Chapitre 19 : Solène et Prag

Cela faisait des heures ou des jours que j'attendais patiemment dans cette pièce qu'un autre groupe de jeune arrive, en vain. Je commençais à perdre tout espoir de sortir un jour d'ici. Rose, c'était le prénom de la femme, elle s'en souvint, n'arrêtait pas de me parler. Je ne m'en plaignais pas, cela me permettait de ne pas m'ennuyer. Je connaissais quasiment toute sa vie, presque. Elle avait deux enfants et un mari qu'elle aimait plus que tout au monde. Elle me racontait la solitude qu'elle avait éprouvé en errant dans cette pièce durant des années. Je m'identifiais à cette situation lorsque j'étais là-haut, sur Terre. Je n'étais pas seul proprement parlé, mais j'étais seul intérieurement. Je lui avais fait part de mon mal être et j'étais ravi qu'elle me comprenne. Elle était beaucoup mieux qu'un pauvre psychologue qui n'avait aucune idée de ce qu'était la solitude.

Je me sentais un peu comme Rose : condamné à rester coincé dans cette pièce pour l'éternité. Il était vrai que je pouvais rester, comme elle, des années dans cette pièce : Je ne ressentais aucune faim et donc je pouvais continuer de vivre. La seule différence entre elle et moi était que je ressentais la fatigue, dormais et vieillissais. 

J'espérais de tout mon être que Lara ou un des garçons me rejoignent ici. Je ne voulais pas continuer ce chemin seul ou avec des « inconnus ». Ils étaient comme des piliers pour moi. Nous avions passé que quelques jours ensemble mais j'avais l'impression des les connaître depuis des années. Nous étions solidaires et malgré quelques querelles que j'avais pu avoir avec Hyro, j'avais envie qu'ils reviennent. 

D'un coup, un mécanisme se fit derrière moi. Je me retournai, me demandant d'où provenait ce bruit et aperçus un renfoncement dans le mur se faire puis une porte s'ouvrir, celle par laquelle nous étions passés précédemment nous quatre. Deux silhouettes apparurent, assez pressés d'entrer. L'un d'entre eux s'écrier qu'une bête était proche tandis que l'autre entra en trombe dans la pièce. C'était une fille légèrement plus petite que moi, brune. Dès que les deux adolescents furent entrés dans la pièce, la porte se referma derrière eux. Ils ne m'aperçurent pas tout de suite. Ce fut le garçon qui me regarda la premier. J'étais assis contre un mur, les jambes pliées, les regardant d'un air dubitatif. 

« Solène, regarde ! »

L'appelée se retourna vers moi et m'aperçut également. Les deux me scrutaient comme s'ils craignaient que j'étais un danger. Je me levai doucement, montrant que je voulais en aucun cas leur faire du mal. J'étais partagé entre la joie de ne plus être seul et la tristesse de ne plus revoir Lara, Hyro et Fallen. 

« T'es qui ? me demanda le garçon, craintif.

- Jayden. Je m'appelle Jayden. Je suis ici depuis plusieurs jours, je suis de votre côté et..

- Attends, tu vas me dire que t'es tout seul depuis tout ce temps ?

- Bah à vrai dire, y'a Rose qui.. »

Soudain, je m'aperçus qu'en leur parlant de Rose, j'allais sûrement paraître pour un fou. Comment leur expliquait que nous nous trouvions dans un cabinet où était morte une femme que j'avais le don de voir et avec qui je discutais depuis des heures ? Moi-même j'avais du mal à me croire.

« Rose ?

- Non, personne. J'étais avec trois autres personnes, ils ont disparu..

- Comment ça ? me fit Solène, la fille.

- On a appuyé sur ce bouton. »

Je montrai du doigt l'interrupteur qui se trouvait derrière moi avant de reprendre :

« La lumière s'est éteinte et on a tous disparu.

- Bah qu'est-ce que tu fais là alors ?

- C'est une longue histoire.. Il faut juste que vous sachiez qu'il ne faut pas appuyer sur cet interrupteur au risque de ne plus jamais revenir !

- Justement, c'est ce qu'on compte faire ! On veut partir d'ici, répondit le garçon.

- Prag, laisse le finir bon sang ! 

- Prag ? Bizarre comme prénom, fis-je.

