Chapitre 18
La jeune Chinoise était à quelques mètres de son ennemi. Elle le dévisagea et l'entendit lui dire :
- J'aurai ton corps en trophée dans ma villa, sale chintock !
- Je planterai votre tête sur un pieu, vous allez payer pour tous vos crimes !
Il visa avec son révolver, mais Ho Sang fut trop rapide. D'un coup du sabre de son père, elle trancha la main droite de l'homme. Celui-ci se retourna pour s'enfuir, mais elle planta le sabre dans sa colonne vertébrale et il s'écroula sur le ventre. Elle s'approcha de lui, récupéra l'arme et le glissa sur le dos. Il n'était pas beau à voir : son visage était barbouillé de sang, de cheveux et de terre. Il marmonna à la jeune fille, en crachant à chaque mot du sang :
- Vous ne vivrez jamais en paix, toi et tes amis. Je vous hanterai.
- Où est le corps de ma mère ?
- Vous avez donc cru qu'elle m'intéressait ! Une catin...
- Tais-toi !
Elle leva le sabre et l'abattit sur le juge. La tête de l'homme quitta le tronc et la Chinoise se releva. Autour d'elle, le combat faisait rage. Elle attrapa la tête de Bill O'Neil par les cheveux et hurla :
- Votre chef est mort ! Il est crevé !
Jigoro leva les yeux vers sa fille. Elle avait tué leur ennemi, elle les avait vengés et sauvés. Il lança un regard à Shinji, qui se trouvait près de lui, et ils regardèrent la jeune fille crier à nouveau :
- Regardez ! Il est mort !
Les hommes du juge cessèrent de se battre pour observer Ho Sang. Leur réaction fut immédiate, ils partirent et, en moins de cinq minutes, il ne restait plus que les élèves, les Maîtres, et les corps de tous ceux qui étaient tombés.
Rachelle descendit avec sa caméra du toit du bâtiment et avança vers les survivants. Il ne restait plus que Shinji, Ho Sang, les deux jumeaux, Damien, David, Horoku et les deux Maîtres. La jeune Chinoise se trouvait au même endroit et se fut Shinji qui lui fit lâcher la tête de leur ennemi. Rachelle serra son frère dans ses bras, puis se dirigea vers les deux Maîtres avec la caméra, en disant :
- Tout est là-dedans. Je vais contacter Denis. Nous allons nous arranger pour que vous puissiez quitter les Etats-Unis. Vers quel pays voulez-vous vous diriger ? La Chine ?
- Non, répondit Takeshi. La famille d'Hinano se trouve en France. Nous la rejoindrons.
- Comment le sais-tu ?, murmura Jigoro.
- J'ai gardé contact avec les parents d'Hinano. Ils ne connaissent pas l'existence de Ho Sang, mais ils sont au courant de la tragédie dont tu as souffert. Ils ont un restaurant dans une ville.
- Je vais me dépêcher, ajouta la journaliste. Que ce cauchemar soit bientôt terminé.
- Père !, s'exclama Ho Sang en se jetant dans les bras de l'homme. Comment vas-tu ?
- Beaucoup mieux depuis que cet assassin est mort... mais toi ?
La jeune fille ne répondit pas, mais le sourire qu'elle esquissa servit de réponse.
Shinji et Ho Sang entourèrent Jigoro pour le mettre debout, tandis qu'il se reposait sur eux en passant ses bras autour de leurs épaules pour parvenir à marcher.
Rachelle partit avec Damien et David vers le bureau de son patron. Le jour était levé et Denis se trouvait sur place. La journaliste lui expliqua tout ce qu'elle avait vécu ces derniers jours et lui visionna le reportage. Pendant qu'il regardait l'écran, elle téléphona à une compagnie aérienne pour réserver des places. Elle laissa les deux jeunes avec son chef et passa au dojo de Jigoro prendre Horoku pour obtenir les billets d'avion.
Takeshi avait soigné son ancien élève en extrayant la balle de sa cuisse, en lavant la plaie et en le recousant. Il s'éloigna de quelques mètres et composa le numéro des parents d'Hinano.
- Yan ? C'est Takeshi. Comment allez-vous ? Je voulais savoir si nous pouvions venir chez vous, avec Jigoro.
- Jigoro ? Il est vivant ?, questionna la mère d'Hinano. Kei-Ying ! Jigoro est en vie, viens !
