Chapitre 42
[Je vous présente ce qui sera probablement le dernier dessin de Longue vie au roi. J'en ferai sans doute d'autres plus tard, mais c'est le dernier qu'il me reste en stock et pas des moindres. C'est un gros morceau]
Priam était secondé par deux hommes, deux cerbères qui assuraient autant sa protection qu'ils l'aidaient à ratisser les zones sensibles d'Halev.
Les ordres de son père étaient concis et clairs. Il fallait s'assurer que Lyssandre ne se trouvait pas à proximité de l'Episkapal. Si Amaury avait pour habitude de s'encombrer de plus de précautions que nécessaire, Priam avait l'intuition que l'initiative de son géniteur n'était pas aveugle. Il ne considérait pas la possibilité que Lyssandre prépare une entrée spectaculaire à Halev, il en était persuadé.
Peut-être même était-ce cette certitude qui avait poussé Priam à se porter volontaire aussi prestement. Dhelia avait plissé les yeux, soupçonneuse à juste titre. Son frère était doté d'un sens du devoir qu'elle ne lui retirerait pour rien au monde, mais elle avait pris l'habitude de se montrer méfiante et le départ de Nausicaa n'avait rien arrangé. Elle ne se contentait plus de se méfier de son frère comme de la peste, elle était persuadée qu'il avait joué un rôle dans l'évasion de celui-ci.
Elle était d'ailleurs absolument certaine qu'Amaury se voilait la face. Il n'avait pas trouvé celui qui aurait pu permettre à Nausicaa de quitter le palais. Car la baronne s'était appuyée sur un complice. Il était évident qu'elle n'avait pas pu quitter le château sans encombre et seule. Les gardes interrogés avaient été incapables de répondre, même ceux qui étaient en service. On les avait remplacés, l'espace d'une petite heure, pour qu'ils puissent bénéficier d'un peu de repos, parfois pour leur permettre de faire un détour par les cuisines où l'on finissait les vins dont les nobles ne voulaient pas. Les versions se croisaient, truffées d'incohérences, et Amaury avait abandonné. Le coupable, le complice de Nausicaa n'avait pas été appréhendé.
Priam voyait clair dans le jeu de son père. Du moins, dans l'une des raisons de ce Haut-Conseil rassemblé en urgence. Il ne s'agissait pas uniquement d'articuler une défense efficace face à Lyssandre et de s'assurer de la loyauté de ces seigneurs, parfois complètement isolés dans les confins de Loajess. Il y avait autre chose et cela concernait le pouvoir. Pour une fois, Lyssandre n'y était pour rien. Amaury craignait que les noblesses qu'il avait confrontées ne se rebellent. Après tout, il les avait manipulées, les unes contre les autres. Il avait obtenu l'assentiment des nobles-sangs en les poussant à craindre pour leur place en introduisant la noblesse insulaire à laquelle il avait promis une place de choix.
Amaury avait joué avec beaucoup de justesse. Il aurait pu gagner sans encombre, s'il n'y avait pas eu Lyssandre, s'il n'y avait pas eu Déalym. Si Miriild n'avait pas préféré se donner la mort plutôt que l'épouser. Elle était l'altération inattendue dans le jeu de l'adversaire d'Amaury et il avait perdu l'avantage.
Il n'avait pas encore perdu, mais les pièces tombaient, et le roi savait que s'il perdait le soutien des noblesses, c'en serait fini de lui.
Cette mascarade autour d'un Haut-Conseil élargi, cela ne servait qu'à cela, au fond. De la poudre lancée aux yeux de ces puissants pour s'assurer de leur docilité. Amaury repoussait la vérité derrière des couches d'illusions, fidèle à son habitude. Personne ne devait penser, passée cette journée, que la Couronne était fragilisée. Personne ne devait se rappeler que la mort de Miriild, celle de Laval ainsi que l'évasion de Nausicaa, tant de perte en une seule soirée, avaient meurtri le pouvoir royal au point de le rendre vulnérable.
Et pour cela, il était prêt à attirer Lyssandre dans ses filets, juste pour prouver à ces hommes qu'il ne craignait rien. Pas même le dernier fils de Soann.
