Chapitre 28.

Ce grand blond aux yeux bleu a toujours eu une grande influence sur moi, depuis que je l'ai vu la première fois c'est comme si il me contrôlait. C'est une bien grande expression je sais, mais c'est ce qui définit le mieux le cas. Ces moments où nous arrivons à nous parler calmement, à partager autant de sensations, à se sourire mutuellement sont comme une force. Or les moments où nous nous disons les pires choses possibles et où nous essayons de nous faire du mal me rendent horriblement faible. Ils m'affaiblissent et une fois que le moment se finit, je n'ai plus goût à rien. Actuellement, je suis ressourcée suffisamment. Il me fait rêver comme personne ne m'a jamais fais rêver. C'est comme une histoire remplie de péripéties et j'adore vraiment ça. 

Alors que Luke me tient toujours contre lui et que nous tournons doucement dans l'eau, je suis incapable de le regarder dans les yeux. Je suis soit obnubilée par son piercing à la lèvre soit par ses cheveux blonds. Même si ce sont ses yeux qui m'attirent le plus, je suis incapable de les contempler. Je ferme alors les yeux en faisant passer mes bras autour de ses épaules et croise mes doigts sur sa nuque. Je sens son regard insistant sur moi et ça ne fait qu'accentuer mon déséquilibre émotionnelle si je peux dire. 

- Tout va bien ? finit-il par demander. 

- Oh que oui... 

J'entre ouvre les yeux pour le voir sourire suite à ma réponse franche et qui je pense l'a surprit. Il serre son étreinte un petit peu plus. Accrochée à ses épaules, ce n'est que Luke qui nous dirige dans l'eau de la crique. Nous voilà arrivant vers une petite cascade qui sort de la roche, face à une petite ouverture qui dévoile légèrement l'horizon. Entendant l'eau de la cascade, j'ouvre les yeux et me crispe. Je n'aime pas trop tout ce qui est aventure aquatique et je n'aime pas non plus avoir la tête dans l'eau, dans tout les sens du terme. Luke ne ralentit pas et dérive doucement mais sûrement vers la cascade.

- Attends. 

- Quoi ? La cascade te fait peur ? demande-t-il en souriant. 

Ça a un côté agaçant qu'il sache ce que je pense dans la seconde, mais c'est aussi incroyablement inexplicable et j'aime le fait qu'il devine mes pensées. 

- Je n'appellerai pas ça de la peur en fait. 

Il monte une de ces mains dans mon dos me procurant évidemment des millions de frissons, son autre main est toujours sur ma taille. Moi, inconsciemment je passe mes deux jambes autour de sa taille et voyant qu'il ne s'arrête pas, j'enfouis mon visage dans son cou. Il échappe un adorable rire et son autre main passe sous une de mes cuisses alors que nous passons sous la cascade. J'entends ma raison dans ma tête qui me dit que j'en fais beaucoup trop, je veux dire, avoir indirectement peur d'une cascade, ma raison me hurle idiote. J'avais tout de même raison d'avoir une appréhension parce que une fois la cascade passée, Luke glisse sur une pierre sous l'eau mais il se rattrape à temps. Mais mon cœur lui a eu le temps de faire trois tours. Voyant mon sursaut, Luke me regarde.

- Je maîtrise plus tôt bien non ? 

Je lui souris après avoir relevé la tête de son cou, je passe une main sur mon visage pour dégager de l'eau et il rigole face à mon comportement de petite fille. Il me ramène alors sur le bord de la crique sur lequel je m'assois, Luke reste dans l'eau à ma hauteur en se retenant avec les mains sur le bord. 

- Quel athlète !

- Ouais c'est de nature. 

Je ris et lui libère le front de ses cheveux trempés en passant ma main dans sa chevelure. C'est là que nos yeux se croisent mais ne se lâchent plus à ma grande surprise. Ce bleu n'est pas réel tellement il est transparent et puissant en même temps, son regard me transperce complètement. Et là vous vous dites que ce genre de moments est cliché mais c'est malheureusement comme ça. Alors que j'analyse encore et toujours la situation, Luke prend les devants et finit par m'embrasser. J'ai un mouvement à peine perceptible et lui rends instantanément le baiser. Je pose mes deux mains sur ses joues et me colle contre lui alors qu'il reste appuyé sur ses bras pour rester à ma hauteur. 

Trop beau pour être vrai.  

**

C'est absolument irréel encore une fois, nous sommes comme le jour et la nuit. Nous n'avons pas beaucoup parlé lors de cette sortie mais il y a quelque chose. J'espère ne pas être la seule à le ressentir et à le prendre au sérieux. La nuit tombe, nous sommes en train de marcher vers les locaux de la fac dans le silence, je ne sais pas trop quoi dire à vrai dire. Il me raccompagne jusqu'à ma chambre, je sors mes clefs et il reprend :

- J'ai...