- Toi, tais-toi. »

Oups. Et voilà comment je me faisais des ennemis : en disant tout haut ce que je pensais tout bas. 

« Lorsque j'ai appuyé sur ce bouton, j'ai atterri dans un hôpital, allongé sur un lit. Je n'étais plus moi, j'étais dans le corps d'un autre garçon ! Je vous assure, ce bouton permet d'entrer dans le corps d'une autre personne qui est en ce moment dans un coma. »

Solène et Prag s'échangèrent un regard puis me fixèrent intensément comme pour voir si je mentais ou pas. Solène me sourit légèrement, montrant qu'elle me croyait. Je n'avais pas une tête de méchant de toute façon. Quant à Prag, il n'avait pas l'air très sûr de ce que je disais.

« Sinon, c'est quoi vos dons ? demandai-je.

- Ah.. tu veux dire le truc bizarre qu'on a acquis en atterrissant ici ? renchérit Prag.

- Oui.

- Moi, commença Solène, j'ai la capacité de voir dans le noir. Prag a la capacité de se régénérer à une vitesse folle ! N'est-ce pas ? dit-elle au concerné.

- Oui.. roh..

- Mais c'est génial ! s'exclama-t-elle. Ne te plains pas ! » Solène se tourna vers moi et m'avoua : « Prag s'était ouvert la jambe à cause d'un de ces monstres qu'on a réussi à tuer. En même pas deux minutes, sa plaie s'était refermée et il ne sentait quasiment plus rien ! »

J'écarquillais des yeux, étonné de son don. Celui-ci semblait gêné de ce que disait son amie et se retourna afin de tâter de ses mains le mur, à la recherche de la porte qu'il venait de traverser.

« Où est passée la porte ? demanda-t-il.

- Elle disparait une fois qu'on est à l'intérieur.

- Ça veut dire qu'on ne peut plus sortir ? s'inquiéta Solène.

- Il y a une autre porte derrière la table en bois. Il faut juste réussir à l'ouvrir, dis-je. »

Prag et Solène regardèrent en direction de la table puis me dirent qu'il ne voyait rien. Je leur expliquais que nous pouvions le voir que par l'intermédiaire du miroir. Ils allèrent vérifier et furent stupéfaits de constater que ce que je disais était vrai. Ils pouvaient voir la porte dans le miroir, mais pas sans. Solène fit la remarque qu'elle adorait le miroir et qu'elle voudrait  le même lorsqu'elle retournerait chez elle.

« On essaie de l'ouvrir ? nous proposa Solène.

- Allons-y, fis-je. »

Prag s'occupa de regarder dans le miroir la porte pour nous indiquer à quel endroit nous devions toucher pour l'ouvrir. Solène et moi déplaçâmes la table afin d'avoir un meilleur accès à la surface blanche. Nous commençâmes à tâter le mur lorsque Prag nous guida jusqu'à la poignée. Soudain, après avoir suivi les dires de Prag, je sentis quelques chose entre mes doigts, comme un objet cylindrique, pourtant je ne voyais rien. Je commençais à appuyer dessus et je devinais que je tenais dans ma main la poignée de la porte. Soudain, le blanc du mur se transforma vert foncé, quasi identique à mon t-shirt. Un rectangle vert foncé apparut, qu'était tout simplement la porte. Solène me regarda, choquée. Prag vint nous rejoindre et nous annonça qu'il passerait en premier par cette porte, au cas où il y aurait des pièges. Sachant qu'il avait une meilleure régénération que nous, cette solution paraissait logique. Je laissais la poignée à Prag qui la prit entre ses doigts et poussa difficilement la porte. Je pouvais voir dans l'entrebâillement qu'il faisait sombre de l'autre côté. En même temps, il y avait que très peu de chance de faire plus lumineux que cette pièce. Prag entra doucement dans la pénombre, suivi de Solène. Avant de les rejoindre, je me regardais en direction du miroir et fis un geste d'au revoir à Rose qui nous regardait partir. Je pus deviner sur ses lèvres qu'elle me remerciait. Elle mima un bisou avec sa main puis je rejoignis les deux autres adolescents qui m'attendaient de l'autre côté.

[Chapitre 19 publié ! Héhé. Cette suite promet de grandes choses ! :3 J'espère que vous aimez toujours autant me lire. (: La suite arrivera prochainement ! Soyez patients. Bonne lecture et bonne journée ! ;)]