Chapitre 16


Non, s'infiltrer en douce dans un appartement n'est pas une infraction. Surtout quand c'est l'appartement de Dylan. Voler des clés de voiture par contre, je doute fort. Considérons ça comme une petite vengeance, il ne m'en voudra pas voyons! Ou peut-être juste un tout petit peu... Donc oui, je me glisse actuellement dans la chambre de Dylan alors que Ki-Hong est en train de fumer dans le cuisine en jouant à Candy Crush, la fenêtre grande ouverte. Je l'entend au son du jeu qui m'insupporte tant. Je ne referme pas complètement la porte derrière moi pour faire le moins de bruit possible et avance dans la chambre où le brun dort comme une masse. Je regarde autour de moi dans l'obscurité troublée par un fin rayon de lumière venant de la porte entre-ouverte. Je décide de regarder dans le tirroir de sa table de nuit, ce qui est extrêmement risqué et exitant. Je meurs de trouille en vérité, mais c'est plutôt amusant. Quand le tirroir s'ouvre avec un grincement de tous les dieux, je serre les dents et retiens mon souffle déjà coupé court. Il se retourne dans son lit en me faisant face, toujours endormi. Je ne peux pas m'empêcher de m'attarder sur ses traits adorables qui lui donne un air innocent lorsqu'il est sobre et encore plus même, lorsqu'il est endormi. Beaucoup de jeunes filles auraient aimé flirter avec ce garçon et moi j'ai eu la chance d'être en couple avec lui. Mais le coeur n'y était pas. On peut voir le plus beau garçon, le plus charmant, le plus drôle et le plus gentil, quand notre esprit est occupé par une autre personne; ça devient compliqué. C'est pour ainsi dire que je m'en vais. Plus de Thomas, plus de Dylan; plus de problème. Juste une virée entre fille dans la vieille voiture endommagée de mon ex-petit ami pour rigoler et se libérer. C'est ça qu'il me faut. Je ne vois rien dans son tirroir mis appart un jeu vidéo et des boules qui est-ce. La déception prend forme sur mon visage mais je n'abandonne pas mes recherches de fouineuse! Où mettait-il donc ses clés le peu de fois où il utilisait cette porcherie? Je réfléchis en scrutant la pièce et chaque meubles autour de moi. C'est là que je le vois, son pantalon sur la chaise de bureau. Je m'y attarde en fouillant ses poches arrière et sort avec victoire le petit trousseau de clés tintant. Dylan lâche un soupire derrière moi et je me retourne en sursaut en agrippant les clés pour qu'elle ne fasse plus de bruit en tintant. Je décide de sortir discrètement de la chambre comme je suis entrée en prenant soins de ne pas attirer l'attention de l'asiatique toujours absorbé par son jeu d'arcade stupide.
Ça y est! Je suis dehors! Je me précipite à l'extérieur en dévalant les escaliers avec ma valise, maudissant l'ascenseur en panne. Mais ce n'est rien, je vois son vieux caisson garé devant moi comme si il me tendait les bras! Je monte à l'intérieur en jettant ma valise sur le siège arrière et fait démarrer l'engin comme si ma vie en dépendait. Et si on me voyait partir avec sa voiture? J'accélère encore plus dans la mesure du possible et fonce dans la rue déserte en faisant jaser le moteur. Enfin, je suis libre de mes faits et gestes!

***

J'avance sur le pas de la porte de mon amie en tremblant. J'aime moins l'immeuble de celle-ci, il est moins accueillant. J'avance prudemment mon doigt vers la sonnette quand la porte s'ouvre sur moi. Kaya est devant moi, deux gros sacs à chaque mains et me fait un grand sourire. Elle pose un doigt sur ses lèvres pour m'ordonner de me taire et d'avancer vers la sortie. Mon coeur pourrait exploser de joie! Elle ferme la porte derrière elle et nous descendons un étage. Une fois hors de portée, nous parlons à voix basse dans l'immeuble.

"Brenda dort!"

Je souris de toutes mes dents.

"Parfait. On y va!"

