Chapitre 2

>> The Climb, Miley Cyrus. 

 
Alors que le groupe préféré de Kellan retentit dans la voiture, je tente de terminer un croquis. Mon crayon glisse sur le papier blanc, et avec l'intérieur de mon pouce, j'efface certains traits et crée des ombres. Je dessine un corps, recroquevillé sur lui-même, se cachant le visage de ses bras. Je ne sais pas vraiment ce qu'il représente. La souffrance ? Ou bien la naissance avec cette position d'enfant ? Depuis quelques temps, beaucoup de souvenirs remontent à la surface, parfois ce ne sont que quelques mots, quelques phrases qui résonnent dans ma tête, mais comme le jour où je les ai entendu, ça me fait toujours aussi mal. Je me souviens alors de la période qui a accompagné ces mots, et c'est difficile de croire que c'est derrière moi. Je ne sais pas si ce sont tous ces souvenirs qui noircissent mes dessins et mes tableaux en ce moment.

Je me rends compte que j'ai laissé mon crayon en suspend dans les airs pendant les dernières minutes du voyage, car quand Kellan coupe le moteur, mon regard est rivé vers la fenêtre et je ne dessine plus. Je range mes affaires dans mon sac, et sors de la voiture. Nous remontons l'allée qui mène à ma maison sur pilotis. Un ruisseau coule sous les piliers en bois, et des pierres s'y promènent tout le long. On peut dire que ma maison est plutôt originale avec cette véranda qui fait office de salle à manger, les hamacs qui se balancent un peu partout, et ma chambre installée dans une grande mezzanine qui me sert aussi d'atelier.

Lorsque nous passons la porte, la musique nous accueille. Kellan sourit en posant son sac sur le canapé et en allant se servir un verre d'eau dans la cuisine. Quant à moi, j'emprunte le couloir, pour venir m'appuyer contre le mur qui est voisin de la porte grande ouverte de l'atelier de ma mère. J'esquisse un sourire en la regardant jeter des traits de peinture sur une immense toile, tout en dansant sur le morceau de rock. Ses longs cheveux bleu nuit se balancent dans son dos, et à travers les fines bretelles de son débardeur, j'aperçois son tatouage. Une trentaine de plumes, parcourant tout son dos, et formant une sorte de cercle autour de ses omoplates. Quand j'avais cinq ans environ, je me souviens lui avoir demandé sa signification. Elle m'avait dit qu'elle avait choisi le dos parce que les plumes la portaient chaque jour, et que certaines étaient colorés et d'autres sombres parce que les jours n'étaient pas toujours roses ou noirs. Et surtout, elle avait décidé de laisser les plumes tourner autour de ses omoplates car derrière cet endroit, son cœur battait. Même aujourd'hui, quand j'admire cette œuvre d'art, j'arrive toujours à sourire.

Ça ne m'étonne pas trop qu'elle m'est donnée le prénom Sunlight, il est original, comme elle. D'après ce qu'elle me dit souvent, mon père et elle ont choisi ce prénom parce que ma venue au monde était un rayon de soleil dans leur vie. Je trouve ça jolie comme signification. Je me demande si j'ai pu illuminer celle de mon père quelques années avant son décès. Je l'espère en tout cas.

La chanson prend fin, et ma mère se tourne vers son poste pour la relancer, quand elle s'arrête net en me voyant.

- Sun ! Tu es déjà rentrée ? s'exclame-t-elle joyeusement.

Je m'avance dans la pièce en rentrant mes mains dans mes poches.

- Ouais, nos cours se sont finis à midi.

Ma mère s'approche de moi pour me prendre dans ses bras, mais j'exerce un mouvement de recul.

- Peinture, je lui fais en pointant un doigt sur elle.

Elle rit en étirant son débardeur devant elle pour en voir les dégâts.

- Kellan est ici ?

- Yep, je dis en un hochement de tête.

- Super, je me change et j'arrive.

Elle me dépose un bisou sur la joue et s'éloigne de l'autre côté du couloir.

Je rejoins Kellan dans la cuisine. Une cuillère déjà fourrée dans le beurre de cacahuètes, il semble faire défiler un fil d'actualité sur son téléphone avec son pouce. Lorsqu'il sent ma présence, il relève la tête, le couvert à présent dans sa bouche. La moue qu'il fait est tellement adorable que je ne peux m'empêcher de sourire. Je m'assois en face de lui, et croise mes bras sur le bois. Un verre d'eau est déjà posé devant moi, et je m'empresse de le boire. Je fixe avec gourmandise le pot de beurre de cacahuètes, mais quelque chose m'empêche de prendre une cuillère pour en manger. La chaleur doit sûrement rendre les aliments moins appétissants pour mon corps.

- Tu en veux ?

Je porte mon attention vers mon meilleur ami qui me tend le pot. Je secoue la tête.

- Sérieux ? Toi, qui adore ça ? fait-t-il surpris.

- Ouais, je me sens un peu barbouillée aujourd'hui, j'explique entre mes dents.

- Hum.

Je hausse un sourcil.

- Quoi ?

Il lève les épaules en fourrant une autre cuillère dans sa bouche.

