Chapitre 6 : ta tête au bingo book
Chapitre 6 : ta tête au bingo book
L'air était froid et sec. Nous étions en hiver et la neige tomberait bien à un moment où à un autre. Je voulais être rentré à Konoha avant que celle-ci ne recouvre le sol.
Devant moi, l'eau était gelée. Les températures chutaient au pays de l'eau et je savais qu'il n'en y aurait plus pour longtemps avant que cette étendue gelée soit maculée de sang.
Un mois entier. Un mois, il m'avait fallu pour trouver la crapule.
J'étais parti de rien, aucune trace, aucune odeur à ma disposition pour trouver le traître du Pays de l'Eau. En sortant de mon entrevue avec Jiraya, je n'avais qu'un nom à me mettre sous la dent : l'effroyable Tevo, criminel du Village Caché de la Brume, ancien ninja de Kiri ayant misérablement trahi un des 7 épéistes légendaire de Kiri pour lui prendre la vie en l'égorgeant.
J'avais bien réfléchi durant mes quatre semaines de traque. Comment lui ôterais-je la vie ? Comment le punir ? Je n'étais habituellement pas intéressé par des morts théâtrales et des fins morbides mais durant ces quatre semaines, complètement absorbé par ma chasse à l'homme, je m'étais laissé aller à réfléchir à des scénarios originaux. A ce moment précis, je savais bien qu'il n'était pas nécessaire de se voiler la face. La réalité, c'était que le seul moyen de régler tout cela : c'était le meurtre. Je savais faire. Je savais que je ne regarderais pas en arrière. Je me sentais tellement irrationnel en ce moment, dans la perpétuelle confrontation de ma conscience et ma déraison. Un regard froid et dangereux s'installa dans mes yeux. Quelque part entre la joie et la tristesse, j'avais besoin d'appréhender et de laisser s'exprimer ma soif de tuer ajouter à l'envie d'octroyer la douleur. Je ne savais plus combien de temps ça faisait que j'y réfléchissais. Je me sentais accroc à cette sensation de pouvoir que j'avais sur l'autre.
Les chiens autour de nous aboyaient avec force, entourant notre duel, empêchant ma proie de s'enfuir. J'étais prêt, me tenant devant lui. Je tremblais d'excitation, ne pouvant refréner la réaction de mon corps d'être traversé par des frissons d'attente et de satisfaction. J'avais mis un mois pour le trouver, sa mort pourrait être rapide... Ou je pourrais faire durer l'agonie.
Mon ennemi était déjà bien amoché, l'Escouade des Crocs Traqueurs l'ayant déjà asséné de morsures graves, bras et jambes blessées et rougeoyantes de sang. Je me tenais accroupi devant lui, sur la hauteur d'une large pierre sortant de l'étendue gelée sur laquelle nous nous trouvions. Sa respiration était saccadée. Il semblait souffrir et la panique se déversait progressivement dans ses yeux alors qu'il réalisait que c'était fini, que son voyage se terminait ici. Il demanda avec difficulté, haletant :
"- Pourquoi ?"
Je resserrais ma mitaine bleu marine sur ma main droite, réfléchissant à ma réponse. Je répondais sèchement :
"-Ta tête ... Au bingo book."
Je m'avançais, sautant devant lui, retombant avec souplesse sur mes pieds sans faire un bruit. Je continuais :
"- Je ne fais qu'écourter l'échéance."
Je préparais ma main et malaxais mon chakra. Je n'avais plus envie de jouer avec lui. Il me lassait déjà. Finalement, cette traque d'un mois, aussi enivrante fut elle, avait trop durée.
J'annonçais :
"- Les mille oiseaux."
Je me positionnais devant lui. Il essaya de reculer malgré le fait qu'il fut à terre, complètement meurtris, dans l'impossibilité de se lever. La seule chose qu'il réussit à effectuer, fut de laisser d'énormes traces de sang sur la glace alors qu'il se reculait avec pénibilité. J'approchais encore d'un pas puis je levais mon bras jaillissant d'éclairs et d'électricité, fendant l'air de bruits aigus et lancinants.
"- C'est fini l'ami." Je déclarais gravement.
Dans un grésillement, je frappais violemment son torse de ma main, juste au niveau de son coeur. Une fois à l'intérieur, je l'empoignais et lui arrachais sans hésitation son organe le plus vital, lui octroyant une dose mortelle d'électricité. J'entendis sous mes doigts, deux derniers battements de coeurs et avec un grande satisfaction, trop grande même. Je remarquais ensuite que son battant s'était arrêté. C'était fini.