- Oui, et avec quelques amis. Et Ho Sang également.
- Qui est Ho Sang ?
- Votre petite-fille.
Un silence suivit cet aveu. Quelques secondes de vide avant que Yan ne murmure :
- Hinano a eu une fille de Jigoro...
- Oui, et elle voudrait quitter ce pays qui n'a produit que des malheurs dans sa vie.
- Nous vous hébergerons.
- Nous sommes nombreux... Neuf...
- Ce n'est rien, insista Kei-Ying. Nous sommes prêts à vous accueillir. Quand arriverez-vous ?
- Nous devrions partir demain...
- Alors, à demain soir.
- Bonjour, grands-parents !, s'exclama Ho Sang, qui venait d'arriver.
- Bonjour, petite-fille, parvinrent à articuler les parents d'Hinano.
Takeshi raccrocha et les deux Maîtres se firent un sourire complice.
Rachelle et Horoku, après avoir acheté les billets d'avion, passèrent chercher David et Damien dans le bureau de Denis. Le journaliste les informa que l'anti-gang était sur les lieux du massacre, qu'ils n'avaient trouvé que les hommes du juge et que le chef était passé à son bureau. Horoku murmura à Rachelle :
- Rê et Vulcain ont fait brûler les corps de nos morts afin d'en recueillir les cendres. Ils ont réussi avant que les flics n'arrivent, j'en suis heureux.
Puis, le Japonais aperçut un homme du gouvernement dans le couloir et eut un instant de panique. Tout ne pouvait pas s'arrêter ici. Le chef de l'anti-gang entra dans le bureau et dévisagea Horoku avant de lui dire :
- Ça fait bientôt une vingtaine d'années que j'essaye de coincer le Killer et son réseau. Aujourd'hui, par votre faute, il est mort.
Le Japonais baissa les yeux, complètement effondré.
- Néanmoins, grâce à vous et cet enregistrement, nous sommes en train de démanteler ce réseau, en particulier la prostitution. On m'a dit que vous vouliez partir en France ?
Horoku acquiesça de la tête.
- Je vous propose un marché. Je ferme les yeux sur ce qu'il s'est passé cette nuit. Mais, à une condition, vous quittez ce pays.
- C'est d'accord. Nous partons demain pour la France.
- Alors, au revoir, monsieur.
Il se dirigea vers la porte avant de se retourner et ajouter :
- Vous devriez partir également, mademoiselle Brown. Nous avons tout arrangé avec nos collègues français, vous n'avez pas besoin de documents.
Lorsqu'il fut partit, Rachelle se tourna vers Denis.
- J'avais réservé deux places supplémentaires dans l'avion, pour Damien et moi. Mon frère est mouillé...
- L'agence gouvernementale m'avait prévenu que vous devriez partir. J'ai contacté un collègue français, et il m'a dit qu'il aurait une place pour une journaliste têtue, avec du caractère et du courage. J'ai argumenté pour vous. Vous pourrez avoir un travail.
- Merci, Denis.
- Allez, filez ! Et n'oubliez pas de me donner des nouvelles, jeune fille !
- Bien sûr, Denis. Au revoir.
Elle sortit du bureau avec Horoku, Damien et David pour rejoindre les deux Maîtres au dojo.
Shinji et Ho Sang avaient regroupé les affaires dans des valises. Vulcain et Rê les avaient rejoints avec leurs quelques vêtements, le kimono de Takeshi et leurs quelques photographies et dessins, ainsi que les affaires que Rachelle et Damien avaient amenées chez eux lorsque Jigoro les avait poursuivis hors de chez eux avant de mettre le feu à leur appartement. Ils avaient également pris les cendres des défunts élèves de Jigoro. Le total des valises s'élevait à cinq et elles furent placées dans le cœur du dojo. Ho Sang s'assit à côté de son père.
- Alors, heureuse à l'idée de voir la France ?
- Heureuse à l'idée de quitter les USA. Demain, à cette heure-ci, nous serons dans l'avion. Les affaires sont déjà prêtes.
- On s'est trompé !, s'écria Vulcain en voyant entrer Rachelle dans le dojo. On a mis tes affaires en valise !
- Eh bien, vous nous avez ôté du travail ! Nous venons avec vous !
- Génial !, s'écrièrent les deux jumeaux.
