Ce pupitre vide depuis une semaine. J'y vois toujours les mêmes accessoires scolaires. Des cahiers d'exercices oubliés, une trousse, une règle trente centimètres, un poketoro un peu usé et issu d'un shoujo. Je n'arrive plus à me concentrer sur les paroles du maître.

La semaine dernière, il nous a annoncé que Himiko était partie en montagnes retrouver sa famille pour des raisons personnelles. J'aimerais y croire. Pourtant la veille de son départ, elle était heureuse et souriante. On venait de fêter l'anniversaire d'un copain tous ensemble. Et surtout, elle nous avait dit qu'on se reverrait le lendemain. Je veux bien croire que l'on apprenne d'un seul coup qu'un membre de notre famille va mal. Mais, en passant devant chez elle le soir-même... Pourquoi y avait-il toujours la voiture ? Pourquoi la lumière était-elle allumée ?

Cela fait une semaine que c'est comme ça. Je passe devant chez elle en rentrant de l'école. On rentrait ensemble et on se quittait quand on passait chez elle. Ce soir, ce sera pareil. Enfin, je l'espérais...

Ce soir, la lumière était éteinte. Ce soir, la voiture avait disparue.

Il ne restait plus qu'un petit sac poubelle esseulé sur le pas de la porte. Il attendait, comme tous ses confrères, qu'on ne vienne le ramasser et le jeter dans une benne à ordures.

Ce soir, la neige n'était pas blanche. Ce soir, les poubelles n'étaient pas des ordures.

La couleur rouge écarlate tachait la couche blanche de la neige. Une petite flaque s'était formée aux pieds des marches. Juste autour du sac poubelle. D'une main tremblante, je ne contrôlais plus mon corps, d'une main tremblante j'ai ouvert le sac noir.

J'ai perdu l'intégralité de mes tripes. Mon repas n'était plus en digestion. Accompagnée d'une odeur pestilentielle de début de putréfaction, elle, elle, elle...

Aucune expression faciale. Ses bras et ses jambes soutenaient son buste, lui-même soutenant sa tête. Démembrée. Dix ans. Une semaine ? Sourire ? Heureuse ?!