Je ressorti ma main, remplie du coeur du traître et je le contemplais avec une grande attention, souillant ma main de son sang profané. Je n'arrivais plus à détacher mes yeux de cette fin imminente. C'était si simple, si rapide... Deux battements puis c'était fini. Plus rien. Le vide. Je me plaisais à me demander quelle sensation ce pourrait être ?
1, 2 ... Et puis disparition de toute question, toute réflexion, toute conscience. Terminé. Même pas un bruit s'était échappé de la gorge de mon ennemi. Il était vivant et quelques secondes plus tard. Il était mort.
Au bout de longue secondes, Pakkun me sortit de ma léthargie meurtrière.
"- Kakashi, ne traînons pas par ici. Nous sommes bien trop voyant."
Je sursautais et tournais mes yeux vers le chien ninja, perdu, ne sachant plus vraiment ce que je faisais ici, ni pourquoi ce cœur meurtri dans ma main m'intriguait tant il y a quelques secondes. Je le lâchais, brusquement, comme s'il m'avait brûlé. Il s'étala dans un bruit dégoûtant au sol.
Pakkun reprit:
"- Nettoyons ce carnage et filons en vitesse. C'est la première fois que je te vois travailler aussi salement. Tu traverses vraiment une phase bizarre..."
Il se désintéressa de moi et partit au petit trot vers le rivage. Les autres chiens le suivirent.
J'effectuais un technique katon, pour ne pas laisser de trace de mon passage et faire disparaître le corps. Il n'était pas opportun que l'Akatsuki sache qu'il était mort. Il fallait qu'ils perdent du temps à le chercher sinon j'aurais tué ce type pour rien.
Je réfléchissais à ce que venait de me dire Pakkun ... du sale travail. C'était vrai.
Qu'est-ce qui m'avait pris ? En ce moment, qu'est-ce qu'il m'arrivait ? Je n'en savais rien. Je ne comprenait pas. Pourquoi tant de haine en moi ? Est-ce que j'avais dépassé une sorte de ligne ? Étais-je passé du mauvais côté ? Avais-je finalement décidé de baisser les bras sur mes valeurs et mes principes ? La volonté du feu m'avait-elle finalement embrasée, consumée ? Je ne savais pas ... je ne savais plus. J'étais perdu.
Un vague d'incompréhension et de culpabilité me balaya soudain avec force. Elle me dévasta complètement. Je ne me reconnaissais plus sous ce comportement. Cela faisait tellement longtemps que j'avais éteins mes émotions et d'un coup, d'un seul, celles-ci étaient arrivées sans crier gare, sans prévenir. Ce fut très douloureux. Je fermais les yeux quelques secondes alors que la nausée me prenait. Mon ventre se retourna dans un haut le cœur. Non ! Il fallait repousser tout ça. C'était ma mission. Il me fallait tuer cet homme. Il me fallait protéger Naruto le plus longtemps possible. Pour qu'il s'entraîne et qu'il s'en sorte vivant. Ce n'était pas ma volonté, c'était ma mission. J'étais le meilleur ninja traqueur du village. Ça ne pouvait être que moi qui effectuait cette besogne. On comptait sur moi. Je ne faisais que mon travail.
Je me rapprochais soudain de la rive et me dirigeais dans un saut vers un buisson non loin de la meute. Ayant juste le temps de baisser mon masque, j'y déversais violemment mes tripes. Je mangeais tellement peu en ce moment que seule de la bile fut rejetée. J'étais vraiment dans un sale état. Je me rendais compte de ma situation qu'à cet instant, après avoir vomi tout mon dégoût de moi-même. Comment avais-je pu en arriver là ?
Je maudissais cette violente répugnance qui venait de me prendre, me rappelant à ma misérable situation. J'avais passé tellement de temps à délaisser mes sentiments que j'avais mis mon corps et ma vie entre parenthèses. Me contentant de vivre tel un animal sans réfléchir plus loin qu'à mes besoins primaires. Cela me soulageait. Cela me permettait de survivre à cette vie si désolante et décevante.
Pour autant, j'étais forcé de comprendre que mon corps ne répondrait plus très longtemps à ce traitement. Ma tête me lâcherait aussi. Je n'étais pas vraiment un animal. Je ne pouvais pas revenir à ce point dans le giron sauvage. Je ne pouvais pas continuer comme ça.
Je crachais au sol pour me débarrasser des restes de mon haut le cœur et de la salive aigre et amère que j'avais dans la bouche. Je m'essuyais ensuite la bouche avec mon pull puis avant de replacer mon masque, je jetais un gâteau sec dans ma bouche pour me remplir le ventre.
J'en avais assez fait. Il était temps de rentrer.
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