Ho Sang se leva et se dirigea vers la journaliste :
- C'est super que tu viennes. J'espère que tu parles un peu français.
- Oui. Mais, ce qui est super pour moi, c'est de te voir enfin sourire.
Un sourire se dessina sur les lèvres de Ho Sang. Sourire qui s'accentua lorsqu'elle sentit la main de Shinji glisser dans la sienne, et qu'elle la serra en le regardant avec des yeux rieurs.
L'avion partait le lendemain matin à onze heures, et tout était prêt pour le départ. Dans le dojo, tous tombaient de fatigue, alors qu'il était à peine quatorze heures, et ils décidèrent de dormir.
Yan et Kei-Ying préparaient des chambres dans la partie hôtel de leur restaurant d'Amiens. Situé au centre-ville, entre la maison de la culture et le coliséum, ils possédaient cet endroit depuis de nombreuses années, ainsi qu'un restaurant. Les chambres inoccupées serviraient à coucher le petit groupe qui arriverait le lendemain soir.
Lorsque le réveil sonna, Jigoro et Rachelle étaient déjà réveillés et discutaient de leur passé. Ils avaient en commun la perte de leurs parents et leur amour des belles choses. Le dojo s'éveilla, Ho Sang et Shinji sortirent acheter de quoi manger. Lorsqu'ils revinrent, tous étaient prêts et ils petit-déjeunèrent leur dernier repas à New-York. Les dernières heures dans cette ville maudite.
Le groupe sortit et pénétra dans les camionnettes de Rachelle et Horoku, que la journaliste avait réussi à vendre à une connaissance, qui passerait les récupérer à l'aéroport. Avant de partir, Ho Sang et Shinji vidèrent discrètement plusieurs bidons d'essence et craquèrent ensemble une allumette, qu'ils lancèrent à l'intérieur du dojo. Des flammes s'élevèrent dans le jour qui se levait, et les deux jeunes entrèrent dans la camionnette d'Horoku, qui démarra et prit la route de l'aéroport.
Trois heures plus tard, le groupe se trouvait dans l'avion qui décollait pour Paris. Tous regardaient, par les hublots, la ville maudite et poussèrent un soupir de soulagement. Ho Sang, qui se trouvait entre son père et Shinji, posa sa tête sur l'épaule du jeune homme et s'endormit, rejointe peu après par son compagnon.
Il était dix-neuf heures, heure française, lorsque l'avion se posa à l'aéroport Charles de Gaulle. Le petit groupe descendit, attendit ses valises, passèrent les douanes (qui semblaient avoir été mises au courant de leur arrivée) et se posèrent. Ils regardaient les gens qui attendaient leurs amis, parents, proches, lorsqu'ils entendirent appeler :
- Jigoro ! Maître Takeshi !
Le groupe se retourna et les deux Maîtres se retrouvèrent dans les bras de ceux qui les avaient interpellés. Ho Sang se rapprocha.
- Les yeux de son père et la silhouette de sa mère, de notre Hinano.
- Vous êtes mes grands-parents..., murmura la jeune fille.
- Oui, ma chérie, murmura Yan en la serrant dans ses bras. Ma petite-fille...
Yan et Kei-Ying firent monter dans leur voiture Takeshi, Jigoro et Damien, tandis que le reste du groupe attendit un train qui devait arriver peu après en direction d'Amiens.
Lorsque tous furent arrivés à l'hôtel, ils allèrent se coucher, harassés par les événements, à l'exception de Shinji et Ho Sang, qui sortirent dans le jardin observer les étoiles, main dans la main. Leurs regards se croisèrent et ils s'embrassèrent. La jeune fille murmura :
- Nous avons vengé ma mère et mon père. J'en suis fière.
- Oui. Mais, je ne me suis pas battu pour eux, tu sais.
- Pour qui, alors ?
- Pour une jeune fille aux yeux noirs, aux cheveux d'ébène, au regard d'ange ou de démon. Pour cette jeune fille de dix-huit ans. Et sais-tu que son nom est doux et sonore, comme ceux des aimés que la vie exila ?
- Non. Et quel est-il ?, demanda-t-elle avec un sourire aux lèvres.
- Lóng.
Et voilà, ce livre est fini, merci à tous pour vos lectures, votes et commentaires ^^
Sanguinement-vôtre,
Gothycka
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