Point de vue de Luke.

Ça fait à peine deux jours que je suis seul sur ce campus désert et je ne sais pas ce que je censé foutre. Depuis le départ d'Elena, j'ai plus d'occupation. Quand elle était là, j'allais vers elle même si c'était juste pour l'emmerder ou je ne sais quoi. J'avais quelque chose à foutre, quelque chose de concret. Je ne suis venu dans cette université que pour avoir un diplôme et pouvoir bosser ensuite. Je fais tout ça pour ma mère. Ma mère est toujours dans le coma dans ce putain d'hôpital qui se trouve à une vingtaine de bornes d'ici. Je ne peux pas y aller aussi souvent que je le veux. J'ai ma voiture mais l'essence n'est gratuite. Heureusement que mon père m'a laissé un compte avant de...

Calum, un de mes meilleurs amis, entre dans la chambre pour interrompre mes pensées avec une bouteille de vodka dans la main. Il l'agite en l'air avant de me la lancer. Je la saisis et regarde mon ami néo-zélandais avec incompréhension.

- Michael dit que t'es toujours dans la lune et alors il nous a dégoté une bouteille, histoire de se détendre.

L'idée de boire pour oublier un peu ma solitude toujours plus insoutenable devient soudainement tentante, je souris à mon acolyte et ouvre la bouteille avant de porter le goulot à mes lèvres. Je sens le liquide noir brûler ma gorge et je ne trouve rien de plus meilleure comme boisson. Je fais tourner la bouteille à Calum qui se sert à son tour. Je me laisse tomber sur mon lit en reprenant la bouteille et je divague à nouveau dans mes pensées.

J'avoue avoir beaucoup pensé au départ d'Elena depuis ces quarante-huit dernières heures. Non pas à cause d'Elena mais à cause de ses parents. Son père s'est adressé à moi comme si il n'avait jamais rien su ou fait. J'ai apprécié uniquement le fait qu'il tente de se montrer correct avec moi mais ça sonnait faux. Quant à sa mère, j'ai tout de suite vu qu'elle s'est rappelé des événements. C'est bien pour ça qu'elle s'est montré infecte et insistante avec Elena. J'ignore ce qu'Elena pense de tout ça d'ailleurs mais j'espère qu'elle voit les choses autrement.

- Tu penses encore à elle ? demande Calum en me prenant la bouteille.

Je le regarde boire quelques gorgées.

-A qui ?

- Fais pas l'idiot. T'es dans la lune justement depuis que cette fille a quitté le campus.

Je lui reprends la bouteille des mains et me lève avant de boire une bonne quantité d'alcool. Je fais quelques pas et je sens doucement les effets monter jusqu'à ma tête.

- Fous moi la paix.

- C'est que j'ai raison.

Mes potes ont toujours eu cette vision de moi, insensible, alcoolique, coureur de jupons et arrogant. Je les connais depuis le collège et honnêtement, ils ne m'ont jamais vu autrement. Même si j'ai eu l'honnêteté d'avouer qu'Elena allait me manquer, je refuse de les laisser croire que je puisse ne serait ce que tenir à une fille.

- Absolument pas, du con.

Je lui jette un coussin assez fort et il rigole. Calum est celui avec lequel je parle le plus facilement. Je ne lui dis pas tout mais c'est lui qui sait comment je suis dans tel moment. Ashton et Michael passent moins de temps avec nous et quand ils sont là, c'est pour parler musique. C'est un peu ce que j'étudie d'ailleurs.

Les soupçons de Calum m'agacent et j'ai juste envie de me tirer de cette chambre. Je lui laisse la bouteille après une dernière gorgée.

- Fais attention en tout cas. Si je me souviens bien, c'est bien toi qui m'a fait jurer de ne jamais te laisser avoir de sentiments.

Cette promesse me revient subitement en tête et une lumière s'allume dans le noir total qu'est ma tête. Il a raison et je vais d'ailleurs me reprendre en main dés maintenant. Elle ne m'a donné aucune nouvelle en plus, alors que je lui en avais demandé. Merde.

- T'as raison. A plus.

Je quitte la chambre sans qu'il ne demande rien parce qu'il sait très bien ce que je compte faire. Je sors alors des loges pour me diriger vers la fête du bâtiment C qui a toujours lieu ce jour là, c'est-à-dire samedi. J'entre et découvre la foule qui danse au centre de la salle, le même DJ sur la scène en hauteur et des buffets boissons. Je croise et salue vite fait des soi disant potes et je remarque une fille aux longs cheveux noir et lisses contre un mur. Je l'observe de loin histoire d'évaluer et je décide de m'approcher. Elle me voit arriver près d'elle et se met à sourire. Je m'appuie sur l'épaule contre le mur.

- Ne me dis pas que t'es venue seule.

- Bingo. Enfin j'étais avec des amies mais elles m'ont lâché, dit-elle sans se soucier de rien.

- Et si je te tenais compagnie alors ? je demande en affichant un charmant sourire.

Elle me sourit et acquiesce. J'attrape un verre sur la table derrière moi et le remplis de je ne sais quoi puis lui tends. Je fais de même pour moi et nous trinquons. Je porte le verre à mes lèvres en la regardant jusqu'à ce que mon attention est attiré vers l'entrée. Une fille aux cheveux longs et blond vient d'entrer dans la salle et j'aurai pu jurer qu'il s'agit d'elle. Je rêve quelques secondes puis me sens soudainement mal. Je repose le verre sans avoir rien bu et la fille dont je ne connais même pas le nom me regarde d'un drôle d'air.

- Est-ce que ça va ? demande-t-elle.

- J'aimerais partir.

