Chapitre 7 : je ne suis pas un héro
Chapitre 7 : je ne suis pas un héro
Le voyage du retour fut long. Le Pays de l'Eau était le pays le plus éloigné de celui du Feu. Il me fallut donc presque une semaine de plus pour rentrer. Je m'étais de nouveau laisser à aller à ne plus réfléchir et à agir automatiquement. Je n'avais ouvert la bouche que pour exiger de Shiba, qui était resté à Konoha, d'aller faire un rapport à Tsunade après le meurtre du traître du Pays de l'Eau. Elle pourrait au moins faire mettre à jour le bingo book des ninjas de Konoha au plus vite.
Une fois arrivé au village, j'avais renvoyé les chiens ninja, j'avais écouté le dernier rapport de Shiba puis j'étais directement parti au bureau des missions sans passer chez moi pour déposer mon rapport. Je voulais réussir à mettre derrière moi cette fichue mission le plus rapidement possible. Plus le temps passait, plus le souvenir de cette mission me mettait mal à l'aise. Je ne comprenais pas ce qui m'avait pris sur cette mer gelée. J'avais complètement déraillé.
A la sortie du palais du Hokage, je croisais Gaï qui lui semblait s'y rendre. Quand il me vit, il me frappa dans le dos d'une tape virile et fière, il s'écria, tout sourire :
"- Ah Kakashi ! Tu es rentré ! Mon cher rival, j'ai entendu la nouvelle ! Tu l'a terrassé presque tout seul ce traître de Kiri. Pour la peine, nous allons nous défier. Ce soir ! Rendez-vous au Mont Hokage pour un duel d'anthologie ! Cette fois, la victoire sera pour moi !"
Je n'avais même pas eu le temps de réagir qu'il avait déjà disparu dans le palais du Hokage, bien trop pris dans son incontestable fougue.
Je reprenais donc mon chemin, les mains dans mes poches, me dirigeant vers le monument aux morts de Konoha. Je ne doutais absolument pas que j'allais décevoir mon ami de toujours en ne me rendant pas au Mont Hokage ce soir. Mais je n'en aurais pas eu la force.
Gaï aurait trop vite compris, il m'avait déjà vu dans des états comme celui dans lequel j'étais en ce moment. Mes réactions lui seraient trop familières. Je ne souhaitais pas lui en parler. Je n'aspirais plus qu'au silence et au calme et Gaï était loin de pouvoir m'offrir tout cela, malgré le fait qu'il soit probablement le meilleur de mes amis.
Je pris le temps de rester auprès de mes proches défunts aussi longtemps qu'il le fallait. Je n'avais pas du tout envie de rentrer chez moi. Je n'y avais pas mis les pieds depuis plus d'un mois. Mon appartement devait être froid et vide, comme toujours. Je détestais y rentrer après un long moment. De plus, les souvenirs de cette mission créaient un profond malaise chez moi. J'aurais voulu avoir de quoi m'occuper pour ne pas cogiter sur cette précédente mission. Je me devais de repartir au plus vite. Afin de pouvoir faire autre chose que de laisser mon cerveau s'égarer.
Ce soir là, lorsque la neige commença à tomber sur le cimetière, l'entourant d'un manteau blanc libérateur, je rentrais finalement chez moi et je m'affalais sur mon lit. Je m'endormais d'une traite et d'un sommeil lourd.
Les semaines passèrent, se ressemblant toutes pour la plupart. Mon train de vie ne changeait pas : la solitude, les missions de traque, les entraînements puis à nouveau la solitude. Je n'avais pas passé autant de temps seul depuis ma carrière dans les forces spéciales. Mon record de mission de rang S était de plus en plus imbattable. Cela roulait sans huile. J'allais voir Tsunade, elle me donnait les directives qu'elle avait reçu de Jiraya puis je prenais la route immédiatement, pour éliminer toujours plus de criminels et de sales ordures en tout genre. Quand je finissais par les trouver, tous sans exception, ils en venaient à me poser le questionnement fatidique : "Pourquoi ?", et je répondais toujours la même réponse que j'avais faîtes à Tevo, le traître de Kiri. Après cela, le sang coulait, inévitablement.
