la moindre idée, elle constatait seulement que cela l'avait empêché de prendre du repos. La journée qui allait suivre risquait de se montrer épuisante.
-o-
Hayate retint la quinte de toux qui montait dans sa poitrine. Un ninja en mission ne pouvait se permettre de ne pas être discret. Il avait insisté auprès de l'Hokage pour pouvoir effectuer cette tâche. Il voulait prouver que sa santé fragile n'était pas un obstacle à ses performances. Après tout, il avait toujours été considéré comme un prodige et refusait de gâcher son talent en restant enfermé dans le village à effectuer des travaux administratifs. Il détestait ça.
L'organisation de l'examen chunnin avait été une bonne excuse pour le garder loin des véritables missions, mais il brûlait d'envie de retourner réellement sur le terrain. Yûgao s'était longuement inquiétée pour lui d'ailleurs. Il n'était pas prêt, selon elle, mais elle avait l'habitude de le surprotéger depuis que sa maladie s'était déclarée. Il ne pouvait pas lui en vouloir, cela restait une preuve de l'amour qu'elle lui portait. Pourtant, il ne supportait plus cette oisiveté qu'on lui imposait. Cette mission de surveillance était une aubaine pour lui. Rien de vraiment dangereux, mais de quoi s'occuper toute la nuit.
Son regard fut attiré par un mouvement en contrebas, alors qu'il faisait sa ronde sur les toits du village. Que faisait Dosu Kinuta ici ? Le jeune genin d'Oto avait certes le droit de se balader librement dans le village pendant toute la durée de l'examen, mais il restait tout de même un possible ennemi. Avec le retour de Orochimaru à Konoha, il était essentiel de se méfier de tout le monde.
Hayate suivit discrètement le jeune ninja. L'avantage avec les genins, c'était qu'ils étaient bien moins prudents que n'importe quel autre shinobi. Leur innocence était encore trop grande pour qu'ils comprennent que se méfier constamment était essentiel pour survivre. On pouvait rencontrer la mort à chaque coin de rue.
Son ascension sur les toits du village dura quelques minutes. Hayate fut soulagé, en le suivant, il n'avait pas quitté sa zone de surveillance. Sarutobi pouvait se montrer intransigeant sur ce genre d'erreur.
Alors qu'il observait de loin le jeune genin, ses sens de ninjas se mirent en alerte. Il n'était pas en expert en reconnaissance de chakra, et il était loin d'être le meilleur ninja sensitif du village, mais il savait parfaitement à qui appartenait ce chakra-ci.
Kabuto Yakushi, un traître qui avait révélé son jeu pendant l'examen chunnin. Un espion à la solde d'Orochimaru, suspecté d'avoir collecté des informations sur Konoha pendant de nombreuses année. Kakashi l'avait même surpris en train de vouloir intenter à la vie de son élève, Sasuke Uchiha. Hayate lui-même ne savait quoi penser de cet homme. En tant qu'examinateur, il avait pu avoir accès à son dossier et rien le prédestinait à trahir le village de cette façon.
Selon ses renseignements, il était comme le bras droit d'Orochimaru, et cela ne valait rien de bon. Il avait pu voir un résumé de ses capacités sur sa fiche de participant, mais cela n'avait aucune valeur maintenant. En tant qu'espion, Kabuto avait forcément dissimulé ses vraies capacités.
Il s'approcha le plus furtivement possible. Kabuto n'était pas Dosu, il ne pouvait se permettre d'être repéré pendant sa filature. L'espion n'était pas seul, constata le jonin. Il discutait avec un autre homme. Hayate était persuadé d'avoir déjà entendu cette voix, mais il ne parvenait pas à remettre un visage sur son propriétaire.
Son attention se reporta sur Dosu qui s'agitait au loin. Qu'était-il venu faire sur le toit de ce temple ? Hayate ne parvenait pas à distinguer correctement la scène qui se jouait devant ses yeux. Il ne pouvait pas bouger, sous peine d'être repéré. Heureusement pour lui, la lune éclaira enfin de ses rayons blafards le massacre qui se déroulait au loin.