Priam gravit une volée de marches, contempla au passage des filets d'eau qui se jetaient, plus en aval, dans l'Anoma. Dans ces paisibles quartiers de la capitale, les ponts minuscules et parfois même les bâtisses enjambaient le cours d'eau comme des enfants en plein jeu.
— Eh, ça a l'air de chauffer par ici. On fait quoi, prince Priam ? On va voir par là-bas ?
Priam n'avait pas pu manquer les agitations qui se multipliaient. Le peuple était mécontent, Amaury s'en doutait, la garde royale ainsi que celle d'Halev s'en étaient doutées. D'un coup d'œil, l'adolescent savait déjà que les débordements dépassaient les estimations de son père. Quelles proportions prendraient ces rebellions encore dispersées entre les rues sinueuses d'Halev ?
Des cris étouffés, des bavardages qui n'avaient rien de pacifiste, parvinrent aux oreilles de Priam. Il hésita, une fois de plus, et les paroles d'Äzmelan lui revinrent à l'esprit.
Sois un homme, puisqu'il est trop tard pour être un fils.
Il ferma les yeux, de toutes les façons possibles. Il ferma aussi les yeux sur sa conscience et il acheva de se voiler la face.
— On continue la ronde.
— Mais, prince, ça commence à être sérieux, on dirait. On devrait peut-être avertir sa Majesté le...
— Non, trancha Priam. Les ordres sont les ordres.
Et Amaury semblait ignorer qu'il existait pire cauchemar en ce monde qu'un troupeau de nobles avide de le destituer.
Il y avait le peuple.
Il y avait Halev et ses épines.
Ils parvinrent au pied d'une impressionnante demeure. Elle ne passait pas inaperçue avec sa façade qui alliait un rouge presque bordeaux et un beige presque gris, couleur plus commune à Halev, principalement dans ses hauts quartiers.
Priam échangea un regard avec les deux hommes qui s'infiltrèrent à l'intérieur. Le premier emprunta la porte principale là où l'autre fit le tour de la structure, grimpa sur un petit muret haut d'un mètre-vingt, pour disparaître dans quelques touches de verdure. S'il n'avait pas eu l'esprit ailleurs, Priam aurait presque pu trouver l'endroit charmant.
Il n'eut pas à patienter bien longtemps pour qu'apparaisse un signe de vie. En réalité, il perçut un glissement dans l'air, le bruit à peine audible d'un être qui se débat, avant même que Priam ne puisse mettre un mot sur la situation. Il eut un cri courroucé :
— Ôtez vos pattes de moi ! Vous me faites mal !
— Doucement, ma jolie. Tout doux.
Priam se précipita vers la porte et tira le battant. Le doute qui s'était insinué en lui, loin d'être balayé, se confirma, et l'adolescent se figea sur le seuil.
— Eh, prince Priam, regardez un peu ce que je nous ai trouvé.
Nausicaa de Meauvoir, échevelée, se débattait avec férocité. Une lueur sauvage dans le regard, chacune de ses expirations expulsait un nuage opaque devant sa bouche.
Le soldat se décomposa quelque peu, désappointé de ne pas récolter la réaction qu'il avait attendue. Il interpréta l'absence totale d'enthousiasme de Priam comme de la déception.
— Bon, admit-il, ce n'est pas encore l'usurpateur, mais il ne doit pas être loin.
Priam s'apprêtait à rétorquer lorsque Nausicaa planta ses prunelles dans les siennes. Elle crocheta ses yeux gris-bleus dans les siens et son souffle se perdit quelque part dans sa poitrine. La baronne secoua imperceptiblement la tête.
En deux enjambées, Priam rejoignit la courtisane et eut sans doute le geste le plus violent, le plus répugnant qu'il n'eut jamais. Il gifla Nausicaa d'un revers de la main et l'autre homme la lâcha pour laisser Priam accomplir ce qu'il avait à faire. Il enfonça ses doigts à la racine des cheveux de la jeune femme et enroula une mèche châtaine autour de sa main. Il tira sans ménagement dessus et la força à plier l'échine. Les jambes de Nausicaa, soudain faibles, cédèrent et un glapissement se précipita au bord des lèvres de la baronne.