Deux mois plus tard, alors que la saison d'hiver s'effaçait peu à peu, je commençais à les tuer avec le kaléidoscope hypnotique du sharingan, pour m'y entraîner. Plus le temps passait, plus Naruto était proche de revenir au village et je me devais d'être prêt. Je le gérais de mieux en mieux, en positionnant des points précis pour absorber et distendre la réalité. Par contre, je rentrais toujours plus épuisé, essayant d'aller toujours plus loin dans la pratique de la technique. Tant et si bien qu'au bout de cinq mois, j'arrivais à leur faire perdre des membres déterminés de leur corps, leur infligeant d'atroces souffrances. J'étais presque rendu à la parfaite maîtrise de la torture.
En rentrant de mission, tout le monde prenait toujours le temps de me féliciter. Mes réussites sans failles commençaient à faire du bruit au village et souvent mes collègues ninjas prenaient le temps de s'arrêter lorsque l'on se croisait par hasard ou non, pour me donner une tape dans le dos ou simplement pour s'incliner un peu, un air d'admiration et de profond respect collé au visage. Je commençais sérieusement à me sentir mal à l'aise de toute cette attention malsaine. Oui, je protégeais le village, oui je m'occupais de ralentir l'Akatsuki (même si la plupart de mes collègues n'avaient aucune idée du pourquoi de l'anéantissement soudain et urgent de tous ces criminels). Oui je faisais en sorte de protéger Naruto et de les garder loin de notre village ... Mais dans le fond, je n'étais pas mieux que les gens que je liquidais. Je deversais le sang et je n'étais qu'un effroyable meurtrier malgré la noble cause qui justifiait mes actes. Plus, j'effectuais de missions, moins je pouvais empêcher la longue liste de mes culpabilités et de mes regrets de s'étirer.
Du fait, plus le temps passait, moins j'invoquais les crocs traqueurs. Je les sollicitais tellement peu dans la traque de mes proies, qu'ils commencèrent à refuser de se passer la main pour surveiller le maître professeur ninja brun. Je n'eus d'autres choix que de me passer de ce service de baby sitting pour chunin brun. Je n'avais plus de justification valable pour continuer à le faire surveiller et j'avais déjà trop abusé de mes amis canidés. Bien sûr, cela ne m'arrangeait pas. Je n'avais vraiment pas besoin de ça. A tel point que je partais en mission en étant obligé de me poser la question constamment de la santé et de la sécurité du ninja. Je n'arrivais pas à m'enlever de la tête toutes ces préoccupations concernant son bien être, trop investis dans les engagements que j'avais pris avec moi même. De ce fait, j'effectuais les missions encore plus rapidement, tuant encore plus de sang froid mes victimes. Je ressentais et souffrais de plus en plus souvent de ce sentiment de dégoût qui prenait de plus en plus de place dans ma tête. Pour couronner le tout, la culpabilité me tordait le ventre aussi. Je détestais cette faiblesse chez moi mais j'avais bien été obligé de reconnaître que je n'y pouvais rien. N'ayant pas la possibilité de réfréner ces deux sentiments, je commençais à essayer de faire avec. Je ne comprenais pas vraiment tout à fait que tout ce que j'avais délibérément effacé en moi était en train de se répandre doucement mais sûrement à nouveau dans ma tête.
Je n'étais pas attentif à ce qu'il se passait en moi car j'avais besoin d'être plus au village à cause de l'obsession dont je n'arrivais pas à me défaire concernant Iruka et sa sécurité. Je sentais bien que je perdais le peu de raison et de logique que j'avais encore mais je me forçais vigoureusement à l'ignorer. Pour autant, je ne me décidais pas à l'approcher. Je me contentais de laisser traîner mes oreilles et mes yeux, le peu de fois où j'étais au village pour espionner les conversations des ninjas afin d'entendre les dernière nouvelles.
Parfois, dans un élan de lucidité, j'essayais de me raisonner en me disant que je ne pourrais pas m'occuper de lui toute sa vie et que je perdais de vue les objectifs de mes missions, ce qui pourrait, à l'avenir, s'avérer être dangereux pour moi. Seulement, à chaque fois que j'essayais de me raisonner, nos souvenirs de missions il y a plus d'un an et demi me revenaient douloureusement et je me rappelais à quel point il n'avait jamais hésiter à se sacrifier pour moi et que je me fichais éperdument qu'il puisse m'arriver mal à moi même tant que lui serait en vie. Je commençais fatalement à tomber dans un cercle vicieux où rien ne me permettait de sortir la tête de l'eau. En réalité, j'étais constamment dans la crainte qu'il soit obligé de sortir du village pour effectuer une mission, car si ce fut un jour le cas, je ne pourrais le suivre et enquêter pour savoir s'il allait bien.
