Chapitre 15
Deux semaines plus tard, j'ai décidé de m'évader.
Vous voulez des explications ? Mais que vous êtes exigents! Et bien il se trouve que le fond, je le touche très bien! Si bien que je devrais obtenir sans aucun problème une place dans le guiness book des records. Saviez-vous que l'alcool est ravageur? Oh oui, vous le savez. Je le sais bien moi-même.
Je me rends donc à l'appartement de Dylan après les cours du jeudi. Mon ventre gargouille, je meurs de faim. Le cours de philosophie était on ne peut plus ennuyeux aujourd'hui; j'ai passé l'heure à regarder l'horloge. Des aiguilles qui tournent en rond, toujours dans le même sens et avec une telle lenteur... Je me suis vue à travers ces aiguilles, j'ai vu ma routine et la lenteur de mes journées qui étaient un insoutenable supplice. Je me suis vue dans l'aiguille qui calculait les minutes, à me retrouver entre celle des heures et des secondes. Entre Thomas et entre Dylan. En conflit perpétuel avec moi-même. Le cours terminé je suis sortie la première, ce qui n'est pas dans mes habitudes. Je l'ai vu au professeur qui m'a lancé un regard plein de reproches; mais je m'en fichais. Le campus avait l'air incroyablement grand et long à traverser, comme si même ce détail se jouait de moi aujourd'hui. J'ai déballé un kinder surprise dans ma poche, heureuse de pouvoir l'entamer. C'est pourtant avec déception que je retrouve à l'intérieur une immonde figurine de ces personnages si commerciaux que sont les "minions". Sérieusement, même le chocolat va tout faire pour pourrir ma journée? Heureusement qu'il garde tout de sa saveur. Alors je rentre bredouille en mangeanr mon kinder. Je n'ai pas forcément envie de voir les autres chez Dylan mais j'ai encore moins envie d'être dans la même pièce que Thomas sans pour autant lui adresser la parole. Alors je monte les escaliers comme à mon habitude et ouvre la porte toujours ouverte. C'est là que la voix de Dylan complètement déformée se fait entendre depuis la cuisine. Il parle comme si il avait de la bouillie plein la bouche, c'est très étrange. J'avance prudemment comme j'ai pris l'habitude de le faire -ce qui ne m'a jamais été bénéfique compte tenu du fait que j'ai toujours appris des choses que je ne voulais pas savoir- et j'écoute la conversation et posant mon sac sur la table basse du salon.
"Mec..." Dit-il de sa voix lasse. "J'te dis que ce... Petit enc'lé me pourri la vie."
Puis il y a un long silence. À qui parle t'il? Et pourquoi de cette façon? Et surtout, de qui parle t'il? Je fronce les sourcils en ayant peur d'avoir des réponses à toutes mes questions.
"Dylan, maintenant tu vas aller te coucher et faire un gros dodo. D'accord?"
C'est Ki-Hong! Il parle à Dylan comme à un enfant. Minute...
"Non, j'suis pas d'accord." Il abat son poing sur la table. "C'est l'autre qu'étais habillée comme un p'te. Après y m'fais la gueule..."
Il est complément saoul ma parole! Je prend du temps à assimiler ses paroles sans vraiment comprendre. Où du moins, je n'ai pas envie de comprendre.
"Dyl, t'étais amoureux de Mercy avant tout ça. Donc arrête de dire n'importe quoi. Thomas l'aimait peut-être bien, y a eu pas mal de malentendus... Mais il s'en remettra et maintenant tu es avec elle, vous vous aimez et vous irez vivre dans un château enchanté en ayant beaucoup de bébés Dylan!" Dit l'asiatique sur le ton de l'exaspération.
"Nan... Ce s'rait rien passé si elle m'vait pas sauté d'ssus. T'sais elle était habillé comme une p'tain exprès pour ça. Elle aime trop tous les avoir à ses pieds. D'abord ellle s'débrouille pour chauffer Tommy, pis moi, pis après j'te dis ce s'ra toi t'auras rien vu v'nir. Après elle se fou d'ma gueule, elle m'aime pas vraiment c'est à peine si j'peux la toucher bordel... J'vais... C'te pôve fille, j'vais... Beuuh..."
