Partie 2 : soirée embrumée après une journée déroutante


Je me détournais d'Iruka et repartais en direction du village. Il était tellement compliqué quelquefois de porter tant de responsabilités sur ses épaules. C'était à moi d'assumer les conséquences de cet échec.

J'arrivais au centre du village et en passant devant Ichiraku, le restaurant de ramens, mon cœur se serra à nouveau, je décidais donc sur un coup de tête de m'engouffrer  dans le bar juste à côté.

Assis à une table au fond du bar, Azuma et Gai étaient en train de boire un saké. Je leur fis un signe de tête pour leur dire bonjour mais je me détournais vers le bar. Je n'avais pas la tête à être accompagné ce soir ni à devoir raconter ce qu'il s'était passé. Je me ressassais bien assez la scène de Naruto inconscient et blessé au sol avec un Sasuke fatalement absent. Ils durent comprendre mon besoin de solitude et ne vinrent pas me déranger.

Je commandais un verre et réfléchissais à la situation, aux scénarios qui auraient pu être possible, à ce que je devrais faire maintenant. Je n'en avais aucune foutue idée, c'était bien la première fois depuis très longtemps que le contrôle m'échappait. Attablé à ce bar,  je bus plusieurs verres, surement trop. Je ne buvais que très rarement et de ce fait je me retrouvais rapidement ivre. Une personne à ma droite me sortit de ma torpeur pour m'adresser la parole. Il lui fallut s'y reprendre à deux fois avant que je ne sorte de ma léthargie.

" - Kakashi Hatake ? Kakashi ? On peut dire que ce qui se dit sur vous est vrai, vous n'êtes pas très attentif à ceux qui vous entourent ."

La voix féminine qui venait de s'exprimer était très douce, d'un suave étonnant. Son ton était un peu moqueur. Lorsque je pris la peine de me retourner aussi vite que mon ivresse le permis, je remarquais une femme plus jeune que moi, une personne qui n'était pas du village. Enfin, il me ne semblait pas la connaître. Ses cheveux étaient long, fins et noir et elle avait un visage doux comme sa voix. Je plongeais mon regard dans ses grands yeux bruns et je lui répondis avec un sourire:
"- Oui, je ne suis, en effet, pas connu pour être très loquace..."

Un sourire se dessina derrière mon masque. J'attendais sa réponse.

"- Je vois que vous êtes tout de même très modeste avec tout ce que l'on raconte sur vous."

"- Il ne faut pas croire les rumeurs. Il y a toujours une énorme part de faux."

"- Ce qui est sûr, c'est que les gens ne mentent pas sur votre beauté."

Elle se rapprocha de moi avec un sourire confiant. Son parfum embaumait mon cerveau ivre. Il était vrai que je n'avais jamais vraiment eus de relation amoureuse très sérieuse mais le plaisir de la chair ne m'était pas inconnu. Il m'arrivait souvent de partir longtemps et loin de chez moi et j'avais la chance de bénéficier d'un corps et d'un visage agréable à regarder. Habituellement, je ne prenais pas la peine d'entamer des discussions avec les femmes, elles venaient rapidement d'elles même. Les hommes par contre, c'était différent. Mais rares étaient les fois où je ne finissais pas par avoir ce que je voulais. Seulement ce soir, je n'avais pas vraiment la tête à ça. Bien trop fatigué de cette journée, je n'avais pas envie de nourrir quelconques jeux sexuels même si son compliment me flatta.

"- Je vous remercie, vous êtes indéniablement une très belle femme. Je vais vous demander de pardonner mon comportement car je vais devoir vous laisser."

"- Quel gentleman. Si vous changez d'avis, je serais là."

Puis elle se leva en même temps que moi pour se diriger vers la table du fond où mes deux acolytes rigolaient avec entrain. En voilà un qui sera chanceux ce soir. Azuma était en couple mais Gaï était célibataire. Je me retiendrais de lui faire remarquer qu'il était seulement le second choix. Notre vive rivalité allait déjà très bien et en tant qu'ami je ne voulais pas le blesser. Je souriais et me délectais de la saveur cocasse de ce moment. Ce n'est qu'en trébuchant en sortant du bar que mon ivresse me rappela à l'ordre. Il fallait que je rentre chez moi. Si quelqu'un me voyait dans cet état, cela nuirait terriblement à ma réputation. Moi qui avais toujours la situation bien en mains habituellement, on ne pouvait pas dire que ce fut le cas ce soir et je n'avais pas envie que qui que ce soit en soit témoin.

Trop concentré sur l'endroit où je posais les pieds, je ne remarquais pas que quelqu'un se dirigeait vers moi.

"- Kakashi ? Encore toi ?" M'interpella une voix. Il s'agissait à nouveau d'Iruka.

"- Iruka, est-ce que tu me suis ?" Je répondis sans réfléchir.

Le ninja ne répondit pas à ma question.

