Agression insulaire (Saison'nalités Été 2020)
-Enfin arrivées ! s'exclama la blonde en se laissant s'effondrer sur le lit plus que moelleux de leur chambre d'hôtel.
-Nono... Défais tes valises avant de t'endormir, s'il te plaît. soupira une rousse à l'épaisse tresse remontée sur l'épaule.
-Je vais pas m'endormir, tu vas me traîner dehors de toute manière...
Afin de célébrer la fin de leurs aventures, en plus de fêter l'anniversaire de Léa, la rouquine du groupe, Yuko leur avait offert un séjour de quelques temps sur une île du pacifique. Dans le cadre d'une formule évasion proposée par un certain Tommy Mook, le Spriggan avait pris deux chambres dans l'hôtel cinq étoiles du mania de la finance et de l'immobilier.
Léa avait catégoriquement refusé de laisser le brun partager la chambre de Nora et avait justifié cela par le fait qu'ils s'étaient déjà bien trop retrouvés seuls ensemble pendant leurs aventures. Lou-Anne, la troisième jeune fille du groupe, avait ajouté que ça ne la dérangeait pas de partager une chambre avec le jeune homme, tant qu'il ne ronflait pas. De plus, elle savait que la rousse ne céderait pour rien au monde. Elle était plus protectrice qu'une mère avec la jeune blonde, malgré leurs âges proches.
Une fois leurs bagages défaits et rangés, les deux amies rejoignirent les deux autres aux portes de l'empire hôtelier répondant au nom de « Tanuki ». Lou' fut heureuse de les voir arriver et écourta immédiatement le monologue du brun qui jugeait la sécurité bancale du lieu. En les rejoignant, Nora remarqua enfin que ses deux amies portaient des sacs dans les mains, des serviettes roulées à l'intérieur. Elle posa son regard bleu dans les yeux noisettes de son amie rousse, inquiète et implorant la pitié.
-Léa, tu vas pas nous faire aller sur la plage. Rassure-moi...
Cette dernière attrapa immédiatement le poignet de sa camarade et lui lança un sourire plus qu'enjoué.
-Tu ne vas pas rester enfermée alors qu'on est en vacances sur une île paradisiaque.
-Mais, le soleil... Et je ne sais pas nager ! rétorqua-t-elle.
-J'ai de la crème solaire. rassura Lou-Anne.
-Quant à l'eau, tu n'es pas obligée d'y aller. Tu resteras à côté de nos affaires pour dormir comme tu aimes si bien le faire. Mais au moins, comme ça, tu prendras un peu de couleurs.
La blonde fut contrainte d'accepter, non sans une moue, et les suivit jusqu'à la couverture cyan et uniforme de l'océan pacifique. Sur le chemin, elle ne put se retenir d'éternuer à de nombreuses reprises, jurant contre la lumière du soleil. L'astre diurne émettait une lumière plus qu'intense, et sa chaleur était lourde tel du plomb en plus de leur chauffer la peau.
En entrant sur la bande sablonneuse, les filles retirèrent leurs chausses, laissant ainsi le sable fin s'infiltrer entre leurs orteils et caresser la plante de leurs pieds. À chacun de leurs pas, elles s'enfonçaient dans la surface presque blanche et granuleuse de la plage. Par moment, ils croisaient un coquillage délaissé et Yuko, toujours lourdement vêtu, les prenaient un à un, sous les regards intrigués de ces trois jeunes amie. Ils finirent par s'installer à mi-chemin entre la route et l'écume blanche des minuscules vagues s'échouant sur la côte.
Parasol planté, serviettes de plage déroulées, la rousse enterra les coins de chacune d'elles dans le sable pour éviter qu'elles ne s'envolent. Tandis que Léa et Lou-Anne retiraient leurs tenues pour être en maillot, qu'elles avaient préalablement mis, Nora s'assit et mit de la crème sur ses bras et ses jambes avant de leur rendre le flacon. Le brun s'installa sur la serviette adjacente à la blonde et déposa la totalité de son butin devant lui.
Léa vérifia si sa tresse était bien attachée et, de son côté, Lou-Anne attacha sa courte chevelure auburn en une queue de cheval à l'arrière de sa nuque. Les deux filles prêtes, elles saluèrent le Spriggan et Nora. Léa ajouta une menace envers ce dernier afin qu'il ne fasse rien d'étrange à son amie d'enfance. Ceci fait, elles se précipitèrent, telles deux enfants, vers la tendre houle et l'écume moelleuse de l'océan ouest-américain.
À peine quelques minutes après leur départ, la blonde bailla et s'allongea sur tout son long. Elle attrapa l'un des livres de son amie et le positionna, ouvert, sur son visage.
-Qu'est-ce qu'on s'ennuie... souffla le brun.
-Qu'est-ce tu fous avec des coquillages ? répliqua la blonde sans daigner retirer l'ouvrage de son visage.
-C'est Yolda qui m'a demandé de lui amener des photos de votre faune maritime.
-Ce ne sont que des coquilles...
-Mais elles ont abrité des êtres vivants, donc je les lui prends pour qu'il ne m'engueule pas.