— Où est l'usurpateur ? Dis-moi où est Lyssandre !
Elle se débattit faiblement, essaya de porter un coup à l'aveugle, mais Priam esquissa une violente secousse qu'il ressentit de la base de son épaule jusqu'à traverser Nausicaa comme une onde.
— Où est-il ? répéta-t-il, d'une voix qui le surprenait presque.
— Pas ici ! s'écria Nausicaa. C'était... C'était un leurre.
Priam libéra sa nuque pour attraper son poignet. Misérablement pendue par le bras, comme si elle était incapable de tenir debout seule, elle ânonna, dans un sanglot qu'elle étouffa dans les cheveux qui ruisselaient sur son visage :
— Il s'est servi de moi. Je... Je ne sais pas où il est. Pitié...
Le soldat jura entre ses dents. L'injure qu'il prononça à l'attention de Lyssandre était odieuse. Priam lui fit signe de partir devant et ponctua son geste d'une indication lâchée du bout des lèvres :
— Suis les ordres. Moi, je l'amène à mon père.
Il s'en fut sans demander son reste et, lentement, comme si chaque geste lui faisait vivre un martyr, la baronne de Meauvoir se redressa. Priam lui jeta un regard presque mauvais, du moins accusateur.
Les joues de Nausicaa étaient sèches.
Ils jouaient aussi bien leur rôle l'un que l'autre.
Priam aurait dû s'en douter. Nausicaa ne laisserait plus personne la mettre à genoux, et certainement pas la main d'un homme.
— Du nerf, mademoiselle. Tâchez de jouer aussi bien que vous l'avez fait. Les patrouilles sont partout.
Nausicaa n'avait pas eu besoin de cette précision. Elle savait ce qu'elle avait à faire : se montrer convaincante. Elle s'était livrée elle-même aux forces armées d'Amaury. La main de Priam était remontée le long de son bras et se faisait plus brutale que nécessaire. Il lui en voulait de s'être laissée attraper si facilement alors qu'il avait eu tant de mal à lui permettre d'échapper aux mains de son père.
Ils s'éloignèrent sans un mot d'explication. Un soldat les accueillit au bout de la rue. Priam ne pouvait pas se permettre de libérer Nausicaa ici, à la vue de tous. Pour une raison qui lui échappait, elle avait préféré se laisser prendre sans opposer de réelle résistance.
Quelques dizaines de mètres derrière eux, dans la demeure qu'ils avaient abandonnée, une silhouette jetait un œil au travers de l'embrasure de la porte.
Sa figure ne trahit nul soulagement, nul embarras. Nulle émotion. Le soldat avait accompli son devoir.
Le chevalier essuya le sang qui maculait son épée sans se préoccuper de celui qui maculait ses mains.
***
Artell suivit les pas du roi avec une attention proche de la minutie. Dès lors qu'Amaury quitta l'alvéole de l'Episkapal, le rôle de diplomate, de faux seigneur, qu'il avait endossé disparut.
La conclusion de ce Haut-Conseil ne menait à rien. Artell avait presque le sentiment qu'Amaury était apparu en public pour divertir les seigneurs, les empêcher de regarder ailleurs.
Avec quelles vaines paroles le souverain les avait-il quittés ?
Messieurs, je vous prie de m'excuser un instant. Une urgence m'appelle. Je compte sur vous pour parlementer en mon absence, pour profiter du temps qui nous est accordé. Après tout, nous formons qu'un immense ensemble qu'il est urgent de réconcilier !
La porte s'était à peine refermée sur Amaury que les commentaires s'élevaient. Quelques gardes veillaient toujours, mais leur insignifiance leur conférait l'inconsistance d'un meuble. Les seigneurs ne se privaient pas de parler devant eux.
Artell n'y prêta aucune attention. Il avait déjà bondi sur ses pieds et se précipitait vers la porte. Personne ne l'empêcha de passer le seuil. Dehors, le roi ne s'était pas attardé. Il avait disparu. Quelque chose l'avait poussé à fuir et ces phrases de conclusion en disaient long. Soit il concoctait l'une de ces recettes grandioses dont il avait le secret, soit un danger rôdait. Si tel était le cas, alors Artell ne comprenait pas pourquoi s'échapper seul au risque de perdre la confiance que les seigneurs accordaient à Amaury.