"- Sensei, je me demande si tu as ne serait-ce qu'une vague idée de l'allure que tu as ? Tu as encore les cheveux mouillés, tu es sale et tu sens une très forte odeur de saké."

Décidément Iruka n'était pas la personne à croiser aujourd'hui et dans mon malheur je l'avais croisé deux fois. Je répondais froidement :

"- Iruka sensei, nous sommes amis et j'aimerais que ça continu. Alors, pourquoi tu me laisserais pas tranquille ? J'ai eu une grosse journée."

Une sourire s'installa sur les lèvres du jeune maître brun.

"- Je sais bien. J'envoyais mes respects à nos défunts et sur ma route du retour te voila dans mes pattes, ivre en plus de ça. Laisse moi te raccompagner."

"- Tu sais ce soir je ne suis pas d'une très bonne compagnie."

"- Ne l'es tu jamais ?"

Il rigola de sa blague et je ne répondis pas à sa provocation, n'ayant pas vraiment l'envie de plaisanter et pris le chemin de ma maison. Il n'aurait qu'à me suivre s'il le souhaitait.

Soudain, je trébuchais violemment une nouvelle fois mais avant que je ne puisse tomber en avant, Iruka avec toute la rapidité d'un ninja me rattrapa par le bras.

"- Je ne sais pas ce qu'il te prend ce soir Kakashi mais c'est bien la première fois que je te vois comme ça."

"- Je te l'ai déjà dit, j'ai passé une mauvaise journée."

"- Que se passe t-il ?"

"- Laisse tomber Iruka." Je sifflais méchamment.

A l'entente du dédain dans ma voix, le jeune brun me lâcha le bras et j'en profitais pour mettre mes mains dans mes poches pour continuer mon chemin.

Je n'eus que quelques pas à faire pour qu'il déclare dans mon dos alors que je me figeais.

"- Moi aussi j'ai été leur sensei Kakashi. Moi aussi je tiens à eux ! Cesse de croire qu'il ne s'agit que de toi. Ils ont été mes élèves et je les adore. Sasuke est une énorme perte pour le village entier. Alors reprends toi !"

Sans perdre une seconde de plus je repris ma marche, Iruka continua, ne semblant pas se satisfaire de l'ignorance que je lui réservais.

"- Il n'y avait rien de plus que nous aurions pu faire ! Sasuke était tiraillé et est resté trop longtemps seul . Il est brisé, perdu et si Naruto n'a rien pu y faire alors nous n'aurions pas pu faire plus !"

Dans une pulsion de colère que je ne pus retenir et avec la vitesse d'un ninja de talent, je poussais Iruka contre le mur de la rue. Lui prenant le cou de ma main gauche et le bloquant, je préparais ma main droite, poing serré pour le frapper au visage.

"- Qu'en sais tu ? Comment peux-tu savoir si clairement que nous n'aurions rien pu faire, que JE n'aurais rien pu faire ."

Mon regard pénétrant ébranla mon ami chunin. J'étais piqué à vif. Ce genre de réaction ne me ressemblait pas. Habituellement, j'étais toujours impassible, calme et non intéressé. Iruka semblait très surpris lui aussi, se mordant la lèvre nerveusement, il semblait se demander si j'allais le frapper ou s'il fallait essayer de me calmer. Hésitant, il tenta quand même de s'expliquer :

"- Ils étaient les mêmes, ils sont comme moi, comme toi. Des solitaires. Tu le sais, Kakashi que ton silence est toujours aussi pesant, toujours aussi cinglant. Et c'est en partie ce même silence constant qui a enfermé Sasuke dans les ténèbres alors arrête de te cacher derrière des actions et des menaces. Si tu veux me frapper, je peux te promettre un bonne bagarre. Je ne suis pas fou, je sais très bien que je ne pourrai jamais te battre mais si tu as besoin de te défouler, allons-y. Tu ne me fais pas peur. Sinon, tu peux aussi juste parler. Parler et dire que tu te sens coupable. On l'a tous compris. Nous sommes amis après tout non ?"

Plus il parlait, plus mon poing se serrait et était prêt à lui refaire le visage. Ses paroles me blessaient. Elle me tordaient le ventre et me serraient la gorge. Une nouvelle vague de culpabilité me submergea et j'en vins à porter le coup sur le mur, juste à côté de sa tête. Après la surprise, un sourire se dessina sur son visage et il posa ses deux mains sur mon torse et y effectua une pression pour que je me recule.

" - Bien. Je vois que tu as retrouvé le chemin de la raison."

Je n'ajoutais pas un mot mais mes yeux se fermèrent sous la fatigue, la pression et tout le poids de cette journée. Ses mains montèrent sur mes épaules et il approcha son front du mien. Je frissonnais soudain et il ajouta doucement :

"- Allez viens je te ramène et il faudra s'occuper de cette main aussi."

Il me passa devant et je suivis ses pas, le dos courbé, la tête baissée. Il n'y avait plus qu'à espérer que demain soit un jour meilleur.

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