Sans plus tarder, Iruka se rapprocha de moi, passa mon bras derrière ses épaules et sauta vivement en l'air vers l'est, d'arbre en arbre pour nous cacher dans la forêt.

Il me déposa contre le tronc d'un arbre et s'agenouilla à côté de moi. Le silence fut maître de ce moment et ce fut si déroutant d'être au calme alors que quelques secondes plus tôt, le bruit de l'électricité prenait toute la place.

Sans briser le silence, il attrapa un bandage dans une de ses sacoches puis attrapa ensuite ma main droite. Je n'avais plus une once de chakra, plus une once d'énergie. Pour une fois, je décidais de briser le silence. Je parlais avec difficulté, esquissant néanmoins un sourire :

"- Quelle semaine de galères !" je tentais de plaisanter.

Ma remarque ne le fit même pas sourire.

"- Tu es affaiblis et tu fais de l'humour. Il n'y a que toi pour faire ça." Il secouait la tête résigné.

Je baissais la tête en rigolant et esquissais une grimace de douleur pendant qu'il me bandait la main. J'étais dans un sale état. Je soupirais.

"- Iruka, pourquoi tu as pris ma place sous le dôme ? Tu connais bien le code ninja, ce n'est pas moi qui vais te l'apprendre. C'était dangereux et non nécessaire. Tu aurais pu y passer, sans compter que tu m'as mis dans une position délicate. Comment aurions-nous fait si ce n'avait pas été la bonne solution ? Aucune vie n'est plus méritante qu'une autre. C'était de ma faute. Il nous fallait travaillait ensemble mais pas se sacrifier."

Iruka me contempla un moment avant de répondre avec sérieux, sans arrêter ce qu'il faisait, pesant ses mots à mesure qu'il parlait :

"- Je ne suis pas capitaine. Je ne suis pas haut gradé. Je suis un chunin sans particularités aucunes. Je ne suis pas spécial, je n'ai pas de pouvoir extraordinaire. Je suis un peu plus normal. Tout l'inverse de toi. Par contre, il y a une chose qui me caractérise. J'aime mon village et mon entourage et je suis l'homme le plus émotionnellement intelligent de ce village. Avec les années, j'ai travaillé dur pour devenir fort et talentueux. Ce n'était pas écrit dans mon destin d'être exceptionnel mais j'ai fais avec. J'ai déjà souffert et je n'ai pas peur de souffrir à nouveau. La douleur ne me fait pas peur et s'il fallait que je passe à nouveau sous ce dôme électrique pour pouvoir dénouer la situation alors que c'était d'une douleur incommensurable, j'y retournerais sans hésiter. C'est comme ça, pour moi être ninja."

Je ne répondis pas de suite et le regardais dans les yeux, laissant ses mots s'ancrer en moi. Il était un bon équipier. Il ne parlait pas pour rien dire. Il portait sur lui et son visage la preuve de ce qu'il venait d'avancer. Cette marque qui traversait horizontalement son visage sur la hauteur de son nez. Sans vraiment réfléchir, je soulevais ma main dégagée et effleurais sa marque de mes doigts. Il attendit patiemment que j'ai finis mon mouvement et j'ajoutais :

"- Je comprends." Je fis une pause. "Mais Iruka, je veux que tu comprennes quelque chose. Tu es très talentueux, tu pourrais même être haut gradé si tu le souhaitais. Mais nous ne restons que des humains ... avec des faiblesses et tu ne dois pas laisser tes faiblesses surgir dans tes missions."

Je laissais aller ma tête sur le tronc d'arbre et fermais soudain les yeux sous la douleur. Il avait commencé le second bandage et le serrait un peu plus fort que nécessaire.

"- Tu appelles ça une faiblesse ? Venant de toi, Kakashi. C'est un peu fort. Toi qui, depuis trois jours n'en fait qu'à ta tête. Tu bois, tu t'énerves, tu désobéis aux ordres... Tu me parles de faiblesses... Je ne sais pas si tu ne devrais pas toi même transformer tes paroles en actes."

Je restais stupéfait de ses paroles. Il avait raison. En ce moment, j'étais dans tous mes états et je ne tenais plus vraiment droit. J'avais ma petite fierté et ce qu'il venait de dire heurtait mon ego mais il ne pouvait pas avoir plus raison. Et je comptais essayer de sauver Sasuke dans cet état ?

Nous courrions à notre perte. Je comprenais dorénavant pourquoi Tsunade avait souhaité lui parler plus longtemps avant notre départ en mission. J'étais incontrôlable, je n'arriverais à rien seul. J'étais trop déçu et blessé. La culpabilité m'empêchait de réfléchir intelligemment. J'avais tout considéré comme acquis et maintenant toute cette situation me filait entre les mains tel de l'eau que l'on essayait d'attraper. Iruka était la personne qui avait du sang froid dans notre duo, c'est lui qui contrôlait la situation pas moi. Elle avait dû lui donner quelques directives concernant notre rencontre avec Sasuke craignant que moi je ne puisse plus garder la tête froide et les idées en place.

Iruka dû comprendre mon raisonnement à ma tête car il ajouta gentiment :

"- Kakashi, je te l'ai déjà dit, c'est normal de culpabiliser. Nous tenons à nos élèves. Nous tenons les uns aux autres, c'est ce qui fait notre force au combat. Nous nous battons pour ceux qui nous sont chers. Arrête de te flageller."

Qu'est-ce qu'il pouvait m'agacer quand il faisait ça. Comment se faisait-il qu'il détienne toujours les bonnes réponses ? Qu'il possède cette capacité à comprendre ce que les autres ressentaient avec autant de justesse ? Comme s'il avait eut le super pouvoir d'empathie. Je ne répondais plus et essayer de me lever alors qu'il finissait de me bander la seconde main. Je n'eus même pas le temps de faire quoi que ce soit, qu'il m'arrêta, sa main sur mon torse :

"- Qu'est-ce que tu fais ? " Me demanda-t-il.

"- Nous devons partir. Nous ne pouvons pas rester là, c'est dangereux. Nous sommes trop prés du village et je ne serais pas capable de nous protéger si on nous attaque." Je lui répondis.

"- Me serais-je soudainement évaporé ?" Demanda t-il. "On reste là, tu n'es pas en état de te déplacer. Tu n'as plus de chakras et tout ton corps est en souffrance. Le mien aussi d'ailleurs à cause de cette satanée électricité. Nous restons là."

Je serrais les dents, il n'avait pas tord. Nous étions pourtant tous les deux affaiblis et nous étions terriblement vulnérable en pleine forêt, aux abords du village d'Oto. Il nous fallait installer un périmètre de sécurité, puis faire des tours de garde. Il m'interrompit dans mes pensées :

"- Kakashi, je sais que tu n'es pas habitué mais ... tu vas devoir me faire confiance et me laisser gérer la situation."

Je grognais pour toute réponse. Il avait vu juste. Aujourd'hui, j'allais devoir lui faire confiance. J'allais devoir m'en remettre à quelqu'un d'autre que moi. Et cela, ce n'était pas arrivé depuis très ... très longtemps.

Mais bon, après tout, il venait bien de me prouver que je pouvais compter sur lui.