Dernier Plaisir

 Il pleut, le vent souffle et mord mon visage humide. Larmes et gouttes de pluie, s'additionnant à la sueur de ma peur. Une impasse devant moi, des regrets derrière, la haine de part et d'autre, le piège s'est refermé sur mon frêle esprit.

Pourquoi les regrets n'ont qu'une solution quand cette impasse en a finalement plusieurs ? Une impasse qui offre des solutions... Suis-je réellement sûr de ce terme dans ce cas ? Ce dont je suis sûr, c'est l'efficacité de ses réponses, elles mènent toutes au même résultat tout en offrant une palette de choix incommensurable.

Aie-je eu raison de ne pas apprendre l'art commun de la nage ? Voilà une réponse qui offre une solution à mon problème. L'acrophobie ne m'est pas une peur et me donne une seconde réponse. L'inquiétude du sang, la peur des objets tranchants, la crainte de la douleur, la panique de l'asphyxie. Tant de malheurs qui ne me sont pas communs aux autres humains.

Je vais faire ce qu'il me plaît. Qu'est-ce qui me fait plaisir ? Les jeux, l'écriture, le dessin ? Ils ne sont qu'un divertissement de cette éphémère survie que l'humanité nomme « vivre ». Voir les autres souffrir, les dystopies, observer la décomposition d'une visage joyeux vers une peur contagieuse. Ça ! Ça c'est mon plaisir. Alors je n'ai plus qu'à agir dans un lieu publique, là où je sais que l'on me verra et que l'on connaîtra mon identité et mes antécédents.

Seize ans, une bonne vie pour quelqu'un comme moi dans un monde sans cesse en évolution, bien que courant à sa perte. C'est l'âge des futilités de l'amour et de l'amitié, l'instant où l'enfant cherchera une avenir où il pourra allier ses plaisirs et son futur, une utopie.

Le son de la fausse panique et de la bonne conscience résonne dans mes oreilles, pourquoi tenter de dissuader celui que tu ne connais pas plus que ça ? Enfin, je ne peux pas leur en vouloir puisque je peux quand même voir le visage effaré des autres plus sentimentaux, ou encore de ceux qui imaginaient la vie emplie de joie et exemptée de tout malheur. Je sors la lame de ma manche, l'hémoglobine coule déjà le long de mon bras. D'un geste simple, je me scalpe la trachée avec la précision d'un élève scientifique en plein TP de dissection.

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