Chapitre 12
C'est avec stupeur et un mal de tête insupportable que je me réveille dans une chambre qui n'est pas la mienne. Mes yeux se plissent douloureusement à la lumière qui filtre par la fenêtre de la pièce; mais quelle heure est-il? Le soleil est déjà haut dans le ciel... Et si j'avais dormi pour plusieurs jours? Mon coeurs s'emballe à cette idée mais le stresse retombe vite; je suis trop fatiguée pour penser, alors ne me demandez pas de me faire du soucis. La porte s'ouvre sur Brenda. Je me disais bien aussi que j'avais déjà vu cet endroit au par avant. Les idées se font plus claires dans ma tête, je sais où je suis, ce que je fais là et... Ce que j'ai fais hier. Brenda est postée dans l'encadrement de la porte, une main sur la poignée et elle me regarde plaquer ma main sur ma bouche en sentant des larmes inonder mes yeux suite au souvenirs de la veille. Je la regarde un instant.
"Pourquoi je suis ici?"
Elle secoue la tête en soupirant.
"On t'as trouvée endormie dans le champ, je ne sais pas vraiment ce que tu faisais là." Dit-elle inquiète.
Elle ne sait rien. Je hoche la tête et lui indique que je vais m'habiller alors qu'en réalité j'essaye juste de distinguer le réel et le fictif. Ce qu'il s'est passé et ce que je m'invente comme histoire. Je ferme les yeux et enfonce ma tête dans la paume de mes mains pour laisser couler des larmes silencieuses. J'ai couché avec Dylan. Thomas a comprit. Thomas a couché avec Isabella. Ma tête tourne trop et se retrouve vite enfouie dans un oreiller pour que je puisse lâcher un long soupire de frustration. La douleur se propage dans ma tête de telle façon à ce que je puisse très bien m'imaginer un réseau routier dans mon crâne avec la douleur qui de disperse dans ma tête comme des petites voitures. Je masse mes tempes comme si ce mouvement pouvait atténuer cet incroyable mal de tête; la seule chose que je vois nettement en fermant les yeux est un cachet d'aspirine.
***
Je m'éclipse le plus discrètement possible de l'appartement de Brenda et Kaya et débouche dans la rue. Il est 15h00, j'ai dormi, très, très longtemps. Je me sens comme Aurore se réveillant soudainement de son éternel sommeil. Je m'appuie à un réverbère dans la rue pour reprendre mon souffle; la lumière m'agresse et mon mal être ne peut que s'accentuer. En plus il fait froid. Non mais, je n'ai rien demandé moi! J'avance d'un pas chancelant dans la rue, si une de mes amies voulait me rattraper, elle aurait bien pu envoyer un escargot à mes trousses, il m'aurait attrapé et mit à terre en moins de deux. C'est après un quart d'heure de marche éprouvante que je me retrouve au pied de mon immeuble. Je n'ai jamais tant redouté les conséquences de mes actes. Bon sang, je tremble comme une feuille! Que pense donc Thomas? Et Dylan... Que pense Dylan? Et quand Kaya et Brenda seront au courant? Quand Will et Lee seront au courant? Et si ils l'étaient déjà? Subitement je me laisse à espérer que tout ne soit qu'un rêve un peu loufoque dû à un taux d'alcool un peu élevé. Mais qu'est-ce que je faisais dans un champ alors? Et pourquoi Thomas ne m'a t'il pas ramené à l'appartement. Je ne sais que faire. Si je pouvais je m'en irait loin d'ici, maintenant pour éviter tous mes problèmes et je laisserai volontier Londres derrière moi. Mais non, c'est la douleur qui me fait divaguer; il faut que je retourne dans mon appartement et que, nom de dieu, je prenne une aspirine. Il est préférable que je prenne l'ascenseur si je ne veux pas que mon corps roule de lui-même dans les ecaliers. La petite musique que projettent les hauts parleurs ne peut pas être plus oppressante qu'en cet instant précis; c'est comme si elle se jouait de moi. C'était peut-être le cas d'ailleurs, la musique entre dans ma tête comme pour la faire exploser. Je passe une main dans mes cheveux qui ont l'air de gonfler pour essayer en vain de ressasser mes interminables nausées. Enfin l'ascenseur s'arrête à mon étage, tant mon hésitation grandit, j'en oublie presque de sortir. Au dernier moment je cale mon pied entre la porte qui allait se refermer et le mur. Elle s'ouvre à nouveau et je sors de la cabine comme un zombie sortirait de sa tombe. Tout compte fait j'aurais peut-être préféré que cet ascenseur soit une tombe et qu'au contraire du zombie je n'en sorte pas. Les quelques pas jusqu'à la porte de notre appartement sont plus éprouvant que je ne l'aurais cru, rien qu'avec ma tête qui resonne à chaque pas, comme si mon coeur battait à l'intérieur, je n'en peux déjà plus. Des éclats de voix proviennent, bien audible, de l'intérieur. J'entends avec horreur la voix de Thomas clamer comme jamais contre celle de Kaya qui monte dans les aigus.
