Peine de cœur
Je me suis positionné dans l'ombre de la porte, la lueur bleuâtre de la lune passant par la fenêtre et se sculptant des motifs des rideaux avant de finalement atteindre la pointe de mes pieds. Derrière moi, le mur vibre de toutes ses forces, à l'étage comme au rez-de-chaussée, la fête post-bac qu'à organisé ma classe avec l'aide d'autres camarades bat son plein. Je me suis réfugié dans le seul lieu potentiellement calme pour me reposer les idées, l'alcool, les cigarettes qu'elles soient électroniques ou non, ça me dépasse. Je ne supporte rien de tout ça, pas même l'odeur, pourtant omniprésente, du carburant brûlé pour permettre aux véhicules d'avancer. J'observe attentivement chaque léger mouvement que fait le rideau suite à la fine brise qui parvient à s'infiltrer entre les joints de la fenêtre. La porte s'ouvre d'un coup, éblouissant la pièce d'une nouvelle lumière, le son des basses entre également et me brise les tympans, le nouveau venu referme derrière lui et n'allume pas la lumière. La personne ne m'a pas vu, c'est une des filles de ma classe, brune, le teint mat à cause de la lueur lunaire. Elle se jette sur le lavabo avec des petites boîtes en carton dans les mains, elle en ouvre une à toute vitesse et tente même de l'éventrer, elle en sort un cachet et réitère l'action sur les autres contenants. Enfin, elle se penche sous le robinet et bois une gorgée pour faire passer les médicaments.
-P'tain ! Pourquoi tu veux me lâcher !? Hein ?! Pourquoi ?...
Cette dernière question perd en intensité comparé à la colère qu'elle avait mis dans les autres, elle avait laissé place à de la détresse, de la tristesse. Je pus voir des larmes couler et tomber sur le tapis de bain installé devant le meuble. Soudain, je crus que le temps allait s'arrêter pour moi, elle m'avait remarqué, elle m'observait avec des yeux tristes et énervés. Elle s'était assise les jambes en M sous le poids de son corps et elle s'agrippait la poitrine, le juste milieu, le cœur peut-être. Elle se releva d'un coup, attrapa ses boîtes de médicaments et sortit en claquant violemment la porte dans mes oreilles, proche de m'attraper la manche de t-shirt dans la fine ouverture créée par les gonds.
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