Nora se redressa, faisant tomber le livre sur ses cuisses, et lança un regard perplexe au brun.
-Il n'y a pas de mollusques à Héliandre ?
-Si, mais ils sont peut-être un peu plus gros. Un petit mètre...
La voix de la rousse résonna dans le ciel bleu et dégagé. Un petit cri qui ne semblait pas être celui qu'elle aurait pu faire en se faisant éclabousser par Lou'. Loin devant eux, leurs deux amies n'étaient pas seules. Trois silhouettes masculines étaient également à leurs côtés. La blonde se leva et les rejoignit, laissant le brun seul avec ses coquilles vides et son carnet de notes. Son arrivée ne passa pas inaperçue, la bande de sable étant presque déserte à leurs exceptions. L'un des trois hommes prévint ses petits camarades en ricanant :
-Hé ! Les gars, héhé... Regardez qui vient les aider. Une autre gamine, et en plus elle se dessine sur la gueule.
Sous les rires des jeunes malfrats, les tracés mauves sur les joues de la blonde émirent une si faible lueur qu'elle ne fut pas visible à cause du contre-jour. Nora fronça des yeux et croisa les bras afin de se donner un peu plus poids dans ses paroles.
-Vous pouvez nous laisser ? demanda-t-elle poliment malgré son mauvais ton.
L'un des hommes passa sa main dans le dos de la rousse, qui referma ses bras devant sa poitrine, et posa sa main sur son épaule avant de la rapprocher de son torse musculeux et mat. Il tendit son autre main ouvert vers le ciel, en signe de conciliation.
-Rooh, allez. On peut bien s'amuser entre nous. On est sur une île paradisiaque, quoi de mieux pour se rapprocher.
L'un de ses camarades se rapprocha de Lou-Anne et imita son camarade, l'enserrant dans ses muscles saillants. Le troisième tourna autour de la blonde et, apposant sa main sur l'épaule de cette dernière pointa Yuko du doigt. Le Spriggan était encore en prise avec ses coquillages et observait à l'intérieur de l'un d'eux.
-Votre ami, là-bas. Franchement, entre nous... Il fait pitié, je comprends pas comment il peut traîner avec des bombes comme vous.
-Tu peux enlever ta main ? demanda Nora, tout naturellement.
-Oh... Allez ! força l'homme. On va bien s'amuser.
-Je vais te faire ravaler ta glace double boules si tu l'enlèves pas, vraiment. poursuivit-elle.
Ses deux compagnons ricanèrent avant d'interpeller leur camarade souillé.
-Et bah Jean, t'es tombée sur une dure-à-cuire ?
L'humiliation emplit le dénommé Jean et se changea en colère. Il attrapa le poignet de la blonde et le plaça dans le dos de celle-ci. Il glissa son pied entre les jambes de sa cible et la fit tomber d'une balayette maîtrisée. Le sable fin vola, Nora en reçut une partie dans la bouche et dût cracher au visage de son agresseur, ne faisant que plus l'énerver.
Dans l'ombre du large corps de l'homme, les marques mauves se mirent à briller plus intensément sur les joues de Nora. Ses yeux bleus du ciel se plongèrent dans le regard vert émeraude de Jean. La haine dans son regard laissa entrevoir une légère peur et il se figea. Les quatre fers sur les bras et jambes de la blonde, l'empêchant de se libérer.
Une goutte, puis deux. Du sang atterrit dans le sable blanc. Des bris de coquilles étaient plantés dans le bras plus que musclé du jeune homme. L'ombre de Yuko se dessina sur la plage. Le Spriggan jouait avec d'autres morceaux issus d'un coquillage qu'il avait brisé, les faisant sauter dans le creux de sa paume.
-Vous pouvez m'expliquer ce qu'il se passe ? Nora ?
Les marques cessèrent toute activité lumineuse et Jean retrouva sa motricité. Il s'écarta de la jeune blonde et porta sa main aux coquilles enfoncées dans sa chair, serrant les dents de rage et de douleur. Nora en profita pour se relever et finir de recracher ou d'avaler de travers les derniers grains de sable qui s'étaient infiltrés, ne pouvant les évacuer. De son côté, Lou' asséna un coup de coude dans l'entre-jambe de celui qui la tenait et se plaça derrière le brun. Ne restant plus que Léa à libérer, Yuko ne préféra pas perdre plus de temps et laissa un losange noir se former dans son dos. Quatre longues ailes noires et translucides en émanèrent. Il compta sur sa particularité pour effrayer les trois hommes.
Cependant, ils ne furent que surpris. Le Spriggan décida donc d'envoyer le reste de ses morceaux de coquillages au visage du détenteur de Léa. Sous la douleur, il relâcha sa proie et porta ses mains aux plaies nouvellement créées.
-Partez, maintenant. ordonna Yuko d'une voix horriblement calme et enjouée.
Le trio parti en courant, menaçant d'appeler la police pour agression. La rousse et l'auburn finirent la journée auprès de Nora et Yuko, préférant ne pas se risquer à l'éloignement. Et bien que cela ne lui ait coûté, Léa remercia le Spriggan pour son aide.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top