"Putain Kaya, c'est mon meilleur ami!"
"Et elle c'est ta coloc' Thomas! Réfléchis deux secondes, vous êtes pas ensemble!"
Super, elle sait.
Un silence lourd s'installe et j'entends un objet s'écraser sur le sol. Je reconnais là le bruit d'un tabouret du bar qu'on pousse violemment contre la table.
"Thomas." reprends Kaya avec plus de douceur, "Elle est libre de faire ses choix."
"Mais ça fouettait l'alcool à des kilomètres!" S'emporte t'il. "Elle était bourrée, j'vois encore ses yeux vides me fixer. Il a peut-être profité d'elle!"
Kaya se tait et j'entends une respiration saccadée suivie d'un poing qu'on cogne contre la table.
"Ou peut-être pas." Conclut-il plus bas, sans que la rage ne quitte le ton de sa voix.
Cette hypothèse à l'air de plus le tracasser que le fait que Dylan ait profité de moi. Bien.
À présent le doute m'envahit, et si il avait vraiment... Profité?
"Quand je pense à Isabella..."
Nouveau coup dans un meuble.
"Thomas calme toi!" Crit Kaya avec supplication.
Je laisse échapper un cris de surprise sans faire exprès, le silence se fait à l'intérieur de l'appartement. Mais quelle idiote je fais...
"Tu crois que..."
"Putain." Dis Thomas sans se méprendre.
Je quitte alors le couloir en courant, j'emprunte les escaliers cette fois pour monter un étage plus haut. Je ne sais pas trop où je compte aller, mais je sais que je suis grillée. C'est clair à présent que je ne faisais que suivre mes jambes en alertes qui se sont automatiquement arrêtée devant chez Dylan, Will et Lee.
Je toque sans hésitation à la porte et c'est un Dylan encore en pyjama à moitié endormi qui m'ouvre la porte en baillant. Ses yeux s'écarquillent quand il comprend que c'est bien moi qui suis sur le palier.
"Mercy...?"
"C'est moi. Laisse moi entrer." Dis-je en me faufilant derrière lui pour me retrouver dans le salon.
Je me retourne désespérément vers la cuisine où je mets à exécution mes fouilles d'aspirine dans chacun des tiroirs. Je sens le regard de Dylan peser sur moi et enfin je le sens à mes côtés. Il me tend un flacon brunâtre dans lequel reposent les cachets.
"Tu veux te shooter à l'aspirine avec moi?" Propose t'il en feignant un sourire.
Comme réponse j'ingurgite la première pilule avec un verre d'eau et soupire de satisfaction. Enfin je pourrais parler calmement, l'esprit tranquille. Quoi que... Tout compte fais, je vais aller m'asseoir sur le canapé avant toute chose. Dylan me suit en emportant avec lui de l'eau et le flacon de cachets. Nous nous asseyons tous les deux côte à côte sur le canapé en cuire brun et fixons en point invisible devant nous sans vraiment savoir pourquoi. Je ne veux pas qu'il croit que je viens le voir parce que je crois que nous sommes ensemble depuis hier, non. Je viens le voir parce que je ne comprends rien à la situation, c'est tout.
"À propos de hier..." Commence t'il.
"On l'a vraiment fait?" Je le coupe.
Il hoche la tête à mon grand damne.
"Pas jusqu'au bout, on va dire. Mais oui."
Je comprends immédiatement.
"Et on était bourrés?" Je continue.
"Fin caisse."
"Toi aussi?"
"Regarde juste ma tête, tu verras que ouais, j'ai jamais autant encaissé de wisky coca en une soirée."
À ses mots la nausée reprend de plus belle, j'avale un nouveau cachet sans demander mon reste.
"Va s'y molo quand même..." Dit-il en fronçant les sourcils d'inquiétude.
"J'ai rien à perdre." J'avale une nouvelle gorgée d'eau.
Un nouveau silence s'installe alors que le brun pianote sur son goblet avec ses ongles.
"Tu regrettes?" Dit-il enfin.
À vrai dire je n'en sais rien. Je hausse alors les épaules.
"Je suis désolé." Finit-il par dire.
Je le regarde véritablement pour la première fois depuis que je suis arrivée comme une furie chez lui et en effet il n'est pas dans un état recommandable. Ses yeux sont rouges, vitreux et cernés de noir, ses cheveux son gras et indomptables, sa barbe de trois jour paraît sale et ses lèvres son gercées. Sans parler de sa tenue qui consiste à un vieux jogging gris et à un t-shirt bleu foncé. Je ne suis pas mieux que lui à vrai dire.
"Je le suis aussi."