C'est là que j'entends des pas précipités sur le carrelage et la porte de la salle de bain s'ouvrir à la volée suivie de Dylan dégobillant ses tripes dans les WC.
"Mais vieux, nan! Pas les toilettes, je venais de tout nettoyer!"
je reste là, debout entre le canapé et la table basse à fixer le coin du mur qui donne vers la cuisine. Je n'arrive pas à y croire. L'alcool serait-il le reflet des véritables sentiments de l'homme? La boisson qu'il a ingurgité lui aurait-il permi de vider son sac au près de son ami, en débitant alors ce qu'il pensait réellement de moi? Je n'ai plus de doute. Sa dernière phrase ne me laissant plus ce bénéfice. C'est vrai que j'ai du mal à ce qu'il me touche, je l'avoue. Mais n'ai-je pas besoin de plus de temps? Non, je n'arrive pas à y croire. Une pute, une putain qui s'habille vulgairement pour titiller l'attention des garçons. Les faire tomber à mes pieds par la séduction sensuelle et mettre le bazar dans un groupe. C'est donc ainsi qu'il me voit. Pourtant, rien de tout ça ne me ressemble vraiment; ma robe n'était vulgaire en aucun cas et jamais je n'ai souhaité devenir une joueuse avec les hommes une seule fois dans ma vie. Comptant le nombre de petits copains que j'ai eu se résumant à... Et bien à Dylan, je n'aurais pas vraiment eu l'occasion de jouer avec quiconque. Les larmes me montent pour la énième fois aux yeux, mais cette fois je ne compte pas m'enfuire en courant, c'est hors de question! Alors je m'avance d'un pas décidé, d'un pas rageur vers ce maudit coin de mur. J'ai bien peur que cette rage ne me fasse faire des choses que je regretterais plus tard, mais vous savez, sur le moment impossible de se contrôler. Je me poste là et regarde un Lee dépité, les deux mains posées à plat sur la table en regardant le sol. Il lève la tête vers moi en m'entendant arriver et ouvre grand les yeux.
"Tu..."
Je secoue affirmativement la tête persuadée qu'il allait me demander si j'avais tout entendu.
"Il est complètement bourré, il dit n'importe quoi." Essaye t'il en vain.
"Même bourré tu ne parlerais pas de cette façon de ta petite amie Ki."
Je crois les bras et je fixe la porte des toilettes, attendant avec la colère montant en moi comme la température lors d'une canicule, l'arrivée de mon très chère Dylan.
"Pourquoi il est bourré?"
"Thomas et lui se sont pris la tête tout à l'heure, je ne sais pas pourquoi. Il est rentré et a séché les cours pour s'enfiler toute cette bouteille."
Il me montre la bouteille vide de cet alcool qui m'est inconnu. Je me rend donc bien compte que ce n'est un une boisson pour les personnes qui je sont pas habituées à l'acool et prend conscience du danger auquel il s'est exposé en ingurgitant tout ça. Peu importe, je n'ai qu'une envie; faire voler violemment ma main dans la figure de cet imbécile.
C'est là que le brun sort enfin de son entre complètement barbouillé avec les yeux rouges de sang. Il me regarde d'un regard vide dénué d'expression, comme si il ne me reconnaissait pas, la bouche légèrement ouverte. Je m'avance vers lui, les dents serrées et me plante devant un Dylan qui m'est inconnu.
"Ne t'inquiète pas plus longtemps pour moi Dylan." Dis-je avec le plus grand des calme malgré la colère qui me submerge. "Tu n'auras plus à supporter la putain que je suis, ta vie sera peut-être plus facile sans la fouteuse de merde que tu as comme petite amie."
Je ne sais pas si je dois vraiment mettre mes menaces à exécution et envoyer balader ce salaud avec la paume de ma main; mais au final c'est plus fort que moi.
"J'ai jamais voulu de toute cette merde! T'es le premier à le savoir!" Je crie malgré que je sois consciente qu'il ne s'en rende pas compte.