- Rien.

J'ignore sa réaction et me relève pour aller chercher une pomme. J'ai tout juste posé les doigts sur mon fruit que ma mère débarque dans la cuisine en poussant un cri de joie et en allant prendre Kellan dans ses bras.

- Ça va mon grand ?

Je tourne la tête dans leur direction et un sourire étire mes lèvres. 

- Super, merci ! répond-t-il en souriant sincèrement.

Tous les trois, nous nous installons autour de la table, et en croquant dans ma pomme, j'écoute les dernières nouvelles de ma mère. Elle m'annonce que pendant mes deux semaines de vacances j'irai l'accompagner sur les marchés pour l'aider à tenir son stand. Et je peux bien l'aider, ses toiles se vendent comme des petits pains. Ses tableaux sont tellement incroyables qu'elle mériterait une galerie à son nom.

- Voilà, donc je vais être plutôt occupée ces prochaines semaines, continue ma mère.

- Mais c'est pour une bonne chose, je lui dis aussitôt en posant ma main sur son avant bras.

 Elle me répond d'un sourire.

- Oui, mais du coup je ne sais pas si j'aurais le temps de retaper l'abri de jardin pour en faire un atelier pour l'été... annonce-t-elle en soupirant.

- Tes recherches d'aide n'ont rien donné ?

- Je pourrais m'en occuper en revenant après les vacances, Mona, si ça peut t'aider, propose Kellan.

- C'est très gentil Kellan, mais occupe toi de tes cours, c'est plus important. J'ai encore de l'espoir que quelqu'un me contact. Des étudiants en recherches de travail pendant les vacances, il doit bien y en avoir.

Kellan me lance un regard et je vois qu'il se retient de rire. Je lui tire la langue en retour. Pas besoin qu'il ouvre la bouche pour comprendre ce qu'il insinue.

- Oui, je suis trop maladroite pour faire ça ! je lance, lisant dans ses pensées.

- J'ai rien dit, fait-t-il en haussant les épaules, feignant ainsi l'innocence.

Je plisse les yeux en le regardant, et il explose de rire.

- C'est ça, très drôle.

Ma mère nous observe, amusée. Le rire de Kellan est tellement communicatif, que je me surprends même à glousser. Un vrai rayon de soleil dans ma vie.

                                          ***

Allongés sur mon lit, nous fixons le plafond où se trouve un mobile composé de plumes, et des dizaines d'étoiles fluorescentes. Nous restons silencieux, à écouter un morceau sur le téléphone de Kellan. Je passe un bras sous le sien et pose ma tête sur son épaule. Emportée par la fatigue, je ferme les yeux.

- Hé, tu t'endors pas, me chuchote-t-il.

Je secoue la tête, même si je suis effectivement en train de m'endormir. Il va tellement me manquer pendant ces deux semaines, j'aimerais ne plus le lâcher, même dans mon sommeil.

- Tu vas me manquer, je souffle.

Je le sens bouger pour se redresser contre la tête de lit.

- Hé Sun, c'est juste quelques jours. Et tu pourras m'envoyer autant de messages que tu veux.

Je hoche la tête, le visage toujours fourré contre lui, et il m'embrasse le front.

- Je serai toujours là.

En entendant ses mots, je serre son bras plus fort, comme pour lui faire comprendre que je le remercie en silence d'être un ami aussi formidable. Après quelques minutes à observer encore le plafond, il s'agite un peu et frappe dans ses mains, ce qui a le don de me faire ouvrir les yeux d'un coup.

- Bon, on va lancer un film, parce que je sens que tu vas vraiment t'endormir.

Je ris un peu, et l'observe se lever pour chercher mon ordinateur. Une fois qu'il est de retour à mes côtés, je récupère ma position, ma tête sur son épaule. Il cherche dans la liste de films disponibles, et me fait des commentaires sur ceux qu'il connaît. Je l'écoute patiemment. Je profite à fond de cet instant pour pouvoir m'en souvenir plus tard quand je me sentirai seule et perdue. Il finit par opter pour un film d'horreur plutôt soft d'après lui, pourtant je ne fais que de sursauter et de me cacher derrière lui lorsque je suis persuadée que quelque chose d'horrible va se produire dans le film. Mes réactions le font rire, alors rien que pour entendre ce son lumineux, je suis heureuse d'être une vraie froussarde. 

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Hello ! Comment allez-vous ? 

Ce deuxième chapitre vous a plu ? Il ne s'y passe pas grand chose mais vous avez pu faire la rencontre de Mona, la mère de Sun. Que pensez-vous d'elle ? 

Vous appréciez toujours Sun et Kellan ? 

Des théories sur la suite ? 

Ca va, je vous ai pas trop déçu ? Vous serez toujours là, la semaine prochaine ? 

En parlant de semaine prochaine, je serai absente ces deux prochaines semaines, donc je confie la publication des chapitre  3 et 4 à mon acolyte de toujours, comme ça vous pourrez poursuivre votre lecture. Mais ne soyez donc pas surpris.e.s si je réponds assez tard à vos commentaires. 

Je vous fais des bisous et à très bientôt ! <3

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