Elle propose de me raccompagner et j'accepte. Nous marchons en silence jusqu'aux loges et elle m'apprend qu'elle a aussi sa chambre dans le même couloir que moi. L'air frais me ramène doucement à la réalité mais l'alcool bu avec Calum ne s'estompe pas. Je dois me changer les idées d'une manière plus efficace. Je regarde cette fille qui semble aussi sage qu'une enfant et je la plaque contre le mur avant de l'embrasser. C'est le premier truc qui m'est venu à l'esprit quand je me suis ordonné de me changer les idées. Elle attrape mes joues et je la soulève par dessous ses cuisses qu'elle passe autour de ma taille. Elle me chuchote le numéro de sa chambre et je me dirige dans cette dernière en défonçant presque la porte avec le dos de cette fille. Je la pose sur le lit et elle m'attire sur elle. Je commence doucement à soulever son t-shirt et elle passe les mains sous le mien. Je retrouve le mec sans pitié et en soif de sexe que j'ai été avant de connaître Elena. Elena.

- Stop... ordonne-je en me redressant.

- Quoi ? demande-t-elle essoufflée.

Je me lève hors du lit et passe une main dans mes cheveux. Je jette un œil à cette belle fille que j'aurai pu laisser tranquille. Elle marche sur les genoux jusqu'au bord du lit et pose les mains sur mes épaules.

- Oh je t'en prie. C'est toi qui a commencé et je sais que tu aimes ça, que c'est ce que tu es.

- Je peux p...

Je m'interromps dans ma phrase pour analyser attentivement ce que cette file vient de dire. Elle aussi a rallumé une lumière dans ma tête.

- Et puis merde.

Je l'embrasse fougueusement et la pousse sur le lit pour remonter sur elle et finir ce que j'ai moi-même provoqué.

**

Je suis assis sur le banc à côté de saule pleureur comme à mon habitude, cigarette à la main. Mon professeur de musique passe sur le sentier en face et soupire en me fumer alors que je n'ai pas le droit.

- Faites moi le plaisir d'éteindre cette chose monsieur Hemmings.

- Bien le bonjour à vous aussi monsieur, dis-je.

Il secoue la tête et s'éloigne. Je me suis enfin retrouvé. Je suis content que Calum ai tiré sur la sonnette d'alarme. Je penche la tête en arrière et observe les branches du saule se balancer en me rappelant que c'est là que je retrouvais Elena. Tout les jours elle était assise ici pour se vider l'esprit.

Mon esprit justement dérive sur les deux derniers mois qui viennent de s'écouler. Je me remémore la première fois que j'ai vu Elena, c'était à cette fête ai bâtiment C où elle m'a bousculé. Dans la même soirée, on s'est mutuellement renversé un verre sur la tête. Je ne cessais de la repousser à cette période à cause du fait qu'elle ignorait ce que sa famille a fait et du fait qu'elle fréquentait Brad. Cette querelle entre Brad et moi ne sera jamais fini. Après avoir appris que Brad avait tout raconté à Elena, j'avais décidé de lui faire mal en jouant avec elle. Puis ça a dérivé sur un jeu stupide de se rendre jaloux l'un l'autre et bordel je l'étais quand je l'ai vu embrassé Logan dans ce parc à la con. Je me trouve tellement débile d'avoir lancé ce jeu. Mais je crois que sans ça, je n'aurais jamais pu la rejoindre sur la plage ce jour-là et l'embrasser pour la première fois. C'est à partir du moment où je l'avais vu avec ce con de Logan que je voulais me débarrasser de cette file alors j'avais fais en sorte qu'elle monte à mon étage pour me voir avec Holland. Mais en voyant son regard, j'ai réalisé qu'elle a eu le même regard que j'ai eu lorsqu'elle a embrassé Logan.

A partir de cette partie, j'étais plus dans le côté prendre soin de cette fille qui me rend dingue mais aujourd'hui, je réalise que je ne suis pas comme ça. Et une partie de moi la déteste à cause de son foutu père. Comment pourrai-je oublier le fait que son père a causé la mort du mien ? Le plus horrible, c'est que j'ai tenté de lui faire mal après tout ça. J'avais appelé Logan pour lui dire qu'Elena lui était infidèle. J'ai même demandé à mes potes de s'occuper d'elle le soir où elle s'est fait enfermée dans le gymnase. Sauf que là j'avais annulé. Mes idiots de potes ont quand même exécuté le plan. J'étais très mal ce soir là.

Putain je suis tellement perdu dans tout ce bordel. Je ne sais plus ce que je veux. Je jette ma cigarette au loin et je remarque l'existence de ce bracelet en argent à mon poignée. Je l'ai ramassé quand Elena est parti et j'avais pensé le laisser dans sa chambre mais non. Je l'ai gardé sur moi. Encore un élément qui me rend confus. Je déteste la façon dont elle s'est interposée dans ma vie. Je repense à tout les moments que j'ai adoré passer avec elle en regardant le bracelet. A commencer par le soir où je l'ai embrassé pour la première fois, puis à la fois où je l'ai emmené à la crique. Ou encore la soirée où j'ai dansé avec elle. La première fois qu'elle m'a demandé de rester dormir avec elle. La nuit avant son départ où on avait parler et danser sur Earth Angel. Tout ça me revient ne tête en vision rapide et je me rappelle pourquoi je me suis arrêté en pleine action hier soir.

Inconsciemment, je saisis mon téléphone et lui envoie :
Je suis désolé.

Elle ne va rien comprendre mais moi je sais pourquoi j'ai fais ça. Ne suis-je pas le type le plus bipolaire qui existe ? C'est parti garder une attitude de bâtard pendant trois semaines. Elle me manque. Je fais n'importe quoi et je pense n'importe quoi quand elle est pas là.

Fin de point de vue de Luke.