Il se frotte la joue et me regarde en fronçant les sourcils, toujours comme un imbécile qui apprend tout juste la vie.
Ki-hong hausse les épaules.
"Je te l'avais dis mec, ça devient n'importe quoi. Tu pars en vrille. Maintenant va te coucher."
Je lui lance un regard plein de peine et sors de la maison en quatrième vitesse. Une fois dans le couloir j'attrape mon téléphone qui est encore fourré dans mon sac.
"Prépare un sac pour partir au moins 5 jours. J'arrive dans une demi-heure. S'il te plaît.
XXX - Mercy."
Je range mon téléphone le coeur battant, d'un côté je me sens libérée mais pas totalement. Une sensation de claustrophobie m'envahit encore à cause de ma présence dans l'immeuble; il faut que je sorte. Alors je déboule à la hâte dans mon appartement en lâchant des hoquets en prévenance d'une crise d'hystérie; en réalité j'essaye de ne pas pleurer et de ne pas m'affaler dans un coin en ayant l'air pitoyable. Je reste stoïque mais je dois faire vite, je ne tiendrais pas très longtemps. En m'entendant entrer comme une furie dans la cuisine, Thomas assis sur le canapé se retourne en sursaut.
"Mercy?"
C'est la première fois que j'entends sa voix depuis un moment et en plus, il dit mon prénom. Il est inquiet et ça me fend le coeur, j'ai tellement envie de lui sauter au cou et de tous lui dire... Lui dire que je regrette, qu'Isabella me rend folle, que je veux rester avec lui et lui parler. Que je n'ai pas plus de sentiments pour Dylan que ce qu'il peut s'imaginer. Que je veux que tout redevienne comme avant et que plus jamais je n'irais à une stupide fête du manoir Holmes et que je ne toucherais certainement plus une goutte d'alcool. Tout est si idiot et compliqué à la fois. Alors qu'il suffirait d'ouvrir la bouche et de parler, de quelques mots... Mais non, je ne me retourne pas et je rentre dans ma chambre pour faire mon sac; pour m'échapper loin de cette situation qui me rend folle.
***
Il ne m'a pas fallut plus que le délai accordé pour faire mon sac. J'emporte le stricte minimum avec moi; deux pulls, deux jeans, des chaussettes, des sous-vêtements et un matériel d'hygiène nécessaire tel qu'un brosse à dents et du savon. Je reste plus de dix minutes l'oreille collée à ma porte le temps que Thomas aille dans sa chambre; à cette heure-ci il a terminé ses devoirs et s'en va prendre une douche. Ça m'attriste de me rendre compte que je le connais si bien après seulement quelques mois. Enfin j'ouvre discrètement ma porte pour faire en sorte qu'il n'y ait aucun grincement; tentative ratée. La chance a fait que j'entends l'eau de la douche de Thomas s'ouvrir au même moment. Je soupire tant j'ai peur de me faire surprendre en train de partir. Mon but est de ne laisser aucune nouvelle, tant pis si on m'en veut après; je ne manquerais à personne. Ma seule véritable amie reste Kaya. En pensant à elle mon coeur se serre, il suffit que je regarde mon téléphone pour avoir la peur au ventre; elle ne m'a pas répondu. J'imagine tous les possibles;
1) Elle n'est pas chez elle.
2) Elle ne comprends pas. (C'est le plus plausible.)
3) Elle n'est pas d'accord.
4) Elle n'a pas vu le message.
L'angoisse me saisit, j'ai peur d'arriver chez elle et que Brenda ouvre, que Kaya me voit là sur le palier de la porte sans comprendre ce que j'y fais. Que rien ne se passe comme je le veux, comme prévu.
Mais il faut tenter le tout pour le tout, si elle ne vient pas, j'irais seule et même si elle prévient mes amis ils ne me retrouveront pas. D'ailleurs... Avant toute chose je lance d'un geste furtif mon portable éteint sur mon lit pour être sure ne pas être dérangée. Alors je sors en vitesse de l'appartement en me glissant dehors.
Mais... Comment vais-je partir?
Je regarde ma valise à roulette que je porte de la main droite et plaque une main sur mon visage.
Quelle idiote je fais.
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