Je me tourne vers lui attendant qu'il finisse sa phrase.

- J'ai vraiment passé un très bon moment...

Il ose à peine me regarder dans les yeux et il baisse la tête.

- Tu as l'air d'en avoir honte...

Il lève soudainement la tête avec un regard presque noir, il s'avance rapidement vers moi et je me retrouve dos au mur. 

- Je t'ai déjà dis trop de fois de ne pas analyser. Ni mes gestes, ni mes paroles. Que tu le crois ou non, c'était un moment presque parfait comme je n'en connais plus.

Je laisse échapper un sourire en le regardant dans les yeux. 

- Je le pense aussi, je veux dire c'était vraiment... spéciale, presque magique.

A la prononciation de mon dernier mot, lui aussi se met à sourire. Comme si le fait que j'avoue avoir apprécié notre sortie lui fait plaisir. 

- Eh bien, mission accomplie. 

Il s'apprête à m'embrasser à nouveau lorsque son téléphone se met à sonner. Bah bien sûr

- Allô ? 

Je baisse la tête et il recule à peine. Sa mine se raidit petit à petit et je me demande bien à qui il parle. Il ne dit plus rien l'espace de quelques secondes, il me regarde et je vois une pointe d'inquiétude et une pointe de rage. Non il ne doit pas s'énerver, calme le Elena. 

- Luke ? 

Il avale péniblement et finit par dire :

- Ne la touchez pas avant que j'arrive. 

Il raccroche, toujours son regard plongé dans le mien et c'est comme il se retenait de tout exploser. 

- Tout va bien ? je demande. 

- C'est ma mère. 

Dans mon souvenir, la maman de Luke est très malade et c'est pour elle que Luke a commencé des études sérieuses. Je n'en ai jamais su davantage et j'ai bien peur de ce que cette personne au téléphone lui a dit. 

- Que se passe-t-il ? 

- Tu veux bien venir avec moi ? 

Je vois la veine de son front gonfler et il est hors de question que je le laisse dans cet état, par cet état j'entends envie de meurtre. 

- Mais bien sûr. 

- Viens. 

Il attrape vivement ma main et nous quittons le campus pour foncer au parking. Nous montons dans une voiture grise, je déduis qu'il s'agit celle de Luke. Il roule assez vite et je vois ses poings serrés sur le volant, ses gestes brusques lorsqu'il change de vitesse. Je pose une main sur sa cuisse, et il cligne plusieurs des yeux comme si il sortait de ses pensées. Nous sortons de la ville pour rouler un bon moment. Le trajet est silencieux, je n'ose pas lui demander ce qui se passe exactement mais je me doute bien qu'il s'agit de la santé de sa mère. Après une longue route, nous arrivons devant l'hôpital de la petite ville de Riverside. Nous sortons de la voiture pour vite rejoindre l'accueil. Luke se précipite sur le comptoir et demande :

- Où est Liz Hemmings ?? 

- Navrée, monsieur vous êtes ? 

- Son fils bordel ! Elle est où ?

L'infirmière, prise au dépourvue par le langage de Luke, lui lance un regard noir.

- Calmez vous, vous ne pouvez pas la voir pour le moment. 

- Me calmer  ???

Il craque. Il perd son sang froid et j'interviens en lui prenant la main. Je l'éloigne du comptoir pour l'adoucir un peu. 

- Non putain je veux la voir !

- Tu l'as verras mais calme toi un peu.

Je vois ses yeux devenir rouge de colère et ils s'emplissent soudainement d'eau. Ses yeux finissent par croiser les miens, et je prends sa main fermement dans la mienne. Il verse quelques larmes. Je sais bien qu'il a peur mais il va finir par se faire virer de l'établissement s'il ne se calme pas. Sa mère n'a pas besoin que son fils se fasse arrêter. 

- Je... c'est ma mère... 

Il explose en larmes et se laisse tomber sur la chaise de la salle d'attente, je m'assieds près de lui et il n'a pas lâché ma main. Je l'attire vers moi et il finit par m'enlacer. Je le serre le plus fort possible pour le réconforter. 

- Je sais...

Ce garçon est brisé. Il est seul dans tout ses problèmes, sa mère n'est malheureusement pas là pour l'aider, il est comme perdu. Il s'est renfermé sur lui même, il éloigne tout ceux qui veulent l'aider et je crois même que cette vie si dur qu'il mène l'a fait arrêter de croire que quelqu'un puisse l'aimer. Il s'est crée une carapace, il se fait passé pour quelqu'un de mauvais alors qu'au fond, il est en or. J'en suis sûre.

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