Lewis ne sait pas dire combien de temps il reste emmitouflé dans le plaid. C'est l'ombre de Noa qui le fait s'asseoir. Il est confus de la voir avec deux tasses de café fumantes dans les mains, habillée et coiffée comme si la veille, une tornade n'avait pas décimé l'appartement.

-On peut parler plus calmement ?

Il hoche simplement la tête, et attrape la tasse qu'elle lui tend avant de s'asseoir en tailleur à côté de lui.

-Tu veux que je te laisse l'appart ?

Lewis secoue la tête. Il n'est pas du genre à rester attaché au lieu, il préfère recommencer ailleurs que rester dans un endroit lié à des souvenirs.

-Bon. Tu vas aller où ? Dans un de tes apparts, répond-elle toute seule à sa question, comme si elle venait de se souvenir à qui elle parlait.

-Je vais faire mes affaires aujourd'hui. Je serai parti ce soir.

Il boit une gorgée de café après avoir dit ça. Noa ne le contredit pas, ils veulent tous les deux sortir de cette situation le plus rapidement possible, de toute façon, pas la peine de faire semblant, de prétendre avoir de la compassion.

-Pourquoi tu m'as parlé de mariage lors de notre première rencontre ?

Noa semble surprise de cette question, elle prend quelques secondes avant de dire :

-Parce que je voulais qu'on se marie.

Lewis secoue la tête. Cette réponse ne lui suffit pas.

-Je voulais que tu demandes, ajoute-t-elle, comme si elle avait lu dans ses pensées. Pareil pour les enfants. Mais tu ne l'as jamais fait.

Il rit.

-Il y a dix ans, ou maintenant ?

-Les deux.

-C'est drôle que tu dises ça, pour quelqu'un qui passe son temps à dire qu'elle ne partira jamais alors qu'elle le fait deux fois. Mais peu importe.

-Tu veux que je reste ?

Il hoche la tête d'un air sarcastique. Il est à deux doigts d'applaudir tant il est agacé qu'elle ose dire ça.

-T'as pas remarqué ce qui a changé chez moi depuis la dernière fois qu'on était ensemble ? J'ai des tresses maintenant. Elles sont faites de tes mensonges.

-Et moi, j'ai coupé mes cheveux pour enlever le poids des tiens.

Il hoche la tête.

-Tu vois, on ne peut pas discuter sérieusement toi et moi. Ça devient directement de la destruction.

-C'est pas ça, la destruction. C'est nous deux ensemble.

Lewis ne peut rien rétorquer tant elle a mis des mots sur la situation. Il ne déteste pas Noa et il sait que Noa ne le déteste pas non plus. Ils ont tous les deux cru à des choses qui les ont menés ici. Qu'ils pouvaient s'aimer sainement, qu'ils avaient mûri, qu'ils étaient fait l'un pour l'autre, qu'ils allaient passer leur vie ensemble.

Ils terminent leurs cafés en silence, et aucun d'eux ne bouge ni ne parle. Lewis regarde l'appartement comme si c'était un champ de bataille représentant le champ de leurs rêves qui prend feu petit à petit depuis la veille. Il ne sait pas qui de Noa et lui a utilisé l'allumette de l'incendie criminel. Dans ses yeux sombres, il peut voir les flammes, et il est persuadé qu'elle voit la même chose dans les siens.

Tout a été dit. Alors Lewis lave sa tasse, réunit ses affaires, et sur le pas de la porte, dit au revoir à Noa d'une façon tout à fait fade et impersonnelle. Il ressent un pincement au cœur quand elle referme la porte derrière lui. Il sait qu'il dit au revoir pour de bon à eux, à cette histoire tumultueuse qu'il ne pourra jamais oublier.

Il sait qu'il le verra jusqu'à sa mort, après tout, c'est gravé dans sa peau. Quatre petites lettres, toutes en minuscule, accrochées, alors qu'elles ne forment pas vraiment un mot.

loml.

-Tu es la perte de ma vie, souffle-t-il en se dirigeant vers la sortie de l'immeuble.

Oh, what a valiant roar
What a bland goodbye
The coward claimed he was a lion
I'm combing through the braids of lies
"I'll never leave," "Never mind"
Our field of dreams engulfed in fire
Your arson's match, your somber eyes
And I'll still see it until I die
You're the loss of my life

Oh, quel vaillant rugissement
Quel au revoir insipide
Le lâche a clamé être un lion
Je peigne à travers les tresses de mensonges
"Je ne partirai jamais", "Peu importe"
Le champ de nos rêves englouti par le feu
Ton allumette de l'incendie criminel, tes yeux sombres
Et je le verrai toujours jusqu'à ma mort
Tu es la perte de ma vie

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merci d'avoir lu loml 🤍