Le toit du temple avait été éventré par trois fois, les tuiles repeintes en rouge sang. Du corps de Dosu, il ne restait que son bras modifié, celui qui lui permettait de réaliser ses jutsus. Hayate dû retenir un haut le cœur. Malgré la distance qui le séparait du massacre, et malgré son expérience de jonin, il avait rarement vu un spectacle aussi immonde que celui des lambeaux de chairs répandues çà et là. Il se demanda brièvement qui était le responsable d'un tel acte, qui était capable de réduire un genin en un amas de chair en l'espace de seulement quelques secondes. La réponse ne tarda pas à lui être donné. Le nuage de poussière causé par la destruction du toit retombait lentement, révélant un homme aux cheveux rouges et à la peau pâle. Non pas un homme. Un gamin. Un des genins de Suna, le village caché du sable, Gaara, celui qui avait massacré l'élève de Gai quelques jours plus tôt.
Hayate sentit un long frisson parcourir son dos. Comment un simple genin pouvait-il avoir un tel niveau ? Il n'avait absolument pas sa place dans cet examen, les autres ninjas n'étaient pas du tout de taille face à lui.
— Fantastique ! Voilà donc sa véritable identité... s'exclama Kabuto.
Le jonin de Konoha se força à se ressaisir. Il ne donnait pas cher de sa peau s'il était surpris en train d'écouter cette conversation.
— Il a supprimé un ninja d'Oto, c'est embêtant.
Hayate écarquilla les yeux. Il venait enfin de reconnaître le propriétaire de cette voix. C'était le senseï de l'équipe de Gaara, Baki. Un homme à l'air sombre, dont une partie du visage était constamment cachée derrière un voile de tissu. Sa réputation l'avait précédé à Konoha. Même si Hayate ne l'avait jamais affronté, il se doutait qu'il ne faisait pas le poids. Après tout, il s'agissait du bras droit du Kazekage en place.
Cela voulait donc dire que Kabuto et Orochimaru complotait avec ceux de Suna ? songea Hayate, perturbé. Pourtant, le village du sable était censé être en paix avec Konoha. Des accords avait été signé plusieurs années auparavant.
La discussion des deux hommes dériva sur Sasuke Uchiha et sur le rôle que tenait Kabuto dans cette affaire. Par chance, les deux hommes semblaient être méfiants l'un envers l'autre. Baki, particulièrement, remettait en cause la fiabilité de Kabuto sans hésiter. Cela était une bonne chose pour Konoha. L'alliance qui se formait n'avait pas l'air d'être des plus solides, bien heureusement. Après tout, le village de la feuille avait beau être l'un des plus forts, il n'en restait pas moins que si deux puissances étrangères l'attaquaient, les pertes seraient terribles.
Hayate n'avait que rarement participé au combat en première ligne lors de la dernière Grande Guerre, mais le peu qu'il en avait vu lui avait suffi. Les images qui hantaient encore son esprit lui donnaient souvent des pulsions pacificatrices. Si seulement tout risque de guerre pouvait être définitivement éradiqué... C'était pour ça qu'il prenait de tels risques en espionnant les deux traîtres sans soutien. Même s'il mettait sa vie en danger, le jeu en valait la chandelle, sans compter son honneur de ninja qui lui dictait de ne jamais fuir.
— N'oubliez pas que ceux de Suna, le village du Sable, ne doivent pas s'exposer avant la phase finale, rappela Baki. C'est ce qui a été convenu avec Maître Kazekage.
De quoi parlait-il ? De la phase finale de l'examen ? Si c'était bien le cas, cela laissait encore un peu de temps à Konoha pour pouvoir se préparer à l'offensive. Peut-être que Sarutobi choisirait même de négocier pour éviter une guerre entre les trois pays. Le vieux singe avait toujours été vivement critiqué par une partie de la population pour son côté pacifiste. Hayate était d'avis que si cela permettait d'éviter de faire toujours plus de mort, il était en leur devoir de préserver la paix. Un conflit entre Suna, Oto et Konoha serait à coups sûr extrêmement meurtrier.
— Voici le plan que le village du Son va exécuter, fit Kabuto en tendant un parchemin au ninja du sable. Autre chose : bientôt vous devrez les informer de la suite des opérations.
