Lewis avait rencontré la tornade Noa pour la toute première fois un jour de septembre.

Il avait presque immédiatement déclaré que c'était le destin, parce que c'était le cas, ou parce que c'était une bonne justification pour le déroulé des événements.

Hormis sa chemise blanche, il était tout de noir vêtu : le pantalon, la veste de costume, et la cravate dont il touchait le bout inconsciemment, comme un signe de réconfort parmi la foule. Il n'était jamais trop à l'aise à ce genre d'évènements, mais c'était trop important pour qu'il ne vienne pas. Il s'était mis au fond pour se faire discret, voulant entrer dans l'église en dernier. Devant lui, il admirait la chevelure rousse et ondulé d'une femme, qui se mouvait en même temps que ses pas.

Et d'un coup, sans que rien ne laisse présager quoi que ce soit, il l'avait vu trébucher et s'étaler de tout son long par terre, devant lui.

-Ça va ? avait-il demandé immédiatement en s'accroupissant avant de froncer les sourcils en la voyant porter sa main à son front. Tu veux que j'appelle quelqu'un ? Le SAMU ?

-Non, c'est pas la peine, merci, avait-elle répondu, et Lewis avait attrapé sa main pour l'éloigner de son front afin de constater les dégâts.

-Tu vas avoir une sacrée cacahuète.

Elle avait lâché un rire, et Lewis avait souri.

-Je fais des études de médecine, je vais pouvoir gérer. Et puis, t'as déjà vu pire accident, non ?

Il était bien obligé de hocher la tête. Il ne s'était pas attendu à se savoir reconnu aussi vite, mais finalement, ça lui évitait de devoir se présenter. Il n'aimait pas trop faire ça, car il avait toujours soit l'impression d'être vantard, soit de passer pour quelqu'un de faussement modeste.

-Tu sais quoi, je vais m'asseoir à côté de toi, à l'intérieur, comme ça, si jamais je vomis ou quelque chose... tu pourras réagir immédiatement.

Lewis avait ri avant de se redresser, tendant une main à la jeune femme, qu'elle avait attrapé pour se relever à son tour. A l'intérieur, ils s'étaient glissés sur le banc du fond en silence, et ne s'étaient plus adressés la parole jusqu'au moment de ressortir.

-Bon, eh bien, merci d'avoir surveillé ma santé. Je pense que je vais pouvoir gérer à présent, avait-elle déclaré une fois à l'extérieur, un peu à l'écart du groupe. Je t'en dois une. Qu'est-ce qui t'intéresserait, un déjeuner, un mariage ?

Lewis avait haussé les sourcils, amusé. Elle avait dit ça sur un ton plaisantin, mais il savait que derrière ce genre de phrase, il y avait toujours une part de vérité.

-On va commencer par le premier, non ?

Et c'est ce qu'ils avaient fait. Installés dans un restaurant une semaine plus tard, il avait découvert que Noa n'était pas naturellement rousse entre l'entrée et le plat, qu'elle voulait devenir infirmière, qu'elle adorait le cinéma et qu'elle voulait avoir au moins quatre enfants avec lui avant le dessert.

Après le dessert, ils s'étaient embrassés.

Et le soir, avant de s'endormir, elle avait chuchoté des mots avant de se retourner et de fermer les yeux.

Lewis avait froncé les sourcils et avait chuchoté :

-Tu as dit je suis l'amour de ta vie.

Ce n'était ni une question, ni une affirmation. Un peu les deux.

Il n'avait pas eu de réponse, mais il savait qu'il avait bien entendu.

If you know it in one glimpse, it's legendary
You and I go from one kiss to getting married
Still alivе, killing time at the cemеtery
Never quite buried
In your suit and tie, in the nick of time
You low-down boy, you stand-up guy
You Holy Ghost, you told me I'm the love of your life
You said I'm the love of your life
About a million times

Si tu le sais en un coup d'oeil, c'est légendaire
Toi et moi passons d'un baiser à se marier
Toujours vivants, tuant le temps au cimetière
Jamais vraiment enterrés
Dans ton costume-cravate, juste à temps,
Toi, garçon ignoble, toi, mec comique
Toi, Saint Esprit, tu m'as dit je suis l'amour de ta vie
Tu as dit je suis l'amour de ta vie
Environ un million de fois