Il tourne la tête vers moi à son tour et le contact visuel se fait. Je ne sais pas exactement quoi penser en ce moment même mis appart cette question qui me trotte dans la tête; es-ce que je lui plait? Peut-être, mais est-ce que moi, il me plaît? Je réfléchis à cette question en me plongeant dans ses iris brunes si claires. Probablement. Il a ce charme dont toutes les filles rêvent, un corps bien tailler, un physique avantageux et un sens de l'humour hors paire. Pourtant... Non. En fait il n'y a pas de pourtant. Thomas était avec Isabella l'autre soir et il se moque bien de moi tout comme je me moque bien de lui.
"Tu ne dois pas être désolée."
Je secoue la tête sans vraiment comprendre alors qu'il laisse aller son pouce sur ma joue. J'ouvre légèrement la bouche, ne sachant comment réagir. Nous ne sommes plus sous l'influence d'alcool. Nous savons ce que nous faisons.
"Tu sais, peut-être que l'alcool n'a pas fait tout le travail. J'en avais envie parce que... Je crois que je t'apprécie. Beaucoup."
Je laisse ses doigts caresser ma joue sans rien faire.
Je ne fais rien non plus quand son visage s'approche du miens lentement et que ses lèvres effleurent le coin des miennes avec hésitation. Je me reprend vite, en laissant Thomas de côté et en me disant que j'avais besoin de quelqu'un. Et la personne dont j'avais besoin maintenant; c'était Dylan. Il était le seul à présent à qui je pouvais parler. Je capture alors ses lèvres et les scellent aux miennes en passant un bras autour de sa nuque. Il répond au baiser qui est doux et tendre. Et puis langoureux. Et puis amoureux.
Si vous m'aviez dit qu'un jour j'embrasserai Dylan pour de vrai, je ne vous aurais pas cru.
Et pourtant c'est ce que je suis en train de faire et ça ne me déplaît pas. Au contraire. Il passe sa main dans mes cheveux en mouvant ses lèvres contre les miennes de façon délicate et attentionnée, m'enveloppant dans des bras protecteurs qui me rassurent subitement. Pendant un moment la douleur s'efface complètement, je me sens guérie, je me sens renaître. Mais cet instant de magie se dissipe à la seconde où Ki-Hong entre dans l'appartement. En fait, nous ne l'avions pas entendu. C'est quand il se racle la gorge que nous nous séparons, non sans déception, et que nous nous tournons prudemment vers la porte.
"Bonjour." Dit-il en posant son sac de course à l'entrée, un sourire moqueur imprimé sur le visage comme à son habitude.
Je retire lentement mon bras qui entourait le cou de Dylan et ses mains posées sur mes hanches font de même. Je me mordille la lèvre en sentant encore le picotement du baiser pétiller sur celles-ci. Nous sommes mal à l'aise ce qui accentue l'amusement de l'asiatique.
"Oh, je ne voulais pas déranger." Dit-il en rangeant ses courses dans les placards de la cuisine avec patience.
Il sait pertinemment qu'il dérange et ça le fait beaucoup rire. Au fond, j'esquisse un faible sourire et rejette la tête en arrière pour m'adosser complètement au canapé.
"Je ne me remettrais jamais de la soirée." Dis-je dans un soupire en me frottant la tête.
"D'ailleurs, vous étiez où? On a pas trop fait attention." Dit Ki-hong.
Je hausse les épaules en échangeant un bref regard avec le brun.
"Je ne me souviens plus trop. C'était vague."
Dylan acquiesce mes paroles d'un hochement de tête. La réponse suffit à Ki-Hong qui quitte la pièce pour aller ranger ses achats sans la salle de bain.
"Dylan, je ne veux pas rentrer chez moi." Dis-je en pensant à Thomas.
"Je n'ai pas très envie d'aller à votre appartement non plus." Dit-il en se frottant la nuque d'un geste gêné.
Je comprends tout à fait, Thomas m'avait vu autant moi que Dylan.
"Tu peux rester ici autant de temps que tu veux."
"Au moins aujourd'hui pour me remettre de la soirée. J'irais prendre l'air ce soir."
Il hoche la tête et se lève avec difficulté en s'étirant. Je l'imite, ne sachant pas vraiment où aller.
"Merci." Lui dis-je.
Je dépose timidement un dernier baiser sur ses lèvres, ce qui le fait sourire.
"Tu pourras dormir dans ma chambre. C'est un lit une personne, tu peux le prendre. Je dormirais dans le canapé."
Je lui souris et le suit dans sa chambre où il me prépare le lit. Nous changeons les draps ensemble et nous préparons chacun un verre d'eau ainsi que quelques cachets. Je le serre une dernière fois dans mes bras avant de refermer la porte de sa chambre sur lui et de me coucher. Je m'endors rapidement. Le sommeil est le seul moyen d'estomper ces nausées affreuses. Enfin je me demande si toute cette histoire n'est pas un rêve, si je suis vraiment avec Dylan.
Tout parait si irréaliste.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top