Il gravit les marches avant d'apercevoir, dehors, au pied de l'Episkapal, là où des sujets avaient naguère payé de leurs vies les caprices d'Amaury, le jour de la cérémonie d'hommage au Dauphin, Hélios de Loajess, le peuple se massait.
Il n'avait pas oublié les flèches, il n'avait pas oublié les morts et le véritable coupable.
Amaury avait pressé entre sa main la rose pour en extraire le jus, le sang, et si Lyssandre ne le lui pardonnerait jamais, il en allait de même pour la victime collatérale de cette violence.
Le peuple d'Halev n'avait pas la mémoire courte.
Artell comprenait désormais pourquoi Amaury avait préféré fuir plutôt que de mener à son terme cette réunion historique. Il avait trop à perdre à se livrer à la fureur de ses sujets.
— Je serais toi, je resterai ici.
Artell se retourna. Il avait remarqué la silhouette de Shohn, vaguement hostile, vaguement hargneuse. Cet homme, aux cheveux hirsutes, ressemblait à un chien errant. Amaury lui avait donné une place de choix qu'il ne méritait pas, comme s'il se servait de lui et qu'il n'espérait pas le voir survivre bien longtemps. Artell déposa sur lui un regard placide. Si tel était le désir du roi, ce serait bien le seul que le général consentait à exaucer.
— Je n'ai pas peur de la foule, seigneur de Balm.
— J'ai reçu l'ordre de ne permettre à personne de sortir.
Comme pour souligner ses dires, on scella dans son dos les lourdes portes de l'alvéole. Combien de temps s'écoulerait-il avant que les puissants de Loajess réalisent qu'ils étaient pris au piège ?
Shohn gravit les premières marches jusqu'à arriver au premier pallier. Artell s'était immobilisé un peu plus haut.
— C'est bien dommage, commenta Artell.
Il tourna le dos à Shohn. L'humiliation enflamma les joues de ce dernier. Non seulement le général ne le prenait pas au sérieux, mais il avait l'audace de lui présenter son dos. Il ne le considérait même pas comme une menace potentielle. Shohn extirpa une dague de son fourreau, coinça la pointe entre son pouce et son index et l'envoya en direction d'Artell. Il avait calculé son coup, avait mis en pratique une décennie d'entraînement, à viser des cibles de ses lames, inlassablement, mais le général s'était déporté sur la droite. Il s'était déporté juste avant que la lame ne pénètre sa peau. Elle se contenta d'égratigner la joue meurtrie d'Artell.
— Je ne rate jamais mes coups, articula Shohn, d'une voix blanche.
— Nombreux sont ceux qui ont voulu me faire la peau, répondit Artell, d'un ton laconique.
Il y avait de la lassitude, dans sa voix. La force de l'habitude qui imprégnait chaque geste. Pourtant, il redescendit les marches jusqu'à ce qu'un mètre ne le sépare de son adversaire. Artell décréta que Shohn ne valait pas un sou au corps à corps et qu'il était capable de lui tenir tête, ne serait-ce que cinq minutes, que s'il conservait une distance raisonnable entre eux.
Si Artell avait été un homme prompt à se vanter, il le lui aurait signalé. Au lieu de quoi il préféra opter pour une toute autre approche.
— Amaury, reprit Artell, sans se donner la peine d'imiter un dialogue, préférant exposer les faits avec la rigueur militaire qui ne le quittait jamais. Je me demandais toute à l'heure pourquoi il n'avait pas averti les puissants de Loajess avant de fuir.
— Le roi n'a pas fui, rétorqua Shohn.
— Ta fidélité est une noble qualité, mais dans ton cas, elle t'ôte toute ta lucidité. Rappelle-toi comment a fini Marwan...
— C'est la faute de ton roi maudit si tu as fini avec cette gueule-là !
Œil pour œil, dent pour dent. Une maigre répartie, de l'opinion du général, mais il était parvenu à attiser la colère de cet homme. Il approchait du point de rupture, de l'instant où les plus inexpérimentés commettaient le plus d'erreurs.