Progressivement, dès lors que je rentrais de missions, je commençais même à dire à Tsunade qu'il fallait ralentir les missions des traîtres et criminels ayant leurs têtes mise à prix au bingo book. Je me trouvais subitement un très grand talent pour trouver des excuses minables afin de lui faire croire que l'Akatsuki était bien ralentie après tous les criminels que j'avais pu éliminer depuis cinq mois.
Je fus d'autant plus satisfait, le jour où, tôt le matin, alors que je m'entrainais avec assiduité sur le terrain d'entraînement numéro 3, un ninja me fit passer le message comme quoi j'étais convoqué dans le bureau de Tsunade. Ce fut Izumo, qui vint à ma rencontre alors que je m'efforçais de faire disparaître des objets grâce au pouvoir du sharingan. Il restait derrière moi et me regardait m'entraîner. Il n'osait même pas s'avancer. Bien sûr, avec le sharingan, je l'avais vu arriver instantanément. Lorsque ma technique fut effectuée et que je faisais disparaître un arbre entier. J'entendis un souffle discret, signal que le messager en était épaté.
Je demandais donc sans me retourner :
"- Izumo, qu'est-ce que tu veux ?"
Il sursauta puis s'avança de deux pas :
"- Kakashi sensei, Tsunade vous demande."
Je grimaçais. Cela voulait dire qu'il allait falloir que je repartes en mission. Je ne le retardais pas plus dans sa journée :
"- Très bien, j'y vais de ce pas.
- Kakashi ?
- Oui.
- En fait ... je me demandais .... Voila, mon petit frère vous adule. Vous êtes un des meilleurs ninjas de ce village et je ne voudrais pas vous déranger mais... je ferais un heureux si je rentrais ce soir avec un autographe de vous et ..."
Je soufflais, las, et acceptais sa requête en lui tendant la main :
" - Donne !"
Je lui arrachais presque le papier et le stylo des mains sans un regard pour lui et effectuais un gribouilli ridicule et non soigné. Je n'étais pas un putain de héros et cela commençait vraiment à me taper sur les nerfs leur mascarade. Je lui rendais ses affaires puis partais sans plus attendre au palais du Hokage. J'étais soudain de très mauvaise humeur. Je ne voulais plus repartir en mission car j'avais déjà une mission à charge que je voulais pouvoir honorer ici, à Konoha. En arrivant au bureau du Hokage, je ne frappais même pas et entrais dans un grand fracas, sans permission.
Shizune sursauta comme une folle à l'ouverture de la porte du bureau et je me positionnais devant mes deux collègues, les mains dans les poches. Tsunade m'asséna d'un regard noir et me sermonna d'une voix grave dont elle seule avait le secret :
"- Hatake ! Tu commences à me fatiguer. En ce moment, tu es le pire des casse-pied que Konoha n'ai jamais connu ! C'est pas possible, on ne rentre pas dans un bureau sans y avoir été invité."
Je relevais un regard blasé vers elle :
"- On m'a dit que c'était urgent." Je répliquais effrontément, en haussant les épaules. "De toutes façons, je vais débarrasser le plancher n'est-ce pas ? Je dois repartir en mission, qui dois-je tuer cette fois ?"
"- Pas du tout. Tu restes à Konoha et tu attends les ordres ! J'ai reçu la dernière missive de Jiraya, il ne reste plus qu'un malfaiteur à débusquer. Je te ferais convoquer pour te donner la date de départ."
Mes yeux s'écarquillèrent de surprise face à son annonce, elle continua :
"- Naruto va bientôt rentrer. Son entraînement sera terminé d'ici un mois je pense. De ce fait, il faudra que d'autres équipes s'occupent de ralentir les affronts de l'Akatsuki. J'aurais besoin de toi ici, à Konoha. Tu reprendras ton tutorat sur Naruto et sur Sakura aussi. Vous reformerez l'équipe 7."
Je grognais malgré la douce chaleur que répandait cette nouvelle en moi :
"- Une équipe est composé de quatre membres..."
"- Vous commencerez à trois. Nous verrons ensuite ce que l'on fera ... Et puis, il n'est pas question que Naruto soit écarté de son maître d'apprentissage. Tu es un de nos meilleurs ninjas. De plus, Jiraya ne pourra pas rester au village pour s'occuper de lui. Il est un des trois ninjas de légende, j'ai besoin de lui pour surveiller l'Akatsuki aussi."
Elle fit une pause.
"- Si tu n'as pas de question, tu peux y aller ! Hors de ma vue !"
Je ne répondais pas et tournais les talons pour sortir du bureau.
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