Il avait ajouté cette dernière phrase en fixant Gaara, toujours perché sur le toit du temple. Pourquoi ce simple genin avait-il tant d'importance aux yeux des deux traîtres ? Hayate faisait fonctionner ses méninges à plein régime dans l'espoir de comprendre ce que voulait dire Kabuto avec ses sous-entendus. La seule chose dont il était sûr, c'était que ce gamin avait quelque chose de particulier, jamais Orochimaru ne se serait embarrassé d'un poids mort pendant une telle opération. Il était essentiel de le placer sous surveillance au plus vite.
— Sur ce, je vous laisse...
Kabuto s'en allait. Il était temps pour le jonin de Konoha d'aller faire un rapport détaillé à Sarutobi. Il était plus qu'essentiel que l'Hokage soit au courant de la trahison du village de Suna. L'alliance n'avait plus de valeur à présent.
Il se prépara à partir, mais fut stoppé dans son élan.
— Ah... un dernier détail... Il y a encore du sale boulot à faire. Il est vital de savoir quel genre d'élément ils ont envoyé. Ça nous renseignera sur leur niveau d'alerte.
— Laissez-moi faire, proposa Baki. Nous sommes partenaires : Suna peut bien s'en charger. Après tout, il ne s'agit que d'un seul rat ! Ce n'est pas grand-chose...
Alors qu'une nuée d'oiseau passait devant la lune, le corps d'Hayate se tendit. Des pulsions meurtrières résonnaient tout autour de lui. Cela ne faisait plus aucun doute, il était repéré ! Il tenta de fuir, dans un ultime espoir de pouvoir transmettre ses renseignements à quiconque de Konoha, mais il était déjà trop tard.
Alors qu'il bondissait sur un toit, Baki vint lui barrer le passage, déterminé à l'éliminer.
— Tiens, tiens, monsieur l'examinateur... Alors comme ça, on se promène tout seul de nuit ?
— J'ai l'impression que tu ne me laisses pas le choix ! Kof ! Kof !
Au moins pouvait-il enfin laisser s'échapper cette toux qui restait bloquée dans sa gorge depuis trop longtemps maintenant. Il concentra son chakra, et se prépara à dégainer son sabre qui ne le quittait jamais. Quelque chose lui disait qu'il n'avait pas le droit à l'erreur pendant ce combat.
Il avait eu la chance d'être entraîné au maniement du sabre par Raido, et ce dernier restait le meilleur dans son domaine à Konoha. Peu de gens pouvait se vanter de lui arriver à la cheville. Raido avait très vite constaté que le style qui convenait le plus à son "élève" était celui de l'école de Konoha. Un art sans fioriture et mortellement implacable. Le ninja qui l'utilisait donnait l'impression d'être un danseur qui se faufilait sous la garde de son adversaire pour le trancher en deux sans hésitation.
Cela ne manqua pas : exécutant son enchaînement favori, Hayate parvint à asséner un premier coup à son adversaire et à lui entailler profondément l'épaule. Malheureusement, la tenue du ninja sembla être renforcée à ce niveau-là, le brun se rendit alors compte qu'il lui était lui était impossible de dégager son sabre. Il sentit une forte panique l'envahir.
— La danse sous la nouvelle lune, de l'école de Konoha... Maîtriser une technique aussi redoutable à un si jeune âge... Ce pays regorge décidément de jeunes talents ! s'exclama Baki.
Hayate ne savait pas s'il devait se montrer flatté par ce compliment. Ce qui l'inquiétait, c'était plutôt qu'un ninja étranger puisse en savoir autant sur le style de Konoha. Il n'avait pas l'air d'être un expert du kenjutsu après tout.
Il y avait autre chose qui l'inquiétait. Un mauvais pressentiment qui le hantait sans qu'il ne comprenne pourquoi.
— Ton maniement du tachi est admirable, mais l'inconvénient d'une lame réelle, c'est qu'elle peut être stoppée. Par contre, personne ne peut stopper une épée de vent !
Baki était bien trop confiant.
Cela ne valait rien de bon pour Hayate.
____________
Je crois que Hayate est légèrement dans la merde :/ C'est étrange d'ailleurs d'écrire l'histoire d'un autre point de vue. J'ai tellement l'habitude de Genma, N et Raido...
En tout cas, on peut enfin dire que les choses sérieuses commencent ! Et aussi que le début du chapitre me donne envie de faire des câlins à Genma pour le réconforter, le pauvre :'(
J'vais essayer d'écrire la suite le plus vite possible, mais je ne garantie rien, alors patience ;)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top