"Mais comment?" Dit-elle paniquée sachant que je n'avais pas de voiture et elle non plus.

Je secoue fièrement le trousseau de clés de Dylan sous son nez.

"Dylan?!"

Je secoue affirmativement la tête.

"T'es géniale toi. Allez, on file d'ici!"

Sur ce nous sortons en trombe de l'appartement pour démarrer au plus vite et sortir de ce coin si sombre de Londres.

***

Dés les premières minutes passées dans la voiture à nous éloigner d'ici le plus possible, Kaya me bombarde de questions.

"Dylan était d'accord pour les clés? Il est au courant qu'on s'en va?"

Je secoue négativement la tête en restant concentrée sur la route.

"Personne ne sait qu'on s'en va. J'ai rompu avec Dylan. Je ne sais pas si il en est conscient mais il s'en rendra compte."

"Quoi? Raconte!"

Je lui raconte alors le coup de l'alcool mystérieux, de mon coup de tête et de mon infiltration dans sa chambre tel un ninja.

"T'es géniale, je te l'ai déjà dis? On va où?"

Je hausse les épaules.

"On s'en fiche. Loin, très loin."

"Ça me plait. Et du coup, on va manquer l'école?"

"En effet, mais ce n'est que quelques jours. Personne ne remarquera notre absence. Et puis, on en a besoin."

"Grandement besoin." Dit-elle en soupirant.

Je lui explique alors ce que j'ai sur le coeur et la raison pour laquelle je me dois de quitter Thomas, Dylan et le reste du groupe pour passer du bon temps avec elle. Elle parait gênée de me dire qu'elle aussi a besoin de s'éloigner, elle ne sait pas ce que moi je sais, alors je décide de lui avouer que j'ai tout vu l'autre soir.

"Kaya, j'étais chez toi l'autre soir, je voulais te parler de Will et de votre comportement bizarre l'un envers l'autre. Et j'ai tout vu. Je sais pour Aris et... je sais pour Brenda."

Elle me regarde avec des yeux ronds et pourtant remplis de soulagement.

"Bien, je n'aurais pas besoin de te le raconter alors." Dit-elle en souriant.

Elle l'a bien pris, notre voyage peut donc commencer!

"Pour Brenda... J'ai réagi trop vite. Je l'adore et j'étais énervée à cause de Will, j'ai tout lâché sur elle alors qu'elle n'avait rien demandé."

Je lui jette un regard en coin.

"Je comprends, on fait de bêtes choses sous la colère." Dis-je en tapotant le guidon, soulignant notre départ.

Je l'entends rire et mon sourire s'élargit.

"Ça m'a touché toute cette histoire..." Dit-elle en regardant la route.

"Je sais." Dis-je plus bas. "Je sais."

Tout simplement parce que moi aussi. Nous avions cru en les mauvaises personnes en délaissant les bonnes, causant le trouble et la déception en chacun de nous.

***

Il est bon de partir au jour le jour en se coupant du monde que l'on connait que trop bien. De s'aventurer dans la zone inconnue qui ne peut nous réserver que des surpises, aussi étonnantes soient-elles. J'accepterais volontier la première nouvelle expérience qui me passera sous le nez, sans jamais rien regretter. Au contraire, bonne où mauvaise, je prend tout! Car les bonnes me laisseront de chaleureux souvenirs et les moins bonnes un endurcissement majeur. Au fond, je ne peux qu'être habituée aux mauvais coups. Il ne fait pas nuit noire mais le ciel est teinté d'un bleu marine de toute beauté au dessus de la Tamise. Déjà, les étoiles d'une lueur dorée se font voires dans ce vaste champs d'éternel. J'y vois la liberté, si ce n'est que pour le temps d'une semaine. Les lampadaires anciens, noirs en fer forgé que j'ai affectionné dès les débuts virent au rouge alors qu'ils s'allument lentement. Nous garons la voiture loin de l'endroit où nous souhaitons nous rendre. Enfin nous longeons les trottoirs sur le Westminster Bridge et faisons face à l'impressionnant Big Ben. Mon amie s'accoude sur le bord de pierre du pont et regarde le bâtiment, la grande horloge illuminée; le soir tombe à une grande vitesse et rend le spectacle des plus merveilleux. Elle soupire sans me regarder, je l'imite en prenant place à ses côtés.

