Épilogue

On aurait pu réussir notre coup, on avait été à deux doigts même. Sauf qu’on se jette pas dans l’océan avec une décapotable. On y a pas pensé sur le coup, trop occupés à planifier un futur que l’on considérait perdu. Un détail fastidieux.

C’est Ash qui m'a sortie de là. J’aurais pu m’éclater contre un rocher. Me noyer sous la force des vagues. Mais non, il a fallu que la chance me sourit. Ash était parvenu à remonter à la surface, alors il est allé me chercher. On s’est retrouvés à dix kilomètres de Lonesome, trempés jusqu’aux os, lavés de tout le sang qui maculait vingt minutes auparavant notre peau. Notre fin tragique à la Shakespeare est tombée à l’eau. C’est le cas de le dire.

On a peut-être été stupides pour la décapotable, mais pas assez pour revenir à Lonesome. On nous croirait morts. Emportés par les vagues, disparus dans l’océan Pacifique. Une vieille dame nous a pris en pitié à Holgin, une ville à côté. Là où Eytler avait mis fièrement la main sur un trafic de drogue.

Après nous avoir filé la moitié de sa fortune et des vêtements propres, la vieille nous a mis à la porte. On est parti plus loin, dans la crainte qu’Eytler soupçonne notre survie. Mais après trois mois de cavale sans aucun policier pour nous arrêter, on a vite compris que nos tombes avaient déjà été creusées.

On a pris le train pour le Nevada. Là-bas, Ash a réussi à se dégoter une caravane qu’il a payé au black, et entre deux déserts, on s’est marié. Deux tradigiquement décédés qui se promettent de s’aimer éternellement, n’est-ce pas magnifique ? Et finalement, avec tout ce qu’on venait de traverser, on a oublié Bella et Connor. Leur sang nous a rendu un peu plus tordus, un peu plus décalés du reste du monde, mais contrairement à eux, on n’a pas eu l’intention de tuer qui que ce soit d’autre. On n'a jamais eu de nouvelles de Gorgie. Ni d’Eytler. Mon père doit toujours se torcher à la bière face à la télé, Vodka miauler comme une folle dans le couloir, réclamant sa pâtée. Joyce à été le seul à apprendre notre survie. Il nous a envoyé de l'argent pendant des mois avant de soudainement arrêter. On a plus jamais entendu parler de lui. Quand je suis tombée enceinte, j’ai absolument voulu appeler notre enfant “Luke”. Pour faire comme dans ces films larmoyants, honorer notre ami. Malheureusement, ce fut une fille. Du coup, on l’a appelée Marguerite. Pour  rivaliser les coquelicots.

Parfois, le soir, je lui chante la Lonesome Town de Ricky. C'est de là d’où où vient. Là où notre première vie a pris fin, dans un assez gros bain de sang. Les dernières paroles qu’on a chanté avant de se noyer. Ash sourit quand il entends l’air.

Et Marguerite s'endort.

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