Artell conserva son calme. Les anciennes brûlures le démangeaient, tout à coup, comme si elles étaient encore recouvertes de croutes. Il se fit violence pour ne pas porter sa main à son visage pour enfoncer ses ongles dans la chaire meurtrie. Pour gratter jusqu'à arracher les lambeaux de peau brûlée.
Il songea qu'Amaury n'avait pas choisi cet homme pour la finesse de son esprit, mais par nécessité. Il lui fallait un seigneur dévoué, limité, qui ne lui causerait aucun souci et qui se contenterait d'obéir. Il avait raconté à Shohn ce qu'il lui plaisait, la version qu'il lui plaisait.
— Amaury a jeté les nobles en pâture, toi avec. Il savait que Lyssandre viendrait, mais il n'a pas imaginé que ses propres sujets pouvaient se rebeller contre lui. Il pensait être des leurs après avoir vécu aux confins de Loajess, dans l'oubli, si longtemps.
Shohn tremblait. Il suait à grosses gouttes malgré la fraîcheur hivernale qui s'infiltrait par toutes les ouvertures.
— En quittant l'Episkapal, il livre les puissants au peuple pour mieux négocier avec eux, pour laisser croire à ses sujets qu'ils peuvent échanger d'égal à égal.
Amaury n'avait pas prévu le peuple, mais quand Artell se pencha au-dessus de la fenêtre découpée dans le mur, il sut que le roi avait omis une possibilité.
Celle selon laquelle Lyssandre profitait de cette insurrection non pas pour s'emparer directement de l'Episkapal, mais pour se présenter à la foule.
Pour se présenter en roi.
Ce qu'Artell avait aperçu, à savoir Lyssandre qui fendait la foule, Cassien et toute une horde de nobles sur ses talons, n'avait pas échappé à Shohn.
— C'est finalement joué, accorda Artell.
— J'y étais, lâcha soudain Shohn, alors que le général tournait les talons, conforté dans la nécessité de ne pas perdre un instant de plus.
Une larme de sang s'écoulait le long de la joue d'Artell qui s'était immobilisé.
— Le couvent, j'y étais. Les flammes, c'était l'idée d'Amaury, mais il voulait qu'on s'en tienne au plan de base. Qu'on mette le feu au couvent et qu'on laisse ces nonnes rôtir.
La main d'Artell s'était refermée sur le pommeau de son épée. Dans son dos, Shohn ricanait. Que cherchait-il sinon la confrontation ? Le seigneur de Balm était hors de lui, humilié par les propos du général et parce qu'il lui rappelait, au travers de son attitude plus qu'au travers des mots, combien Amaury avait eu tort de le laisser succéder à Marwan. Marwan qui sortait tout juste de l'adolescence et qui avait marqué les esprits. Shohn aspirait à un destin aussi glorieux, même s'il devait imiter la fin désastreuse du défunt seigneur.
— Les rumeurs disent que l'une d'elles était ta catin de mère, le vieillard ! Elle a cramé vive comme tu aurais dû mourir ou est-ce qu'elle a...
Quelque chose céda en Artell. Le point de rupture, très sûrement, celui que Shohn avait franchi sans même s'en rendre compte. Celui que possède tout homme, même le plus expérimenté de tous les soldats de Loajess.
Il arracha son épée à son fourreau, fondit sur le seigneur de Balm d'un bond souple et l'épingla contre le mur. Un hoquet échappa à l'homme
— Les flammes, articula-t-il. Juste... là.
Artell enfonça son épée à la fonction du cou et de l'épaule. Il ne se laissa pas émouvoir par le râle atroce qu'il arracha à Shohn. Le général attrapa ses cheveux hirsutes de chien errant et le jeta au travers des escaliers qu'il dévala jusqu'à la dernière marche.
— Elles ne m'ont jamais quitté, conclut le général.
Un très long chapitre, je crois m'être un peu laissée emporter. J'espère avoir su retranscrire l'ambiance que je m'imaginais et l'espèce de symbolique de ce chapitre qui représente malgré tout un tournant dans l'intrigue. J'ai aimé l'écrire, en particulier la toute fin.
Je vous souhaite un bon week-end et à mardi prochain !
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