"Qu'est-ce que ça fait du bien. Je risque d'y prendre goût et de ne plus jamais rentrer." Dit-elle en rejetant ses cheveux noirs aux pointes mauves déteintes en arrière.

"Je veux vivre cette semaine comme si je jouais ma vie." Dis-je en débitant mes paroles, fixées sur l'aiguille du bâtiment.

"Comme si il n'y avait plus jamais de lendemain." Ajoute t'elle.

Je tourne la tête vers elle et lui sourit; c'est exactement ce que je veux.

C'est peut-être un coup de tête, mais alors je veux qu'il paye. Je ne ressortirais pas déçue et sans aucun regrets. Le reste, on peut clairement dire que "je m'en balance!".

***

C'est plus tard après avoir marché le long de là Westminster Abbey et longé le London Eye que nous trouvons une table à un pub anglais. L'ambiance est à son comble; j'en ai toujours rêvé! Plus rien ne nous inquiète, le regard des gens, nos manières où notre histoire. Alors nous allons nous asseoir à une rare table libre dans l'endroit bondé et festif. Ce sont en partie des hommes, parfois accompagnés de leurs femmes, variant entre vingt et même soixante ans qui complètent la clientèle. Des téléviseurs sont disposés aux murs diffusant un math de football anglais. Les hommes commentent et huent les équipes ou bien les acclament en levant leurs pintes à l'anglaise. Il y a un magnifique bar où tout est de bois. Les serveuses ont dans la quarantaine mais sont jolies, elles valsent entres les tables en servant les clients qui son parfois des parents avec leurs enfants. Les lumières sont accueillantes et il y a même de la musique. Du typique British, et j'adhère! Kaya et moi regardons la cartes, nos regards se croisent quand on y voit les pintes.

"On vit comme si c'était la dernière fois!" Dit-elle par dessus le bruit.

Je hoche la tête et nous optons pour une des plus petites pintes (car les plus grandes sont comme des seaux d'eau!) en commandant des fish and chips. Et je dois l'avouer, je n'ai jamais dégusté rien de plus bon de toute mon existence. La serveuse dépose lourdement les deux pintes en verres, je n'arrive pas à croire que je vais boire cette monstruosité! Pourtant nous trinquons en riant comme des enfants qui essayent de nouveaux jeux. C'est sous le regard étonné de quelques un que nous portons la chose à notre bouche. Je bois de longues gorgées de la bière avant de la reposer sur la table, la mousse encore présente sur ma lèvre supérieure. Nous rions de plus belle en oubliant que nous avons tout quitter sans prévenir quiconque et entamons le poisson qui nous est servit. Plus tard dans la soirée on nous offre le digestif, deux jeunes hommes de la vingtaine nous regardent et la serveuse nous prévient que c'est à eux que nous devons ce privilège. Mon amie et moi échangeons un regard amusé et trinquons à nouveau en reproduisant le geste vers les deux hommes trop âgés pourtant pour deux jeunes folles comme nous. Ils nous rendent un clin d'oeil et la brune se retient de pouffer en se moquant d'eux. Quelles vieilles habitudes pour draguer dans un pub! Nous profitons tout de même de ce qui nous est offert avant de payer notre repas, complètement repues. Nous saluons les deux hommes dépités de nous avoir payé ce digestif sans rien en échange et sortons en disant au revoir à la clientèle qui nous rend le salut. Tout le monde est si sympathique! Bras dessus, bras dessous, Kaya et moi retrouvons la voiture après une bonne demi-heure de marche. Que l'air nocturne est vivifiant! Nous restons sur ce parking désert loin de la vue de tous et déplions des couvertures faites pour ça, nous roulant en boule sur nos sièges abaissés. On se regarde, on se souhaite bonne nuit et on s'endort le sourire aux lèvres.

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